Habilitation à diriger des Recherches Université de Nantes Ecole Doctorale VENAM Marie Bodinier 2014 « Etudes mécanistiques du système immunitaire pour aider à la compréhension, au diagnostic et au traitement de certaines pathologies notamment des allergies alimentaires. » UR 1268 BIA Equipe Allergie Rue de la géraudière BP 71627, 44316 Nantes cedex 01 Illustration issue de Gurumed, 11 fév. 2013 : Des cellules de notre système immunitaire se rappellent de microbes qu'elles n'ont jamais rencontrés auparavant SOMMAIRE DOSSIER SCIENTIFIQUE……………………………………………………………….....4 Curriculum Vitae……………………………………………………………………………..5 Liste des publications…………………………………………………………………………9 Introduction……………………………………………………………………………….…15 I. II. III. Le système immunitaire……………………………………………………………....15 A. Deux systèmes : l’inné et l’adaptatif………………………………………….15 B. La reconnaissance par le système immunitaire…………………………….....16 C. La médiation du système immunitaire………………………………………..16 D. Les lymphocytes T……………………………………………………………16 1.Les différents types de lymphocytes T et leur fonction………………16 2.Les récepteurs des lymphocytes T…………………………………....19 Les Allergies Alimentaires……………………………………………………………21 A. Généralités sur les allergies…………………………………………………...21 1. Prévalence…………………………………………………………….21 2. Les allergies alimentaires…………………………………………..…22 3. L’allergie alimentaire au blé………………………..………………...23 B. Les mécanismes de la tolérance orale et de l’allergie alimentaire……………24 1. La tolérance orale…………………………………………………….24 2. La réponse allergique…………………………………………………26 3. Modèles cellulaires et animaux……………………………………….29 a. Modèles cellulaires et organes ex vivo………………………..29 b. Modèles animaux……………………………………………..30 Des stratégies nutritionnelles pour lutter contre les allergies alimentaires…………...31 A. La stratégie des prébiotiques, des probiotiques et des synbiotiques …….…...31 B. La stratégie des polyphénols………………………………………………….33 Notice des titres et travaux retraçant les résultats les plus significatifs depuis le début de carrière………………………………….……………………………………………………34 De 1998 à 2001 : Résultats marquants au cours de mon doctorat : les mécanismes associés aux lymphocytes T CD8 dans le cancer et les infections virales……………………………..35 I. II. III. Etude 1 : Rôle du CD8 et du TCR dans la sélection des lymphocytes T anti-viraux...35 A. But et intérêt scientifique……………………………………………………..35 B. Programme et méthode de recherche………………………………………....35 C. Résultats………………………………………………………………………36 Etude 2 : Rôle du CD8 et du TCR dans l’activation des lymphocytes T anti-viraux...36 A. Programme et méthode de recherche………………………………………....36 B. Résultats………………………………………………………………………37 Etudes collaboratives visant à développer des stratégies immuno-thérapeutiques pour traiter certains cancers (leucémie et mélanome) à l’aide des tétramères CMHpeptide………………………………………………………………………………...38 A. Méthode……………………………………………………………………....38 B. Résultats………………………………………………………………………38 1 IV. Bilan du doctorat……………………………………………………………………...39 De 2002 à 2003 : Expérience marquante au cours de ma carrière de chercheur hospitalier : application potentielle des tétramères CMH-peptide en recherche fondamentale et en recherche clinique…………………………………………………………………………….39 De 2003 à maintenant : Résultats marquants obtenus au cours de ma carrière de chercheur à l’INRA: les mécanismes des allergies alimentaires et leur modulation par l’alimentation….40 I. II. III. Problématique de recherche…………………………………………………………..40 Etude des mécanismes des allergies alimentaires.…….……………………………...42 A. Action 1 : Etude de la translocation des allergènes à travers l'épithélium intestinal…………………………………………………………….………...43 1. Problématique …………………………………………………….43 2. Résultats…………………………………………………………...44 B. Action 2 : Etude de l’impact des allergènes natifs ou modifiés sur le système immunitaire et leur capacité à sensibiliser l’organisme in vivo ………….…...46 1. Problématique …………………………………………………….46 2. Résultats…………………………………………………………...46 C. Action 3 : Etude de la phase de déclenchement correspondant à la dégranulation mastocytaire induite par les allergènes…………..………….....48 1. Problématique …………………………………………………….48 2. Résultats……………………………………………………….......49 D. Action 4 : Etude des mécanismes de la marche atopique…………..…………50 1. Problématique …………………………………………………….50 2. Résultats…………………………………………………… ……..51 E. Conclusion sur l’étude des mécanismes de l’allergie alimentaire…………….52 Prévention ou réduction de la réaction allergique par l’alimentation : la stratégie des prébiotiques…………………………………………………………………………...53 A. Action 5 : Effet des prébiotiques sur le système immunitaire et la prévention des allergies………………………………………………….………………..53 1. Problématique ……………………………………………….……53 2. Résultats………………………………………………….……......54 B. Projet complémentaire aux prébiotiques: effets des fibres sur le système immunitaire…………………………………………………………………...56 1. Problématique ……………………………………………….…...56 2. Résultats………………………………………………………......57 C. Conclusion sur la prévention ou la réduction de la réaction allergique par l’alimentation…………………………………………………………….........58 Projet de recherche original pour l’avenir : « Compréhension des mécanismes d’interaction de l’aliment (natif, modifié, supplémenté) avec le système immunitaire et la barrière de l’intestin pour élaborer des stratégies pour agir sur les allergies. »……………………………………………………………………………………60 2 I. Etude des mécanismes précoces de la réaction allergique engendrés par l’aliment………………………………………………………………………………60 A. Contexte………………………………………………………………………60 B. Objectifs scientifiques………………………………………………………...62 C. Méthodologie…………………………………………………………………64 D. Résultats attendus et retombées scientifiques ………………………………..67 E. Projets envisagés pour réaliser cette étude…………………………………....68 Stratégies nutritionnelles pour réduire ou prévenir les allergies alimentaires……….......................................................................................................69 A. Contexte………………………………………………………………………69 B. Objectifs scientifiques………………………………………………………...70 C. Méthodologie…………………………………………………………………71 D. Résultats attendus et retombées scientifiques ...……………………………...76 E. Projets envisagés pour réaliser cette étude……………………………………76 Conclusion sur le projet de recherche original……………………………………..…78 II. III. Bibliographie………………………………………………………………………………...79 ACTIVITES D’ENCADREMENT…………………………………………………………93 Responsabilités d’encadrement et collaborations lors de mon parcours à l’INSERM U463 de 1998 à 2003…………………………………………………………………………………...94 Responsabilités d’encadrement et collaborations lors de ma carrière de chercheur à l’INRA de 2003 à maintenant…………………………………………………………………………….94 Liste des étudiants encadrés…………………………………………………………………..95 I. II. III. A. B. C. D. E. IV. Post-doctorats ………………………………………………………………………...95 Thèses…………………………………………………………………………………96 Masters………………………………………………………………………………..96 Master II en ‘Science de l’Aliment et Nutrition humaine (SANH). UFR des Sciences et des Techniques de Nantes………………………………………………………….96 Master II INAPG- ENSIA Science des Aliments, Massy, Paris……………………...96 Master II BBRT (Biologie, Biotechnologies et Recherche Thérapeutique), UFR de Nantes…………………………………………………………………………………96 Master II ENSA, Biologie Production animale et Qualité, UFR de Rennes…………97 Master I en « Biologie cellulaire, spécialité physiologie animale », UFR de Rennes..97 Licence professionnelle………………………………………………………………97 ANNEXES……………………………………………………………………………………99 Annexe 1 : Organigramme de l’unité Biopolymères Interactions et Assemblages…….100 Annexe 2 : Liste des 5 publications représentatives de mes activités…………………...101 3 DOSSIER SCIENTIFIQUE 4 CURRICULUM VITAE Marie BODINIER Née le 09/07/1975 – Mariée Chargée de Recherche 1ère classe INRA- UR 1268 BIA – Equipe allergie Rue de la Géraudière- B.P.71627- 44 316 Nantes cedex 03 02 40 67 50 35, Fax : 02 40 67 50 25 e-mail : [email protected] Formation 1998-2001: Thèse de doctorat de l'université de Nantes Discipline : Aspects moléculaires et cellulaires de la biologie ; Spécialité : Immunologie. Mention : Très honorable avec félicitations du Jury 1997-1998: Diplôme d'étude approfondie (UFR de Nantes) Discipline : Biologie Cellulaire ; Option : Immunologie et santé. Mention : Assez bien 1996-1997: Maîtrise de Biologie Cellulaire et Physiologie (UFR de Nantes) Option: Microbiologie. Mention: Assez bien 1995-1996: Licence de Biologie Cellulaire et Physiologie (UFR de Nantes) Mention: Assez bien 1994-1995: DEUG des Sciences de la Vie et de la Santé (UFR de Nantes) Option Biologie-Recherche. Mention: Assez bien. Carrière 2007 à maintenant : Chargée de Recherche 1ère classe - Centre INRA de Nantes, Unité BIA, équipe allergie. Domaine de recherche : Etude des mécanismes de l’allergie alimentaire (AA). Modulation du système immunitaire et de la réaction allergique par l’alimentation (procédés, prébiotiques, fibres). 2003-2007 : Chargée de Recherche 2ème classe - Centre INRA de Nantes, Unité BIA, équipe allergie. Domaine de recherche : Etude des mécanismes de l’allergie alimentaire (AA) – Développement de modèles cellulaires et animaux. 2002-2003 : Ingénieur hospitalier. Laboratoire : INSERM U463, Institut de Biologie, Nantes. Responsabilité : Mise en place d’une plateforme de production de protéines recombinantes. Formation de personnel technique à la production de tétramères HLA-peptide. 1998-2001: Thèse de Doctorat, Titre de la thèse : “Etude de la contribution relative du TCR, du CD8 et des molécules accessoires dans l'activation et la sélection des lymphocytes T cytotoxiques humains”. Laboratoire d’accueil: INSERM U463. Directeur de thèse: Professeur François Lang, Faculté de Pharmacie, Nantes. Compétences Compétences scientifiques : Immunologie : étude des populations cellulaires et moléculaires du système immunitaire (lymphocytes T, cellules dendritiques, cytokines, molécules inflammatoires). Allergies alimentaitres : caractérisation des allergènes IgE dépendants (épitopes), des mécanimes de transport des allergènes alimentaires (muqueuse intestinale), de sensibilisation et de déclenchment de la réaction allergique. Stratégies nutritionellles pour la prévention des allergies : études sur les prébiotiques, les polysaccharides non digestibles (NPS) et les polyphénols. Modèles animaux d’allergie : modèle souris (Balb-cJ) d’allergie aux protéines de blé ou d’œuf, modèle souris de marche atopique (allergies alimentaire et respiratoire). 