Amundi Discussion Papers Series DP-07-2014 Octobre 2014 Le cycle court de l’investissement : feuille de route Éric Mijot, Stratégie et Recherche Économique Réservé aux investisseurs professionnels Résumé N ous avons abordé le fonctionnement des cycles longs d’une cinquantaine d’années dans le Cross Asset Investment Strategy de juin 2013. Ces grands cycles contiennent plusieurs cycles courts qui ne durent que quelques années. Nous allons nous concentrer sur ces derniers dans ce Discussion Paper. L’intérêt d’arriver à se positionner dans le cycle est bien sûr d’anticiper la phase suivante pour saisir des opportunités d’investissement. Nous allons d’abord décrire les 4 phases d’un cycle court type en faisant ressortir pour chacune le comportement des marchés, les indicateurs qui préfigurent cette phase, les formes d’analyse les plus pertinentes, des stratégies opportunes et une première approche de l’allocation d’actifs. Nous avons choisi de présenter un cycle type pour rendre l’approche plus vivante en nous appuyant sur nos recherches mais aussi sur notre expérience de la gestion. Le comportement des actifs suivant ces différentes phases est ensuite mis en évidence sur des données remontant au début des années 1950. Puis on verra que la durée d’un cycle court est très stable dans le temps si l’on tient compte de quelques subtilités ; comme pour le cycle long, le cycle court correspond à une réalité économique que l’on peut pister en suivant notamment les décisions des banques centrales. On dispose d’une clé de lecture complémentaire en observant le cycle simplement à partir des actions ; ce qu’on appelle « le cycle boursier » Cette seconde approche permet d’affiner la pertinence de l’analyse. Notre recherche en la matière remonte à la fin du XIXe siècle. Enfin, nous observerons que les derniers cycles courts illustrent encore parfaitement cette logique en faisant ressortir les points communs avec notre approche stylisée et les particularités de ces cycles. En effet, comme le disait Mark Twain, « l’histoire ne se répète pas… mais elle rime » (“History does not repeat itself, but it rhymes”). Cette feuille de route, que nous avons progressivement affinée ces trente dernières années, sert régulièrement de référence en comité d’investissement. Mots-clés : stratégie d’investissement, cycle économique, cycle d’investissement, cycle boursier, market timing. Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 3 4 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 Le cycle court de l’investissement : feuille de route I. Les quatre phases du cycle d’investissement La capacité d’une économie à croître dépend de la croissance de la population en âge de travailler et des gains de productivité qu’elle génère. Au cours d’un cycle, la croissance économique évolue autour de cette tendance qui correspond à son potentiel. On peut alors distinguer 4 phases du cycle économique : i- Au début la croissance est inférieure à son potentiel et les risques inflationnistes sont faibles ii- Ensuite, la croissance accélère et dépasse son potentiel, ce qui génère des tensions inflationnistes iii- Puis la croissance décélère tout en restant au-dessus de son potentiel ; les tensions inflationnistes apparaissent car elles sont une fonction retardée de la croissance iv- Enfin, la croissance repasse sous son potentiel et les tensions inflationnistes finissent par se dissiper. L’écart de croissance économique par rapport à son potentiel (Output Gap) est bien sûr suivi de très près par les banques centrales, dont le rôle est justement d’assurer la stabilité économique à long terme. Dans la pratique pour l’investisseur, il est d’ailleurs plus facile de suivre l’évolution des taux directeurs des banques centrales (et plus généralement leur politique monétaire) que l’Output Gap lui-même. La banque centrale durcit sa politique monétaire quand les risques inflationnistes augmentent et l’assouplit quand les tensions inflationnistes reculent et que les risques de récession pointent (voir schéma ci-dessous). Les marchés sont surtout influencés par… Croissance économique Tendance du PIB Baisse des taux d'intérêt Phase ii Phase iii Phase i Phase iv PIB Hausse des taux de la Banque Centrale Baisse des taux de la Banque Centrale Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 Source : Recherche Amundi 5 Au cours des 2 premières phases l’évolution des actifs est influencée positivement par la croissance économique alors que les taux d’intérêt jouent progressivement le rôle de frein. À l’inverse, au cours des 2 dernières phases, les investisseurs se raccrochent à la baisse des taux et les espoirs de reprise économique qu’ils suscitent alors que les profits des sociétés sont malmenés (voir graphique). Le cycle court de l'investissement Le cycle des Actifs Vente Matières Premières ä Vente Actions ä Vente Obligations ä Tendance du PIB Préférer les liquidités Phase ii Phase iii Phase i Phase iv PIB ç ã ã Achat Achat Obligations Matières ã Achat Actions Premières Secteurs Conso non cyclique Energie et ressources de base Investissement et technologie Tendance du PIB PIB Phase ii Phase iii Phase i Phase iv Télécommunication et services publics Banques et assurances Conso cyclique Stratégies Valeur relative Tendance du PIB Rendement sécurisé Phase ii Phase iii Phase i Phase iv PIB Contrariant Protection Hausse des taux de la Banque Centrale Baisse des taux de la Banque Centrale Source : Recherche Amundi Décomposons maintenant plus finement ces quatre phases en faisant ressortir pour chacune d’elles le comportement des marchés, les indicateurs qui préfigurent cette phase, les formes d’analyses les plus pertinentes, des stratégies d’investissement opportunes et une première approche de l’allocation d’actifs. 6 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 1.1 Phase i - Surperformance des actions La première phase est celle du retournement du cycle à la hausse. La volatilité, redoutable ennemie à court terme de l’investisseur, est très forte. Le risque est élevé mais de formidables opportunités se font jour. • Comportement des actifs Cette phase de démarrage du cycle est propice aux actions en général et particulièrement aux valeurs et aux marchés procycliques. Le pire ayant été évité au niveau économique, on est prêt à prendre plus de risques et même à investir sur les actifs moins liquides. Après s’être effondrées, les petites valeurs, par exemple, explosent maintenant à la hausse. Au niveau sectoriel, les secteurs les plus sensibles à la baisse des taux et à celle des prix de l’énergie, désormais vraiment orientés à la baisse, se reprennent les premiers. Il s’agit des banques et plus généralement des financières, des valeurs liées à la construction résidentielle, des valeurs de transport et de l’automobile. Les obligations d’entreprises, qui réagissent positivement à la diminution du risque de défaut, démarrent avant les actions qui finissent par l’emporter grâce aux espoirs de retour de la croissance. Les obligations d’État sous-performent les actions, même si leurs cours ne baissent pas forcément pour autant. Les matières premières, très volatiles, ont parfois fait leur point bas avant les actions mais sont en général encore très risquées. • Indicateurs À ce stade, le flux de mauvaises nouvelles est à son comble. Les sociétés, aux prises avec la récession, délivrent des messages prudents voire moroses sur leurs perspectives. Les analystes financiers révisent donc leurs prévisions de résultats des sociétés à la baisse. Le sentiment des investisseurs dans les enquêtes ressort au plus fort de son pessimisme. Les investisseurs particuliers craquent et vendent leurs actions aux professionnels avertis qui décident de regarder « au-delà de la vallée » qui n’est maintenant plus très loin. On constate avec une grande régularité dans le temps que le point bas du marché d’actions américain se situe deux trimestres avant le point bas de la croissance économique, telle que définie par le NBER. Mais on le constate malheureusement a posteriori ! Les doutes des investisseurs, liés à la crise précédente (surendettement, surinvestissement, surstockage, etc.) finissent par se lever parallèlement à la hausse des cours de bourse, puis à l’amélioration progressive des résultats des sociétés. On dit alors que le marché « monte le mur de doutes ». La baisse des taux directeurs de la banque centrale s’accélère. La baisse des taux courts est maintenant plus rapide que celle des taux longs. La repentification de la courbe des taux permet aux banques qui financent une bonne partie de l’économie Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 7 de se refaire une santé, ce qui est primordial pour assurer un redémarrage sain et durable d’un nouveau cycle de croissance. Si les taux courts passent sous le niveau de l’inflation, la politique monétaire devient très « accommodante » et cela constitue en général un bon signal pour revenir sur les actions. Le redémarrage des prêts bancaires constitue une confirmation, donc a posteriori, que la reprise est soutenable. Il suffit d’ailleurs d’une simple inflexion positive dans la détérioration Baisse des taux de la banque centrale et réaction du marché d’actions de la zone euro Indice datastream des actions de la zone euro (Base 100 en 1973) 3200 320 1600 160 800 80 400 40 200 20 100 10 0 Taux de la BCE / Bundesbank (%) 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 1 Oct. 1974 Oct. 1982 Fev. 1993 Sept. 2001 ▬▬ Retournement à la baisse des taux de la BCE/Bundesbank Nov. 2008 Source : Recherche Amundi L’accélération de la baisse des taux est un puissant signal d’achat des marchés d’actions, surtout d’ailleurs quand cette baisse est synchronisée au niveau mondial. 