Gériatrie

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Gériatrie
1
Généralités sur la spécificité de la gériatrie
La gérontologie et la gériatrie sont deux disciplines complémentaires qui ont en commun la
connaissance du vieillissement humain et visent à promouvoir un vieillissement réussi.
Toutes deux sont spécialisées dans l’étude de la vieillesse.
A Définitions
• La vieillesse : c’est la période de vie qui succède à la maturité et qui est caractérisée par l’affaiblissement des fonctions physiologies, des facultés mentales de la personne.
• La gérontologie : c’est l’étude de la vieillesse et du vieillissement, elle regroupe l’ensemble des
disciplines qui intéressent le vieillissement. Ainsi on retrouve la sociologie, la psychologie,
l’anthropologie, la biologie, la démographie, etc.
• La gériatrie : c’est la médecine de la vieillesse, elle s’intéresse plus particulièrement aux
pathologies induites par l’affaiblissement des fonctions vitales de l’être humain.
• La sénescence : c’est l’ensemble des phénomènes physiologiques liés au vieillissement.
• La sénilité : c’est l’état pathologique et régressif caractéristique résultant de la sénescence.
B Objectifs
Les objectifs de la gériatrie visent plus spécifiquement la guérison des maladies, le maintien
d’une qualité de vie optimale pour les personnes souffrant de pathologies chroniques et/ou
invalidantes.
Cette démarche implique de considérer le mode de vie de la personne malade, le soutien
qu’elle peut avoir de son entourage, en appréciant les capacités, les disponibilités et les limites
physiques, psychologiques et culturelles des aidants éventuels.
Ainsi, l’approche de la personne âgée est centrée sur l’organisation d’un réseau, où interagissent de nombreux acteurs, afin d’avoir une vision globale de la personne, en tenant compte de
sa situation sociale et de ses aspirations.
La gérontologie : le vieillissement de la population et les perspectives de l’accroissement de la
longévité nous amènent à prendre en charge de nombreuses personnes âgées et donc à prévenir
les aléas inhérents à la sénescence et à en limiter les conséquences par des mesures d’hygiène de
vie, de maintien de vie sociale, d’aménagement, voire de changement d’habitat en temps utile.
2
Démographie et place de la personne âgée
dans la société
A Situation démographique
La situation démographique et la place de la personne âgée dans la société française présentent des disparités. On observe des écarts significatifs : géographiques et par tranches d’âge.
a. Situation en France
Écarts géographiques
Certaines régions vieillissent plus que d’autres. La coupure géographique entre le Nord et le
Sud de la France, entre les régions qui attirent les actifs et celles qui attirent les retraités, est
particulièrement marquée dans ce domaine.
238
2. GÉRIATRIE
Écarts en fonction du sexe
• À partir de 75 ans, les deux tiers de la population sont des femmes.
• Au-dessus de 85 ans, la proportion de
femmes dépasse les trois quarts.
• On compte cinq fois plus de veuves que de
veufs parmi les 60 ans et plus.
b. Situation dans l’Union européenne
Fig. 3.7 Évolution de la population en Europe.
% de la population
35
30
23
25
20
15
19
14
11
Dans l’ensemble des pays de l’Union euro10
péenne, environ une personne sur cinq est
5
âgée de plus de 60 ans. Cela s’explique par
la réduction de la natalité et l’augmentation
0
de l’espérance de vie, notamment du fait des
1989
2020
régimes de protection sociale en vigueur dans
inf. à 15 ans
sup. à 65 ans
ces pays.
En Europe, les jeunes seront de moins en
moins nombreux dans les années à venir car
la natalité est faible. En 2020, les personnes âgées seront deux fois plus nombreuses que les
jeunes de moins de 15 ans, alors que la population restera pratiquement inchangée (cf. Fig. 3.7).
3
B Mode de vie de la personne âgée
Le mode de vie de la personne âgée présente des caractéristiques particulières.
a. Choix du logement
L’âge de la retraite est souvent propice aux changements de domicile, en ce qui concerne principalement les classes d’âge de 60 à 69 ans.
• En France, la proportion de logements sans confort est plus élevée chez les personnes âgées.
Elles habitent le plus souvent des logements anciens petits et mal agencés.
• Les contrastes entre régions sont importants : les logements sans confort sont plus nombreux au nord de la Loire qu’au sud.
b. Choix du mode de vie
Vie familiale
La grande majorité des personnes âgées garde des liens forts avec leur famille. Selon les statistiques, près de 50 % d’entre elles rendent des services à leurs enfants et à leurs petits-enfants
(que ce soit en termes d’argent ou de service).