5 Compétences techniques : Biophysique: fluorimetrie, ELISA, cytométrie de flux. Biochimie: western blot, immuno-précipitation, purification (HPLC, chromatographie). Radioactivité: marquage (I125), scatchard, cytotoxicité (Cr51), prolifération (H3). Biologie cellulaire: prolifération (MTT, XTT), culture de lignée. Biologie moléculaire: mutagenèse, PCR, RTPCR, transfection (stable et transitoire), clonage. Modèles animaux: reproduction, prélèvements d’organes. Compétences transversales : Gestion de projet : détermination des objectifs de recherche, identification des partenaires, hiérarchisation des activités, acquisition et synthèse des données par l’utilisation de ressources appropriées. Travail en équipe : organisation et suivi du travail et gestion de réunion. Valorisation des résultats : synthèse des résultats obtenus, stratégie de publications, rédaction de rapports d’avancement des travaux. Rayonnement scientifique 1999-2013 Articles scientifiques : - 19 publications dans des revues internationales (12 en tant que CR INRA et 7 en thèse). - 7 articles dans des revues professionnelles de médecine. 2000-2013 Communications: - oral : 3 présentations dans des congrès internationaux dont 1 récompensée par un prix, 6 présentations invitées dans des congrès nationaux. - poster : 8 congrès internationaux, 7 congrès nationaux. - séminaires : 1 à Kiel en Allemagne (avril 2013), 1 à Gent en Belgique (octobre 2012) et 1 à Wageningen aux Pays-Bas (février 212). Animation scientifique 2011-à maintenant : Responsabilité au sein de la tâche 3 du projet européen Fibebiotics FP7-KBBE (54 mois, coord. J. Mees, UR Wageningen, Hollande) : effet des fibres sur le système immunitaire (WP3). 2011-à maintenant : Responsable de l’axe 1 du projet REAL2 (REseau ALlergies REspiratoires et Alimentaires, 2011-2014) financé par la Région Pays de la Loire. Objectif : améliorer la compréhension des mécanismes de la marche atopiques et élaborer des stratégies de traitement et de prévention par des modèles précliniques. 2009-2012 : Responsable de tâche du projet PREDEXPITOPE financé par l'ANR (Prédiction in-silico des épitopes, des allergènes et validation expérimentale sur le blé) : analyse de la sensibilisation aux allergènes (translocation intestinale). 2008-2011 : Coordinateur de la tâche 3.3 du projet ANR OVONUTRIAL (Impact des procédés technologiques sur la valeur nutritionnelle et l’allergénicité des protéines d’œuf) : analyse de la translocation intestinale des protéines d’œuf. 2007-2011 : Responsable de tâche du projet NUPEM financé par la Région Pays de la Loire (nutrition périnatale et empreinte métabolique) : étude de l’effet des prébiotiques sur le risque allergique. Depuis 2012 : Membre du comité scientifique du CRNH (Centre de Recherche en Nutrition Humaine) Grand Ouest : responsable de la thématique Allergie. 2009- 2013: Membre élu dans le collège CR et DR au conseil d’unité BIA. 6 Collaborations et réseaux Le partenariat avec les allergologues cliniciens: - Prof Moneret-Vautrin: service d’Allergologie CH E Dürckheit Epinal. - Dr Paty: Pneumologie et Allergologie, Hôpital Necker, Paris. - Dr Drouet: Service d’Allergologie, Hôpital Universitaire d’Angers. - Pr Magnan et Dr Pipet : plateforme d’allergologie du CHU de Nantes. -Dr Matysiak-Budnik : service de gastroentérologie du CHU de Nantes (IMAD). Le partenariat INRA: - M. Champ, C. Michel, J.P. Segain : Etudes sur les prébiotiques, la perméabilité intestinale, modèle cellulaire d’épithélium intestinal, UMR 1280 INRA PHAN, CHU de Nantes. - J.M. Wal et K. Adel-Patient: développement de modèles souris d'allergie, Unité INRA d'Immuno-Allergie Alimentaire, CEA de Saclay. - F. Nau et D. Dupont: Science et technologie de l'œuf et du lait, unité INRA STLO, Rennes. Collaborations avec des immunologistes de l'INSERM: - U. Blank, INSERM Bichat, Paris. Collaboration sur le développement du modèle cellulaire de dégranulation des basophiles (lignée cellulaire RBL-SX38). - M. Heyman, INSERM, Hôpital Necker, Paris. Collaboration sur les études de perméabilité intestinale en utilisant des chambres de Ussing et une lignée cellulaire Caco-2. - A. Magnan, INSERM UMR1087, CNRS UMR 6291, IRT, Institut du Thorax, Nantes. Collaboration sur les modèles murins d'allergie. -M. Neunlist, INSERM UMR 913, Neuropathie du système nerveux entérique et pathologies digestives, CHU de Nantes. Collaboration sur la physiologie intestinale (chambre de Ussing, perméabilité, motricité). -M. Grégoire, INSERM UMR 892, Equipe n° 4 : Biologie des cellules dendritiques et applications thérapeutiques (mésothéliome et LAM) - Directeur scientifique de la Plateforme de Développement et Transfert Clinique (CIC Biothérapies 503). Collaboration pour l’utilisation des cellules dendritiques. Activité d’expertise Depuis le 16 juillet 2012 : Nomination en tant que membre du comité d’experts spécialisés en « Nutrition humaine » de l’agence national de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES, Unité d'évaluation des risques liés à la nutrition, Direction de l'évaluation des risques, Maisons-Alfort). 2013 et 2012 : Expertises pour l’ANSES : Evaluation de l’allégation « hypoallergénique » d’une préparation pour nourrissons. Analyse du risque allergique des graines de Chia. 2012 : Expertise d’un projet de thèse pour une bourse délivrée par le centre de recherche et l’université de Wageningen (WUR, Pays Bas). 2011 : Consultance pour la société IEEP (Siège social : 21 rue Leblanc, 75015 Paris). Projet d’étude : Effet de certains compléments alimentaires sur le système immunitaire. 2008 : Evaluation d’un projet pour une demande de financement de stage post-doctoral – demande faite par AXA assurance. Activités d’encadrement Encadrement de stagiaires en formation de base : Licence professionnelle (1 à 100%). Master II Recherche (6 à 100% et 1 à 50%), Master I Recherche (1 à 100%). Encadrement de stagiaires en formation doctorale et post-doctorale : Doctorat achevé (1 à 80%). Doctorats en cours (1 à 33% et 1 à 20%). Post-doctorats (4 à 100%). 7 Activités d’enseignement 2012 -2013: Elaboration d’une Unité d’Enseignement (UE) de Master 1 originale centrée sur l'enseignement de la pathologie allergique et des voies de recherche qui l'entourent dans le cadre du projet REAL². 1ère UE de M1 en France consacrée délibérément à la recherche en allergologie et validée pour la rentrée universitaire de septembre 2012. Cours : Modèles animaux d’allergie alimentaire : description et approche thérapeutique. De 2003 à 2013, un cours magistral de 2h par an pour les troisièmes années d’école d’ingénieur à l’ENITIAA de Nantes (module sécurité alimentaire). Le cours traite du risque allergique : les allergies et les allergènes alimentaires. De 2006 à 2013, un cours magistral de 3h par an pour le Master 2 Science de l’Aliment et Nutrition Humaine (SANH) de l’UFR Sciences et Techniques et de l’UFR Médecine de Nantes. Module sécurité alimentaire. Titre : ‘Allergie Alimentaire. Appréciation expérimentale de l’allergénicité. Application aux protéines de blé’. Réalisation chaque année d’un sujet d’examen et correction des copies. 2010: Participation au projet FODAGRO du CNAM : réalisation d’une vidéo d’un cours sur « Les risques associés aux protéines alimentaires : Les allergies et les allergènes alimentaires ». Participation au séminaire INRA Réflexives (linguistique et pratiques de recherche) avec mon doctorant P. Gourbeyre. 2003 : DEA de Sciences Alimentaires, INA P-G Paris. Appréciation expérimentale de l’allergénicité. Application aux protéines de blé. Formations - Anglais : CNAM de Nantes (65h en 2003/2004, 20h en 2005, 5h en 2006, 20h en 2007, 5h en 2011). - Formation pour la conduite d’entretien d’évaluation : 7h en 2007. - Formation pour la conduite et la gestion de projets : 28h en 2007. - Formation management et animation d’équipe : 14h en 2011. - Séminaire réflexives : en 2011. - Participation à deux écoles chercheurs (EC) : EC CEPIA sur les enjeux de la construction de la qualité des aliments en juin 2006 ; EC ALIMH, CEPUIA et MICA sur «les interrelations aliments, microbiote et hôte à l’air de la métagénomique » en septembre 2009 ; Particpation aux réunions de préparation de cette école regroupant la DS-NHSA et les départements AlimH, Mica et Cepia. 8 LISTE DES PUBLICATIONS Depuis le début de mon doctorat, on peut dénombrer 19 articles scientifiques publiés dans des revues avec comités de lecture, 1 artcile soumis, 7 articles publiés dans des revues professionnelles de médecine, 1 brevet, 7 posters nationaux, 8 posters internationaux, 9 conférences dans des congrès dont 6 invitées et une récompensée par un prix « de la meilleur présentation ». Les 19 articles relèvent principalement du domaine de l’allergie, de l’immunologie et de la science des aliments (Food Science and Technology). Les revues sont classées dans le tableau 1 suivant le référentiel NORIA (Notoriété des Revues et Indicateurs d’Articles) qui sert de référence à l’INRA pour les évaluations collectives et individuelles. A partir des facteurs d’impact des revues, renseignés par l’outil Journal of Citation Report (JCR®-Thomson Reuters), les revues d’une même discipline (avec appartenance à plusieurs catégories dans certains cas) sont classées en 5 groupes de notoriété selon la distribution du facteur d’impact. Ces cinq groupes sont 4 quartiles et un groupe de valeurs atypiques qui correspondent à une notoriété exceptionnelle (1er quartile en rouge), excellente (2ème quartile en vert), correcte (3ème quartile en bleu foncé), acceptable (4ème quartile en bleu clair), gris (médiocre). Ce référencement est repris pour évaluer les articles publiés (Tableau 1). L’analyse biliométrique de mes articles publiés est représentée dans le tableau 2. Tableau 1 : Classement des revues selon le référentiel CREBI de l’INRA et nombre d’articles publiés par M. Bodinier. Titre du journal Journal of Immunology Nature Medicine Transfusion European Journal Of Immunology Blood International Journal of Cancer Allergy Journal of Agricultural and Food Chemistry International Archives of Allergy and Immunology Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique Journal of Leucocyte Biology British Journal of Nutrtion Molecular Nutrition and Food Research Nbre 1 1 1 1 F.I.1 5.52 22.864 3.526 4.97 Classification immunology biochem.mol.biol. ; cell biol. ; med.,res.exp. hematology immunology 2 1 9.8 6.198 hematology oncology 2 5 5.883 2.906 allergy ; immunology agric.multidiscip. ; chem.,appl. ; food sci.technol. 1 2.248 allergy ; immunology 1 0.236 allergy 1 4.568 hematology ; immunology ; cell biol. 1 3.45 nutr.diet. 1 4.31 food sci.technol. 