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Présentation
La mission, portée par l’équipe Conformité Éthique et Droits de l’Homme de la Direction
Conformité et Responsabilité Sociétale du pétrolier TOTAL, avait pour objectif de construire un
nouveau modèle relationnel aux parties prenantes du Groupe. En effet, le modèle actuel,
construit sur une approche en silo, ne permet pas d’approcher les parties prenantes externes dans
toutes leurs complexités et leurs spécificités mais tend à les réduire à une identité. C’est à travers
cette identité assignée, fondée sur des catégories préétablies, que TOTAL appréhende ses parties
prenantes. Enfin, le dialogue avec les parties prenantes a pour objectif premier de limiter
l’impact réciproque entre le pétrolier et ses parties prenantes et doit, pour cela, permettre de faire
émerger des demandes précises, retraduisibles en action et en normes au sein du Groupe.
Or, notre travail a consisté à remettre en cause non pas le modèle de catégorisation, mais la
conception de l’éthique et de l’acceptabilité sociétale sur laquelle il repose. L’éthique telle
qu’elle s’applique chez TOTAL se fonde sur un ensemble de normes et de procédures qui visent
à encadrer l’ensemble des activités du Groupe, en vue de limiter au maximum les risques et les
impacts. C’est dans ce cadre que se développent les politiques sociétales, dont découle la gestion
des parties prenantes. Cette éthique contraignante, dite procédurale et déontologique, est alors de
fait dissociée de l’action. Elle l’encadre par des grands principes, un contrôle de conformité fort,
des procédures guidant les décisions mais ne la sous-tend pas, ne la motive pas. Si cette éthique
est efficace pour lutter contre les risques liés à l’exploitation des hydrocarbures, elle n’en reste
pas moins hors sol car séparée de l’action et des acteurs.
L’acceptabilité sociétale chez TOTAL comme processus visant à réduire l’exposition sociétale
met en avant la conception des parties prenantes comme étant des génératrices d’impacts, ce qui
empêche nos porteurs de mission de comprendre la nature ubiquiste des parties prenantes. Nature
à laquelle il n’est possible d’avoir accès que par un véritable processus de dialogue et de co-
construction des conditions de réalisation des activités propres à TOTAL.
De plus, il existe un écart entre les pratiques des acteurs et le cadre éthique. Il s’agit d’une liberté
d’action qui permet aux agents de s’adapter aux réalités contextuelles, d’appréhender les parties
prenantes dans leur ubiquité, dans leur complexité. C’est cette capacité à construire la norme par
l’expérimentation, de manière contextualisée, qui permettra une appréhension plus globale des
parties prenantes. C’est pourquoi nous recommanderons la mise en valeur d’une éthique plus
pragmatiste, qui permettrait de faire émerger l’ubiquité des parties prenantes et les différents
enjeux dont elles sont porteuses.