
escalade de la dose optimale dans la prostate est en cours (palier de 70 à 80 Gy atteint), tout en essayant de minimiser
l’impact de ces fortes doses aux organes à risque adjacents. La technique de
radiothérapie conformationnelle a permis de
franchir le palier de 70 Gy avec une toxicité gérable car le gain en précision balistique amenait une sécurité et une précisi
dosimétrique et en délivrance de la dose à la prostate. La technique en modulation d
’intensité et l’imagerie moderne de
contrôle de positionnement permettent de monter la dose au-
delà de 76 Gy (80 à 86 Gy) avec une sécurité confortable.
Parallèlement à cette recherche du meilleur ratio gain d’efficacité et tolérance, toujours en cours, il
l’impact bénéfique du traitement d’irradiation par la concomitance d’un traitement médicamenteux hormonal prescrit avec
une radiothérapie. Si on considère la définition commune des groupes à risque de progression (risque faible ou
favorable : T1-T2 et PSA ≤ 10 ng/mL et Gleason ≤ 6 ; risque ou groupe intermédiaire : T1-T2 et/ou PSA ≤ 20-
Gleason 7 ; risque élevé ou groupe défavorable : T3, PSA > 20 ou Gleason > 7) la distribution d’une dose supérieure à 70
Gy semble b
énéfique pour tous les groupes à risque. L’hormonothérapie intervient pour certains stades. Pour le groupe
favorable, les études rétrospectives montrent un gain non significatif en survie sans rechute biologique lorsque
l’augmentation de la dose est faible
(de 70 à 75 Gy médian). L’hormonothérapie n’est pas utilisée. Pour le groupe des
patients de risque intermédiaire, l’escalade de dose (de 70 à 78-
80 Gy) montre un gain en termes de survie sans récidive
biologique sans augmenter la toxicité rectale ou urin
aire de façon importante pour peu que l’on respecte des critères
balistiques et dosimétriques publiés. Une hormonothérapie courte de 4 à 6 mois peut être associée à la radiothérapie, avant
ou pendant ou après. Pour le groupe à haut risque, le traitement re
pose sur l’association radiothérapie externe et
hormonothérapie au long cours de 3 ans. De plus, les volumes de traitement sont modifiés pour inclure le risque d’extension
ganglionnaire pelvienne. Grâce à des tables de risque ou des nomogrammes prédictifs
du risque d’extension ganglionnaire
supérieur à 10-
15 %, selon les équipes, le patient se verra proposer une expertise chirurgicale par curage (coelioscopique
ou non) dit extensif des différents territoires pelviens ganglionnaires ou une radiothérapie incl
uant dans un premier temps la
prostate, les vésicules séminales et les territoires ganglionnaires d’intérêt. Là encore, la technique d’irradiation pelvienn
RCMI (radiothérapie conformationnelle en modulation d’intensité) épargne mieux les organes à ris
comme montré sur l’illustration dosimétrique de 2 traitements (figure 14) .