Vie au domicile
La majorité des personnes vivent chez elles quel que soit leur âge. En France, un quart des
personnes de 60 ans vivent seules dans un logement. Avec l’âge, elles sont de plus en plus nombreuses (+ 40 % au-delà de 75 ans).
Vie en institution
En France, la part des personnes âgées en institution varie en fonction de l’importance des
équipements qui leur sont destinés. C’est dans la région Rhône-Alpes qu’elle est la plus élevée.
Ces écarts sont également liés à des traditions sociales, à la place de la personne âgée dans
l’organisation familiale.
c. Consommation
Ce sont les personnes âgées qui dépensent le plus pour l’alimentation, l’habitation et la santé.
On note également un intérêt marqué pour les « voyages ». Cette population devient une cible
pour les publicitaires. Nombre de prestataires offrent des avantages pour les attirer (tarifs préférentiels sur les transports, séjours de courte durée…).
239
MODULE 3 - SOINS
Sondage sur les vacances des personnes âgées
Restent en France : 84 %
Vont à l’hôtel : 21 %
Font une location : 10 %
Toutefois, n’oublions pas que nombreuses sont les personnes âgées qui ne peuvent partir en
vacances en raison de leurs petits revenus, et que certaines ont même du mal à survivre.
d. Ressources
Elles sont principalement constituées par les pensions et l’aide au logement.
Pensions
Le montant des pensions de retraite ne constitue qu’une part des revenus des personnes
âgées. On constate de grandes disparités dans
le montant des pensions et pensions de réversion.
Aide au logement
Les pouvoirs publics aident par des mesures
précises les personnes âgées ayant de faibles
ressources. Citons ci-après les trois allocations pour le logement.
• L’Allocation de logement social (ALS)
– Elle s’adresse aux personnes de plus de
60 ans. Financée par l’État, elle est accordée aux personnes locataires d’un logement ou occupant à titre payant, ou ayant
emprunté de l’argent pour acheter un
logement ;
– le montant de l’ALS est calculé en fonction du loyer payé, des ressources et de la
situation familiale.
• L’Aide personnalisée au logement (APL)
– L’APL est destinée aux personnes âgées
locataires d’un logement ou propriétaires
d’un logement occupé comme résidence
principale ou locataires d’un logementfoyer dont l’organisme propriétaire et
l’organisme gestionnaire ont passé une
convention avec l’État ;
– elle n’est pas cumulable avec l’allocation
logement. L’APL tient compte du niveau
des ressources et des charges du logement (emprunt, loyer).
• L’Allocation de logement différentiel
(ALD) : elle peut être attribuée en cas d’augmentation de loyer à la suite d’opérations
réglementées de restauration et de rénovation.
Services à domicile
D’autres aides peuvent être attribuées aux
personnes âgées à faibles revenus. Citons-en
deux.
240
Fig. 3.8 Évolution des postes budgétaires avec
l’âge (pour une seule personne).
Personne de moins
de 35 ans
Personne âgée
de 75 ans (ou plus)
Habitation (1) 28,2
38,7
Alimentation 16,7
26,3
Santé
2,1
10,1
Habillement
9,8
8,1
Transports 19,1
2,2
Culture, loisirs 10,3
3,4
Vacances
Divers
4,2
9,6
2,0
9,2
Total 100,0 100,0
Source : Insee, enquête Budget de famille.
(1) Lire ainsi : le budget habitation représente 28,2 %
du budget d’une personne seule de moins de 35 ans
et 38,7 % du budget d'une personne seule de
75 ans et plus.
Ce tableau montre que la part des postes
habitation, alimentation et santé augmente
avec l’âge. En revanche, les personnes de plus
de 75 ans consacrent moins d’argent
aux transports, loisirs et vacances.
2. GÉRIATRIE
• L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA)
– Elle propose un plan heures d’aide à domicile par une auxiliaire de vie sociale et d’autres
services, tels que le portage des repas, la télé-alarme, l’achat d’un fauteuil roulant, d’un
lève-malade, etc.,
– le montant de l’APA est évalué selon la dépendance des personnes âgées (grille AGIRR),
– un justificatif des dépenses est demandé régulièrement aux personnes à qui a été attribuée
l’Allocation.
• L’aide ménagère
– Elle est devenue une prestation légale d’aide sociale. La commission d’admission accepte
(ou rejette) la demande et fixe le nombre d’heures « d’aide à domicile » accordées,
– l’aide ménagère est souvent couplée avec d’autres services, tels la livraison des repas à
domicile, le lavage du linge, les dépannages, etc.
Rôle de l’AS
3
L’AS doit signaler l’existence de ces aides complémentaires aux personnes âgées dont les ressources annuelles sont inférieures à un certain taux. Il doit indiquer aux personnes que la demande
doit être faite auprès des caisses de Sécurité sociale et dans les mairies, puis envoyée à la caisse
qui détient le dossier de retraite et que l’intérêt de ces aides est le maintien à domicile.
