
La croissance de l'outil maritime et naval
Entre janvier 2002 et janvier 2012, la flotte sous pavillon
chinois est passée de 23 Mtpl à 56 Mtpl. La part la plus
importante est constituée de vraquiers (31.4 M tpl) et de
pétroliers (12.7 Mtpl) dont les capacités de transport ont
chacune triplé durant cette période. La flotte de
conteneurs (5 Mtpl) a elle aussi triplé, alors que les
cargos polyvalents (4.3 Mtpl) ont eux régressé, preuve
d'une plus grande spécialisation des secteurs maritimes.
Le volume de la flotte chinoise s'appuie il est vrai sur un
énorme marché domestique réservé (excluant par
ailleurs les compagnies de Macao et Hong Kong).
La flotte sous contrôle économique des intérêts chinois
représentait 40 Mtpl en 2002 et 115 Mtpl en 2012, soit un
quadruplement que l'on peut rapprocher de celui des
trafics portuaires chinois sur la même période. En 2012,
le contrôle économique chinois de navires se répartissait
en 43% sous pavillon national et 57% sous pavillons tiers
(23% à Hong Kong, 21% pour Panama). En termes de
classement de la puissance économique maritime, la
Chine était déjà 4e en 2002 et l'était toujours en 2012
.
La croissance de la flotte doit être mise en relation avec
celle de la construction navale. En 1990, la Chine n'était
que le 10e constructeur mondial, mais s'est hissée à la 3e
place dès 2000. En termes de commandes annuelles, la
Chine est le leader mondial depuis 2009 et de livraison
depuis 2010. La part de marché chinoise en 2012 était de
37% dans le cadre d'une concurrence forcenée avec les
Coréens. La part des commanditaires nationaux est
importante (21%) plus forte qu'en Corée (6%), mais
moins qu'au Japon (41%). Les Chinois occupent une
place éminente, mais avec les navires de moindre
technologie, 44.5% du carnet de commandes en 2012
étaient constitués par des vraquiers pour le marché
chinois et international.
Néanmoins, la construction navale chinoise ne va pas
bien. La crise maritime internationale se double d'une
croissance trop rapide (spéculation, décentralisation) de
cette industrie. La faiblesse de la demande a amené une
crise sectorielle conséquente et Pékin est obligé d'agir,
on parle dès lors de stimuler la recherche et l'innovation,
de couvrir des marchés à meilleure valeur ajoutée
(conteneurs, gaz, offshore), de consolider les acteurs
.
Forte d'une énorme activité portuaire, d'une flotte de
premier rang et d'une construction navale leader, la
Chine se doit d'être aussi activée dans un autre
fondement de la puissance maritime chinoise qu'est le
financement. L'annonce en 2011 d'une politique chinoise
pour favoriser l'accès au financement des armements
grecs doit se comprendre comme une politique en faveur
de la construction navale nationale. Une partie de la
stratégie financière chinoise est d'abord liée à cet
3e flotte pour les pétroliers, les chimiquiers et les vraquiers, 4e pour les
cargos généralistes et 5e pour les porte-conteneurs.
Le tissu compte deux grands conglomérats spécialisés (CSSL, CSIC),
quelques entreprises privées, des filiales des groupes maritimes et des
joint-ventures de constructeurs internationaux.
objectif. Les banques chinoises ainsi que Exim (Export-
Import Bank of China) sont bien présentes, c'est le
contexte qui reste particulier. La Chine est un pays de
strict contrôle administratif, d'une économie encadrée
(notamment pour les industries lourdes) et sans
convertibilité facile de la monnaie.
Shanghai va servir de test pour une stratégie d'ouverture
pour la convertibilité. Au-delà, la mégalopole côtière a
des ambitions pour devenir une plate-forme de services
maritimes (financement, assurance, courtage). La
concurrence s'incarne dans le territoire autonome de
Hong Kong, place financière maritime internationale et
plate-forme traditionnelle du fait maritime chinois avec
l'économie capitaliste et libérale.
Un tissu de conglomérats d'État
La République populaire de Chine a adopté "l'économie
socialiste de marché". D'un côté, l'investissement privé
s'est rependu dans de nombreux pans de l'économie
chinoise dans un contexte d'internationalisation
(investissements étrangers, exportations). De l'autre, les
entreprises publiques se sont engagées dans la
compétition du marché et du financement (levée de fonds
boursière). L'ensemble restant sous le contrôle d'un
pouvoir politique et administratif très important avec des
dimensions nationales/locales toujours complexes. Le
secteur maritime est naturellement concerné par ce
fonctionnement si particulier qu'il s'agisse des
conglomérats publics ou des d'outsiders privés ou
publics.
L'objectif maritime de la Chine est double. Le premier
relativement clair est de maîtriser au maximum ses flux
qui constituent une bonne part de l'activité mondiale
d'autant plus que les chargeurs sont chinois. Le second
relève de l'ambition de construire une puissance
économique maritime chinoise. Cette puissance doit être
présente dans les vracs comme dans les lignes
régulières, mais aussi faire de Shanghai un équivalent à
Hong Kong et Singapour.
Il existerait autour de 300 compagnies maritimes en
Chine, le double d'il y a vingt ans avec, aux côtés des
groupes d'États, des entreprises liées aux autorités
locales (provinces, villes).Aujourd'hui, les cinq plus
grandes compagnies maritimes chinoises contrôlent 70%
de la capacité de transport du pays. De son côté, la
China Shipowner's Association (CSA) ne comprend que
sept membres dont quatre sont contrôlés par l'État
chinois
: China Merchant Group, China Ocean Shipping
Co. (Cosco), China Shipping Co., Sinotrans & CSC
Holdings Co. Les autres membres du CSA dans la
mouvance de provinces sont Hebei Ocean Shipping Co.,
Fujian Shipping Co., Mingsheng Shipping Co.
(Shanghai).
Le contrôle se réalise au travers de la State-owned Assets
Supervision and Administration Commission of the State Council
(SACAC) qui détient totalement ou partiellement le capital de toutes les
plus grandes entreprises chinoises.