1 Notoriété à 2 ans en 2012 sur les indicateurs de l’année 2011 Notoriétés : Exceptionnelle , Excellente, Correcte, Acceptable, Médiocre (Interprétation des facteurs d'impact à 2 ans du JCR® Science Edition 2010 version 1 – Référentiel des Notoriétés Magri/Solari) 9 Tableau 2 : Analyse Bibiométrique des articles de M. Bodinier (extraction de Web Of Science du 19/02/2014) Author of 19 articles in peer-reviewed journals1 Papers as first author/last author: 32%/26% Total number of citations: 401 Average Citations per Item: 23.321 1 Hirsch index (H): 10 M index : 0.782 1 data from ISIwebofknowledgeTM ; 2 computed as H/career length Articles liés à mon activité de recherche 1- 2- 3- 4- 5- 6- 7- 8- 9- Articles sans encadrement de doctorants/post-doctorants : S. Denery-Papini, M. Bodinier, C. Larré, C. Brossard, F. Pineau, S. Triballeau1, M. Pietri, F. Battais, T. Mothes, E. Paty4, D-A. Moneret-Vautrin. Allergy to deamidated gluten in patients tolerant to wheat: specific epitopes linked to deamidation. 2012. Allergy, 67, 1023-1032. FI: 5.883. M. Bodinier, C. Brossard,S. Triballeau, M. Morisset, C. Guerin-Marchand, F. Pineau, P. de Coppet, D.A. Moneret-Vautrin, U. Blank and S. Denery-Papini. Evaluation of an in vitro mast cell degranulation test in the context of food allergy to wheat. 2008. Int Arch Allergy Immunol, 146, 307–320.FI: 2.248. S. Denery-Papini, M. Laurière, G. Branlard, M. Morisset, C. Pecquet, D. Choudat, M. Merlino, F. Pineau, Y. Popineau, E. Boulenc, I. Bouchez-Mahiout, M. Bodinier, and D.A. Moneret-Vautrin. Influence of the Allelic Variants Encoded at the Gli-B1 Locus, Responsible for a Major Allergen of Wheat, on IgE Reactivity for Patients Suffering from Food Allergy to Wheat. 2007. J. Agric. Food Chem., 55, 799-805. FI: 2.906. M. Bodinier, M.A. Legoux, F. Pineau, S.Triballeau, J.P Segain, C. Brossard and S.Denery-Papini. Intestinal Translocation Capabilities of Wheat Allergens Using the Caco2 Cell Line. 2007. J. Agric. Food Chem, 55, 4576-4583.FI: 2.906. F. Battais, T. Mothes, D.A. Moneret-Vautrin, F. Pineau, G. Kanny, Y. Popineau, M. Bodinier and S. Denery-Papini. Identification of IgE-binding epitopes on gliadins for patients with food allergy to wheat. 2005. Allergy, 60, 815-821. FI: 5.883. Articles avec encadrement de doctorants/post-doctorants : P. Gourbeyre, G. Bouchaud, T. Bihouée-Roussey, P. Aubert, D. Lair, M.A. Cheminant, S. Denery-Papini, M. Neunlist, A. Magnan and M. Bodinier. Dissecting the immunophysiology of atopic march using an original mouse model combining food and respiratory allergies. Submitted to Clinical and Experimental Allergy. FI: 4.789. P. Gourbeyre, N. Desbuards, G. Grémy, O. Tranquet, M. Champ, S. Denery-Papini and M. Bodinier. Perinatal and Postweaning Exposure to Galactooligosaccharides/Inulin Prebiotics induced Biomarkers linked to Tolerance Mechanism in a Mouse Model of strong Allergic sensitisation. J. Agric. Food Chem. 2013, 61 (26), 6311–6320. FI: 2.906. P. ourbeyre, N. Desbuards, . rémy, S. Le all, M. Champ, S. Denery-Papini and M. Bodinier. Exposure to a Galactooligosaccharides/Inulin Prebiotic Mix at Different Developmental Time Points Differentially Modulates Immune Responses in Mice. J. Agric. Food Chem. 2012, 60, 11942−11951. FI: 2.906. P. Gourbeyre, S. Denery, C. Larré, J.C. Gaudin, C. Brossard and M. Bodinier. Wheat gliadins modified by deamidation are more efficient than native gliadins in inducing a Th2 response in Balb/c mice experimentally sensitized to wheat allergens”, 2012. Molecular Nutrition and Food Research, 56(2), 336-344. FI: 4.31. 10 10- 11- 12- 13- N. Desbuard, P. Gourbeyre, V. Haure-Mirande, D. Darmaun, M. Champ and M. Bodinier “Impact of perinatal prebiotic consumption on gestating mice and their offspring: a preliminary report”, Br J Nutr. 2011 Sep 12:1-4. FI: 3.45. P. Gourbeyre, S. Denery and M. Bodinier. Probiotics, prebiotics, and synbiotics: impact on the gut immune system and allergic reactions. Review. 2011. Journal of Leukocyte Biology (89), 685-695.FI: 4.568. M. Bodinier, M. Leroy, S. Ah-Leung, F. Blanc, O. Tranquet, S. Denery-Papini, J.-M. Wal, and K. Adel-Patient. Sensitization and elicitation of an allergic reaction to wheat gliadins in mice. 2009. J Agric Food Chem, 57(4), 1219-25. FI: 2.906. M. Bodinier, M. Leroy, K. Adel-Patient. Animal models of food allergy. Application to wheat proteins. 2008. Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 48, 526–532. FI: 0.236. Articles au cours de ma thèse : 14- D. Sauce, N. Rufer, P. Mercier, M. Bodinier, J.P. Remy-Martin, A. Duperrier, C. Ferrand, P. Herve, P. Romero, F. Lang, P. Tiberghien and E. Robinet. Retrovirus-mediated gene transfer in polyclonal T cells results in lower apoptosis and enhanced ex vivo cell expansion of CMV-reactive CD8 T cells as compared to EBV-reactive CD8 T cells.2003. Blood. 102: 4. FI: 9.8. 15- N. Labarrière, L. Bretaudeau, N. Gervois, M. Bodinier, G. Bougras, E. Diez, F. Lang, M. Grégoire and F. Jotereau. Apoptotic-body loaded dendritic cells efficiently cross-prime CTL specific for NA17-A but not for Melan-A/MART-1 antigens. 2002. Int. J. Cancer. Sep 20; 101(3):280-6. FI: 6.198. 16- D. Sauce, M. Bodinier, M. Garin, B. Petracca, N. Tonnelier, A. Duperrier, J. Melo, J. Apperley, C. Ferrand, P. Hervé, F. Lang, P. Tiberghien and E. Robinet. Retrovirusmediated gene transfer in primary T lymphocytes impairs their anti-EBV potential through both culture-dependent and gene transfer-dependent mechanisms. 2002. Blood. 99: 1165. FI: 9.8. 17- X. Saulquin, M. Bodinier, M.A. Peyrat, A. Hislop, E. Scotet, F. Lang, M. Bonneville and E. Houssaint. Frequent recognition of BCRF1, a late lytic cycle protein of Epstein-Barr virus, in the HLA-B*2705 context: evidence for a TAP-independent processing. 2001 Eur. J. Immunol. 31: 708. FI: 4.97. 18- F. Lang and M. Bodinier. MHC-peptide multimers: tools of choice for detecting and sorting antigen-specific T-cells. Transfusion. 2001 May;41(5):687-90. FI : 3.526. 19- M. Bodinier, M.A. Peyrat, C. Tournay, F. Davodeau, F. Romagne, M. Bonneville and F. Lang. Efficient detection and immunomagnetic sorting of specific T cells using multimers of MHC class I and peptide with reduced CD8 binding. 2000. Nature Medicine (New tech.) 6:707. FI: 22.864. 20- M. Bodinier, C. Couedel, M.A. Peyrat, M. Bonneville, F. Davodeau and F. Lang. Selection and longterm persistence of reactive CTL clones during an EBV chronic response are determined by avidity, CD8 variable contribution compensating for differences in TCR affinities. 1999. J. Immunol. 162:6351. FI: 5.52. Articles dans des revues professionnelles : 1M. Bodinier and P. Gourbeyre. Les prébiotiques : une stratégie pour lutter contre les allergies? La lettre du Pneumologue. 2012. 2M. Bodinier. Des prébiotiques pour prévenir l’allergie au blé ? En direct des Labos. Juillet 2012. 3M. Bodinier. Un modèle de souris pour évaluer le potentiel allergisant d’un procédé. Illustration avec la désamidation du gluten de blé. En direct des Labos. Juillet 2012. 11 45- 6- 7- 1- M. Bodinier and P. Gourbeyre. Relations entre le microbiote intestinal et les allergies alimentaires. 2011. Nutrition & Endocrinologie. Hors-série allergies alimentaires N°1. M. Bodinier. INRA, BIA. 2008. Plaquette réalisée avec la SEM des pays de la Loire (pole enfants). PROGRAMME NUPEM. Impact des prébiotiques sur la prévention des allergies alimentaires chez l’enfant. M. Bodinier. INRA, BIA. 2008. Résumé d’un article «A novel tool for the detection of allergic sensitization combining protein microarrays with human basophils. J. Lin et al. Clinical and Experimental Allergy 2007; 37: 1854-1862» publié dans Alim’Inter. M. Bodinier. Revue NAFAS. - VOL. 5, N° 5, OCT. 2007, Les allergies alimentaires. La revue NAFAS s’adresse aux médecins généralistes, aux pharmaciens, aux diététiciens aux différents acteurs des métiers de l’alimentation et à tous ceux qui s’intéressent aux problèmes de la nutrition. Elle a pour but d’apporter une information scientifique, économique et technique, validée et actualisée. Brevet : Brevet INSERM FR2798128 (Mars 2001): Moyens de détection et de purification de populations lymphocytaires T CD8+ spécifiques de peptides présentés dans le contexte HLA. Inventeurs: F. Lang, M. Bodinier, F. Davodeau, M. Bonneville. Extension internationale WO 0118053. Licence d'exploitation accordée à Beckman Coulter International (BCI). Janvier 2013 : étude clinique dans le contexte du mélanome (PHRC). Communications affichées dans congrès (posters): Posters nationaux: 1- Avril 2012 : 7ème Congrès Francophone d’Allergologie, Palais des Congrès, Paris. Effet de la période d’exposition à un mélange de prébiotiques sur l’orientation du système immunitaire. P. Gourbeyre, N. Desbuards, G. Grémy, O. Tanquet, M. Champ, S. DeneryPapini and M. Bodinier. 2- Avril 2011 : 6ème Congrès Francophone d’Allergologie, Palais des Congrès, Paris.Des prébiotiques capables d’induire des mécanismes de tolérance sans réduire les symptômes d’allergie chez la souris. P. GOURBEYRE, N.DESBUARD, G.GREMY , S.TRIBALLEAU, M. CHAMP, S. DENERY and M.BODINIER. 3- Juin 2010 : journée jeunes chercheurs de BIA, et rencontres du grand ouest : “Les prébiotiques peuvent-ils agir sur la maturation intestinale et prévenir du risque allergique alimentaire chez le nouveau-né ?”, présenté à la journée jeunes chercheurs de BIA et aux rencontres du grand ouest. Nantes. P. GOURBEYRE, N.DESBUARD, G.GREMY , S.TRIBALLEAU, C.MICHEL, M. CHAMP, S. DENERY and M.BODINIER. 4- Novembre 2008 : Journées francophones de nutrition. Brest. M. BODINIER, C. MICHEL, C. ROUX, M. CHAMP. Impact de prébiotiques sur le développement de la réponse allergique à l'ovalbumine chez la souris. 5- Octobre 2007 : 4ème Symposium du CICBAA. Nancy: M. LEROY, M. BODINIER, S. AH-LEUNG, F. BLANC, S. DENERY-PAPINI, J.-M. WAL, K. ADEL-PATIENT. Choix de la souche de souris Balb/cJ dans le développement d’un modèle d’allergie alimentaire aux gliadines de blé: manifestations biochimiques et cliniques. 6- Octobre 2007 : 4ème Symposium du CICBAA. Nancy: M. BODINIER, C. BROSSARD, S. TRIBALLEAU, M. MORISSET, C. GUERIN-MARCHAND, F.PINEAU, P. DE COPPET, DA. MONERET-VAUTRIN, U. BLANK and S. DENERY-PAPINI. Évaluation d'un test in vitro de dégranulation mastocytaire dans le contexte de l'allergie alimentaire à la farine de blé. 12 7- Septembre 2006 : M. BODINIER, S. TRIBALLEAU, C. GUERIN-MARCHAND, F.PINEAU, M. MORISSET, DA. MONERET-VAUTRIN, U. BLANK and S. DENERYPAPINI. Wheat allergen detection using a mast cell degranulation test, comparison with ELISA. 13th world congress of Food Science and technology (IUFOST). Nantes. Posters internationaux: 1- Juin 2013: EAACI-WAO Congress. Milan (Italie). Study of immunological mechanism implicated in atopic march using an original mouse model of food and respiratory combined allergy- Bouchaud G., Gourbeyre P., Bihouée-Roussey T., Aubert P., Lair D., Denery-Papini S.,Neunlist M., Magnan A., Bodinier M. 2- Juin 2012: 31th Congress of the European Academy of Allergy and Clinical Immunology. Genève (Suisse). Impact of the exposure period to GOS/inulin prebiotics on immune system orientation. P GOURBEYRE, N. DESBUARDS, G. GRELMY, O. TRANQUET, M. CHAMP, S. DENERY-PAPINI and M. BODINIER. 