C Mécanismes et pathologies du vieillissement
De façon générale, le vieillissement est un processus marqué par une diminution des capacités
fonctionnelles de l’organisme à s’adapter aux situations d’agression (stress, maladie, infection,
traumatisme…).
• Certains chercheurs pensent que nous sommes programmés pour vieillir en raison de la
présence d’un gène du vieillissement qui pourrait empêcher les mécanismes de réparation.
Le vieillissement serait donc inscrit dans notre capital génétique.
• Le processus de vieillissement est très hétérogène. Au sein d’une population, chaque individu ne vieillit pas au même rythme, et le vieillissement des organes et des tissus d’un même
individu n’est pas homogène.
Voyons les diverses actions du vieillissement sur l’organisme.
a. Action sur le métabolisme
Mécanisme
• Baisse de la sécrétion de certaines hormones (hormones sexuelles).
• Apparition d’une insulino-résistance.
• Carences en vitamines, oligo-éléments, protéines (surtout en cas de mauvais équilibre nutritionnel).
• Perte de poids par fonte musculaire (surtout si mauvais apport protéique).
• Perte de la sensation de soif, etc.
Pathologies
• Le diabète, dont le risque majeur est l’hypoglycémie, mais également l’apparition de complications insidieuses, telles que l’altération de la nutrition, l’apparition des complications
dégénératives (neurologiques et ophtalmiques) altèrent l’autonomie de la personne.
• La déshydratation : il s’agit d’une urgence car elle expose à des complications graves ; elle
est souvent due à un manque d’apport d’eau en quantité suffisante.
• L’hypothyroïdie/l’hyperthyroïdie : elles se manifestent par des troubles fonctionnels et de
l’humeur.
b. Action sur le système immunitaire
Mécanisme
Il s’agit d’une immunodéficience (ou déficit immunitaire) pouvant être accrue par des
carences protéino-caloriques.
241
MODULE 3 - SOINS
Pathologies
Ce déficit immunitaire explique la sensibilité des personnes âgées aux infections virales.
c. Action sur les organes des sens
Tous les organes sont touchés.
Mécanisme
• L’œil : modification du tissu cutané et troubles fonctionnels :
– perte d’élasticité des paupières modifiant la protection de l’œil,
– sécheresse oculaire,
– baisse de l’acuité visuelle.
• L’oreille : modifications morphologiques et troubles fonctionnels.
• La bouche : modifications morphologiques et troubles fonctionnels :
– atrophie et diminution du nombre des papilles gustatives, d’où diminution de la perception des saveurs,
– ralentissement de la sécrétion salivaire, d’où sécheresse buccale,
– chute des dents,
– trouble de la déglutition (dysphagie).
• Le toucher : atrophie des terminaisons nerveuses modifiant la perception de :
– la température,
– la douleur.
Pathologies
L’œil
• Cataracte sénile : opacification progressive du cristallin entraînant la cécité de la personne.
Le traitement est chirurgical.
• Dégénérescence maculaire : lésions vasculaires autour de la rétine, conduisant à une baisse
de l’acuité visuelle pouvant aller jusqu’à la cécité.
• Glaucome : augmentation de la pression intra-oculaire altérant le champ visuel.
L’oreille
• Presbyacousie : perception perturbée des sons aigus, la personne présente des difficultés
auditives dans un lieu bruyant. La personne âgée perçoit mieux la voix chuchotée que la voix
forte et a de la difficulté pour suivre une conversation dans un groupe.
• Acouphènes : sensations auditives anormales de types bourdonnements, sifflements.
• Vertiges : troubles de l’équilibre et sensations d’instabilité.
d. Action sur le système nerveux
Mécanisme
•
•
•
•
Disparition d’un certain nombre de neurones15.
Diminution de la réactivité.
Réduction modérée de la mémoire par rapport aux informations nouvelles.
Modification du sommeil.
Pathologies
La dégénérescence du système nerveux entraîne des troubles neuropsychiatriques.
• La démence : altération progressive et définitive des fonctions supérieures entraînant une
réduction des capacités intellectuelles associée à des troubles mnésiques (de mémoire).
• La dépression : se manifeste par une diminution de l’intérêt des activités quotidiennes, des
troubles de l’humeur, un ralentissement psychomoteur. Elle est fréquente chez la personne
âgée.
• Les troubles confusionnels : à dissocier de la démence, il s’agit d’un état pathologique, souvent transitoire, en réponse à une agression physique ou psychologique de la personne. Le
traitement de la cause (métabolique, infectieuse…) permet le retour à la normale.
