Chapitre 2.3.3. — Tuberculose bovine
une ressemblance avec le granulome tuberculeux. Le centre caséeux est habituellement sec, ferme, et recouvert
d’une capsule fibreuse d’épaisseur variée. Les tissus attachés à un tubercule ne sont pas facilement enlevés
intacts, comme c’est le cas avec certains granulomes non tuberculeux. La taille de la lésion varie d’assez petite
(invisible à œil nu), à l’implication d’une part importante d’un organe. Plusieurs coupes d’organes et de tissus sont
indispensables pour détecter les lésions contenues dans le tissu.
Mycobacterium bovis a été identifié dans la plupart des pays où les isolements de mycobactéries de patients
humains ont été entièrement typés. L’incidence de la tuberculose pulmonaire causée par M. bovis est plus élevée
chez les ouvriers dans les fermes et les abattoirs que chez les habitants des villes. La transmission de M. bovis
aux humains via le lait et ses produits est bloquée par la pasteurisation du lait. Un des résultats des programmes
d’éradication de la tuberculose bovine a été une réduction de la maladie et de la mort causées par la tuberculose
bovine dans la population humaine.
Bien que les bovins soient considérés comme l’hôte véritable de M. bovis, la maladie a été signalée chez
beaucoup d’animaux domestiques et sauvages. Des isolements ont été fait à partir de buffles, bisons, moutons,
chèvres, équidés, chameaux, porcs, sangliers sauvages, cerfs, antilopes, chiens, chats, renards, visons,
blaireaux, furets, rats, primates, lamas, koudous, élands, tapirs, wapiti, éléphants, sitatungas, oryx, addax,
rhinocéros, opossums, écureuils, loutres, phoques, lièvres, taupes, ragondins, coyotes, et plusieurs félins
prédateurs comprenant lions, tigres, léopards et lynx (7, 21).
La tuberculose bovine chez les animaux sauvages a d’abord été rapportée en 1929 chez le grand koudou
(Tragelaphus strepsiceros) et le céphalophe de Grimm (Sylvicapra grimmia) en Afrique du sud. Durant les années
1940 les grands koudous dans la même région étaient trouvés infectés de manière enzootique. En 1982 en
Ouganda, une prévalence de 10 % chez les buffles d’Afrique et de 9 % chez les phacochères (Phacochoerus
aethiopicus) était trouvée. En Zambie, l’infection à M. bovis a été signalée chez les cobes lechwe de la Kafue
(Kobus leche kafuensis) et chez un seul élan (Traurotragus oryx). Un foyer de tuberculose chez les babouins
doguéra (Papio cynocephalus anubis) a été rapporté au Kenya. L’infection à Mycobacterium bovis a aussi été
diagnostiquée chez les buffles d’Afrique dans le parc national Kruger en Afrique du sud (3), et plus récemment,
elle a été également observée chez d’autres espèces telle que le babouin chacma (Papio ursinus), le lion
(Panthera leo) et le guépard (Acynonyx jubatus) ainsi que chez le grand koudou.
L’application rigoureuse du test à la tuberculine et l’abattage des bovins réagissants a éliminé l’infection à
M. bovis chez les bovins des fermes de certains pays, mais cette stratégie na pas été universellement couronnée
de succès. Des investigations importantes sur la réapparition sporadique de M. bovis ont montré que des
réservoirs sauvages existent dans certains pays. La détection de l’infection dans une population d’animaux
sauvages exige des recherches bactériologiques ou l’utilisation d’une méthode d’analyse valide pour les espèces
impliquées (le test à la tuberculine n’est pas efficace chez toutes les espèces) associée à des analyses
épidémiologiques informatisées. Il a été démontré que le blaireau (Meles meles) au Royaume-Uni (31) et en
République d’Irlande (27), l’opossum (Trichosurus vulpecula) en Nouvelle Zélande (2), ainsi que plusieurs
espèces sauvages en Afrique sont capables d’héberger l’infection à M. bovis. Le contrôle de la transmission à
partir de la population d’animaux sauvages aux espèces de la ferme est complexe et, à ce jour dépend de
l’éradication de la population sauvage infectée. L’utilisation de la vaccination pour contrôler la maladie chez
certaines espèces continue à être étudiée.
Mycobacterium bovis a été isolé chez des cervidés d’élevage et des cervidés vivant en liberté. La maladie peut
être subaiguë ou chronique, avec un taux variable de progression. Un petit nombre d’animaux peuvent devenir
sévèrement affectés en quelques mois d’infection, tandis que d’autres peuvent prendre plusieurs années pour
développer des signes cliniques, en relation avec les lésions chez l’animal. Les lésions produites peuvent
ressembler à celles trouvées chez les bovins (granulome évolutif, caséation, granulation et calcification avec le
vieillissement). Les lésions peuvent prendre la forme d’abcès à parois minces avec peu de calcification et
contenant un matériel purulent. Chez les cervidés, la tuberculose doit être envisagée quand des lésions
ressemblant à des abcès d’étiologie non connue sont observées. Les nœuds lymphatiques affectés
sont habituellement ceux de la tête et de la poitrine. Les nœuds lymphatiques mésentériques peuvent être
atteints (de grand abcès peuvent être trouvés dans ce cas). La distribution des lésions dépend de la dose
infectante, de la voie d’entrée de l’infection et de la période d’incubation avant examen.
Le test à la tuberculine peut être utilisé chez les cervidés d’élevage. Le test doit être effectué très soigneusement,
après la tonte des poils au site du test, injection intradermique précise, et mesure de l’épaississement de la peau
avant et après l’inoculation en utilisant un pied à coulisse pour obtenir des résultats qui soient valables (5).
Mycobacterium bovis peut causer des pertes économiques sévères dues à ses effets sur le bétail domestique et
les infections zoonotiques. De plus, la présence de l’infection dans les populations sauvages fait peser une
menace pour la survie des espèces sauvages en danger.
504 Manuel terrestre de l’OIE 2005