3- Juin 2011: 30th Congress of the European Academy of Allergy and Clinical Immunology. Istanbul (Turquie): Assessment of allergenicity of diploid and hexaploid wheat genotypes: identification of allergens in the albumin/globulin fraction. C. Larré, R. Lupi ,G. Gombaud, DA. Moneret-Vautrin, H. Rogniaux, M. Bodinier, S. Denery-Papini. 4- Juin 2011: 30th Congress of the European Academy of Allergy and Clinical Immunology. Istanbul (Turquie):“Prebiotics induce tolerance mechanisms but are not able to alleviate allergic symptoms in a mouse model of wheat allergy.” P. GOURBEYRE, N.DESBUARD, G.GREMY , S.TRIBALLEAU, M. CHAMP, S. DENERY and M.BODINIER. 5- Décembre 2007 : M. BODINIER, M. LEROY, S. AH-LEUNG, F. BLANC, O. TRANQUET, S. DENERY-PAPINI, J-M. WAL and K. ADEL-PATIENT. Balb/c mouse model of allergy to wheat gliadins: biochemical and clinical manifestations. XX World allergy congress (WAC). Bangkok (Thaïlande). 6- Juin 2005 : M. BODINIER, M.A LEGOUX, F. PINEAU, S. TRIBALLEAU and S. DENEY-PAPINI. Passage of wheat allergens through intestinal epithelium using a model of caco-2 cells. World Allergy Congress. Munich (Allemagne). 7- Juin 2004 : F.BATTAIS, M.BODINIER, Y.POPINEAU, DA.MONERET-VAUTRIN, G.KANNY and S.DENERY. Characterisation of allergens involved in food allergy to wheat. XXII EAACI congress. Amsterdam (Pays-Bas). 8- Juin 2003 : F.BATTAIS, M.BODINIER, F.PINEAU, Y.POPINEAU, G.KANNY, DA.MONERET-VAUTRIN and S.DENERY. Food allergy to wheat. Congrès « Food Allergy and Intolerance ». Bruxelle (Belgique). Communications orales dans congrès: Conférences invitées nationales: 1- Octobre 2011: Colloque PONAN. Communication orale. Un régime enrichi en oligosaccharides prébiotiques exerce-t-il un effet préventif sur la survenue d'une allergie future ? Etude chez un modèle murin. Marie Bodinier, BIA - INRA ANGERS-NANTES, ÉQUIPE ALLERGIE. Ifremer. Nantes (France). 2- Avril 2010 : 5ème Congrès Francophone d’Allergologie, Palais des Congrès, Paris (France). M.BODINIER. Apport de la biologie dans l’anaphylaxie alimentaire induite par l’effort (AAIE) 3- Octobre 2009 : Congrès CICBAA Nancy (France). M. BODINIER, S. TRIBALLEAU, F. PINEAU, M.A. LEGOUX, M. LEROY, B. BAKAN, D. MARION and S. DENERY. Allergénicité des LTP de blé. 4- Mai 2009 : Congrès SAICO . Angers (France). M. BODINIER, S. DENERY. Allergènes et épitopes du blé : leur caractérisation et leur présence dans différents types de blé. 13 5- Octobre 2007 : M. BODINIER. Les allergies alimentaires. Forum Santé Active, thème : santé et alimentation. CPAM de la Sarthe. Le Mans (France). 6- Septembre 2007 : M. BODINIER. Les allergies alimentaires. Université d’été de nutrition. Clermont-Ferrand (France). Présentations internationales sélectionnées: 7- Juin 2012: 31th Congress of the European Academy of Allergy and Clinical Immunology. GENEVE (SUISSE). Impact of the exposure period to GOS/inulin prebiotics on immune system orientation. P GOURBEYRE, N. DESBUARDS, G. GRELMY, O. TRANQUET, M. CHAMP, S. DENERY-PAPINI and M. BODINIER. 8- Juin 2006 : XXV Congress of the European Academy of Allergology and Clinical Immunology (EAACI). VIENNE (AUTRICHE). M. BODINIER, S. TRIBALLEAU , C. GUERIN-MARCHAND, F. PINEAU, M. MORISSET, DA. MONERET-VAUTRIN, U. BLANK and S. DENERY-PAPINI. Wheat allergen detection using a mast cell degranulation test, comparison with ELISA. Présentation internationale récompensée par un prix: 9- Juin 2011 : 30th Congress of the European Academy of Allergy and Clinical Immunology. ISTANBUL (TURQUIE). Comparison of IgE-binding epitopes on wheat gliadins for patients with food allergy and experimentally sensitized mice. M.BODINIER, S.DENERY, O.TRANQUET. Prix de la meilleure présentation. 14 INTRODUCTION Afin de mieux appréhender l’ensemble de mes travaux de recherche, j’aimerais auparavant faire une brève introduction sur le système immunitaire, les allergies alimentaires et les stratégies nutritionnelles émergentes pour lutter contre ces pathologies. I. Le système immunitaire : Le terme « immunitaire » vient du latin immunis, signifiant « exempt », qui dans le contexte du système immunitaire fait référence aux agents envahissants étrangers. Le système immunitaire est notre armée collective : un milliard de globules blancs, la moelle osseuse, des anticorps, des cytokines et le thymus. Il permet d’identifier et de détruire des millions de microbes (bactéries, virus, parasites et champignons) qui pénètrent dans nos organismes chaque jour ainsi que les milliers de cellules qui sont devenues génétiquement anormales ou cancéreuses. En faisant ce travail vital notre organisme est conservé, sans cela, nous serions morts en quelques jours. A. Deux systèmes : l’inné et l’adaptatif La protection de l’organisme vis-à-vis des infections (bactéries, virus, champignons et parasites) est la tâche majeure du système immunitaire qui a mis en place deux lignes de défense (1). La première, l’immunité innée, est la plus ancienne au regard de l’évolution, hautement conservée parmi les différentes espèces. Elle comprend principalement les cellules phagocytaires, certaines protéines du sang et les cellules NK, et fait intervenir les barrières naturelles de l’organisme (peau et muqueuses). Ses stratégies de défense sont basées sur la reconnaissance de structures moléculaires typiques communes à un grand nombre de pathogènes. Après l’intrusion d’un pathogène dans l’organisme, les mécanismes de l’immunité innée entrent rapidement en action, généralement en quelques heures. Lorsque l’infection échappe à l’immunité innée, la seconde ligne de défense se met en place : l’immunité adaptative. L’immunité adaptative, mécanisme plus récent du point de vue de l’évolution, est basée sur la présence de récepteurs d’une haute affinité pour certaines régions (épitopes) du pathogène. Cette réponse génère une mémoire immunitaire garantissant une réponse plus rapide et plus efficace à chaque nouvelle infection avec le même agent pathogène. Les principaux acteurs de la réponse immunitaire adaptative sont les lymphocytes T et B (LT et LB) ainsi que des cellules capables de leur présenter un antigène (CPA) (figure 1). Ces dernières expriment à leur surface un récepteur particulier : le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH). Lorsque les CPA captent un antigène, elles le digèrent et présentent des fragments au niveau de leur CMH. Cette liaison CMH-peptide antigénique est indispensable pour la reconnaissance de l’antigène par le récepteur des lymphocytes T (TCR). Après avoir reconnu l’antigène, les lymphocytes T s’activent et prolifèrent pour éliminer l’agent infectieux. 15 B. La reconnaissance par le système immunitaire : Avant que notre système immunitaire ne détruise les envahisseurs ou les cellules cancéreuses, il doit les reconnaître (1). La grande majorité de nos cellules, qui sont saines, ne doivent pas être touchées. En d’autres termes, le système immunitaire doit être capable de détecter lui-même ce qui lui est étranger. Ainsi, dans le cas d’une cellule génétiquement endommagée, elle doit être capable de lire les signaux révélant un problème dans la cellule. La reconnaissance joue donc un rôle essentiel dans l’immunité, et c’est le problème le plus complexe pour le système immunitaire : notre organisme et ses cellules sont en constante évolution et nous sommes sans cesse exposés à de nouveaux envahisseurs. Un équilibre délicat est demandé. Si le système immunitaire est hyperactif, nous finissons par attaquer notre propre organisme, comme dans le cas des maladies auto-immunes et des allergies. Si le système immunitaire est trop « laxiste », les envahisseurs causent de graves dommages à notre organisme et les cancers peuvent se développer de manière incontrôlée. C. La médiation du système immunitaire : Toutes les réponses du système immunitaire sont obtenues par médiation des globules blancs (les leucocytes, y compris les cellules T, B et lymphocytes NK, les monocytes, les phagocytes, les basophiles, les neutrophiles et les éosinophiles), des cellules spécialisées dans divers tissus (macrophages, mastocytes) ainsi que des hormones et autres messagers chimiques transportés par les systèmes sanguins et lymphatiques. La grande majorité des cellules du système immunitaire provient des précurseurs de la moelle osseuse et circule dans le sang et les tissus. Par exemple, les lymphocytes T et B, qui fonctionnent grâce au système lymphatique, ont leur origine dans la moelle osseuse. Les cellules T vont ensuite migrer vers le thymus où elles parviennent à maturité (d’où « cellule T »). D. Les lymphocytes T : 1. Les différents types de lymphocytes T et leur fonction On distingue deux grandes sous populations de lymphocytes T (LT) : les LT portant le marqueur CD8 (CD8+) sont des lymphocytes T cytotoxiques et les LT portant le marqueur CD4 (CD4+) sont des lymphocytes T auxiliaires (T helper : Th). Parmi les lymphocytes T CD4+ auxiliaires activés, on distingue trois sous populations majeures : les lymphocytes Th1, Th17 et Th2. L’interleukine 12 (IL-12) induit la différentiation des lymphocytes Th0 naïfs en lymphocyte Th1 impliqués dans les voies de défenses cytotoxiques contre les pathogènes intra-cellulaires (certaines bactéries : Listeria monocytogenes, Mycobacterium tuberculosis; tous les virus) via la sécrétion de cytokines inflammatoires telles que l’IL-2 ou l’IFN (2). L’IL-1, l’IL-6 et le T Fβ induisent la différentiation des lymphocytes Th0 naïfs en lymphocytes Th17 (3). Ces cellules sécrètent l’IL-17 et l’IL-22, jouant un rôle pro-inflammatoire notable. Les lymphocytes Th17 sont impliqués dans les voies de défenses cytotoxiques contre les pathogènes extra-cellulaires 16 (certaines bactéries : Streptococcus pneunomoniae, Salmonella typhi, Clostridium tetani; champignons; vers), dans certaines maladies auto-immunes et hypersensibilités de type IV (4). L’IL-4 induit la différenciation des lymphocytes Th0 en lymphocytes Th2, sécrétant l’IL4 et l’IL-5, impliqués dans les mécanismes de défense contre les parasites mais également dans certaines hypersensibilités (5). Les cellules dendritiques constituent des cellules présentatrices d’antigènes professionnelles et jouent ainsi un rôle crucial pour l’activation et la maturation des lymphocytes Th0 en lymphocytes Th1 ou Th2. Les lymphocytes T CD4+ activés contribuent à la différenciation des lymphocytes B (LB) en plasmocytes capables de sécréter des immunoglobulines (Ig) (Figure 1a). Les immunoglobulines sont les récepteurs de l’antigène des lymphocytes B (BCR). Elles sont exprimées à la surface des LB mâtures et sécrétées dans le sang par les plasmocytes. Ce sont des glycoprotéines composées de deux chaînes lourdes identiques et de deux chaînes légères identiques. Les chaînes lourdes et légères possèdent à leur extrémité des