• Les états délirants : La personne âgée est préoccupée par une idée sans fondement. Généralement, elle se sent persécutée ou menacée, c’est le délire de persécution. D’autres états
15. Chez les personnes âgées, le poids du cerveau peut diminuer de 7 à 8 %.
242
2. GÉRIATRIE
délirants sont réactionnels à l’isolement responsable d’hallucinations. Ces délires régressent
sous traitement.
• Les réactions névrotiques (ou états anxieux) : les états anxieux sont dus à la peur de vieillir,
d’être rejeté, isolé. La personne âgée est préoccupée par la crainte de la maladie et la proximité de la mort. Elle en éprouve un sentiment profond d’insécurité et d’angoisse.
e. Action sur le système respiratoire
Mécanisme
• Modifications anatomiques de la cage thoracique (cyphose, atrophie des muscles respiratoires).
• Diminution de l’adaptation à l’effort.
• Modification de la circulation pulmonaire.
Pathologies
• La dyspnée : ce symptôme est un signe d’alerte permettant de rechercher une pneumopathie
ou une anémie.
• Les infections respiratoires : elles restent des urgences en gériatrie du fait de la déficience
immunitaire de la personne âgée.
3
f. Action sur le système cardio-vasculaire
Mécanisme
• Hypertrophie modérée du myocarde.
• Rigidité myocardique par modifications tissulaires intracardiaques.
• Troubles fonctionnels :
– augmentation de la pression systolique, la pression diastolique reste inchangée,
– retard dans l’adaptation du débit cardiaque à l’effort.
• Modification de la structure vasculaire :
– athérosclérose physiologique,
– perte d’élasticité veineuse et artérielle.
Pathologies
• Accident ischémique transitoire : il s’agit d’un déficit fonctionnel réversible provoqué par un
défaut d’irrigation d’un territoire cérébral. C’est un facteur de morbidité, il est donc essentiel
de repérer tout trouble fonctionnel perceptible.
• Artériopathie oblitérante des membres inférieurs : présence d’une gêne à la marche appelée
claudication intermittente, provoquée par des lésions artérielles de type sténose ou occlusion.
• Hypertension artérielle : c’est un phénomène qui intéresse 40 % de la population âgée et
dont l’objectif de prise en charge thérapeutique est de limiter les risques de survenue d’un
accident vasculaire cérébral, d’un infarctus du myocarde ou d’une insuffisance cardiaque.
• Hypotension orthostatique : c’est la chute de la tension lors du passage de la position assise
à la position debout, entraînant vertige, voire chute.
• Insuffisance cardiaque : risque de dyspnée à l’effort et asthénie, ou altération de la mobilité,
bradycardie et troubles du sommeil.
• Ulcère de jambe : c’est une perte de substance des téguments avec des lésions cutanées de
cicatrisation difficile.
g. Action sur le système locomoteur
Mécanisme
• Fonte de la masse musculaire.
• Diminution de la force musculaire et du tonus musculaire (perte de l’amplitude gestuelle, de
la souplesse).
• Diminution de la masse osseuse (ostéopénie) responsable d’une fragilité osseuse.
• Rétraction articulaire.
Pathologies
• L’ostéoporose : c’est une déminéralisation du squelette altérant sa fonction de soutien et
l’exposant au risque de fractures pour un traumatisme minime. Elle est visible avec prépon243
MODULE 3 - SOINS
•
•
•
•
dérance chez les femmes à partir de la ménopause (en raison de la carence en œstrogènes).
Sa survenue est corrélée à l’insuffisance de consommation de produits laitiers (calcium)
pendant les années antérieures.
L’arthrose : c’est une dégénérescence du cartilage articulaire qui devient plus rigide et se
fragmente, créant douleur et gêne fonctionnelle importantes. Les localisations les plus fréquentes de l’arthrose sont :
– l’articulation de la hanche, soit la coxarthrose,
– l’articulation du genou, soit la gonarthrose,
– l’articulation intervertébrale pouvant se compliquer de tassements, de hernies discales,
causes de lombalgies et de sciatiques.
Les rhumatismes inflammatoires d’origines diverses. Les atteintes articulaires sont très
douloureuses et entraînent une gêne fonctionnelle importante.
Les fractures avec plus particulièrement les fractures de l’extrémité supérieure de l’humérus
et les fractures du col du fémur.
Les troubles de la marche et les chutes : le ralentissement de la marche physiologique n’est
pas un trouble, cependant certaines affections ou appréhensions peuvent être responsables
d’une altération de la marche et de chute. La recherche de l’étiologie et son traitement sont
essentiels pour limiter la perte d’autonomie de la personne.
h. Action sur le système urinaire et sur les organes sexuels
Mécanisme
•
•
•
•
•
Diminution de la capacité des sphincters à se contracter.