8 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 du volume des prêts (Credit Impulse) pour que les marchés d’actions l’entérinent. On note aussi un infléchissement de la dégradation du nombre de permis de construire et des mises en chantier de maisons neuves, qui sont les indicateurs les plus avancés du cycle économique. Autre point de repère dans un monde globalisé : les économies s’influencent les unes les autres. Les États-Unis, locomotive du monde, sont systématiquement en avance sur l’Europe depuis les années 1960 à l’exception de la période de réunification allemande. La baisse des taux de la Réserve Fédérale américaine intervient environ deux trimestres avant celle de la Banque centrale européenne (BCE), et historiquement la Bundesbank. Alors quand la BCE joint ses forces à celles de la Fed pour combattre la récession mondiale (ou le ralentissement), les marchés d’actions sont mûrs pour réagir rapidement à la hausse. Retenons que l’accélération de la baisse des taux de manière synchronisée au niveau mondial est un puissant signal d’achat des marchés d’actions (voir graphique ci-contre). • Pertinence des analyses Dans cette phase, le marché est davantage gouverné par la psychologie des investisseurs que par les fondamentaux des économies. Aussi, l’analyse technique sera essentielle pour repérer une figure de retournement des marchés d’actions et aider au timing pour les repondérer. Les valeurs qui remontent le plus vite dans un premier temps sont d’ailleurs simplement celles qui ont baissé le plus précédemment (couverture de positions vendeuses), quelle que soit leur qualité. L’analyse financière gagnera peu à peu en pertinence pour repérer des valeurs fortement décotées (deep value) que l’investisseur patient pourra mettre en portefeuille. En revanche, l’analyse quantitative est globalement inefficace dans cette phase de marché, délicate à repérer par la modélisation. • Stratégies au sein des classes d’actifs En termes de stratégie, c’est une phase au cours de laquelle il faut savoir être contrariant. On met en place progressivement des stratégies directionnelles sur les actions ; dit autrement, il s’agit de réinvestir ses liquidités. Les facteurs systématiques (beta) importent plus que les facteurs spécifiques (alpha). Sur les marchés de taux, on parie sur la baisse des primes de risque des obligations d’entreprises ou d’État aux fondamentaux plus faibles (stratégies de spread). Sur les devises, on aura une approche procyclique, préférant celles associées aux économies les plus réactives. • Allocation d’actifs En termes d’allocation d’actifs, une allocation majoritairement investie en actions s’impose. En effet, l’essentiel de la performance des actions a lieu pendant la phase de rebond. Compte tenu de la forte volatilité, on y passera progressivement quand la figure de retournement sera validée. Pendant la phase de construction de cette Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 9 figure on sera plutôt investi de manière équilibrée entre actions et produits de taux. Le crédit, peu cher (les spreads sont très élevés) et moins volatil que les actions est une bonne façon pour commencer à repondérer le risque dans les portefeuilles. 1.2 Phase ii - Surperformance des actions et des matières premières La seconde phase correspond au cœur de la croissance. C’est un prolongement de la phase précédente. Il n’y a pas de franche rupture. L’aversion au risque semble avoir disparu et la volatilité baisse (ou au moins ne remonte pas). Les actifs risqués montent tous et les différences de performance s’atténuent. • Comportement des actifs Cette phase est encore favorable aux actions. La hausse se généralise. Il y a de moins en moins de petites valeurs décotées. Alors que leurs marges se sont déjà bien reconstituées, les entreprises sont également plus confiantes et vont devoir investir pour satisfaire à l’avenir cette demande qui est en train de dépasser leur capacité de production. Aussi, les valeurs liées à l’investissement prennent le dessus sur celles liées à la consommation. Celles qui ont la meilleure capacité de monter les prix de vente, comme les valeurs du luxe, restent dans la course plus longtemps. Enfin, les sociétés minières et plus généralement celles liées aux matériaux de base finissent par surperformer grâce à la hausse généralisée des prix des matières premières. La croissance économique dépassant désormais son potentiel, la demande de matières premières excède l’offre et elles finissent même par faire mieux que les actions. Au sein des matières premières, le pétrole et les métaux industriels procycliques comme le cuivre, le zinc et le nickel performent mieux que l’or (sauf dans les cas d’hyperinflation). Parmi les métaux précieux, l’argent surperforme l’or. D’une manière générale, les valeurs refuges sous-performent. C’est la pire phase pour les obligations d’État. Au sein des marchés de taux, les obligations d’entreprises aux rendements plus élevés restent attractives plus longtemps alors que les taux de défaut des sociétés ont tendance à diminuer. La reprise de l’endettement des entreprises pour financer l’investissement ou les fusions et acquisitions augmentent l’offre de papier mais la très forte demande des investisseurs à la recherche de rendement finit par comprimer les spreads au maximum. Les spreads des crédits de meilleure qualité (Investment Grade) fondent les premiers, parallèlement à la volatilité des obligations. Ceux des obligations à haut rendement (High Yield) font davantage écho à la volatilité des actions qui reste elle aussi contenue. • Indicateurs La Fed finit par monter ses taux, toujours après que le taux de chômage a atteint son point d’orgue et avant que les marges des sociétés n’aient fini de progresser. Depuis 1950, le top des marges intervient en médiane 18 mois avant le top du cycle 10 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 économique (voir graphique et tableau page suivante). L’accélération de la hausse des taux obligataires anticipe le retournement de politique monétaire et la surperformance des matières premières industrielles par rapport aux obligations d’État constitue une excellente confirmation du passage en phase ii. Il s’agit d’une première alerte importante pour les actifs risqués. Mais il ne faut pas s’en inquiéter outre mesure. Elle n’est pas un frein suffisant pour arrêter la hausse des actions, en tout cas en dehors des périodes extrêmes, d’hyperinflation ou de déflation. Dans cette phase ii, la croissance des bénéfices est en effet le facteur le plus important. Les messages des sociétés sont encourageants et les analystes financiers revoient les bénéfices à la hausse systématiquement. La confiance s’auto-entretient avec la hausse des cours et le sentiment de profits faciles à réaliser. La presse s’en fait l’écho et par mimétisme les investisseurs les moins avertis rentrent sur le marché. La faible volatilité flatte aussi les budgets de risque des fonds de pensions et des assureurs qui se laissent parfois tenter tardivement. Les actions finiront par anticiper le top du cycle, mais seulement 3 mois à l’avance. • Pertinence des analyses Quant aux formes d’analyses, elles fonctionnent toutes bien dans cette phase. L’analyse financière est très pertinente car elle permet de prévoir la croissance des bénéfices et de valoriser fondamentalement les sociétés, ce qui contribue d’ailleurs à rassurer encore les investisseurs. L’analyse quantitative, qui systématise l’approche fondamentale des analystes financiers, trouve aussi tout son sens et est à son apogée. Il suffit souvent de quelques ratios bien calibrés pour repérer les valeurs bon marché. L’analyse technique qui capte excellemment le momentum des cours marche aussi très bien. Le leitmotiv des analystes techniques devient alors « les plus hauts plus hauts sont haussiers ». • Stratégies au sein des classes d’actifs Dans un premier temps une stratégie simple mais efficace pour toutes les classes d’actifs consiste à suivre le momentum des cours ; autrement dit à acheter ce qui est en train de monter. Mais très vite ce sont les stratégies de « valeur relative » (relative value) qui s’imposent. La phase de rebond est maintenant derrière nous et il faut être de plus en plus subtil pour maximiser la performance ; le risque devient plus spécifique que systématique. La performance absolue des actions est moins forte que dans la phase précédente et il devient en effet plus pertinent de s’intéresser aux performances relatives d’un secteur par rapport à l’autre par exemple. Au niveau des changes, qui se traitent en relatif par définition, l’investisseur averti peut profiter de la forte baisse de la volatilité pour mettre en place des stratégies de portage (carry trade) ; c’est-à-dire acheter des devises à taux d’intérêt très élevé en les finançant par la vente de devises à taux d’intérêt très bas. Cela permet de Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 11 jouer les décalages de conjoncture entre pays de façon plus directe qu’entre leurs marchés d’actions, car ceux-ci évoluent souvent en sens inverse de leur devise, ce qui risque de gommer une partie du gain