domaines variables impliqués dans la reconnaissance de l’antigène. Il existe plusieurs formes d’immunoglobulines : - les IgG sont les immunoglobulines majoritaires du sérum. On distingue quatre sous classes d’Ig : IgG1, IgG2, IgG3 et IgG4. Ces immunoglobulines sont toujours rencontrées sous forme sécrétée. Elles sont monomériques. - les IgA sont majoritairement monomériques bien qu’elles puissent dans certains cas former des dimères. Les IgA sont sécrétées dans le sang mais aussi dans de nombreux autres fluides corporels tels que la salive, les sécrétions du système bronchique, les voies urinaires, les larmes, le lait maternel et au niveau des intestins où elles jouent un rôle majeur pour l’immunité mucosale. - les IgM forment le plus souvent des complexes pentamériques. Une faible proportion demeure sous forme monomérique et constitue des immunoglobulines de surface des lymphocytes B matures. - l’IgD est une autre immunoglobuline fréquemment trouvée à la surface des LB humains. - les IgE sont très peu présentes dans le sérum des individus sains. Elles sont impliquées dans les formes d’hypersensibilité de type 1 et jouent également un rôle important dans la défense contre les parasites. Le lymphocyte T CD8+ (figure 1b) est capable de lutter contre les organismes intracellulaires (les virus, certaines bactéries...) et les cellules tumorales. Lorsqu’il entre en contact avec la cellule infectée (reconnaissance avec le complexe CMH I-peptide via son TCR) le LT CD8+ va libérer des granules d'exocytose qui vont sortir de la cellule CD8 grâce à une réorganisation de son cytosquelette et induire l'apoptose de la cellule infectée puis le LT CD8+ repart. Les LT CD8+ sont très processifs : ils peuvent induire à la chaine la mort de beaucoup de cellules infectées. Ils possèdent différentes molécules capables de lyser les cellules cibles : - perforine (protéine formant des pores) et granzymes (sérine protéinases qui activent l'apoptose) sont présents dans des vésicules préformées et prêtes à l'emploi Fas Ligand/Fas 17 - autres systèmes ligand/récepteur de la famille du TNF : TRAIL ou TNFα. Ces molécules sont à la fois secrétées et de surface. Figure 1 : Les lymphocytes T Figure 1a : Activation des lymphocytes T CD4+ : lorsqu’un pathogène est capté par une CPA, il est digéré par cette dernière capable alors de présenter un peptide antigénique par l’intermédiaire du CMH à un LT. Les LT CD4+ contribuent à la différenciation des LB en plasmocytes capables de sécréter des Ig dirigées contre le pathogène initialement reconnu. Figure 1b : Activation du lymphocyte T CD8+. Le LT CD8+, via son TCR, va reconnaitre sur la cellule infectée (virus, bactéries) des peptides issus des protéines de l’agent pathogène. Il va alors s’activer et sécréter une protéine, la perforine, et des enzymes protéolytiques qui vont former des pores et lyser la cellule infectées. 18 2. Les récepteurs des lymphocytes T Les lymphocytes T (figure 2a) présentent à leur surface un récepteur à l’antigène (TCR) (1) constitué de glycoprotéines hétérodimériques ou très diversifiées associées à des chaînes invariantes et du CD3). Ce récepteur est capable de reconnaître des peptides antigéniques présentés par des molécules du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) de classe I ou II. Le CMH de classe I est constitué d’une chaîne lourde ( domaines et) et d’une chaine invariante la 2-microglobuline (2m) alors que le CMH de classe II est composé de deux chaînes (et)et (et). Le TCR est associé à un co-récepteur CD4 ou CD8 qui conditionne la restriction CMH classe I ou II de la reconnaissance antigénique (figure 2b). Ce co-récepteur a une fonction de stabilisation du complexe TCR-CMH-peptide en se fixant à des domaines peu polymorphes de la chaîne lourde du CMH (domaine 3 du CMH I et régions 2 et 2 sur le CMH II) et participe à la transduction des signaux d’activation (figure 2c) en s’associant à la protéine tyrosine kinase p56lck au niveau du complexe TCR (figure 2d). L’interaction entre le TCR du lymphocyte T et le complexe CMH-peptide de la cellule présentatrice d’antigènes est donc stabilisée par les co-récepteur CD4 ou CD8 mais aussi par de nombreuses autres molécules que l’on appelle accessoires telles que les molécules de co-stimulation CD28/B7 ou les molécules d’adhésion CD2/LFA-3, LFA-1(CD11a/CD18) /ICAM-1 (CD54), VLA4/VCAM-1, CD40/CD40L. Figure 2 : Interaction TCR-CD8-CMH/peptide Figure 2a : Structure du TCR associé au CD3. 19 Le CD4 se lie à une portion non polymorphique de la chaîne du CMH II à distance du site d’interaction avec le TCR. Le CD8 se lie à une portion non polymorphique de la chaîne du CMH I à distance du site d’interaction avec le TCR. Figure 2b : Rôle des co-récepteurs (CD4 et CD8) dans la stabilisation de l’interaction TCR-CMH. LT CD4+ LT CD8+ Figure 2c : Rôle des co-récepteurs dans l’activation lymphocytaire. 20 Figure 2d : La transduction du signal par le TCR (d’après (6) :l’interaction TCR-ligand déclenche la transduction du signal. Les kinases Fyn et Lck sont mises en jeu et recrutent ZAP-70. La phospholipase γ1 (PLCγ1) puis la calcineurine, la protéine kinase C (PKC) et p21ras sont activées. Les facteurs de transcription Fos, Jun, NFAT, NFκB et Oct se fixent sur les séquences promotrices du gène IL2, entraînant sa transcription. PIP2 : phosphatidyl inositol-bisphosphate ; DAG: diacylglycérol. II. Les Allergies alimentaires A. Généralités sur les allergies 1. Prévalence : En 1998, dans les pays industrialisés, environ un enfant sur cinq présentait une pathologie allergique comme l’asthme, la rhinite allergique ou la dermatite atopique (7). La prévalence de la dermatite atopique a doublé, voire triplé, dans les pays industrialisés au cours des trois décennies passées, affectant de 15 à 30% des enfants et de 2 à 10% des adultes (8). Les cas d’anaphylaxies sévères touchent 1 à 3 personnes sur 10 000 par an et sont souvent récurrentes (9-12). L’anaphylaxie se caractérise par des symptômes cliniques très sévères comme l’insuffisance circulatoire ou l’angio-œdème du larynx. Ces anaphylaxies sont létales dans 0,65% à 2% des cas (12, 13). La fréquence de ces anaphylaxies a été multipliée par cinq entre 1980 et 1992 (10, 14). Les allergies ont été classées au 4e rang mondial des problèmes de santé publique. En France, les allergies alimentaires touchent 3,34% de la population et sont plus souvent fréquentes chez les enfants (4 à 8,5%) (15). Sur 402 cas d’anaphylaxies sévères reportés entre 2004 et 2006, 248 concernaient des allergies alimentaires dont 38,7% touchaient des enfants et 61,3% touchaient des adultes (10). D’après une étude récente basée sur une analyse de 21 données (entre 2000 et 2012), ces pathologies toucheraient environ 5,9% de la population européenne tout âge confondu (16). Selon une étude Américaine, la prévalence cumulée des allergies alimentaires serait de 3 à 6 % (17). De nombreuses études suggèrent une augmentation de cette prévalence, mais les méthodes d’analyse utilisées dans ces travaux justifient d’être prudent sur ce concept. La prévalence varie en fonction de l'âge, l'emplacement géographique (18), et peut-être la race et l’ethnie (17). 2. Les allergies alimentaires : L’allergie alimentaire se définit comme une réponse anormale et exagérée du système immunitaire à des composants d’un aliment (allergène) (19). Elle est généralement provoquée par les IgE via l’activation des mastocytes et des basophiles et correspond la plupart du temps à une hypersensibilité de type I. L’allergie alimentaire diffère de l’intolérance alimentaire qui correspond à un autre type de réaction de l’organisme contre l’aliment, de nature physiologique avec des prédispositions génétiques et souvent non immunologique. Bien que de nombreuses protéines alimentaires puissent être des allergènes, 90% des allergies alimentaires sont causées par quelques aliments (20). L’incidence des allergies alimentaires dépend des habitudes alimentaires, variables en fonction de l’âge des individus (nouveauxnés, enfants, adultes) et de facteurs culturels (16, 21, 22). Chez l’enfant, cinq aliments sont responsables de la majorité des cas d’allergie alimentaire : l’œuf (34,25% des allergies alimentaires), l’arachide (25,07%), le lait de vache (8,9%), le poisson (5,14%) et les noix (5,39%) (23). Ainsi, les enfants sont plus couramment sensibilisés par des allergènes d’origine animale que par des allergènes d’origine végétale. Chez l’adulte, une tendance inverse est constatée dans la mesure où les allergènes majeurs sont d’origine végétale (fruits rosacés, allergènes du groupe latex, noix, céréales,…) et rarement d’origine animale (24). Les allergies alimentaires les plus courantes varient en fonction des pays. L’allergie alimentaire à l’arachide est l’une des plus courantes et sérieuses réactions d’hypersensibilité immédiate à des aliments en terme de persistance et de sévérité (25). À l’inverse des autres allergies alimentaires, les symptômes cliniques disparaissent rarement avec l’âge et un risque d’aggravation des symptômes est fréquent lors d’une nouvelle exposition accidentelle (26). La prévalence de l’allergie à l’arachide varie entre 0,5 et 1,1% en fonction de la population étudiée (27, 28). En France, elle est la deuxième allergie alimentaire la plus commune chez l’enfant de moins de trois ans après l’allergie à l’œuf (19). Les deux allergènes majeurs de l’arachide sont Ara h 1 et Ara h 2 (29). Ces deux molécules sont résistantes à la digestion ce qui accroît leur pouvoir allergénique (30). La résistance d’un allergène à la dénaturation lors de la digestion gastro-intestinale est en effet une caractéristique propre à de nombreux allergènes alimentaires (31). L’allergie au lait de vache est l’allergie alimentaire la plus courante chez les enfants de moins d’un an avec une prévalence d’environ 2,5% (32, 33). À l’inverse de l’allergie alimentaire à l’arachide, elle disparaît en général naturellement à partir de la troisième année de vie. Sa forte prévalence chez le nourrisson explique la recherche de substituts alimentaires hypoallergéniques. Les allergènes majeurs reconnus par les IgE des patients sont la fraction 22 caséine, la β-lactoglobuline et l’α-lactalbumine, ainsi que des protéines mineures du lait comme la sérum albumine bovine (BSA), les immunoglobulines ou la lactoferrine (34, 35). L’allergie alimentaire à l’œuf de poule est la principale allergie alimentaire de l’enfant âgé de moins de trois ans (22, 36). Cette allergie disparaît avec l’âge cependant, dans certains cas, elle peut perdurer à l’âge adulte. Les allergènes majeurs de l’œuf sont présents dans le blanc d’œuf : ovalbumine, ovomucoïde, lysozyme et conalbumine. Le jaune d’œuf semble moins allergisant (37). Des réactions croisées peuvent être observées entre différents allergènes alimentaires de familles botaniques proches, et également entre allergènes alimentaires et allergènes de pollen, d’acariens ou du latex (38, 39). Ces phénomènes de réactivité croisée entre allergènes s’expliquent par de fortes homologies de séquence ou de structure. Les allergènes responsables de ces réactions sont des protéines ubiquitaires assurant des fonctions indispensables à la survie de l’organisme et donc très conservées au cours de l’évolution. C’est notamment le cas de la protéine de transfert des lipides (LTP) présente chez de très nombreuses espèces végétales (40). 