Diminution de la capacité de filtration rénale.
Diminution de la sécrétion hormonale (testostérone et œstrogènes).
Augmentation du volume de la prostate.
Arrêt du cycle menstruel, ménopause, atrophie des organes génitaux internes, de la glande
mammaire.
Pathologies
• Adénome prostatique : développement d’une tumeur bénigne aux dépens de la prostate
entraînant des troubles mictionnels.
• Infection urinaire : symptôme pouvant être révélateur d’une infection du haut appareil
rénal.
• Incontinence urinaire : liée à une altération des fonctions supérieures. Il s’agit de la perte du
contrôle sphinctérien. Elle peut être en lien avec des troubles moteurs de la personne âgée,
qui a des difficultés à se rendre aux toilettes.
i. Action sur la peau et les phanères
Mécanisme
• Altération du tissu élastique : le tissu conjonctif, habituellement élastique, se modifie (les
fibres collagènes deviennent plus rigides, les fibres élastiques se raréfient), les tissus perdent
leur élasticité.
• Amincissement de l’épiderme qui se fragilise provoquant une perte d’élasticité du derme
responsable des rides.
• Diminution des glandes sudoripares et sébacées : les personnes âgées transpirent peu et ont
la peau sèche.
• Diminution de la vitesse de croissance des cheveux et des ongles et de la production des
mélanocytes (blanchiment des cheveux).
• Apparition de certaines lésions :
– les « taches de vieillesse » sont des taches brunes au dos des mains, aux avant-bras, sur le front,
– les verrues séborrhéiques sont des éruptions sur la peau (souvent au visage),
– le prurit : il s’agit d’une démangeaison due à la diminution du sébum.
Pathologie
« L’escarre est une pathologie fréquente, rencontrée dans les institutions et qui doit être prévenue par la mise en place de différentes actions (cf. Module 2).
244
2. GÉRIATRIE
j. Action sur le système digestif
Mécanisme
• Les muscles lisses du tube digestif sont hypotoniques, ce qui explique la fréquence des
troubles fonctionnels.
• Les troubles nutritionnels sont liés aux modifications des perceptions du goût et les troubles
fonctionnels sont digestifs (perte de plaisir lors du repas…)
Pathologies
• Constipation : le ralentissement du transit est principalement responsable d’une raréfaction
de l’émission de selles mais peut avoir des conséquences plus graves : fécalome16, occlusion
intestinale.
• Troubles digestifs, flatulences…
Fig. 3.9 Les conséquences du vieillissement (récapitulatif des atteintes les plus fréquentes).
Système nerveux
– pertes d’équilibre
– troubles de la mémoire
3
Vue
– presbytie
– cataracte
Ouïe
surdité progressive
Bouche
perte des dents
Appareil respiratoire
diminution de la capacité
respiratoire
Système immunitaire
sensibilité aux affections
Appareil locomoteur
– ostéoporose
– arthrose
– rhumatismes
– raideurs musculaires
Peau
– rides
– peau sèche, prurit
– tâches de vieillissement
Appareil cardio-vasculaire
– hypertension
– athérosclérose
Appareil digestif
– digestion difficile
– constipation
Appareil excréteur
– mictions fréquentes
– incontinence
Système endocrinien
troubles de la thermorégulation
16. Matières fécales dures, accumulées dans le gros intestin et constituant un bouchon.
245
MODULE 3 - SOINS
3
Prise en charge de la personne âgée dépendante
La dépendance se définit comme étant la perte de la capacité physique et/ou mentale du sujet
à assurer les actes de la vie courante.
Mais quelle que soit la cause de cette dépendance, la spécificité des soins apportés aux personnes âgées dépendantes consiste en la mise en œuvre d’un réseau pluridisciplinaire intégrant l’entourage de la personne.
Sont privilégiés la qualité de vie et le maintien maximal de l’autonomie, même minime, de la
personne.
A Axes de la prise en charge
• La prise en charge thérapeutique permet d’améliorer l’état de santé, de limiter son aggravation, de soulager la douleur physique et d’assurer le bien-être physique et moral.
• La prise en charge des actes de la vie quotidienne a plusieurs objectifs en fonction du degré
de dépendance de la personne :
– apporter une aide partielle et maintenir la participation de la personne aux activités de
base de la vie quotidienne (soins d’hygiène, repas, élimination…) en maintenant les
repères chronologiques (heures régulières des repas, des soins…),
– apporter une aide permettant la participation de la personne aux activités de la vie courante (mettre la table, faire le lit, ouvrir le courrier…),
– favoriser son investissement dans les activités sociales liées à sa vie quotidienne (activités,
sorties, achats…).
• Le soutien psychologique vise à aider la personne à surmonter ses pertes (ex. : deuil d’un
proche), l’acceptation de sa dépendance, la valorisation de l’image de soi, etc.
