UFR 10 - PHILOSOPHIE
MASTER 2 ETHIRES
RAPPORT DE MISSION
“TOTAL et la catégorisation de ses parties prenantes externes, vers une nouvelle approche”
Ivan EVE, Viviana JIMÉNEZ et Jelena VUJIČIĆ
Sous la direction de Xavier GUCHET
Paris, Mai 2015
1
Présentation
La mission, portée par l’équipe Conformité Éthique et Droits de l’Homme de la Direction
Conformité et Responsabilité Sociétale du pétrolier TOTAL, avait pour objectif de construire un
nouveau modèle relationnel aux parties prenantes du Groupe. En effet, le modèle actuel,
construit sur une approche en silo, ne permet pas d’approcher les parties prenantes externes dans
toutes leurs complexités et leurs spécificités mais tend à les réduire à une identité. C’est à travers
cette identité assignée, fondée sur des catégories préétablies, que TOTAL appréhende ses parties
prenantes. Enfin, le dialogue avec les parties prenantes a pour objectif premier de limiter
l’impact réciproque entre le pétrolier et ses parties prenantes et doit, pour cela, permettre de faire
émerger des demandes précises, retraduisibles en action et en normes au sein du Groupe.
Or, notre travail a consisté à remettre en cause non pas le modèle de catégorisation, mais la
conception de l’éthique et de l’acceptabilité sociétale sur laquelle il repose. L’éthique telle
qu’elle s’applique chez TOTAL se fonde sur un ensemble de normes et de procédures qui visent
à encadrer l’ensemble des activités du Groupe, en vue de limiter au maximum les risques et les
impacts. C’est dans ce cadre que se développent les politiques sociétales, dont découle la gestion
des parties prenantes. Cette éthique contraignante, dite procédurale et déontologique, est alors de
fait dissociée de l’action. Elle l’encadre par des grands principes, un contrôle de conformité fort,
des procédures guidant les décisions mais ne la sous-tend pas, ne la motive pas. Si cette éthique
est efficace pour lutter contre les risques liés à l’exploitation des hydrocarbures, elle n’en reste
pas moins hors sol car séparée de l’action et des acteurs.
L’acceptabilité sociétale chez TOTAL comme processus visant à réduire l’exposition sociétale
met en avant la conception des parties prenantes comme étant des génératrices d’impacts, ce qui
empêche nos porteurs de mission de comprendre la nature ubiquiste des parties prenantes. Nature
à laquelle il n’est possible d’avoir accès que par un véritable processus de dialogue et de co-
construction des conditions de réalisation des activités propres à TOTAL.
De plus, il existe un écart entre les pratiques des acteurs et le cadre éthique. Il s’agit d’une liberté
d’action qui permet aux agents de s’adapter aux réalités contextuelles, d’appréhender les parties
prenantes dans leur ubiquité, dans leur complexité. C’est cette capacité à construire la norme par
l’expérimentation, de manière contextualisée, qui permettra une appréhension plus globale des
parties prenantes. C’est pourquoi nous recommanderons la mise en valeur d’une éthique plus
pragmatiste, qui permettrait de faire émerger l’ubiquité des parties prenantes et les différents
enjeux dont elles sont porteuses.
2
Table des matières
Présentation 1
Remerciements 3
I. Repenser l’éthique pour une nouvelle gestion des parties prenantes 7
a. L’organisation et les principes de l’éthique chez TOTAL 7
B. Ethique et activité industrielle : favoriser l’acceptabilité 10
II. L’appréhension par TOTAL de ses parties prenantes : Une conception de l’acceptabilité
sociétale 14
A. La conception des parties prenantes chez TOTAL 14
B. La catégorisation des parties prenantes 15
C. TOTAL, ses parties prenantes et la question de l’acceptabilité sociétale 17
III. Parties prenantes, éthique et politiques sociétales : écarts et temporalités 18
A. Normes et pratiques des acteurs : vers une liberté d’action ? 18
B. Vers une circularité différée dans le temps des normes et des pratiques 20
Conclusion 23
Recommandation 24
Bibliographie 25
Annexes 29
3
Remerciements
Nous voulons, en premier lieu, remercier l’équipe Éthique et Droits de l’Homme de TOTAL, nos
porteurs de mission, pour leur confiance. De plus, nous souhaitons remercier Marianne
MERCIER, notre tutrice, ainsi que nos professeurs MM. Malik BOZZO-REY et Emmanuel
PICAVET et enfin Xavier GUCHET, notre directeur de Master, pour leurs précieux conseils.