3. L’allergie alimentaire au blé: Le blé est une des céréales les plus cultivées au monde. Deux types de blé sont particulièrement cultivés : le blé dur (Triticum durum) qui est utilisé pour la fabrication de pâtes alimentaires et en semoulerie, ainsi que le blé tendre (Triticum aestivum) qui est utilisé dans la panification et la biscuiterie. La farine de blé, obtenue par mouture des grains et tamisage, est composée de 75 à 80% d’amidon et de 7 à 14% de protéines. Parmi ces protéines, certaines sont solubles dans l’eau et les tampons salins (les albumines et les globulines) et d’autres ne le sont pas (les prolamines ou protéines du gluten). Le grain de blé tendre renferme dans son tissu de réserve, l’albumen, entre 8 et 15% de protéines appelées prolamines car riches en prolines et en glutamines. Elles ont la propriété unique de pouvoir former, après hydratation, une masse cohérente, insoluble et viscoélastique : le gluten (41). Cette propriété confère au gluten un pouvoir texturant qui est très employé par les industries agroalimentaires. Deux types de prolamines peuvent être distingués : les gliadines (αgliadines, β-gliadines, γ-gliadines, ω-gliadines) qui sont solubles dans l’éthanol et les gluténines (gluténines de bas poids moléculaire et de haut poids moléculaire) qui ne peuvent être solubilisées que dans des tampons très dénaturants à base de SDS et de mercaptoéthanol. Le blé fait partie des six aliments (lait, œuf, blé, soja, arachide et poisson) responsables approximativement de 90% des allergies alimentaires de l’enfant (42) et il est fréquemment impliqué dans les anaphylaxies induites par l’effort (15). En France, le blé arrive au 8e rang de l’allergie chez l’enfant et au 12e rang de l’allergie chez l’adulte (43). L’allergie alimentaire au blé toucherait moins de 1% de la population Européenne tout âge confondu (44). Les manifestations cliniques de l’allergie alimentaire au blé sont assez classiques affectant la peau, le tractus digestif et les voies respiratoires (45). Cette allergie est présente chez l’enfant et chez l’adulte avec des symptômes cliniques parfois très différents. Chez l’enfant l’allergie alimentaire au blé se manifeste par une dermatite atopique associée, ou non, à des symptômes 23 respiratoires et des troubles digestifs (46-49). Chez l’adulte, cette pathologie entraîne plutôt une anaphylaxie induite par l’effort, un choc anaphylactique, de l’urticaire récidivante ou chronique (50-52), ou plus rarement des troubles intestinaux (53, 54). Les - et -gliadines, de même que certaines protéines de la fraction albumine/globuline, sont des allergènes importants chez les enfants souffrant de dermatite atopique (55, 56). Chez les adultes, souffrant d’anaphylaxie induite par l’effort ou d’urticaire chronique, les 5-gliadines et les sous-unités gluténines de faibles poids moléculaires sont des allergènes majeurs (55). B. Les mécanismes de la tolérance orale et de l’allergie alimentaire En temps normal, l'ingestion d’aliment induit un phénomène appelé "tolérance orale" : le système immunitaire réagit faiblement à l'introduction des protéines alimentaires dans l'organisme. Chez certaines personnes, ce phénomène fait défaut pour certaines molécules dont l'ingestion entraîne une allergie alimentaire. 1. La tolérance orale La tolérance orale est le mécanisme mis en place, par défaut, par le système immunitaire en présence des protéines alimentaires. Ainsi, une exposition orale à des antigènes chimiques ou alimentaires entraine une diminution de la réponse immunitaire vis à vis du composé en question, que ce soit chez l’homme (57-60) ou chez l’animal (58, 61, 62). Ce mécanisme s’accompagne d’une augmentation de la sécrétion de certaines Ig (IgG et IgA), ainsi que d’une inhibition de la voie Th2 (voie conduisant à l’induction de l’allergie). La réponse Th1 est également capable de moduler l’intensité de la réponse Th2, de sorte qu’il existe une « balance Th1/Th2 » (63) (Figure 3). La voie Th1 est ainsi considérée comme une voie inhibitrice des réponses d’hypersensibilité de type I. Figure 3 : La balance Th1/Th2 : l’IL-12 induit la différentiation des LT Th0 naïfs en LT Th1 (IFNγ) impliqués dans les voies de défense cytotoxiques contre les pathogènes. L’IL-4 induit la différentiation des LT Th0 en LT Th2 (IL-4 et l’IL-5) impliqués dans les voies de défense contre les parasites et les hypersensibilités de type I et IV. Ces deux sous-populations de LT CD4+ sont capables de s’inhiber l’une et l’autre, de sorte qu’il existe une « balance Th1/Th2 ». 24 Cependant, la balance Th1/Th2 n’explique pas, à elle seule, le mécanisme de la tolérance orale. Cette dernière met en effet en jeu d’autres processus liés à d’autres lymphocytes T CD4+ : les cellules T régulatrices (Treg). De nombreux Treg ont été décrits à ce jour. Deux sous-groupes peuvent être distingués : les lymphocytes T régulateurs naturels (CD4+ CD25+ FoxP3+) qui se différencient au niveau du thymus et les lymphocytes T régulateurs induits comme les lymphocytes Th3 et les lymphocytes Tr1 (64). Les lymphocytes Th3 sécrètent majoritairement du TGF, ainsi que de faibles niveaux d’IL-4 et d’IL-10. Le TGF est une cytokine jouant un rôle important dans le processus de tolérance notamment en stimulant la sécrétion des IgA (65). Il a été prouvé que cette cytokine peut réduire la réaction d’hypersensibilité retardée dans un modèle de souris lorsqu’elle est administrée de manière systémique avant la provocation (66). Il a aussi été montré que les cellules épithéliales, présentes au niveau du duodénum d’enfants présentant une allergie alimentaire, exprimaient peu le TGF (67). Les lymphocytes Tr1 sécrètent l’interleukine 10. L’IL-10 est produite par les cellules des plaques de Peyer; ceci a notamment été mis en évidence dans un modèle animal de tolérance à la β-lactoglobuline (68). Cette cytokine joue par conséquent un rôle important dans le processus de tolérance. Enfin, les lymphocytes Treg naturels CD4+ CD25+ ont des propriétés immuno-suppressives et ont été décrits comme capables de supprimer la réponse d’hypersensibilité retardée chez la souris (69). Cependant, il semble que ce sous-type de lymphocytes Treg n’exerce pas de rôle dans le mécanisme de la tolérance orale. Différents facteurs peuvent moduler la tolérance orale, parmi lesquels : les propriétés physicochimiques de l’antigène, la voie d’immunisation, le fond génétique, l’âge et le microbiote. Ainsi, un antigène soluble entraîne plus facilement la tolérance qu’un antigène agrégé : ceci a notamment été prouvé chez la souris avec l’ovalbumine, pour laquelle la forme soluble entraînait peu de sécrétion de cytokines (IL-4, IFNγ), alors que la forme encapsulée de la protéine ne baissait pas l’intensité de la réponse T (70). La voie orale semble être la seule voie pouvant conduire à la tolérance aux antigènes alimentaires. En effet, une exposition cutanée avec des allergènes d’arachide induit directement la voie allergique de type Th2; il en est de même pour une sensibilisation épicutanée avec de l’ovalbumine (71-73). Le lait maternel semble jouer un rôle important dans les processus de tolérance (présence d’IgA, de T Fβ, voire de faibles doses d’allergènes) et il a notamment été montré que le lait pouvait prévenir de certaines réponses immunitaires antigènes-spécifiques (74-76). Il a été observé chez la souris que seuls les antigènes alimentaires apportés par la voie orale étaient retrouvés dans le lait. En effet, des antigènes injectés dans le sang par voie intra-veineuse ne sont pas détectés dans le lait (75). Parmi les différentes études réalisées chez la souris, il a été constaté que le fond génétique des individus avait une influence majeure sur l’acquisition de la tolérance orale. Ainsi, lorsque la tolérance orale est induite chez différentes souches de souris, l’intensité de la tolérance est très variable d’une souche à une autre (71, 77). L’âge des individus influence également fortement le mécanisme d’acquisition de la tolérance orale. Chez des individus très jeunes, chez qui le système immunitaire est considéré comme immature, la tolérance semble plus difficile à se 25 mettre en place. Chez la souris, une administration d’ovalbumine le premier jour de vie entrainera une réponse immunitaire spécifique à l’âge adulte. En revanche, la même administration après la première semaine de vie entrainera la tolérance de l’individu (75, 78, 79). Il semble que cette forte immaturité immunologique à la naissance soit une particularité des rongeurs et que les nouveaux nés humains soient plus proches des souris de 7 jours (75, 79, 80). De plus, s’il est assez facile d’induire la tolérance chez un sujet adulte (souris de 8 mois), il est plus difficile de l’induire chez un sujet âgé (souris de 20 mois) (81). Chez l’homme, la tolérance aux antigènes alimentaires semble se dérouler dans une fenêtre d’exposition aux protéines critique et précoce du développement (82). Cette fenêtre de temps n’est pas claire. Actuellement nous avons certaines évidences pour dire que cette période se déroulerait à l’âge de 4 et 6 mois (82). Enfin, des études menées chez des souris axéniques (dépourvues de microbiote) ont mis en évidence l’importance du microbiote dans les processus d’acquisition de la tolérance (71, 81, 83)). Des études de flores chez l’homme ont montré que des altérations du microbiote conduisaient à une rupture de la tolérance et à l’émergence d’intolérances et d’allergies alimentaires (84). 