B Mesures de la prévention
La prévention du vieillissement se fait à :
• un échelon collectif, par la mise à disposition d’aides aux personnes âgées sur le plan sanitaire et social ;
• un échelon individuel, car les personnes sont responsables de leur propre santé.
L’OMS a défini, à l’échelon collectif, trois niveaux de prévention : les préventions primaire,
secondaire et tertiaire.
a. Prévention primaire
La prévention primaire est destinée à diminuer l’incidence d’une maladie dans une population donnée en agissant sur les facteurs de risque dans le but de prolonger l’espérance de vie
et la qualité de vie. Les actions menées visent ainsi à considérer dans une globalité l’ensemble
des mécanismes qui pourraient avoir un impact sur la santé de la personne (problèmes somatiques ou psychologiques, stress, modifications de son environnement…)
Mesures de prévention collectives
Aides et clubs de loisirs
Les organismes sanitaires et sociaux proposent un grand nombre de mesures et de structures
qui vont permettre aux personnes âgées, de préserver leur capital de santé et de limiter l’apparition de difficultés. Citons-en deux :
• les services d’aide à domicile dans le domaine des soins, de l’hygiène, de l’alimentation ;
• les clubs de loisirs pour personnes âgées (proposant des activités physiques, culturelles,
sociales…).
Lutte contre les pollutions de l’environnement
• Lutte contre la canicule.
• Lutte contre la pollution de l’air.
246
2. GÉRIATRIE
Mesures de prévention individuelles
Il s’agit de :
• maintenir une hygiène de vie saine :
– maintenir une alimentation équilibrée, répondant aux besoins énergétiques de la personne âgée (cf. Tableau 3.3),
– faire de l’exercice physique régulièrement,
– organiser et rythmer la journée pour préserver la qualité du sommeil,
– faire contrôler régulièrement la pression artérielle,
– suivre les traitements prescrits ;
◗ Tableau 3.3 Conseils alimentaires pour la personne âgée.
Choix alimentaire
Intérêt
– Favoriser les fruits et les légumes frais
– Lutter contre la constipation
– Apporter des vitamines, des fibres
– Augmenter l’apport en protéines (anti-escarre
et maintien musculaire)
– Favoriser le poisson, le jambon, les œufs, la viande
– Favoriser le lait et les produits laitiers
– Augmenter les boissons (eau, tisane…)
– Limiter l’alcool
– Lutter contre l’ostéoporose
– Éviter la déshydratation
– Lutter contre la constipation
– Favoriser la digestion et l’élimination urinaire
– Protéger l’appareil digestif et le système
nerveux
Limiter (si possible) :
– les sucres
– les sauces et fritures
– les graisses animales
– les gâteaux
– le sel
– Éviter obésité et diabète
– Alléger le travail digestif
– Éviter l’hypercholestérolémie
– Éviter le surpoids
– Éviter l’hypertension
3
• aménager l’environnement (cf. Fig. 3.10) :
– adapter le mobilier selon les besoins de la personne (augmenter la hauteur du lit avec des
cales, louer un lit électrique, opter pour des fauteuils avec accoudoirs, éviter les tapis au
sol…),
– aménager les accès aux sanitaires et à la salle de bain (rampe, poignée, tapis antidérapant
dans la douche…),
– maintenir un bon éclairage des lieux exigus (escaliers),
– installer des rampes dans les escaliers,
– disposer les meubles pour avoir des appuis possibles ;
• utiliser des aides techniques :
– cannes ou déambulateurs,
– lunettes adaptées à sa vue ;
• se protéger des dangers :
– procéder aux soins de base,
– procéder aux vaccinations obligatoires (grippe, tétanos…),
– opter pour les moyens de protection en cas d’incontinence (éviter chute par glissade sur
sol mouillé),
– adapter son rythme de vie à son état de santé,
– choisir des vêtements et chaussures adaptés ;
• maintenir des activités sociales :
– s’occuper de soi et de son apparence,
– pratiquer des activités physiques et de relaxation,
– pratiquer des activités artistiques et culturelles et participer à la vie sociale et associative,
– faire des courses, préparer ses repas, inviter des amis, voisins,
– gérer ses biens, faire son courrier, etc. ;
247
MODULE 3 - SOINS
• conseiller la personne dans l’organisation de son environnement.
Les éléments environnementaux qui influent sur la vie des personnes âgées peuvent être
regroupés en trois catégories (cf. Fig. 3.10).
Fig. 3.10 Organisation de l’environnement pour les personnes âgées.
Environnement physique
• type d’habitat (urbain, rural),
• lieu de vie (appartement,
maison),
• qualité de l’atmosphère (air...),
• envireonnement sonore,
• aménagements de proximité
(services, transports...).
