Cancer localisé de la prostate Comment traiter ? Après 50 ans, le cancer localisé de la prostate devient le premier cancer de l’homme et la deuxième cause de décès après celui du poumon. Face à la chirurgie et la radiothérapie, de nouvelles techniques thérapeutiques sont en cours d’évaluation. D’ après le Pr Christian Coulange, de l’hôpital Salvador de Marseille, seuls les cancers localisés à la prostate sont traités efficacement. Encore faut-il que le pronostic soit précoce. Pour cela, seul un examen annuel systématique est efficace. Le cancer de la prostate est dit “localisé” lorsqu’il reste confiné à l’organe. Seule une biopsie peut déterminer avec certitude le caractère “intracapsulaire” d’un cancer. Le terme “intracapsulaire” souligne le caractère intraprostatique de ce cancer localisé défini par les stades T1 et T2. Avant la biopsie, le diagnostic s’exerce au niveau du toucher rectal anormal et d’un dosage sanguin qui révèle l’élévation du taux de PSA (antigène prostatique spécifique). Traitement classique La prise en charge est guidée par les symptômes du patient. La prostatectomie, chirurgie radicale, reste le traitement de référence. Très efficace, elle n’en est pas moins mal vécue. L’acte chirurgical se justifie pour trois raisons. Il semble qu’il soit le seul capable de supprimer la totalité du tissu prostatique et d’éviter tout risque de reprise ultérieure de la maladie dès lors que la lésion est intracapsulaire. L’efficacité de l’acte chirurgical se retrouve aussi dans la guérison définitive des troubles urinaires liés à une hypertrophie prostatique bénigne associée au cancer. Enfin, la prostactectomie est le seul traitement qui peut être suivi par un autre. Les complications postopératoires sont graves mais rares, et les complications tardives peu fréquentes. Ainsi l’incontinence touche 5 % des patients et une restauration de l’érec- tion est obtenue chez 20 % des patients de moins de 60 ans. « La prostatectomie totale concerne des tumeurs classées T1-T2, dont le taux de PSA devra au mieux être inférieur à 10 ng/ml. Le patient doit avoir une espérance de vie dépassant 10 ans et être par ailleurs en bonne santé », souligne le Pr Coulange. La radiothérapie permet, elle, de traiter des patients souffrant d’une pathologie plus avancée. D’une part, la radiothérapie externe conventionnelle délivre à la prostate, par quatre champs, 70 grays en six à sept semaines. Elle s’adresse de préférence aux tumeurs dont le score de Gleason est inférieur à 7 et aux patients dont le taux de PSA ne dépasse pas 10 ng/ml, mais dont l’espérance de vie est supérieure à 5 ans. D’autre part, la radiothérapie conformationnelle permet un ciblage beaucoup plus performant et l’utilisation de huit champs autorisant une irradiation de la prostate jusqu’à 80 grays, tout en ménageant les organes de voisinage. Elle est utilisée pour des tumeurs au score de Gleason indifférent et pour des patients au taux de PSA dépassant 10 ng/ml et dont l’espérance de vie est de plus de 10 ans. Les complications aiguës sont fréquentes, majoritairement rectales. Les complications tardives sont plus graves. A cinq ans, le taux d’impuissance serait de 60 %. Quant au traitement hormonal, il garde une place très réduite et convient surtout aux patients qui refusent une prise en charge agressive ou qui sont en échec de traitement à visée curative. Thérapies nouvelles Le développement de nouvelles techniques de soins moins agressives permet de fonder beau- coup d’espoirs. Certaines, comme la curiethérapie (brachythérapie) ou les ultrasons focalisés (Ablatherm®), sont en cours d’évaluation. Pour la première technique, les substances radioactives sont disposées en différents sites délimités de façon très précise (à l’aide d’un logiciel), à l’intérieur de la prostate au moyen d’aiguilles vectrices. L’irradiation, homogène et deux fois moins agressive qu’en radiothérapie, est limitée à la prostate et ne s’étend que sur quelques millimètres autour de la glande. Les études montrent que la tumeur est contrôlée dans près de 90 % des cas, avec au moins cinq ans de recul. Il est difficile, pour l’instant, d’apprécier l’efficacité à plus long terme de cette technique, qui reste en cours d’évaluation, de même que pour l’autre principe, qui repose sur la destruction des tissus tumoraux par des ultrasons de haute intensité. Ce traitement a l’avantage de ne pas utiliser d’agents radioactifs. Une sonde placée dans le rectum permet le repérage échographique de la prostate et l’émission de faisceaux d’ultrasons de haute intensité. Ceux-ci convergent et se concentrent sur un foyer où ils créent une élévation brutale et forte de température qui détruit les cellules situées dans les zones cibles. La totalité de la tumeur prostatique est traitée par un phénomène bref et limité. L’avantage est que l’utilisation des ultrasons ne constitue en aucun cas une impasse thérapeutique. « Aujourd’hui, grâce au diagnostic précoce, un nombre croissant de cancers de la prostate est décelé au stade localisé, c’est-à-dire sans diffusion de métastases. D’où l’impératif d’un examen systématique des personnes à partir de 50 ans », insiste le Pr Philippe Mangin, président de la Société française d’urologie. A.-L.P 96e Congrès français d’urologie, Paris, novembre 2002. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 44 - mars 2003 11