Introduction
τοὺς γὰρ τοιούτους πρῶτον μὲν ἑαυτῶν
τε καὶ ἀλλήλων οἴει ἄν τι ἑωρακέναι ἄλλο
πλὴν τὰς σκιὰς τὰς ὑπὸ τοῦ πυρὸς εἰς τὸ
καταντικρὺ αὐτῶν τοῦ σπηλαίου
προσπιπτούσας ;1
Platon,La République, VII
Tels les hommes de la caverne de Platon, les mathématiciens étudient souvent les groupes au travers
de leurs représentations, qui en révèlent de façon indirecte des propriétés intrinsèques. Ainsi, les
groupes topologiques se dévoilent notamment par l’intermédiaire de leurs actions unitaires sur des espaces
de Hilbert. En 1967, David Kazhdan introduisit une propriété de rigidité pour ce genre d’actions, appelée
propriété (T) de Kazdhan, qui s’est avérée particulièrement fructueuse dans des domaines aussi divers que
la théorie des groupes de Lie, la théorie ergodique, les marches aléatoires, les algèbres d’opérateurs, la
combinatoire et l’informatique théorique.
Nous commencerons par donner diérentes dénitions de la propriété (T) et quelques-unes de ses
conséquences. Ensuite, nous démontrerons un critère combinatoire permettant d’établir la propriété (T)
sans avoir à étudier les représentations de groupes. Enn, nous donnerons des applications de ce cri-
tère pour des groupes agissant sur des complexes simpliciaux d’un type particulier, appelés immeubles
triangulaires.
Nous tenons à exprimer nos plus vifs remerciements à Frédéric Paulin de nous avoir proposé ce sujet
vaste et captivant. Son encadrement constant et exigeant ainsi que sa disponibilité furent une chance que
nous n’ignorons pas. Nous lui savons gré également de ses relectures minutieuses — tout en portant bien
entendu l’entière responsabilité des erreurs qui resteraient dans le présent texte.
Nous nous remercions aussi mutuellement pour notre complémentarité.
1. « Crois-tu d’abord que de tels hommes auraient pu voir quoi que ce soit d’autre, d’eux-mêmes et de leurs voisins, que les
ombres qui, sous l’eet du feu, se projettent sur la paroi de la caverne qui leur fait face ? »
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