Environnement psycho-affectif
• relations familiales,
• relations amicales,
• relations sociales.
Environnement socio-culturel
• intégration sociale,
• intégration culturelle, et/ou religieuse.
b. Prévention secondaire
La prévention secondaire a pour objectif de diminuer la prévalence d’une maladie dans une
population donnée en agissant sur son évolution.
Quelques orientations de mesures préventives
•
•
•
•
•
•
Adapter les stratégies thérapeutiques aux risques considérés.
Mettre en route des traitements.
Renforcer les soins de base.
Aider à la responsabilisation de la personne âgée.
Soutenir l’entourage.
Mettre en route un système de surveillance à distance (téléalarme…).
c. Prévention tertiaire
La prévention tertiaire est destinée à diminuer l’apparition d’incapacités chroniques dans une
population donnée en limitant les séquelles et invalidités consécutives à une pathologie.
Quelques orientations de mesures préventives
• Adaptation et spécialisation des soins de base.
• Soutien et rééducation pour l’adaptation aux séquelles de la maladie.
• Soutien psychologique à la personne et à son entourage proche :
– lutte contre le déni de la réalité ;
– lutte contre la régression ;
– lutte contre la perte de l’estime de soi.
248
2. GÉRIATRIE
Les interventions de prévention tertiaire ou de soins ont lieu dans des services spécialisés le
plus souvent, ou à domicile lorsque c’est possible. Il s’agit essentiellement des services de :
• médecine gériatrique ;
• USLD17 ;
• hôpitaux de jour et soins à domicile.
C Risques de complications
La prise en charge de la personne âgée peut se compliquer de deux grands syndromes :
• le syndrome d’immobilisation (état grabataire) ;
• le syndrome de glissement.
a. Syndrome d’immobilisation
Définition
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Il s’agit d’une altération aiguë ou progressive de l’autonomie pouvant être induite par des
causes somatiques et/ou psychiques (symptomatologie de nombreuses maladies, cause
toxique, angoisse de l’abandon, peur de chuter…), qui évolue rapidement vers un alitement
prolongé (décubitus prolongé) avec perturbation des fonctions métaboliques, organiques,
psychiques due à la suppression des activités courantes.
Évolution
Le décubitus prolongé provoque diverses complications ayant une incidence morbide sur la
personne. De ce fait, des moyens de prévention sont mis en place, auxquels participe activement l’AS (cf. Tableau 3.4).
◗ Tableau 3.4 Complications de l’état de la personne âgée dépendante (avec décubitus prolongé).
Rôle de l’AS et orientations principales de prévention
Complications cardio-vasculaires
– Phlébite
– Embolie pulmonaire
– Hypotension orthostatique
– Mobiliser la personne autant que possible en fonction
de son état et de l’incidence de sa pathologie sur son organisme
– Mettre les bas de contention avant le premier lever
– Surélever les pieds du lit
– Assurer des changements de positon par palier pour éviter
la chute de tension orthostatique
– Dépister la phlébite :
• surveiller l’aspect cutané des mollets pour dépister les signes
de l’inflammation (douleur, chaleur, rougeur)
• rechercher une douleur du mollet à la dorsi flexion du pied
et une perte de ballottement du mollet
– Vérifier la cohérence pouls/température sur la pancarte
Complications pulmonaires
Broncho-pneumopathie par stase
des liquides interstitiels pulmonaires
– Installer le patient en position demi-assise dès que possible
– Adapter la texture des aliments aux capacités de déglutition de la
personne pour éviter les fausses routes (pneumopathie d’inhalation)
– Veiller au passage du kinésithérapeute
– Évaluer la fonction respiratoire (dépister les signes
d’encombrement, les expectorations…)
Complications urinaires
– Infection urinaire par stase urinaire,
défaut d’apports liquidiens, incontinence
anale, défaut d’hygiène locorégionale,
pathologie prostatique, etc.
– Incontinence
– Rétention urinaire par compression
de l’urètre par un fécalome
– Proposer le bassin, l’urinal fréquemment
– Assurer l’hygiène intime de la personne avec rigueur et autant
que nécessaire
– Éviter de laisser des protections humides
– Surveiller l’aspect des urines (coloration, odeur pour dépister une
infection)
– S’assurer de l’absence de douleur lors de la miction
– Assurer l’hydratation de la personne en respectant
la prescription, en quantifiant les apports liquidiens
– Surveiller l’aspect de la peau (recherche de signes
de déshydratation : pli cutané, langue sèche, commissures
des lèvres blanchâtres, lèvres fendillées…)
