Comment traiter ?
D’
après le Pr Christian Cou-
lange, de l’hôpital Salvador
tion est obtenue chez 20 % des pa-
tients de moins de 60 ans. « La
prostatectomie totale concerne des tu-
meurs classées T1-T2, dont le taux de
PSA devra au mieux être inférieur à
10 ng/ml. Le patient doit avoir une
espérance de vie dépassant 10 ans et
être par ailleurs en bonne santé »,
souligne le Pr Coulange.
La radiothérapie permet, elle,
de traiter des patients souffrant
d’une pathologie plus avancée.
D’une part, la radiothérapie externe
conventionnelle délivre à la pros-
tate, par quatre champs, 70 grays
en six à sept semaines. Elle s’adresse
de préférence aux tumeurs dont le
score de Gleason est inférieur à 7 et
aux patients dont le taux de PSA ne
dépasse pas 10 ng/ml, mais dont
l’espérance de vie est supérieure à
5 ans. D’autre part, la radiothérapie
conformationnelle permet un ci-
blage beaucoup plus performant et
l’utilisation de huit champs autori-
sant une irradiation de la prostate
jusqu’à 80 grays, tout en ménageant
les organes de voisinage. Elle est uti-
lisée pour des tumeurs au score de
Gleason indifférent et pour des pa-
tients au taux de PSA dépassant
10 ng/ml et dont l’espérance de vie
est de plus de 10 ans. Les compli-
cations aiguës sont fréquentes, ma-
joritairement rectales. Les compli-
cations tardives sont plus graves. A
cinq ans, le taux d’impuissance se-
rait de 60 %. Quant au traitement
hormonal, il garde une place très
réduite et convient surtout aux pa-
tients qui refusent une prise en
charge agressive ou qui sont en
échec de traitement à visée curative.
Thérapies nouvelles
Le développement de nouvelles
techniques de soins moins agres-
sives permet de fonder beau-
coup d’espoirs. Certaines, comme
la curiethérapie (brachythérapie)
ou les ultrasons focalisés (Abla-
therm®), sont en cours d’évalua-
tion. Pour la première technique,
les substances radioactives sont dis-
posées en différents sites délimités
de façon très précise (à l’aide d’un
logiciel), à l’intérieur de la prostate
au moyen d’aiguilles vectrices. L’ir-
radiation, homogène et deux fois
moins agressive qu’en radiothéra-
pie, est limitée à la prostate et ne
s’étend que sur quelques milli-
mètres autour de la glande. Les
études montrent que la tumeur est
contrôlée dans près de 90 % des
cas, avec au moins cinq ans de
recul. Il est difficile, pour l’instant,
d’apprécier l’efficacité à plus long
terme de cette technique, qui reste
en cours d’évaluation, de même
que pour l’autre principe, qui re-
pose sur la destruction des tissus
tumoraux par des ultrasons de
haute intensité. Ce traitement a
l’avantage de ne pas utiliser d’agents
radioactifs. Une sonde placée dans
le rectum permet le repérage écho-
graphique de la prostate et l’émis-
sion de faisceaux d’ultrasons de
haute intensité. Ceux-ci convergent
et se concentrent sur un foyer où ils
créent une élévation brutale et forte
de température qui détruit les cel-
lules situées dans les zones cibles.
La totalité de la tumeur prostatique
est traitée par un phénomène bref
et limité. L’avantage est que l’utili-
sation des ultrasons ne constitue en
aucun cas une impasse thérapeu-
tique. « Aujourd’hui, grâce au dia-
gnostic précoce, un nombre croissant
de cancers de la prostate est décelé au
stade localisé, c’est-à-dire sans diffu-
sion de métastases. D’où l’impératif
d’un examen systématique des per-
sonnes à partir de 50 ans », insiste le
Pr Philippe Mangin, président de la
Société française d’urologie.
A.-L.P
96eCongrès français d’urologie,
Paris, novembre 2002.
Après 50 ans, le cancer localisé de la prostate devient le premier
cancer de l’homme et la deuxième cause de décès après celui
du poumon. Face à la chirurgie et la radiothérapie, de nouvelles
techniques thérapeutiques sont en cours d’évaluation.
Cancer localisé de la prostate
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No44 - mars 2003
de Marseille, seuls les cancers lo-
calisés à la prostate sont traités
efficacement. Encore faut-il que le
pronostic soit précoce. Pour cela,
seul un examen annuel systéma-
tique est efficace.
Le cancer de la prostate est dit
“localisé” lorsqu’il reste confiné à
l’organe. Seule une biopsie peut
déterminer avec certitude le ca-
ractère “intracapsulaire” d’un can-
cer. Le terme “intracapsulaire”
souligne le caractère intraprosta-
tique de ce cancer localisé défini
par les stades T1 et T2. Avant la
biopsie, le diagnostic s’exerce au
niveau du toucher rectal anormal
et d’un dosage sanguin qui révèle
l’élévation du taux de PSA (anti-
gène prostatique spécifique).
Traitement classique
La prise en charge est guidée par
les symptômes du patient. La pros-
tatectomie, chirurgie radicale, reste
le traitement de référence. Très ef-
ficace, elle n’en est pas moins mal
vécue. L’acte chirurgical se justifie
pour trois raisons. Il semble qu’il
soit le seul capable de supprimer
la totalité du tissu prostatique et
d’éviter tout risque de reprise ulté-
rieure de la maladie dès lors que la
lésion est intracapsulaire. L’effica-
cité de l’acte chirurgical se retrouve
aussi dans la guérison définitive
des troubles urinaires liés à une hy-
pertrophie prostatique bénigne as-
sociée au cancer. Enfin, la prostac-
tectomie est le seul traitement qui
peut être suivi par un autre. Les
complications postopératoires sont
graves mais rares, et les complica-
tions tardives peu fréquentes. Ainsi
l’incontinence touche 5 % des pa-
tients et une restauration de l’érec-
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