désormais plus faible si le risque de change n’est pas couvert. Enfin sur les marchés de taux (fixed income), les stratégies de spread peuvent être conservées et des stratégies d’aplatissement de la courbe des taux, préférant les échéances courtes aux échéances longues (bear flattening) peuvent être initiées. • Allocation d’actifs Sur le plan de l’allocation d’actifs, les obligations peuvent faire une place aux matières premières. Celles-ci étant très volatiles, elles se contenteront néanmoins d’un pourcentage plus réduit. Marges des entreprises, marchés d’actions et anticipation des récessions 19200 25% 23% 9600 21% 4800 19% 2400 17% 1200 13% 15% 11% 600 9% 300 7% 150 DOW JONES (éch. G) Top des marges T4 1950 T1 1955 T2 1959 T1 1966 T1 1973 T1 1978 T4 1980 T4 1988 T3 1997 T3 2006 Marge brute (éch. D) Top Dow T1 1953 T4 1956 T1 1960 T1 1969 T1 1973 T4 1980 T2 1981 T3 1990 T1 2000 T4 2007 2011 2008 2004 2001 1998 1994 1991 1987 1984 1980 1977 1974 1970 1967 1963 1960 1957 1953 1950 5% Récession Source : Datastream, Recherche Amundi Top NBER T3 1953 T3 1957 T2 1960 T4 1969 T4 1973 T1 1980 T3 1981 T3 1990 T1 2001 T4 2007 Médiane Durée en trimestres entre les tops Marges-NBER Dow-NBER 11 2 10 3 4 1 15 3 3 3 5 1 3 1 7 0 14 0 5 0 6 1 Les marges des sociétés baissent en médiane 18 mois avant la récession. Quand les marges baissent, le marché des actions continue de progresser. Il finit par capituler un trimestre seulement avant la récession. 12 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 1.3 P hase iii - Surperformance du monétaire et des obligations indexées sur l’inflation Cette troisième phase prépare le retournement du cycle qui est mûr. La volatilité est extrêmement basse. Tout semble comme avant en apparence, pourtant la crise couve. La dispersion des performances se réduit considérablement. • Comportement des actifs La croissance est toujours abondante en apparence mais les valorisations ont tendance à converger, quel que soit le risque des actifs sous-jacents. La performance des actions rapportée à la volatilité commence à s’étioler. Les petites valeurs ont plus de mal que les grandes. Sur le plan sectoriel, les secteurs leaders de ce cycle ne surperforment plus ; les secteurs plus défensifs refont une partie de leur retard. Ils se mettent à surperformer avant même que la crise ne se déclenche. Il s’agit des secteurs de l’agroalimentaire, de la pharmacie puis des télécommunications et des services publics. Il en va de même pour les zones géographiques ; par exemple, la surperformance des actions européennes, plus cycliques, vis-à-vis des actions américaines s’estompe. Les taux de la banque centrale ont désormais atteint leur point haut cyclique. Ils vont généralement être maintenus sur un plateau pendant plusieurs mois. C’est donc là que les taux monétaires sont le plus attractifs dans le cycle. La courbe des taux est plate, voire inversée. Les taux des obligations d’État sont plus hésitants. Les taux de défaut des sociétés, fonction retardée du cycle, sont à leur plus bas de plusieurs années, de même que les écarts de taux des obligations à haut rendement avec les obligations d’État (spreads). Les matières premières, elles, continuent quelque temps leur progression et alimentent les craintes inflationnistes avant de s’effondrer ; les obligations indexées sur l’inflation (linkers) surperforment les indices actions. Cette phase de préparation à la correction du cycle peut très bien s’opérer alors que les marchés d’actions sont encore en forte hausse, ce qui obscurcit un peu plus le tableau. En effet, c’est aussi dans cette phase que se construisent les bulles (sauf en 1987 où le krach a eu lieu en phase ii). Alors que la valorisation est déjà chère et que le cycle touche à sa fin, les flux sont alors plus rapides que la croissance des bénéfices. Ils se concentrent par exemple dans un premier temps sur un actif qui fait rêver (valeurs internet en 1998-2000) et qui n’est pas forcément très liquide (beaucoup de nouvelles introductions en bourse) avant de s’étendre au reste du marché. • Indicateurs Au-delà de ce comportement symptomatique qui doit interpeller, notons que les investisseurs sont souvent hypnotisés par la très faible volatilité et pensent que la croissance des derniers mois est pérenne ; c’est le calme avant la tempête. Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 13 L’optimisme est à son comble. On entend alors résonner les « cette fois-ci c’est différent ! ». Pourtant, si la banque centrale arrête de monter ses taux, elle a certainement de bonnes raisons de le faire, même si elle n’est pas infaillible. C’est une phase délicate pour elle aussi : l’inflation, qui est une fonction retardée de la croissance économique, continue de progresser et mérite toute son attention. À l’inverse, la banque centrale risque de provoquer une récession si elle attend trop longtemps pour baisser la garde. D’ailleurs, le rythme de progression des prêts bancaires commence déjà à s’infléchir. • Pertinence des analyses À ce stade l’analyse financière et l’analyse quantitative deviennent moins pertinentes. Les sociétés voient rarement le retournement économique se profiler et guident les analystes vers une poursuite de la hausse des bénéfices. Les consensus reprennent ces données et les analystes quantitatifs qui s’y réfèrent se font souvent prendre par le retournement qui va suivre. Les analystes techniques trop orientés sur la poursuite du momentum sont également en partie aveuglés mais d’autres notent des signes d’épuisement de tendance et une participation moins homogène des titres à la hausse puis détectent progressivement des figures de retournement : double ou triple top ou encore une tête et épaules. • Stratégies au sein des classes d’actifs En termes de stratégie, il faut privilégier le rendement sécurisé. Sur les marchés de taux, il faut céder des obligations à haut rendement et renforcer le monétaire et les obligations d’État, même si ces dernières peuvent être momentanément moins attractives que le monétaire. Les obligations d’État indexées sur l’inflation sont un bon compromis. Il faut vendre des actions pour dégager des liquidités et se positionner sur des secteurs défensifs. Au niveau des devises, il faut privilégier celles dont les économies sous-jacentes présentent les fondamentaux les plus solides : compte courant positif, flux nets d’investissement long terme positifs, faible dette totale par rapport au PIB, faible dette extérieure, faible dette court terme au regard des réserves de change, etc. Enfin, les matières premières se retourneront violemment au cours de la phase iv. Mieux vaut les avoir vendues trop tôt car la chute sera soudaine et ne laissera pas assez de temps pour réagir. • Allocation d’actifs Ainsi, sur le plan de l’allocation, il est judicieux de privilégier les placements monétaires et les obligations indexées sur l’inflation : ces dernières bénéficieront de la baisse des taux réels dans la phase iv à venir. C’est le moment d’être le plus possible investi en cash en attendant de voir de quel côté tourne le vent. Il faut réduire, voire solder, la part de ses actifs risqués avant la phase suivante. 14 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 Retournement des cycles à la baisse depuis 1950 TAUX DE LA FED 20 Faillite de Penn Square Bank + 1ère Crise Mexicaine 15 Faillite de Franklin National Bank Faillite de Continental Illinois Crise des Savings & Loans Faillite de Penn Central 10 2 Crise Mexicaine è Crise du Crédit américain 5 Bulle internet Crise des Subprimes 0 CRB INDUSTRIEL 700 Emergence de la Chine 600 500 400 300 200 100 0 BÉNÉFICES DES SOCIÉTÉS AMÉRICAINES 5 1 Guerre de Corée 25 Guerre du Vietnam 125 1954 1958 1960 1967 1970 1974 1981 1984 1989 1995 ▬▬ Retournement à la baisse du taux de la Fed 2001 2007 Source : Recherche Amundi La contraction de la croissance économique est souvent révélée par une crise qui contraint la Fed à baisser ses taux, alors que les prix des matières premières industrielles ont déjà passé leur plus haut cyclique. Cela arrive au top des profits des sociétés qui sont un indicateur retardé du cycle. Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 15 1.4 Phase iv - Surperformance des obligations d’État Cette phase correspond à la correction du cycle. Elle concrétise les craintes naissantes de la phase précédente. Elle marque une rupture. Le mouvement est brutal. Il faut protéger son capital. La correction peut être plus ou moins marquée et plus ou moins longue mais dans tous les cas les obligations d’État font bonne figure. Le monétaire devient moins intéressant que les obligations d’État dont les cours montent quand les taux baissent. La crise est avérée et c’est globalement la fuite vers la qualité et la liquidité qui l’emporte. • Comportement des actifs Les actifs les plus risqués baissent voire s’effondrent. Il s’agit des matières premières industrielles, des obligations à haut rendement, des convertibles, des marchés d’actions en général et en particulier des valeurs moins liquides et de celles qui étaient à la mode dans ce cycle et dont la valorisation est devenue trop généreuse. Sur le plan des secteurs, les télécommunications et les services publics résistent mieux à la baisse des marchés. Ces valeurs sont très liquides, moins sensibles à l’activité économique. Souvent endettées, elles profitent même de la baisse des taux en cours. Enfin, elles ont souvent un profil plus domestique, ce qui est rassurant. Les autres secteurs défensifs comme l’agroalimentaire et la pharmacie se comportent également fort bien en relatif au reste du marché. • Indicateurs La contraction de la croissance économique est souvent révélée par une crise qui contraint la Fed à baisser ses taux (premier graphique page précédente). Cela correspond au top des profits des sociétés américaines (troisième graphique page 15) qu’on ne détecte souvent qu’a posteriori. La banque centrale accélère sa baisse des taux seulement lorsqu’elle a acquis la certitude que l’équilibre offre/ demande est bien rompu. À cet égard, la baisse des prix des matières premières industrielles fournit une indication précieuse (second graphique p. 15). Les périodes grisées sur les graphiques de la page précédents correspondent aux périodes de guerre (Corée et Vietnam) qui sont un peu moins pertinentes en matière d’analyse. Remarquons qu’en 2007, l’émergence de la Chine et la spéculation sur le manque de matières premières à terme a prolongé la hausse des prix des matières premières et envoyé un faux signal aux banques centrales. • Pertinence des analyses Durant cette phase iv les analyses financière ou quantitative des sociétés ne fonctionnent plus. Le manque de liquidité accentue la volatilité qui est à son comble. Les investisseurs qui ont tenu jusqu’ici réduisent leurs risques. Les marchés sont aux prises avec une psychologie qui se dégrade très vite. L’analyse technique, qui prend en compte les effets psychologiques, est à nouveau une des approches les 16 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 plus efficaces pour appréhender cette phase du cycle des actifs. Il est souvent impressionnant de constater comment les marchés font étape au cours de leur baisse à des niveaux qui correspondent aux ratios de Fibonacci. Ensuite, quand les cours de bourse ont fini de chuter, ils ne se reprennent pas vraiment non plus. Techniquement, une figure de retournement se dessine peu à peu : double ou triple bottom ou tête et épaules inversée. Cela peut prendre plusieurs mois. • Stratégies au sein des classes d’actifs Il devient difficile d’être très constructif car la volatilité effraye sur le court terme. Il faut penser à protéger son portefeuille. Il est judicieux de couvrir une partie de ses positions en actions avec des futures ou des ETF et de conserver une posture défensive sur la part qui n’est pas couverte. Sur les marchés de taux il faut préférer les échéances longues. Autrement dit allonger la duration moyenne du portefeuille. Quant aux devises, les devises de réserves sont souvent protectrices ; elles jouent un rôle d’assurance dans les portefeuilles internationaux, à commencer par le dollar. • Allocation d’actifs Il faut avoir réduit la part du monétaire au profit des obligations d’État. On ne repondérera progressivement les actions que lorsque le sentiment du marché sera au plus sombre, idéalement au cours de la figure de retournement qui marquera le passage à la phase suivante. Performance moyenne des principaux actifs en dollar selon la position des taux de la Fed depuis 1950 CRB INDUSTRIEL - OBLIGATIONS D'ETAT ACTIONS 25% Point bas taux Fed Hausse taux Fed Dernière hausse taux Fed Baisse taux Fed 15% Point bas taux Fed (différentiel de performance) Hausse Dernière hausse taux Fed taux Fed Baisse taux Fed 10% 20% 5% 15% 0% 10% - 5% 5% - 10% 0% - 15% - 5% - 20% S&P500 RI Réel CRB Industriel ‐ Obligations d'Etat CRB INDUSTRIEL - OR OBLIGATIONS 12% Point bas taux Fed Hausse taux Fed Dernière hausse taux Fed Baisse taux Fed 10% 15% Point bas taux Fed (différentiel de performance) Hausse Dernière hausse taux Fed taux Fed Baisse taux Fed 10% 8% 5% 6% 4% 0% 2% 5%‐ 0% - 10% - 2% - 4% Obligations d'Etat RI Réel Monétaire RI Réel Obligations d'entreprise RI réel - 15% CRB industriel ‐ OR Source : Datastream, FED, GlobalFinancial Data, Shiller data set, Recherche Amundi Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 17 On répertorie (graphiques p. 17) les 4 phases des taux de la Fed depuis les années 1950 : 1) point bas des taux qui peuvent rester inchangés un certain temps, 2) phase de hausse, 3) dernière hausse de taux qui peuvent marquer une phase de plateau, puis 4) phase de baisse. En moyenne depuis les années 1950, il ressort que les actions performent bien surtout dans la phase de baisse des taux et avant qu’ils ne remontent, même si elles résistent dans un premier temps à la hausse des taux. Les placements à taux fixe préfèrent quand la Fed arrête de durcir sa politique monétaire. Le crédit surperforme les autres placements à taux fixe dans les mêmes phases que les actions. Quant aux matières premières industrielles, elles font mieux que les obligations d’État et que l’or quand les taux de la Fed sont bas, mais surtout dans leur phase de hausse. Ces constatations correspondent au schéma stylisé sur le comportement des actifs par rapport au cycle présenté p. 6. Performance moyenne des indices de styles, tailles et secteurs à partir du point bas des actions dans le cycle et de la position des taux de la Fed depuis 1950 PETITES - GRANDES VALEURS 25% Point bas actions Hausse taux Fed Dernière hausse taux Fed Baisse taux Fed 25% 20% 20% 15% 15% 10% Point bas actions -5% 0% -10% -5% ENERGIE - FINANCIERES CYCLIQUES - DEFENSIVES Point bas actions (différentiel de performance) Hausse Dernière hausse taux Fed taux Fed Baisse taux Fed Point bas actions 15% 0% -5% -10% Point bas actions (performance) Hausse Dernière hausse taux Fed taux Fed INDUSTRIELLES - CONSOMMATION DURABLE Baisse taux Fed 15% 10% Point bas actions (différentiel de performance) Hausse Dernière hausse taux Fed taux Fed Baisse taux Fed 5% 40% 0% 30% 20% 10% 0% -10% Financières, Conso durable Tech, Manufacturier, Energie Defensive -5% -10% -15% -20% -25% -30% SECTEURS 18 Baisse taux Fed 5% 50% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% -10% -20% (différentiel de performance) Hausse Dernière hausse taux Fed taux Fed 10% SECTEURS -20% Baisse taux Fed 5% 0% 60% Dernière hausse taux Fed 10% 5% 12% 10% 8% 6% 4% 2% 0% -2% -4% -6% -8% VALUE - GROWTH Hausse taux Fed Point bas actions (performance) Hausse Dernière hausse taux Fed taux Fed Industriels - Consommation durable CONSOMMATION NON DURABLE - DURABLE Baisse taux Fed 20% Point bas actions (différentiel de performance) Hausse Dernière hausse taux Fed taux Fed Baisse taux Fed 10% 0% -10% -20% -30% -40% Financières, Conso durable Services publiques, télécom Tech, industrielles Conso. non cyclique -50% Energie Consommation Non Durable-Durable Source : Données Fama / French, Recherche Amundi Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 On considère ici (graphiques p. 18) que le Cycle d’Investissement commence par un point bas majeur des actions (phase i) qui intervient pendant la phase de baisse des taux de la Fed. La phase ii commence quand la Fed monte ses taux, la phase iii quand elle arrête de les monter et la phase iv quand elle les baisse. En phase i et ii, les petites valeurs font mieux que les grandes, les Value mieux que les Growth, les Cycliques mieux que les Défensives, mais davantage en phase i que ii. La phase i est propice aux financières et à la consommation discrétionnaire. La phase ii profite à la technologie et aux industrielles puis l’énergie finit par l’emporter. En phase iii et jusqu’au nouveau point bas des actions, les défensives (consommation non cyclique puis télécom et services publics) surperforment. Ces constatations correspondent au schéma stylisé sur le comportement des secteurs par rapport au cycle présenté p. 6. 1.5 Conclusion sur les stratégies cibles En conclusion de cette description du cycle d’investissement en quatre étapes, nous proposons le schéma page suivante qui reprend les classes d’actifs à privilégier et les stratégies pertinentes au sein de ces classes d’actifs. Par rapport aux schémas précédents, nous y introduisons deux axes, celui de la rentabilité constatée sur le marché des actions en glissement annuel et celui de la volatilité correspondante. La volatilité baisse en phase i et ii et augmente lors des 2 phases suivantes. La performance annuelle décroît en phase ii et iii. n°21 Performance des actions et variation de la volatilité depuis 1950 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% -10% -20% point bas actions Perf Actions hausse taux Fed Variation Volatilité dernière hausse taux Fed baisse taux Fed Source : DonnéesShiller, Datastream, Recherche Amundi Pour ne pas trop surcharger, nous avons fait disparaître les références au cycle économique, qui ne se trouvent plus représentées que par le nom des phases i, ii, iii, iv. De même, nous n’avons pas non plus fait figurer les stratégies au sein des matières premières, sachant que le pétrole et les matières premières industrielles tendent à surperformer les métaux précieux dont l’or en phase i et ii et inversement les métaux précieux, plus défensifs, surperforment en phase iii et iv. Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 19 Stratégies cibles VOLATILITE FAIBLE STRATEGIES DE VALEUR RELATIVE STRATEGIES DE RENDEMENT SECURISE RELATIF DEFENSIF FONDAMENTAL PORTAGE SPREADS / APLATISSEMENT ACTIONS et MATIERES PREMIERES PORTAGE MONETAIRE et OBLIGATIONS INDEXEES SUR L'INFLATION ii iii RENTABILITE ELEVEE RENTABILITE FAIBLE i iv ACTIONS OBLIGATIONS SPREADS/PENTIFICATION CYCLIQUES APLATISSEMENT RESERVE DIRECTIONNEL COUVERTURE STRATEGIES CONTRARIANTES STRATEGIES DE PROTECTION VOLATILITE FORTE Classe d'Actifs à privilégier Stratégies Obligataires Stratégies Devises Stratégies Actions Source : Recherche Amundi Au démarrage du cycle d’investissement, la volatilité est forte. Il faut savoir être contrariant. La phase i est en effet celle où la rentabilité annuelle des actifs risqués sera la plus élevée. Il faut ensuite être plus subtil et mettre en place des stratégies de « valeurs relative » (phase ii). Quand la volatilité devient très faible, il faut sécuriser encore davantage les rendements (phase iii). Finalement, alors que la rentabilité des actifs risqués continue de faiblir, il faut être passé en mode « protection » (phase iv). L’enchaînement de ces quatre phases est d’une grande régularité mais elles peuvent être plus ou moins longues suivant les cycles. Nous allons donc maintenant nous concentrer sur la durée des cycles courts de l’investissement, en observant d’abord les cycles économiques, puis les cycles boursiers. 20 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 II. La durée des cycles courts de l’investissement 2.1 La durée des cycles économiques Nous nous appuyons ici sur les travaux du National Bureau of Economic Research (NBER) qui font référence à cet égard. Cet organisme américain, officiellement chargé de mesurer les cycles aux États-Unis, a aussi travaillé sur les cycles des autres pays du monde et notamment en Europe. Nous en tirons 3 conclusions structurantes : • Tout d’abord, les cycles et l’idée qu’on s’en fait ont évolué dans le temps. La rupture la plus forte depuis l’industrialisation a été marquée par la seconde guerre mondiale. La plupart des études remontent à cette période qui présente l’intérêt d’être beaucoup mieux fournie en statistiques. Toutefois, observer les cycles précédents n’est pas dénué d’intérêt : Avant la seconde guerre mondiale, les cycles étaient beaucoup plus marqués, à la hausse comme à la baisse. Les chocs concernaient avant tout les infrastructures. Après la seconde guerre mondiale et la montée en puissance de notre société de consommation, les chocs ont surtout marqué les biens de consommation durables. De plus, ils se sont atténués. L’expansion de 1961 à 1969 était à l’époque la plus longue de l’histoire ; au point qu’au cours des années 1960, certains pouvaient douter que les cycles existaient encore. Le même phénomène est apparu au cours des années 1990. Dans les deux cas de figure, cette absence de volatilité prolongée de l’activité économique s’est finalement quand même transformée en récession ! En 1969, Mintz (NBER) a donné vie à un nouveau concept : les « growth recessions » c’est-à-dire un ralentissement de la croissance par rapport à sa tendance, mais qui ne s’est pas mué en récession. Une, voire deux ré-accélérations ont lieu, prolongeant le cycle d’autant. L’issue est cependant toujours la même : la récession. Il s’agit donc de considérer les mouvements cycliques en relatif et non plus en absolu. La politique monétaire épouse ces mouvements cycliques, voire les provoque ; suivre ses différentes étapes (hausse des taux, stabilité sur un plateau, baisse, nouvelle stabilité) est donc très structurant. • Ensuite, la durée des cycles est relativement constante : autour de 47 mois. À cet égard, l’étude de ce qui s’est passé avant la seconde guerre mondiale est très instructive. On constate en effet qu’un cycle dure 47 mois si on considère la médiane depuis 1854. Les modifications depuis la seconde guerre mondiale ont plus porté sur l’allongement de la période d’expansion et la réduction de la durée de consolidation au sein de ce laps de temps plutôt que sur la durée du cycle en lui-même. Pour aller un peu plus dans le détail sur cette constatation, reprenons et commentons les conclusions d’une étude de Geoffrey H. Moore et Victor Zarnowitz Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 21 (The development and role of the NBER’s Business Cycle Chronologies-1986) qui met en évidence les variations structurelles des cycles américains : Tout d’abord, la durée totale moyenne des cycles s’est allongée d’un an après la grande crise de 1933. En effet, de 1790 à 1933, il y a eu 34 cycles, soit 1 tous les quatre ans en moyenne. De 1933 à 1982, il y en a eu 10, d’environ cinq ans en moyenne. Cette différence n’est pas majeure, surtout si on prend en compte le phénomène des « growth recessions ». Il est même presque étonnant que la durée des cycles moyens soit aussi constante dans le temps sur quelque deux cents ans d’historique ! En revanche, le changement le plus important a eu lieu à l’intérieur des cycles. Les phases d’expansion se sont allongées de deux ans, toujours en moyenne, et les phases de contraction se sont raccourcies d’un an pour durer 11 mois. Les phases de contraction sont devenues beaucoup plus uniformes. En effet, les écarts par rapport à cette moyenne de 11 mois se sont beaucoup resserrés. De 1790 à 1855, l’écart de durée autour de la moyenne était de 18 mois. De 1855 à 1933, il est passé à 14 mois. De 1933 à 1982, il n’est plus que de 3 mois. Elles sont donc devenues plus faciles à prévoir une fois enclenchées. Quant aux phases d’expansion, elles sont au contraire devenues plus complexes et plus aléatoires. De 1855 à 1933, l’écart-type était de 9 mois. Il a augmenté à 27 mois de 1933 à 1982. Cela s’explique notamment par le phénomène des « growth recessions ». Depuis 1982, le NBER a répertorié trois cycles supplémentaires. Le premier a duré 100 mois du creux de novembre 1982 à celui de mars 1991, le second 128 mois de mars 1991 à novembre 2001 et le troisième 91 mois de novembre 2001 à juin 2009. Mais en moyenne de ces trois cycles, la phase de correction a duré 11 mois ! Ces cycles ont été marqués par des pauses intermédiaires (growth recessions) qui compliquent en effet la lecture de la phase haussière. À noter que les politiques monétaires généreuses sont en grande partie à l’origine de la plus grande longévité des phases d’expansion. • Enfin, les cycles mondiaux ont eu tendance à converger vers les cycles américains. Dans le passé, les cycles étaient un peu plus longs au Royaume-Uni, terre maternelle de l’industrialisation. Idem en France et en Allemagne. Aux États-Unis, le cycle présidentiel américain de 4 ans se confond avec les cycles de stockage repérés par Kitchin, et ce d’autant plus que le rôle de l’État prend une importance croissante depuis la crise des années 1930. Avec l’internationalisation, les cycles des pays développés convergent vers les cycles américains. Les mouvements des actifs financiers, et notamment des actions, y sont même encore plus sensibles. Les grandes valeurs cotées sont en effet plus internationales que la moyenne. 22 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 Version Française Graph n Durée entre 2 creux de cycle économique aux États-Unis depuis 1854 Durée du creux au creux de cycle (nombre de mois) 140 Moyenne 120 100 80 60 40 20 0 Durée du creux au pic de cycle Durée du creux au pic de cycle (nombre de mois) 140 Moyenne 1854-1933 Moyenne 1933-2009 120 100 80 60 40 20 0 Durée du pic au creux de cycle Durée du pic au creux de cycle (nombre de mois) 70 Moyenne 1854-1933 Moyenne 1933-2009 60 50 40 30 20 10 0 Source : NBER, Recherche Amundi Un cycle économique tel que défini par le NBER dure 47 mois en médiane depuis 1854. Durée des cyclesmondiale boursiersont été les plus importants Les changements depuis la seconde guerre Durée creuxporté au creuxsur de cycle Moyenne à80l’intérieur du cycle. Ilsduont l’allongement de la période d’expansion et la réduction de la période de consolidation. La durée de la consolidation est devenue 70 60 plus uniforme. Quant aux phases d’expansion, elles sont en revanche devenues 50 plus complexes et peuvent intégrer des « growth recessions ». 40 30 20 6 8 3 4 7 0 2 4 8 6 0 2 3 7 9 2 5 1 6 7 0 4 7 0 3 6 0 23 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 10 2.2 La durée des cycles « boursiers » On a vu que les banques centrales sont un repère très pratique pour se positionner au sein du cycle court de l’investissement. Nous proposons un second repère qui consiste à regarder uniquement le cours des indices actions, comme le CAC 40 (France), le S&P500 (États-Unis), le FTSE 100 (Royaume-Uni), le NIKKEI (Japon), etc. On peut s’étonner d’utiliser l’évolution des cours des actions eux-mêmes pour prévoir leur propre évolution. Cependant il y a une grande logique. La bourse anticipe et amplifie les variations économiques. Les données économiques ne viennent que valider ou infirmer les anticipations des marchés. Par ailleurs, les marchés d’actions sont particulièrement soumis à la psychologie, plus que les matières premières qui répondent avant tout à la loi de l’offre et de la demande et plus que les taux qui sont en partie dirigés par les banques centrales. Observons donc les cycles boursiers : Nous avons analysé tous les cycles boursiers du marché directeur américain depuis la fin du XIXè siècle. Travailler sur des données américaines présente plusieurs avantages : outre le fait que le comportement des autres marchés, notamment européens convergent vers lui, nous disposons d’une datation précise des cycles par le NBER, comme nous venons de le voir, ce qui permet de mettre parfaitement en perspective cycles boursiers et cycles économiques. • Tout d’abord, qu’est-ce qu’un cycle boursier ? Les cours de l’indice fluctuent autour de leur moyenne mobile à 200 jours de