▲
Complications
17. Unités de soins de longue durée.
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MODULE 3 - SOINS
▲
Complications
Rôle de l’AS et orientations principales de prévention
Complications cutanées
– Escarre (cf. fiche de soin)
– Ulcération
– Assurer une hygiène corporelle quotidienne
– Hydrater la peau
– Changer les vêtements régulièrement
– Changer la literie et le linge de corps dès que besoin
– Proscrire les plis des draps, les miettes dans le lit
– Mettre des matelas anti-escarre et coussins
– Assurer la prévention des escarres 3 à 4 fois par jour
en pratiquant des effleurages au niveau des points d’appui à risque
(occiput, ceinture scapulaire, saillies osseuses du rachis, sacrum,
coude, genou, malléole…)
– Soulager les appuis par des changements de position fréquents
– Solliciter la participation du patient en fonction de ses capacités
et mettre à sa portée le nécessaire pour se mouvoir (perroquet,
ridelles…)
– Utiliser le matériel pour supprimer les poids du drap
et de la couverture (arceau)
– Évaluer l’état cutané
Complications ostéo-musculaires
– Ostéoporose
– Amyotrophie
– Rétractions tendineuses
– Installer le patient en respectant l’axe physiologique du squelette
(éviter les positions vicieuses), pied en angle droit (éviter le pied
en équin)
– Lors des mobilisations, détendre avec douceur les membres
– Proposer des massages de confort, de relaxation
– Solliciter la participation du patient en fonction de ses capacités
– Veiller au passage du kinésithérapeute
Complications digestives
– Constipation
– Fécalome
– Assurer une hydratation suffisante et régulière
– Veiller à varier l’alimentation et l’enrichir en fibres
– Surveiller et noter les émissions de selles, leur aspect
Complications psychiques
– Syndrome dépressif
– Isolement
– Etc.
– Prendre soin de l’image de la personne (esthétique générale,
harmonie des vêtements, respect des choix de la personne,
coiffure adaptée…)
– Assurer l’entretien des ongles, des cheveux (manucure, coiffeur
peuvent être sollicités en fonction des ressources de la personne
et de l’institution)
– Lutter contre l’isolement, favoriser les visites, les activités
réalisables, etc.
– Entretenir l’environnement de la personne en respectant
l’agencement souhaité par la personne
– Mettre les objets précieux pour la personne à sa disposition
(photographies de proches, objet fétiche…)
b. Syndrome de glissement
Définition
Il s’agit d’une décompensation générale de l’état de santé d’une personne âgée, se manifestant par un refus de nourriture et une volonté de cesser toute activité, survenant fréquemment
après une pathologie aiguë en voie de guérison.
Évolution
Le tableau clinique met en évidence :
• une grande asthénie, une anorexie et des troubles fonctionnels digestifs, urinaires, cardiovasculaires ;
• des signes de confusion et un tableau dépressif ;
• un refus de soins et de communication.
L’évolution peut être rapide vers un état de grabatisation et le décès.
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2. GÉRIATRIE
Rôle de l’AS
Prise en charge d’une personne âgée dépendante
Les soins mis en œuvre par l’AS en collaboration et sous la responsabilité de l’infirmier(ère) ont
pour objectif de répondre aux règles d’HSC et de respect du patient. L’AS veillera à :
● assurer l’accueil et instaurer un climat de confiance avec la personne soignée et son entourage ;
● veiller au confort et à l’installation de la personne ;
● favoriser l’adaptation de la personne à son nouveau lieu de vie ;
● participer au recueil d’informations susceptibles de concourir à la connaissance de l’état de
santé de la personne et de son évolution du fait de la chronicité de la pathologie ;
● collaborer à l’appréciation des principaux paramètres vitaux ;
● participer à l’évaluation du degré de dépendance de la personne ;
● participer au dépistage et à la prévention des complications éventuelles, liées à l’altération
de l’état général de la personne, à son handicap, à la complexité du traitement, etc. ;
● participer à l’évaluation de la douleur ;
● assurer les soins liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie visant à compenser
partiellement ou totalement un manque ou une diminution d’autonomie (hygiène, alimentation, élimination…) ;
● participer à l’élaboration du projet de vie avec l’ensemble de l’équipe soignante ;
● intégrer la personne dans la réalisation des activités de la vie courante en fonction de ses
capacités et de son rythme ;
● proposer à la personne de participer à des animations et activités répondant à ses capacités manuelles, intellectuelles, ses choix et pour lesquelles elle aura du plaisir ;
● contribuer au dépistage des modifications du comportement et des préoccupations de la
personne gênant à l’acceptation du changement de son état de santé ou à son adaptation
à l’institution d’accueil ;
● établir une relation bienveillante ;
● favoriser les visites et permettre à l’entourage de maintenir les liens familiaux, sociaux, etc.
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