Nous souhaitons également remercier toutes les personnes ayant participé à cette enquête, qui par
le temps qu’elles nous ont consacré, leur disponibilité ainsi que la qualité des informations
fournies, ont rendu possible notre travail de terrain et la rédaction de ce rapport.
TOTAL :
Nathalie Bou (Direction du Développement Durable)
Alain Castinel (Direction des Affaires Publiques)
Christine Hamot (Direction du Développement Durable)
Serge Huysman (Chef de projet en Angola)
Philip Jordan (Directeur du Comité d’Ethique)
Gastar Ondongo-Tsimba (Division Développement Durable - Congo)
Sophie Pierson (Direction conformité et responsabilité sociétale)
Elisabeth Pion (Direction du Développement Durable)
Brigitte Fargevieille (EDF - Chef de mission développement durable)
Maxime Goualin (Schneider Electric - Responsibility & Ethics Coordinator - Strategy &
Technology - Sustainable Development)
Emmanuel Tarika (Altermondo - CEO)
4
Introduction
Total est une multinationale française présente dans 130 pays et composée de plus de 100 000
collaborateurs. De ce fait, l’entreprise interagit avec une multitude de parties prenantes. La
dangerosité des hydrocarbures et les nombreux scandales ayant affectés Total complexifient la
définition d’une politique sociétale et plus largement de l’éthique au sein du Groupe. C’est de ces
politiques que découle la gestion des parties prenantes au sein du Groupe et que sont alisés les
choix opérés en termes de catégorisation et de dialogue.
L’équipe Éthique et Droits de l’Homme au sein de la Direction Conformité et Responsabilité
Sociétale est en charge d’assister les directions et entités opérationnelles et fonctionnelles. Elle
prend en compte et traite les questions relatives à l’éthique et à la responsabilité sociétale. Ses
missions consistent à assurer un respect et une bonne application des normes et des directives
éthiques sur l’ensemble du Groupe, indépendamment des contextes et des acteurs. En contrôlant
les écarts entre les pratiques et le cadre normatif, l’équipe Éthique et Droits de l’Homme se
trouve confrontée à des problèmes liés à l’appréhension des parties prenantes.
L’équipe a donc sollicité les étudiants du Master ETHIRES (Éthique appliquée, responsabilité
sociétale et environnementale) afin d’étudier l’actuelle catégorisation des parties prenantes
utilisée par TOTAL en vue d’une appréhension plus globale de celles-ci. Plusieurs solutions ont
été suggérées comme par exemple, la proposition d’un nouveau modèle de catégorisation ou
encore de nouvelles formes de communication avec les parties prenantes. Par partie prenante,
TOTAL entend tout acteur individuel ou institutionnel qui pourrait affecter ou être affecté par,
positivement ou négativement, les activités du Groupe. Actuellement, l’approche de TOTAL en
terme de catégorisation consiste à cibler les attentes des parties prenantes afin de les gérer de
manière adaptée à leurs spécificités. Le Groupe les classifie en trois grandes catégories : autorité,
société civile et business. Il existe également une distinction entre les parties prenantes internes
(celles opérant au sein du Groupe - les collaborateurs par exemple) et externes (celles opérant à
l’extérieur du Groupe - comme les fournisseurs). Il apparaît toutefois qu’une partie prenante peut
entrer dans plusieurs de ces catégories (un collaborateur peut également être membre d’une ONG
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