La radiothérapie postopératoire
L’indication de r
adiothérapie adjuvante à la prostatectomie radicale repose sur l’identification de facteurs prédictifs de
rechute biologique. En analyse multifactorielle, le taux de PSA, le score de Gleason, les marges chirurgicales envahies sont
des facteurs prédictifs d
e rechute biologique après prostatectomie radicale. La multiplicité, l’extension ou le siège des
marges sont cependant des éléments qu’il convient de prendre en considération. Il a ainsi été démontré qu’une marge
focale positive, a fortiori apicale, n’étai
t pas, quand la tumeur était bien différenciée et le taux de PSA initial inférieur à 10
ng/mL, un facteur pronostique défavorable pour la rechute locale. Par ailleurs, l’extension extracapsulaire de la maladie
(pT3) est associée à un risque de rechute loca
le d’environ 30 %. Cette situation est aussi une indication à la radiothérapie
après prostatectomie radicale. En pratique courante, elle peut être retenue chez les patients pT3, pN0 avec un
envahissement capsulaire, des vésicules séminales positives ou une
recoupe chirurgicale positive avec un PSA indosable,
un mois après le geste chirurgical. Si l’indication d’irradiation postopératoire est retenue, cette dernière doit être réalis
préférence dans un délai de trois mois postopératoire, en photons de ha
utes énergies, en technique conventionnelle ou
conformationnelle à la dose de 60 Gy en 30 fractions et 6 semaines. Si l’irradiation est différée, on se retrouve dans une
situation où le taux de PSA est resté indétectable après la chirurgie quelques mois, p
uis le taux est remonté. On pense donc
à une radiothérapie de rattrapage qui repose sur des critères objectifs de rechute locale dans la loge opérée. Le temps de
doublement du PSA > 6 mois, le critère marges positives, l’absence d’invasion des vésicules sé
minales et un taux de PSA
postopératoire inférieur à 1 ng/mL évoquent une rechute locale. Avec la même technique que la radiothérapie adjuvante, la
dose délivrée sera de 66 à 70 Gy. L’irradiation est moins efficace lorsque le PSA postopératoire reste élevé
peut refléter la présence de métastases occultes ou d’une maladie agressive.
Prise en charge des effets secondaires
Durant une irradiation conformationnelle pour un cancer de la prostate, le patient est exposé à deux types d’effets
indési
rables irritatifs aigus (rectite aiguë, cystite aiguë) dont l’intensité est corrélée à l’importance du volume traité d’où la
nécessité de rechercher la balistique la plus épargnante possible. La rectite aiguë survient, quelle que soit la technique
balistiq
ue utilisée, vers la 4e semaine de traitement. Elle reste d’intensité modérée à faible si la radiothérapie est
conformationnelle au-
delà d’une dose de 70 Gy délivrée sur la prostate. Elle reste également faible à modérée si la
modulation d’intensité est utilisée au-
delà de 74 Gy. Elle se manifeste par une accélération du transit, des diarrhées, des
sensations d’hémorroïdes et la présence de glaires. Des traitements symptomatiques peuvent être prescrits
(antispasmodiques, plâtre digestif, ralentisseur du tra
nsit) ainsi que des mesures d’hygiène diététiques (régime alimentaire,
hydratation). La cystite radique aiguë se manifeste de façon conjointe à la rectite et dépend du volume de vessie intégré au
volume PTV traité. Elle reste d’intensité modérée même en ca
s d’escalade de la dose mais reste dépendante du choix
technique utilisé pour la balistique des faisceaux en cas de dose élevée (> 74 Gy). Elle se manifeste par une pollakiurie plu
ou moins intense ainsi qu’une dysurie et des brûlures urinaires au-delà de
70 Gy. Comme pour la rectite, le traitement fait
appel à une bonne hydratation. Au-
delà du traitement, la récupération fonctionnelle de ces effets est rapide sur une
quinzaine de jours en moyenne. Par la suite des effets secondaires tardifs (après le sixi
ème mois) peuvent se manifester
mais sont dépendants de la dose délivrée et du volume traité.
La curiethérapie de la prostate
La curiethérapie prostatique est une technique maintenant validée aux États-
Unis et en Europe. Les expériences à plus de
10 ans
sont de plus en plus nombreuses, avec, pour une population sélectionnée, des résultats équivalents à ceux de la
chirurgie. Le nombre d’applications et de centres applicateurs a réellement augmenté à partir de 1995, avec la cotation de
l’acte. En France, la
pratique de cette technique est plus récente. En 1998, deux centres uniquement utilisaient la
curiethérapie prostatique avec implantation permanente, puis 4 centres fin 1999. Aujourd’hui cette technique est largement
répandue, couvrant la majorité du terr
itoire français. La curiethérapie prostatique est une technique complexe faisant
coopérer plusieurs intervenants : un urologue, un radiothérapeute, un physicien et tout le personnel d’un bloc opératoire.
Selon des directives ministérielles récentes, elle n
e peut être pratiquée que dans des centres agréés pour la curiethérapie