De quelle TRANSITION parlons nous ?
Nous avons dépassé Rio+20. La conscience est désormais assez claire qu'à la logique d'abondance des
ressources essentielles ( eau douce, terrres arables, terres rares, etc.) succède une logique de pénurie.
Progressivement depuis les années 50 du siècle passé, nous vivons une succession de "ruptures" qui
aujourd'hui s'accumulent :
- rupture écologique qui nous oblige à aménager la rareté et nous amène à une nouvelle conscience de
"solidarité de survie" planétaire,
- rupture technologique ( économie numérique, nanotechnologies, recherches en mathématiques et
physique contemporaines, biologie et génie génétique...)
- rupture idéologique, morale, voire philosophique : on ne croit plus au mythe du "progrès" et l'aspiration
collective à la "liberté" des années 60 ("freedom!"), se transforme en désir "d'accomplissement" de soi
(individuel et collectif), en quête de qualité d'"être" et en une nouvelle conscience du "vivant".
Toutes les normes culturelles de la "modernité" sont remises en cause, mais des solutions nouvelles
émergent des nouvelles problématiques:
- si pénurie ou rareté il y a, faire "mieux avec moins",
- avec la révolution numérique, apprendre la "complexité" (la valeur produite naît des interactions plus que
des éléments) et gérer "l'immatériel" (c'est l'immatériel des interactions qui engendre de la valeur)
- s'il n'y a plus de sens dans la fuite en avant illusoire et matérialiste du "progrès", s'ouvrir à la spiritualité et à
la quête de valeurs et repenser la question du sens.
- et bien sûr, rupture économique : il s'agit du passage du modèle industriel de masse à un nouveau
modèle en émergence, basé sur la connaissance, où il faut tout réinventer.
Depuis 2000, particulièrement, nous vivons en zone de grandes turbulences où deux logiques économiques
se côtoient, se juxtaposent, et entrent en conflit, de façon souvent contradictoire, en s'opposant terme à
terme :
- le "capital " et "l'intérêt privé" au centre ou "l'humain", le "vivant" et "le bien commun" au centre,
- l'organisation "hiérarchique" pyramidale ou l'organisation systémique "horizontale"
- le management où il convient de "prévoir" et "contrôler" et/ou celui où il s'agit de "ressentir" et d'"ajuster"
- la compétition et/ou la coopération, la mutualisation, le partage
- la productivité et/ou la créativité
- le quantitatif, la culture du chiffre oui, si au service du qualitatif
- la logique de la "masse" ou celle de la "niche"
- celle des "volumes" ou celle des "marges"
- la prédation, le gaspillage ou la précaution, la préservation, la compensation
- le produit et service "standard" ou le produit et service"singulier", "unique" "différenciateur"
- le "prix" ou la "valeur"
- l'immédiat, le court terme et/ou le moyen long terme
- la valeur d'échange et/ou la valeur d'usage
- le "ça m'appartient" ou "j'appartiens à"
-...
Des concepts vertueux innovants apparaissent, mieux adaptés aux nouvelles contraintes écologiques et
sociétales, mais statistiquement encore peu suivis, avec une autre façon de considérer le rapport au travail
ou de repenser les systèmes de production, de consommation, de distribution et de communication, sur la
base par exemple de la notion d' "analyse de cycle de vie" quand il s'agit des produits et des services (de
l'extraction au recyclage des ressources secondaires/ éco-conception, économie de fonctionnalité, économie
circulaire...), celle de "responsabilité" quand il s'agit d'organisation ( Responsabilité Sociétale des
Organisations), "d'agilité" quand il s'agit de management, "d'éthique" quand il s'agit des ressources
humaines (ou comment réconcilier l'économique et l'humain )...