2. La réponse allergique L’immunoglobuline majeure de l’allergie est l’IgE. Elle est l’immunoglobuline la moins abondante dans le corps : chez l’adulte sain, son taux physiologique moyen avoisine les 100 ng/ml, soit une concentration 100 000 fois plus faible que celle des IgG (85, 86). Chez les individus atopiques, le taux moyen d’IgE est beaucoup plus élevé mais subit des variations physiologiques intra- et inter-individuelles (87, 88). La réaction allergique est un processus se déroulant en deux phases : - Au cours de la phase de sensibilisation (Figure 4), une molécule allergénique franchit la muqueuse et est capturée par une CPA. Cette CPA présente la molécule allergénique à des lymphocytes Th0 naïfs qui se différencient alors en lymphocytes Th2 en présence d’IL-4. Les lymphocytes activés produisent des cytokines de type Th2, comme l’IL-4, l’IL-5 ou l’IL-13, ce qui active la production d’IgE spécifiques de l’allergène par les plasmocytes (89). L’IL-4 et l’IL-5 régulent également la colonisation et l’activation de cellules de l’inflammation comme les mastocytes et les granulocytes basophiles. De plus, les IgE sécrétées se lient aux récepteurs FcRI, également appelés « récepteurs de haute affinité aux IgE », qui sont abondamment exprimés à la surface des mastocytes et des basophiles (90, 91). - Lorsqu’un nouveau contact a lieu avec le même allergène, la phase de déclenchement est induite (Figure 4). Lors de cette deuxième phase de la réponse allergique, l’allergène se lie directement aux IgE spécifiques fixées à la surface des mastocytes. Lorsqu’au moins deux récepteurs FCRI sont activés, les granules présents dans le mastocytes sont expulsés, libérant de nombreux médiateurs de l’inflammation. Parmi ces composés sont retrouvés : l’histamine, la tryptase, la -hexosaminidase, ainsi que d’autres médiateurs de l’inflammation, impliqués dans la phase clinique de la réponse allergique. 26 Figure 4 : Mécanisme de l’allergie : au cours de la phase de sensibilisation, l’allergène franchit la barrière épithéliale et est capturée par une CPA. Il est présenté à un LT naïf se différenciant en LT Th2 sécrétant l’IL-4. La production d’IgE spécifiques de l’allergène est ainsi activée. Ces IgE se fixent ensuite sur les mastocytes. Lors de la phase de déclenchement de l’allergie, un nouveau contact avec l’allergène induit la dégranulation des mastocytes, libérant de nombreux médiateurs de l’inflammation. Ces molécules augmentent la perméabilité para-cellulaire, favorisant le passage des allergènes à travers la muqueuse et amplifiant la réponse allergique. Les phases de sensibilisation et de déclenchement de la réaction allergique sont conditionnées par le transport de l’allergène au niveau de la muqueuse intestinale pour que celui-ci puisse être au contact du système immunitaire (92). Il faut rappeler qu’environ 90% des protéines alimentaires sont dégradées par les protéases gastrique, pancréatique et intestinale (au niveau des bordures en brosse). Ainsi, seulement 10% des protéines sont non dégradées et donc capables de franchir la barrière. En effet, de l’ovalbumine a été retrouvée intacte dans le sang après consommation d’œuf (93), il en est de même pour l’HRP, l’-et la -lactoglobuline (94). Le transport des protéines alimentaires dépend de leur taille, polarité, forme, statut d’agrégation et structure 3D. Il peut se procurer par voie paracellulaire ou transcellulaire (92) (figure 5). Le transport paracellulaire se fait au niveau de l’espace intercellulaire entre les cellules intestinales et il est régulé par l’intégrité des jonctions serrées. Lors de ce transfert, les protéines ne sont pas exposées aux lysosomes dans l’entérocyte et sont donc non dégradées. Le transport transcellulaire est induit par diffusion passive, par des transporteurs spécifiques ou par endocytose (la plus fréquente). L’endocytose peut conduire à des formes dégradées, peu dégradées (endosomes) ou intactes (voie non lysosomiale) de la protéine. La prise en charge de l’antigène au niveau de la barrière intestinale peut être réalisée par l’entérocyte (la cellule la plus abondante), les cellules M (cellules épithéliales spécialisées présentes au niveau des plaques de Peyer, (95)) ou la cellule dendritique capable d’émettre des dendrites au niveau des jonctions serrées sans perturber la barrière intestinale pour capturer l’antigène dans la lumière intestinale (96). 27 Figure 5 : Les différentes voies de passages des antigènes à travers la barrière intestinale (d’après (92)). Il n’a pas été observé de défaut constitutif de la perméabilité intestinale chez des sujets allergiques (97). En effet, après un régime d'exclusion, les valeurs de perméabilité, augmentées en phase active de la maladie, retournent à la normale après un régime d'exclusion (98). La réaction allergique est donc initiée par un transport transcellulaire de l’allergène (figure 6). Ainsi, l’allergie semble se dérouler en deux temps. La première phase dite « indépendante du mastocyte » correspond au passage de l’allergène par transcytose à travers les cellules épithéliales intestinales pour induire la sensibilisation et le déclenchement de la réaction. Des complexes allergène-IgE peuvent aussi être transportés par transcytose de la lumière de l’intestin vers la séreuse via le récepteur aux IgE de basse affinité FcRII (CD23) exprimé à la surface des entérocytes (99, 100) (figure 6). Il existe deux isoformes de ce récepteur : le CD23a localisé sur les deux pôles, apical et basal, de l’entérocyte et le CD23b uniquement présent en apical. L’isoforme CD23a est impliquée dans le transport bidirectionnel des IgE et le transport des complexes IgE-allergène du compartiment apical vers le compartiment baso-latéral est assuré par le CD23b (101). Ces différentes formes de CD23 permettent d’apporter des IgE dans l’espace luminal et de transporter l’allergène lié à un IgE au niveau de la séreuse qui est riche en mastocytes (Figure 5). Ce transport des complexes allergène-IgE les protège de la dégradation par les lysosomes, ce qui fait que les formes allergéniques sont intactes au niveau de l’environnement séreux (102). La deuxième phase de l’allergie, dite « dépendante du mastocyte », conduit à une augmentation de la perméabilité intestinale de façon non spécifique (103) (figure 6). En effet à ce stade, le mastocyte activé par l’IgE va sécréter de la tryptase qui va à son tour activer le récepteur 2 protéase dépendant sur les cellules épithéliales coliques causant ainsi une redistribution des protéines des jonctions serrées et induisant un renforcement du transport de l'allergène via la voie paracellulaire (99, 104). Ce phénomène va alors permettre d’amplifier la réaction allergique. 28 Phase « mastocyte indépendante » Phase « mastocyte dépendante » Figure 6 : Passage de l’allergène et rôle du CD23 (d’après (99)) : lors de la phase de sensibilisation, l’allergéne est transporté par endocytose et seuls des peptides sont présentés aux CPA. Les IgE sécrétées dans le compartiment séreux sont transportées dans le compartiment luminal par transcytose via leur adhésion au récepteur CD23. Des complexes allergène/IgE se forment alors. Ces complexes peuvent ensuite être internalisés par un mécanisme identique, participant ainsi à la phase de déclenchement de la réponse allergique. A ce stade, le mastocye activé va sécréter de la tryptase qui va perturber l’intégrité de la barrière intestinale et conduire à un transport paracellulaire de l’allergène. 3. Modèles cellulaires et animaux Les allergies sont des phénomènes complexes car systémiques qui nécessitent ainsi des modèles à l’échelle de la cellule, mais surtout à l’échelle de l’organisme, pour comprendre les mécanismes mis en jeux dans ces réactions. a. Modèles cellulaires et organes ex vivo Des modèles cellulaires ont été développés pour étudier certains aspect de l’initiation de l’allergie (modèles d’épithélium pour étudier le passage des allergènes comme les cellules Caco-2 ou HT-29) (105) ou du déclenchement de la réponse allergique (basophiles capables de dégranuler comme les cellules RBL) (106, 107). Il est également possible de dériver des cellules dendritiques à partir d’échantillons sanguins (monocytes du sang périphérique) (108). Ces lignées sont souvent dérivées de cellules cancéreuses dont les propriétés physiologiques demeurent éloignées des cellules saines. Elles restent cependant d’intéressants modèles pour étudier les mécanismes de l’allergie et ont été très utilisées. Les propriétés des tissus épithéliaux sont fortement liées aux différents types cellulaires qui les composent. C’est pourquoi, des modèles de co-culture de différents types cellulaires ont été développés (109112) afin d’augmenter la complexité des interactions avec l’allergène, et ainsi de s’approcher d’un contexte physiologique. Il est également possible d’étudier le passage d’allergènes à travers un fragment d’intestin obtenu par biopsie par la méthode ex vivo des chambres de Ussing (113, 114) (Figure 7). Cette technique permet d’atteindre des conditions encore plus physiologiques que le modèle Caco-2, mais demeure invasive (besoin d’une biopsie). 29 Figure 7 : Montage expérimental d’une chambre de Ussing (d’après Stewart et al., 1997, Adv. Drug Del. Rev) b. Modèles animaux Les modèles cellulaires présentent, certes, des avantages pour étudier des aspects très précis de la réponse allergique, mais il serait réducteur de ne pas employer des modèles à l’échelle de l’organisme. À ce titre, les modèles animaux permettent de mieux appréhender la complexité de la réponse allergique dans le but de mieux la comprendre. De nombreux modèles d’animaux allergiques ont été développés : porcs, chiens, cobayes, rats et souris (115-119). Bien que la souris constitue un modèle intéressant pour étudier les allergies, son système digestif présente une surface de contact très faible vis à vis du bol alimentaire, comparativement à celui de l’homme. C’est pourquoi des modèles de porcs sont plus souvent employés pour étudier la physiologie intestinale. Parmi les différents modèles utilisés, l’un des plus employés reste néanmoins le modèle souris (119-127). La souris présente en effet un certain nombre d’avantages qui font de cet animal un modèle de choix : c’est un animal de petite taille, son cycle de reproduction est court, son immunologie est bien connue et assez proche de celle de l’homme (128), son génome a été entièrement séquencé, il peut être modifié génétiquement et de nombreux biomarqueurs impliqués dans la réaction allergique sont décrits chez cet animal. De nombreuses techniques ont aussi été développées pour étudier la physiologie de son organisme. Contrairement à l’homme, la souris ne sécrète pas d’Ig 4 et ses types d’Ig sont : IgG1, IgG2a, IgG2b et IgG3. Chez la souris, l’IL-4 induit la sécrétion d’Ig 1 dans un premier temps, puis d’IgE (129); l’IFNγ a été montré comme induisant la sécrétion d’Ig 2a (130, 131). Ainsi, chez la souris, une exposition à des allergènes induit une production d’immunoglobulines spécifiques (Ig 1, puis IgE), associée au développement d’une réaction immédiate d’hypersensibilité après une provocation avec l’allergène (132), voire des symptômes d’anaphylaxie après provocation avec une forte dose d’allergène (119). Cette réponse doit être provoquée par une administration d’allergène car les souris, exception faite de la souche NC/Nga (133), ne développent pas spontanément d’allergie. L’efficacité et le niveau