Tuberculose zoonotique : la vigilance reste nécessaire
Marie-Thérèse LABRO et Jean-Marie BRYSKIER
global de 7/100 000 a été calculé par les auteurs (incidence TB
de 264/100 000 et 2,8 % de TB zoonotique2), probablement
surestimé en raison de la présence de quatre pays d’élevage
à risque. Les plus forts pourcentages ont été observés dans
des pays à faible incidence de TB comme Chypre, l’Islande
ou Malte. De même, une étude en Californie montre une
diminution de la TB parallèlement à une augmentation de la TB
zoonotique2 suggérant que les efforts de santé publique ciblant
la transmission de M. tuberculosis ont peu d’effets sur cette
zoonose3.
L’association de la TB zoonotique2 avec le VIH6, essentiellement
aux États-Unis, nécessite une analyse des facteurs de confusion
potentiels, tels que le statut socioéconomique, la nationalité,
etc. Ces données sont en accord avec des publications mettant
en lumière le statut immunitaire altéré (immunosénescence,
traitement immunosuppresseur…) de certains patients
européens (4-7, 9).
L’émergence de M. caprae a été soulignée par les auteurs : une
étude de 2009 détecte M. caprae dans 0,3 % des tuberculoses
humaines en Espagne (10) et une étude de 2003 en Allemagne
retrouve cette mycobactérie dans 1/3 des TB zoonotiques2(11).
M. caprae a été récemment retrouvée dans 2/15 cas de TB
zoonotique2 en Aquitaine (7).
L’étude rapportée dans cet article est affectée par plusieurs biais
soulignés par les auteurs : le choix des rapports, l’extraction des
données par un seul opérateur, la disponibilité des rapports en
ligne, la langue de publication et la sélection des enquêtes qui ont
identifié ou visaient à identifier les cas de tuberculose causées par
M. bovis. Ces biais sont à l’origine d’une surestimation potentielle
de la proportion des cas de TB zoonotique2. En outre, le recueil
de données fiables reste difficile dans les pays émergents et la
mise en évidence de M. bovis ou M. tuberculosis requiert une
analyse bactériologique et des méthodes de biologie moléculaire
difficilement applicables dans certains pays.
En conclusion, bien que les données suggèrent une importance
mineure de la tuberculose zoonotique2 au niveau mondial, sa
part réelle dans les cas de tuberculose humaine reste difficile à
déterminer. Des sources de transmission semblent être présentes
dans certains groupes de population. Une politique sanitaire de
détection et d’élimination des animaux porteurs de M. bovis
reste prioritaire pour contrôler cette zoonose3.
Facteurs associés avec les taux de confirmation
de tuberculose bovine dans les lésions suspectes
trouvées en routine dans les abattoirs
britanniques, 2003-2008
Shittu A, Clifton-Hadley RS, Ely ER, Upton PU, Downs SH. Factors
associated with bovine tuberculosis confirmation rates in suspect
lesions found in cattle at routine slaughter in Great Britain, 2003-
2008. Prev Vet Med 2013;110(3-4):395-404
Résumé
La tuberculose bovine (bTB) est l’un des problèmes de santé
animale majeurs au Royaume-Uni. Cette étude analyse les
facteurs de risque lorsqu’il s’agit de confirmer une infection au
cours d’examen de routine en abattoir de carcasses de bovins
en provenance de troupeaux OTF5, entre 2003 et 2008. Sur 3 663
suspicions de bTB issues de 151 abattoirs, 2 470 (67,4 %) ont été
confirmées bactériologiquement pour M. bovis. Une analyse
de régression logistique a été utilisée pour étudier les relations
entre la confirmation de bTB et les facteurs de risque au niveau
de l’animal et du troupeau. La probabilité de détection de M.
bovis était liée à la région d’origine de l’animal, l’intervalle entre
2 tests tuberculiniques, le nombre de cas positifs sur la ferme au
cours des 4 dernières années, la date de naissance de l’animal et
l’année de l’abattage. Dans le modèle utilisé, les probabilités de
confirmation variaient de 0,14 à 0,90 selon les abattoirs.
Commentaire
La probabilité de confirmation bactériologique a augmenté
avec le temps, parallèlement aux demandes, suggérant une
extension de l’épidémie et/ou une meilleure détection. Les taux
de confirmation varient de façon importante selon les abattoirs,
mettant en lumière les facteurs liés aux procédés d’inspection
et/ou au mode de fonctionnement de l’abattoir. La compétence,
l’expérience, la formation des inspecteurs jouent un rôle
fondamental dans la détection de lésions suspectes, ainsi que
les caractéristiques de fonctionnement de l’abattoir (vitesse de
la chaîne, éclairage…). Un processus de détection performant est
particulièrement important dans les zones de prévalence faible
de bTB pour éviter la diffusion de l’infection dans un troupeau,
surtout si les tuberculinations de routine sont peu fréquentes.
De plus, des augmentations d’incidence de bTB ont été associées
avec une réduction du dépistage.
La détection de la tuberculose bovine par
la tuberculination ne varie pas significativement
selon le génotype en Irlande du Nord
Wright DM, Allen AR, Mallon TR, McDowell SW, Bishop SC, Glass EJ,
Bermingham ML, Woolliams JA, Skuce RA. Detectability of bovine TB
using the tuberculin skin test does not vary significantly according
to pathogen genotype within Northern Ireland. Infect Genet Evol
2013;19:15-22
Résumé
Chaque année, en Irlande du Nord, 1/400e des animaux abattus
présentent des lésions tuberculeuses lors de l’inspection en
dépit d’un test cutané négatif et environ 12 % de tous les cas
de bTB sont détectés post-mortem. Les auteurs ont recherché
l’existence d’un lien entre le génotype (spoligotypage7 et analyse
multi- locus VNTR8) des souches de M. bovis et l’importance de
la réponse cutanée à l’IDC4, ainsi que le lien entre génotype
et le rapport des cas détectés par le test cutané aux cas non
détectés. L’analyse a porté sur les souches isolées entre 2003
et 2010. À partir de 2006, 38 % des troupeaux nouvellement
infectés avaient plus d’un génotype présent. Au total, 21 000
isolats (63 génotypes) ont été identifiés. Cette base de données
Agents biologiques
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Anses • Bulletin de veille scientifique n° 22 • Santé / Environnement / Travail • Décembre 2013