bourse. Cette durée est très cohérente avec la périodicité annuelle des résultats des sociétés. Cette moyenne mobile est l’une des plus utilisées par les analystes techniques car les cours des indices ne la traversent que rarement. Elle agit comme un mur, une ligne blanche (rouge sur les schémas ci-contre) qui semble infranchissable pendant un certain temps en tout cas. Il existe des cycles haussiers et des cycles baissiers. Dans un cycle haussier, l’indice marque un point bas majeur en dessous de sa moyenne mobile à 200 jours, puis passe au-dessus, peut venir la tester à plusieurs reprises puis repasse en dessous. Dans un cycle baissier, l’indice démarre au-dessus de sa moyenne mobile, passe en dessous, peut venir la tester à plusieurs reprises puis repasse au-dessus. L’indice ne progresse pas à la hausse ou à la baisse en ligne droite. Il procède par impulsions. Comme le signalait déjà Charles Dow il y a plus d’un siècle, le mouvement boursier se décompose en 5 jambes. La décomposition de ce mouvement au sein d’un cycle boursier a été mise en évidence par Robin Griffiths, analyste technique de renom avec qui j’ai eu la chance de beaucoup échanger ces 20 dernières années. Il a commencé à travailler sur les marchés en 1964, ce qui lui donne un certain recul. Son livre « Mapping the markets » synthétise très bien son approche et je vous invite à vous y reporter pour plus de détails. On retrouve ainsi 6 profils possibles : un cycle haussier moyen comporte 3 jambes de hausse et 2 jambes de baisse (profil 1, cf. 24 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 140 Durée du creux au pic de cycle 120 100 Durée du creux au pic de cycle (nombre de mois) Moyenne 1854-1933 Moyenne 1933-2009 140 80 120 60 graphique). Il peut aussi être biaisé à la hausse et comporter 4 jambes de hausse et 100 140 de baisse seulement (profil 3). Il est dit séculaire haussier. À l’opposé, il peut aussi 80 20 être 60 biaisé à la baisse et n’avoir que 2 jambes de hausse et 3 de baisse (profil 2). Et 0 inversement pour les cycles baissiers. 40 20 Cycle boursier stylisé 0 Profil 1 CYCLE MOYEN 70 Profil 2 Profil 3 Durée duBIAISÉ pic au CYCLE À LAcreux BAISSEde cycleCYCLE BIAISÉ À LA HAUSSE Durée du pic au creux de cycle (nombre de mois) Moyenne 1854-1933 Moyenne 1933-2009 Durée du pic au creux de cycle (nombre de mois) Moyenne 1854-1933 Moyenne 1933-2009 Durée du pic au creux de cycle 60 50 70 40 60 30 50 Source : inspiré de Robin Griffiths (Mapping the Markets) • Caractéristiques des cycles boursiers 20 40 On peut observer une trentaine de cycles boursiers consécutifs, ce qui commence à 10 30 devenir significatif. Chacun comprend une phase de hausse et une phase de baisse. 0 20 10 cycle boursier dure 46 mois en moyenne. Quand un cycle boursier est plus court, Le Source : NBER, Recherche Amundi le0 suivant est plus long et la moyenne des deux est encore plus proche de 46 mois. La durée moyenne de la phase de hausse dure 32 mois, la correction dure 14 mois. Source : NBER, Recherche Amundi À l’inverse, une fois le cycle enclenché, le marché monte au minimum pendant 14 mois. Durée des cycles boursiers 80 Durée du creux au creux de cycle Moyenne 2006 1998 2003 1994 1987 1990 1982 1974 1978 1966 1970 1962 1953 1957 1949 1935 1932 2006 2003 1998 1994 1990 1987 1982 1974 1978 1970 1966 1962 1957 1953 1949 1932 1935 1921 1917 1926 Source : Données Shiller, Datastream,Recherche Amundi 1926 1921 1917 1910 1907 1914 1914 1910 1907 1900 1903 1903 1900 1896 0 1896 60 80 50 70 40 60 30 50 20 40 10 Moyenne Durée des cycles boursiers 70 10 30 0 20 Durée du creux au creux de cycle Source : Données Shiller, Datastream,Recherche Amundi Durée moyenne des cycles boursiers consécutifs Moyenne Durée moyenne de 2 cycles boursiers consécutifs Moyenne 2006 2003 1998 1994 1990 1987 1982 1978 1974 1970 1966 1962 1957 2006 2003 1998 1994 1990 1987 1982 1978 1974 1970 1966 1962 Source : Données Shiller,Datastream, Recherche Amundi 1957 1953 1949 1949 1953 1932 1935 1935 1932 1926 1926 1917 1921 1921 1917 1914 1914 1907 1910 1910 1907 1903 1903 1896 1900 1900 0 1896 50 60 40 50 30 40 20 30 10 20 0 10 Durée moyenne de 2 cycles boursiers consécutifs Durée moyenne des cycles boursiers consécutifs 60 Source : Données Shiller,Datastream, Recherche Amundi Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 25 Le cycle boursier dure 46 mois en moyenne, très proche du cycle économique moyen, surtout si on tient compte du phénomène des « growth recessions » (voir premier graphique). Quand un cycle boursier est plus court, le suivant est plus long et la moyenne des deux est encore plus proche de 46 mois (voir second graphique) Quant à l’amplitude des mouvements, la hausse d’un cycle du S&P500 est la plupart du temps comprise entre +50 % et +100 % alors que la correction moyenne est de l’ordre de -25 %. Ces proportions sont très proches de ce qu’on observe en moyenne sur les bénéfices des sociétés. Le point haut du cycle boursier peut se situer au bout de 2, 3 ou 4 vagues haussières. On constate alors 2 phénomènes : Le premier est facile à appréhender. Plus le cycle est haussier, plus le marché fait des étapes à la hausse. C’est un peu comme un plongeur qui fait nécessairement des paliers pour remonter vers la surface. Le second est contre-intuitif et riche d’enseignements. Plus le cycle est haussier, plus la correction qui suit est limitée. En fait, cela s’explique par la durée du cycle boursier. La quatrième phase de hausse quand elle a lieu (profil 3) vient anticiper la poursuite d’un mouvement favorable des bénéfices ou de la valorisation ; le cycle suivant ayant au moins 2 jambes de hausse. Au contraire, si le cycle n’a que 2 jambes de hausse (profil 2), la correction est alors la plus forte. Il est d’ailleurs fréquent que les cycles qui n’ont que 2 jambes de hausse interviennent après des cycles de 4 jambes de hausse, comme lors de formation et d’éclatement de bulles ; 1998-2003 et 2006-2009 en sont de bons exemples. 2.3 Rapprochement entre cycle boursier et cycle économique : • D e toute évidence, la durée d’un cycle boursier est en moyenne incroyablement comparable à celle du cycle économique. Cela conforte l’idée que cette donnée de 46-47 mois est une « presque constante ». La durée de la correction des cycles boursiers ressort en moyenne à 14 mois et est de même très proche de la correction des cycles économiques de 11 mois plus ou moins 3 mois. • De plus, le marché des actions anticipe l’évolution de l’économie. Il s’agit d’un lieu commun mais nos recherches conduisent aussi à des conclusions plus inattendues. Quand on superpose cycle des actions et cycle économique, on constate que le marché des actions anticipe le haut de cycle et le bas de cycle de manière dissymétrique. Le haut de cycle est généralement anticipé un trimestre à l’avance, c’est-à-dire que le marché des actions atteint son point haut un trimestre avant le point haut de l’économie tel que répertorié par le NBER. Le bas de cycle est lui anticipé plutôt deux trimestres à l’avance. Cela met en lumière la dimension psychologique des marchés par rapport à l’économie réelle. 26 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 À cet égard, notons que l’investisseur en actions est optimiste par nature, contrairement à l’investisseur en obligations qui, lui, est plus sensible au risque. Cela se comprend aisément par rapport au véhicule d’investissement : en achetant des actions, l’investisseur prend le risque de perdre toute sa mise mais a l’espoir d’un gain infini. En achetant des obligations, l’investisseur prend lui aussi le risque de perdre toute sa mise mais a seulement l’espoir d’un gain limité. • Enfin, le cycle boursier amplifie la réalité économique. Ce phénomène s’explique par la psychologie des foules. Quand le marché monte ou baisse, il entraîne progressivement d’abord les leaders d’opinion puis des suiveurs, si bien qu’il arrive un temps où tout le monde se retrouve positionné dans le même sens, générant des excès par rapport à la réalité. C’est pour cela que le marché n’a pas besoin d’une récession pour corriger, une « growth recession » peut suffire. La durée des cycles boursiers est encore plus pérenne que celle des cycles économiques. L’analyse des cycles boursiers constitue donc un précieux outil complémentaire à l’analyse du cycle économique et, qui plus est, facile d’accès. Nous disposons ainsi de deux repères clé pour s’y retrouver dans les cycles courts de l’investissement : la politique monétaire des banques centrales, à commencer par celle de la Fed et le cycle boursier. Selon notre expérience, le cycle boursier démarre en général quand les taux de la Fed sont au plus bas. S’il démarre quand les taux sont élevés et ont même déjà atteint leur plateau, alors il est probable qu’il soit biaisé à la baisse (profil 3) et que la phase iv que nous avons décrite soit profonde. Définitions des notions de cycles que nous utilisons • L e cycle économique s’étend d’une récession à l’autre. Aux États-Unis le NBER est chargé de dater les récessions. Un cycle économique ainsi défini peut contenir plusieurs « growth recessions » et donc plusieurs cycles de l’investissement. • L e cycle de l’investissement, déterminé par nos soins, correspond au comportement récurrent des actifs. Pour simplifier, on caractérise les étapes avec la politique des banques centrales. L’étape i démarre par un point bas majeur des actions , l’étape ii se caractérise par un durcissement de la politique monétaire (hausse des taux), l’étape iii par une stabilité de la politique monétaire (taux sur un plateau), l’étape iv par le démarrage de la baisse des taux de la banque centrale. • L e cycle boursier est également déterminé par nos soins. Il démarre par un point bas majeur, sous la moyenne mobile à 200 jours et se termine par le dernier point haut majeur avant une cassure significative de la moyenne mobile à 200 jours. C’est un formidable complément à l’analyse des politiques monétaires des banques centrales pour se repérer dans le cycle de l’investissement. Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 27 III. Les derniers cycles courts illustrent encore parfaitement cette logique « L’histoire ne se répète pas… mais elle rime », comme le fait remarquer Mark Twain (History does not repeat itself, but it rhymes). L’hiver économique (depuis 2000) compte pour l’instant deux cycles d’investissement complets, qui répondent très bien à la logique que nous avons observée historiquement, mais bien sûr chacun avec ses particularités. Dans la pratique, cet enchaînement logique est extrêmement pérenne. Cycles courts depuis 2000 iv 7 i ii 6 iv iii i ii iii iv i ii Taux Fed 5 4 3 2 1 i iv 8000 ii i iv iii ii 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 0 ii iii iv i Actions Emergents 4000 Petites valeurs 2000 S&P500 iv 2000 i ii iii iv i ii iii iv i 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 Taux Fed 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1000 ii 1800 1600 1400 1200 Or 1000 800 600 400 CRB Industriel 200 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 0 Source : Recherche Amundi 28 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 Taux Fed i iv 1550 1350 ii i iv iii ii ii iii iv i DS Marchés Emergents Obligations Entreprise 1150 Obligations Emergents (USD) Petites Valeurs 950 Obligations d’Etat 750 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 Monétaire 2007 2006 2004 2003 2002 2001 2000 350 2005 S&P500 550 Source : Recherche Amundi Le premier cycle d’investissement (octobre 2002-mars 2009) démarre pendant la baisse des taux de la Fed. Il se déroule de manière assez classique et répond bien aux mouvements des taux de la Fed, sauf qu’il débouche sur la bulle liée aux Subprimes. Le second (mars 2009-octobre 2011) est plus inédit puisqu’il correspond aux phases de quantitative easing et non plus des taux directeurs. Mais l’enchaînement du comportement des classes d’actifs est lui bien conforme à nos observations du passé. oints communs des deux derniers cycles d’investissement avec notre feuille P de route La phase i est logiquement marquée par une très forte reprise des actions et la phase ii par une accélération du prix des matières premières alors que les obligations font pâle figure. La phase iii se caractérise par un infléchissement de la rentabilité des actifs risqués et une moindre dispersion des rentabilités. Enfin la phase iv est particulièrement destructrice de valeur. Les obligations d’État et l’or sont alors le meilleur refuge. Enfin, la volatilité baisse dans les 2 premières phases et augmente lors des 2 dernières ; On constate au passage que cela vaut pour la volatilité des actions comme pour celle des obligations. Si on va plus dans le détail, la meilleure phase pour le dollar est bien la phase iv où il sert de refuge et la pire est la phase ii quand la volatilité est la plus faible. L’argent bat l’or en phase i et ii, puis c’est l’inverse en phase iii et iv. Il en va de même pour les petites valeurs qui surperforment les grandes dans les phases i et ii et inversement dans les phases iii et iv. Idem pour les valeurs value par rapport aux valeurs growth. Particularités de ces deux cycles d’investissement • Premier cycle : octobre 2002 – mars 2009 Le cycle commence en octobre 2002 au point bas du marché des actions et se termine en mars 2009 avec un autre point bas majeur. La particularité tient ici au fait que l’émergence de nouveaux pays a entrainé une hausse structurelle du prix des matières premières. Par ailleurs, des craintes de Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 29 Performances en moyenne des cycles depuis 2000 Version Française Graph ACTIONS, VOLATILITE (VIX et MOVE) 120% 120% 100% 100% 80% 80% ii iiii Oct 2002 - Juin 2004 Mars 2009 2009 -- Juin Juin 2010 2010 Mars Juin 2004 - Juin 2006 Juin2010 -- Mars Mars 2011 2011 Juin2010 iii iii Juin 2006 2006 -- Août Août 2007 2007 Juin Mars 2011 2011 -- Juillet Juillet 2011 2011 Mars n°32 n°32 iv iv Jan 2001 - Oct 2002 Août 2007 2007 -- Mars Mars 2009 2009 Août Juil 2011 - Oct 2011 60% 60% 40% 40% 20% 0% 0% -20% -20% -40% -40% -60% -60% S&P 500 500 S&P VIX VIX Source :: Datastream, Datastream, Recherche Recherche Amundi Amundi Source MOVE MOVE USD (Taux de change effectif réel) 8% 8% 6% 6% 4% 2% 2% i ii iii Juin 2004 - Juin 2006 Juin 2010 2010 -- Mars Mars 2011 2011 Juin Oct 2002 2002 -- Juin Juin 2004 2004 Oct Mars 2009 2009 -- Juin Juin 2010 2010 Mars n°33 n°33 iv Juin Juin 2006 2006 -- Août Août 2007 2007 Mars 2011 2011 -- Juillet Juillet 2011 2011 Mars 0% -2% -2% -4% -4% Jan 2001 2001 -- Oct Oct 2002 2002 Jan Août 2007 2007 -- Mars Mars 2009 2009 Août Juil 2011 2011 -- Oct Oct 2011 2011 Juil -6% -6% -8% -8% -10% -10% USD (JPM (JPM Indice Indice réel réel large) large) USD Source :: Datastream, Datastream, Recherche Recherche Amundi Amundi Source MATIERES PREMIERES 100% 100% 80% 80% ii iiii n°34 n°34 iii iii Oct 2002 2002 -- Juin Juin 2004 2004 Oct Mars 2009 2009 -- Juin Juin 2010 2010 Mars Juin 2006 2006 -- Août Août 2007 2007 Juin Mars 2011 2011 -- Juillet Juillet 2011 2011 Mars 60% iv iv Jan 2001 2001 -- Oct Oct 2002 2002 Jan Août 2007 - Mars 2009 Juil 2011 2011 -- Oct Oct 2011 2011 Juil 40% 40% 20% 20% 0% 0% Juin 2004 2004 -- Juin Juin 2006 2006 Juin Juin 2010 2010 -- Mars Mars 2011 2011 Juin -20% -20% -40% -40% 30 Mat. Prem. Prem. Indus. Indus. Mat. argent-or argent-or Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 Source :: Datastream, Datastream, Recherche Recherche Amundi Amundi Source MONETAIRE, OBLIGATIONS, CREDIT i 60% ii 50% i 60% 40% i 50% 30% 60% 40% 20% 50% 30% 10% 40% 20% 0% 30% Oct 2002 - Juin 2004 10% -10% 20% Mars 2009 - Juin 2010 0% -20% 10% Oct 2002 - Juin 2004 -10% Mars 2009 - Obligations Juin 2010 d’État 0% Monétaire -20% Oct 2002 - Juin 2004 -10% Mars 2009 - Juin 2010 Monétaire Obligations d’État -20% 35 iii MONETAIRE, OBLIGATIONS, CREDIT iv ii MONETAIRE, iv OBLIGATIONS,iii ii Jan 2001 iv - Oct 2002 Août 2007 - Mars 2009 Juillet 2011 - Oct 2011 iii Juin 2004 - Juin 2006 Juin 2010 - Mars 2011 Juin 2004 - Juin 2006 Juin IG 2010 - Mars 2011 Crédit Oblig IL Juin 2004 - Juin 2006 Juin 2010 - Mars 2011 Crédit IG CREDIT Oblig IL Jan 2001 - Oct 2002 Août 2007 - Mars 2009 Juillet 2011 - Oct 2011 Jan 2001 - Oct 2002 Août 2007 - Mars 2009 Juillet 2011 - Oct 2011 Juin 2006 - Août 2007 Mars 2011 - Juillet 2011 Juin 2006 - Août 2007 - JuilletHY 2011 Source : Datastream, Recherche Amundi Oblig Mars EM 2011Crédit Juin 2006 - Août 2007 Mars 2011 - Juillet 2011 Oblig EM Crédit HY Source : Datastream, Recherche Amundi CYCLIQUES DEFENSIVES (différentiel de HY performance) Source : Datastream, Recherche Amundi Obligations d’État Crédit-IG Oblig IL Oblig EM Crédit Monétaire i ii iii de performance) CYCLIQUES - DEFENSIVES (différentiel 30% 40% i Juin 2006 - Aoûtde 2007performance) CYCLIQUES DEFENSIVES (différentiel Jan 2001iv - Oct 2002 Juin -2004 ii - Juin 2006 iii 20% 30% 40% i 40% 10% 20% 30% 0% 10% 20% -10% 0% 10% Oct 2002 - Juin 2004 Mars 2009 - Juin 2010 -20% -10% Oct 2002 - Juin 2004 Mars 2009 - Juin 2010 25% 20% 25% 15% 20% 10% 25% 15% 5% 20% 10% 0% 15% 5% -5% 10% 0% -10% 5% -5% -15% 0% -10% -20% -5% -15% -10% -20% -15% -20% Juin 2010 - Mars 2011 Mars 2011 - Juillet 2011 ii - Juin 2006 Juin 2004 Juin 2010 - Mars 2011 Juin 2006iii- Août 2007 Mars 2011 - Juillet 2011 Juin 2004 - Juin 2006 Juin 2010 - Mars 2011 Juin 2006 - Août 2007 Mars 2011 - Juillet 2011 36 36 36 iv Août 2007 - Mars 2009 Juil 2011 - Oct 2011 Jan 2001iv - Oct 2002 Août 2007 - Mars 2009 Juil 2011 - Oct 2011 Jan 2001 - Oct 2002 Août 2007 - Mars 2009 Juil 2011 - Oct 2011 Oct 2002 - Juin 2004 Mars 2009 - Juin 2010 -20% -10% 0% -20% 35 35 Cycliques-Defensives Source : Datastream, Recherche Amundi Cycliques-Defensives Source : Datastream, Recherche Amundi Cycliques-Defensives STYLES et TAILLES (différentiel de performance) Source : Datastream, Recherche Amundi i ii STYLES et TAILLES (différentiel deiii performance) i Juin 2006de -iiiAoût 2007 STYLES et TAILLES performance) Juin 2004 -iiJuin 2006 (différentiel i Juin 2010 - Mars 2011 Mars 2011 - Juillet 2011 Juin 2004 -iiJuin 2006 Juin 2010 - Mars 2011 Juin 2006 -iiiAoût 2007 Mars 2011 - Juillet 2011 Juin 2004 - Juin 2006 Juin 2010 - Mars 2011 Juin 2006 - Août 2007 Mars 2011 - Juillet 2011 Oct 2002 - Juin 2004 Mars 2009 - Juin 2010 37 37 37 iv Jan 2001iv- Oct 2002 Août 2007 - Mars 2009 Juillet 2011 - Oct 2011 Jan 2001iv- Oct 2002 Août 2007 - Mars 2009 Juillet 2011 - Oct 2011 Jan 2001 - Oct 2002 Août 2007 - Mars 2009 Juillet 2011 - Oct 2011 Oct 2002 - Juin 2004 Mars 2009 - Juin 2010 Oct 2002 - Juin 2004 Petites - Grandes valeurs Mars 2009 - Juin 2010 Value-Growth Source : Datastream, Recherche Amundi Petites - Grandes valeurs Value-Growth Source : Datastream, Recherche Amundi Titre ArialValue-Growth 9 Gras (1 ou 2 lignes maxi) Petites - Grandes valeurs n°7 n °7 Source : Datastream, Recherche Amundi Titre Arial 9 Gras (1 ou 2 lignes maxi) Amundi Discussion - DP-07-2014 Titre Arial 9 GrasPapers (1 ouSeries 2 lignes maxi) 31 n°7 n°7 n°7 n °7 déflation comme lors de l’hiver économique des années 1930 justifient une ruée vers l’or. Rappelons enfin que depuis la crise russe de 1998, les banques centrales ont inondé la planète de liquidité et généré plusieurs bulles d’actifs (bulle internet en 2000, bulle immobilière en 2006-2007). Remarquons que ce cycle économique a correspondu à deux cycles boursiers du S&P500 : Le premier a tenu 44 mois d’octobre 2002 à juin 2006, soit très proche de la moyenne historique. Un nouveau cycle boursier démarre donc à cette époque. Intervenant après un cycle séculaire haussier (profil 3) et alors que les taux de la Fed sont à leur plus haut (phase iii), la probabilité que la phase haussière soit biaisée à la baisse et ne dure que 14 mois est grande. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit. Le S&P500 marquera son point haut en octobre 2007, soit 15 mois après son point bas de juin 2006. La correction suivante battra tous les standards en termes d’amplitude. Seules les corrections de 1929 sur les actions américaines, d’après la seconde guerre mondiale en Allemagne et au Japon et 1973 au Royaume-Uni ont été plus fortes. Cela explique certainement pourquoi le cycle boursier suivant (juin 2006-mars 2009) n’a duré que 33 mois, soit 12 mois de moins que la moyenne historique, ce qui reste là aussi dans la norme de nos observations du passé. • Second cycle : mars 2009 – octobre 2011 La particularité de ce cycle-là tient au fait que la Fed, qui ne pouvait plus baisser les taux, a continué à assouplir sa politique monétaire de manière quantitative (quantitative easing). Au-delà des liquidités injectées, la communication de la banque centrale a joué un rôle encore plus important que par le passé. Infléchir le quantitative easing est alors considéré par le marché comme un renversement de politique monétaire. Dans cet univers inédit, les points de repères ont donc dû être trouvés non seulement dans la communication de la banque centrale mais aussi beaucoup du côté du comportement des actifs eux-mêmes qui a été incroyablement cohérent avec nos observations historiques. Le cycle démarre en mars 2009 (phase i), au plus bas des actions. En juin 2010, les matières premières partent à la hausse (phase ii). La Fed préannonce son second quantitative easing (QE2) à Jackson Hole fin août 2010. Les obligations baissent. Il faudra attendre le printemps arabe pour que les actions lâchent du terrain en 2011, un peu avant la fin du QE2 prévu pour le mois d’août de la même année. Les linkers font alors mieux que les actions (phase iii). La fin de ces tensions en Afrique du Nord provoque la correction des matières premières. Alors que le Congrès américain a du mal à s’accorder sur les coupes budgétaires en août 2011, cela donne une bonne raison aux agences de notation pour retirer le AAA à la dette américaine, conduisant les investisseurs à se protéger en se portant à la fois sur l’or et le dollar (phase iv). 32 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 Conclusion On constate une rotation des actifs bien organisée pendant le cycle court. Il faut d’abord acheter des actions alors qu’on possède encore des obligations, puis alléger les obligations pour acheter des matières premières à côté des actions. Ensuite on allège les actions et enfin les matières premières. Une phase assez courte fait préférer le monétaire et les obligations indexées sur l’inflation à tous les autres actifs avant de revenir sur les obligations d’État à long terme. Et ainsi de suite. L’intérêt d’identifier la phase actuelle est bien sûr de pouvoir prévoir la suivante. Repérer les transitions est un exercice complexe. Il y a souvent de faux départs. Mais on possède plusieurs instruments pour y arriver. Deux d’entre eux sont très structurants : la politique monétaire et le cycle boursier. Le point bas du cycle des actions nous donne le point de départ du cycle d’investissement. Quand l’indice rebondit et entraîne avec lui sa moyenne mobile à 200 jours à la hausse, on a confirmation qu’un nouveau cycle est bien en route. Il prendra fin environ 46 mois plus tard. La phase de hausse durera au moins 14 mois. Ensuite, ce sont les banques centrales qui donnent les indications les plus structurantes pour caractériser la phase du cycle d’investissement dans laquelle on se trouve. En effet, elles ont les informations avant les marchés ; elles sont donc « initiées » en quelque sorte. De plus, elles sont elles-mêmes actrices puisqu’elles décident notamment du niveau des taux directeurs. La hausse des taux de la Fed, puis l’arrêt de la hausse des taux et enfin leur baisse confirment qu’on est bien en phase ii, iii puis iv. En période de lutte pour ne pas tomber en déflation, le signal de baisse des taux est prolongé par celui de l’assouplissement quantitatif puis de son retrait. Si le cycle boursier démarre alors que les taux de la Fed ont déjà atteint leur point haut, alors il est probable que la phase iv qui suit marque une correction cinglante, comme ce fut d’ailleurs le cas lors du cycle boursier 2006-2009. Ces mécanismes, mis en évidence en analysant une trentaine de cycles consécutifs, ont encore prouvé leur robustesse. Au-delà de ces deux repères structurants, c’est avant tout la cohérence des mouvements que nous avons décrits dans ce Discussion Paper qui permet de se forger une conviction ; cohérence avec les indicateurs économiques qui sont souvent en retard mais apportent des éléments de confirmation. Cohérence entre les mouvements des différentes classes d’actifs et des flux associés. Cohérence sur le plan géographique. Les évolutions internes à chaque classe d’actifs donnent aussi beaucoup de renseignements. Enfin, les deux premières phases voient la volatilité se réduire progressivement. Elle est très faible à l’amorce de la phase iii alors qu’elle explose au cours de la quatrième. La volatilité est une fonction retardée du cycle économique. Elle évolue avec un décalage de 18 mois à 2 ans avec les taux des banques centrales. C’est Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 33 une redoutable ennemie à court terme pour l’investisseur. La volatilité exprime le risque. Elle réduit la pertinence à court terme des analyses plus « rationnelles » ; les cours sont alors davantage gouvernés par la psychologie, que l’analyse technique sait en revanche bien capter. On mesure ici la grande complémentarité des différentes formes d’analyse. Bibliographie Geoffrey H. Moore et Victor Zarnowitz (1986): “The development and role of the NBER’s Business Cycle Chronologies”- NBER Studies in Business Cycle Vol 25 Deborah Owen and Robin Griffith (2006): “Mapping the Markets”, Bloomberg Press Éric Mijot (2009) : « Où en est-on dans le cycle d’investissement ? », Investir, 8 mars Éric Mijot (2009) : « Quel est le comportement des actions au cours des cycles longs », Investir, 21 mars Éric Mijot (2009) : « Comment réagissent les secteurs au cours du cycle d’investissement ? », Investir, 29 mars Andrew Garthwaite (2011): “Margins : higher for longer” Credit Suisse Research, May 6 Éric Mijot (2013) : « Une hirondelle annonce le printemps mais ne le fait pas ! », Amundi Cross Asset Invesment Strategy, juin Dough Peta (2013): “Stocks and the Fed Fund rate Cycle”, BCA Research, December Mark McClellan (2014): “Bonds and the Fed Funds rate Cycle”, BCA Research, May 34 Amundi Discussion Papers Series - DP-07-2014 éditeurs : Pascal BLANQUÉ Directeur Général Délégué Directeur du Métier Institutionnels et Distributeurs Tiers Chief Investment Officer Group Philippe ITHURBIDE Directeur Recherche, Stratégie et Analyse Pia BERGER, Assistante Éditions - Recherche, Stratégie et Analyse Benoit PONCET, Responsable Éditions - Recherche, Stratégie et Analyse Amundi Discussion Papers Series Octobre 2014 Les destinataires de ce document sont en ce qui concerne l’Union Européenne, les investisseurs « Professionnels » au sens de la Directive 2004/39/CE du 21 avril 2004 « MIF », les prestataires de services d’investissements et professionnels du secteur financier, le cas échéant au sens de chaque réglementation locale et, dans la mesure où l’offre en Suisse est concernée, les « investisseurs qualifiés » au sens des dispositions de la Loi fédérale sur les placements collectifs (LPCC), de l’Ordonnance sur les placements collectifs du 22 novembre 2006 (OPCC) et de la Circulaire FINMA 08/8 au sens de la législation sur les placements collectifs du 20 novembre 2008. Ce document ne doit en aucun cas être remis dans l’Union Européenne à des investisseurs non « Professionnels » au sens de la MIF ou au sens de chaque réglementation locale, ou en Suisse à des investisseurs qui ne répondent pas à la définition d’« investisseurs qualifiés » au sens de la législation et de la réglementation applicable. Le présent document ne constitue en aucun cas une offre d’achat ou une sollicitation de vente et ne peut être assimilé ni à sollicitation pouvant être considérée comme illégale ni à un conseil en investissement. Amundi n’accepte aucune responsabilité, directe ou indirecte, qui pourrait résulter de l’utilisation de toutes informations contenues dans ce document. Amundi ne peut en aucun cas être tenue responsable pour toute décision prise sur la base de ces informations. 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