d’induction de la voie Th2 varient fortement en fonction de divers paramètres tels que le fond génétique de la souris, la 30 voie d’administration de l’allergène, sa dose, sa fréquence d’administration et le type d’adjuvant utilisé (132). III. Des Stratégies nutritionnelles pour lutter contre les allergies alimentaires A ce jour, il n’existe pas de traitement pour lutter contre les allergies alimentaires, seule l’éviction pure et simple de l’aliment responsable est possible. Toutes les stratégies, visant donc à diminuer et/ou à prévenir ce risque allergique, doivent être explorées. De nombreuses pistes existent notamment celles des prébiotiques, des probiotiques, des synbiotiques et des polyphénols. A. La stratégie des prébiotiques, des probiotiques et des synbiotiques : Les prébiotiques (tableau 1 : FOS, OS, inuline, …) sont des ingrédients alimentaires nondigestibles. Ils stimulent la croissance de certaines bactéries au sein du microbiote autochtone considéré comme bénéfique en terme de santé pour le nouveau-né (134-136). Ces prébiotiques ont ainsi une action indirecte sur le système immunitaire intestinal en diminuant le risque infectieux (137, 138) et en l’orientant vers la tolérance (139). Ils renforcent aussi la barrière intestinale (140-143). Ils pourraient également exercer une action directe sur le système immunitaire, notamment en interagissant avec des protéines se liant aux glycanes, appelées «galectines », qui peuvent exercer des propriétés immunomodulatrices (induction de cellules Treg ou inhibition des cellules T effectrices) en se fixant à certains récepteurs des lymphocytes T (144, 145). Ces effets sur le système immunitaire et la barrière intestinale ont conduit à l’utilisation des prébiotiques en alimentation postnatale chez l’homme (136, 146) et chez la souris (147-150) pour prévenir des allergies. Ces études réalisées chez l’enfant ou chez la souris adulte restent peu nombreuses et hétérogènes mais convergent vers un effet protecteur des prébiotiques vis-à-vis de l’allergie. Il existe aussi d’autres prébiotiques qui sont naturellement présents dans le lait maternel : les oligosaccharides du lait humain (HMO) (151). Ce sont des glycanes complexes qui sont très abondants dans le lait maternel humain. Les formules infantiles ne contiennent que des traces de ces oligosaccharides. L’effet bénéfique des HMO dans le lait maternel pour l'enfant allaité est actuellement inconnu. Il est généralement admis que les HMO ont des effets prébiotiques. Ils semblent avoir de multiples autres effets : limiter l’adhésion des pathogènes, réduire l'adhérence des leucocytes, l’extravasation et l’activation cellulaire, modifier les surfaces épithéliales, la machinerie de glycosylation des cellules épithéliales intestinales et les profils d'expression de l'attachement des agents pathogènes. Mais leurs effets in vivo restent à élucider. De plus en plus, les préparations pour nourrissons sont complétées avec des oligosaccharides non-HMO, comme les galactooligosaccharides (GOS) et les fructooligosaccharides (FOS). Ces formules pour enfants sont donc enrichies en oligosaccharides qui ne sont pas naturellement présents dans le lait maternel et qui sont structurellement très différents des HMO. La plupart des effets attribués aux HMO semblent être très dépendants de leur structure. Par conséquent, les oligosaccharides des formules infantiles peuvent avoir 31 des effets très différents des HMO. Des recherches approfondies sur les HMO et leurs effets santé sont donc nécessaires pour comprendre leurs avantages fonctionnels. Les probiotiques sont aussi une piste intéressante pour la réduction ou la prévention des allergies. La définition actuelle de « probiotiques » est « micro-organimes qui, lorsqu’ils sont consommés en quantités adéquates, exercent un effet bénéfique sur la santé de leur hôte ». Ces microorganismes sont, le plus souvent, ingérés vivants et doivent, auquel cas, résister aux conditions physico-chimiques drastiques du tractus digestif (152). Les genres bactériens les plus fréquemment employés comme probiotiques sont Bifidobacterium et Lactobacillus (153, 154), bien qu’il n’ait jamais été prouvé que ces genres étaient plus efficaces en tant que probiotiques que d’autres microorganismes tels que Escherichia coli, Lactococcus ou encore Saccharomyces. Ces différents probiotiques ont été testés bien avant que la composition du microbiote humain soit connue et, de fait, les souches choisies comme probiotiques potentiels dépendent plus souvent d’un contexte historique particulier plutôt que d’une analyse plus poussée d’un panel de souches et de leurs effets sur l’organisme (155). Les probiotiques sont ainsi des microorganismes allochtones qui sont à différencier du microbiote (microorganismes autochtones). De nombreux effets des probiotiques sur la santé animale et humaine ont été décrits. Ces bactéries exercent des effets protecteurs non-immuns en sécrétant des molécules anti-microbiennes pouvant perturber la croissance d’autres espèces bactériennes (156); elles peuvent aussi limiter l’adhérence d’autres bactéries aux cellules épithéliales (157). Des effets des probiotiques ont également été mis en évidence sur le renforcement de la barrière intestinale (jonctions serrées, mucines) (158, 159). Certaines de ces bactéries peuvent moduler l’activité des cellules de l’immunité innée (cellules NK, macrophages) (160). Elles peuvent aussi agir sur les effecteurs de l’immunité adaptative (160) bien que leurs effets sur la deuxième ligne de défense du système immunitaire demeure encore controversée à cause de résultats très variables en fonction des souches utilisées. De nombreuses souches de probiotiques ont été utilisées lors des recherches réalisées chez l’homme pour la prévention des allergies, mais l’une d’entre elles a été plus particulièrement étudiée : Lactobacillus rhamnosus GG (LGG) (161-163). De manière surprenante, même si cette souche est administrée dans des conditions similaires, elle semble présenter des effets contradictoires. Ainsi, parmi les deux analyses réalisées en périnatal avec LGG (162, 164), une seule établit une diminution de l’incidence de l’atopie chez les enfants à 2 ans qui persiste à 4 ans et à 7 ans (164 , 165). De plus, lorsque LGG est administré uniquement aux enfants, aucun effet préventif n’est observé (163). Les études réalisées chez l’animal semblent décrire un effet bénéfique des probiotiques sur le traitement de l’allergie. Cependant à ce jour, les résultats des travaux cliniques humaines ne permettent pas de conclure sur leur efficacité, notamment sur le long terme (166). Un autre concept découle des probiotiques et des prébiotiques : les synbiotiques. Les synbiotiques (« syn » pour synergie) ont été définis comme « un produit contenant une combinaison de probiotique(s) et de prébiotique(s) » (167). Ce mélange particulier a pour but d’augmenter la survie des bactéries allochtones et de stimuler leur implantation dans le tractus gastro-intestinal. Des expériences ont ainsi été conduites pour tester différentes combinaisons et leur efficacité sur la survie des bactéries administrées (168). Le lait maternel constitue un 32 synbiotique naturel dans la mesure où il contient à la fois des bactéries vivantes (169) et des oligosaccharides potentiellement prébiotiques (170). L’effet des synbiotiques sur la prévention et le traitement de l’allergie a été très peu étudié. Deux études cliniques ont été effectuées : une concernant leur effet préventif (171) et l’autre, leur effet curatif (172). On recense une seule analyse chez l’animal pour évaluer leur effet préventif (173). Toutes ces études concluent sur l’efficacité de ces combinaisons de suppléments alimentaires, mais l’absence de travaux complémentaires ne permet pas, à l’heure actuelle, de tirer de conclusion générale de ces recherches. B. La stratégie des polyphénols : Les liants polymériques alimentaires semblent avoir des propriétés intéressantes pour réduire l’allergénicité des protéines alimentaires. Ces polyphénols sont classés principalement selon leurs propriétés chimiques de structure : la fixation d'un ou plusieurs groupes hydroxyle au noyau aromatique (groupes phénol) permet de les distinguer des autres composés chimiques. Les grandes classes de polyphénols les plus courantes et les mieux caractérisées sont : les acides phénoliques (acides hydroxycinnamiques, acide caféique), les flavonoïdes (catéchine, quercétine, cyanidine, rutine), les lignanes (phyto-œstrogènes) et les stilbènes (resvératrol). Certaines classes de polyphénols peuvent influencer le développement des réponses immunitaires allergiques à deux étapes critiques, principalement au cours de la sensibilisation allergique et lors de la ré-exposition à l'allergène. Lors de la phase de sensibilisation, certains polyphénols tels que les acides caféique et férulique seraient capables de former des complexes insolubles avec les protéines potentiellement allergènes diminuant ainsi leur allergénicité. Les polyphénols appartenant au groupe des flavonoïdes sont aussi connus pour avoir un effet soit direct sur la présentation de l'antigène par les cellules dendritiques (DC), soit indirect en inhibant à la surface de la cellule l’expression du CMH-II et des molécules de co-stimulation (CD80, CD86) conduisant à la présentation inefficace de l’antigène. Ils peuvent aussi avoir un impact sur la fonction de la DC en inhibant la production de cytokines (174, 175). Chez les personnes sensibilisées, la ré-exposition à l’allergène conduit à la différenciation et l'expansion des cellules T CD4 auxiliaires de type 2 (Th-2) qui conditionnent la réponse immune adaptative en sécrétant des médiateurs de la réaction allergique comme les cytokines IL-4 , IL-5 et IL- 13. Ces cellules Th-2 jouent un rôle important pour la production d’IgE par les cellules B ainsi que pour la sécrétion de chimiokines qui attirent les cellules de la réaction allergique telles que les mastocytes et les éosinophiles sur les sites inflammatoires. Les polyphénols tels que les catéchines et leurs dérivés sont capables d'inhiber la production de cytokines Th-2 (176-179) et d’agir sur l'activation, la prolifération et le recrutement des lymphocytes T (180-183). Le recrutement des cellules B aux sites inflammatoires et la production d'IgE semblent également être inhibés par la consommation de polyphénols (178, 184-186). L’effet immunologique d’un polyphénol tel la quercétine a été bien étudié dans le contexte des allergies. Elle est capable d’inhiber la dégranulation notamment la libération d'histamine par les mastocytes et les basophiles (187190). Ainsi, deux mécanismes sont proposés : un où les polyphénols impactent sur la formation de complexes IgE-allergène et un autre où ils agissent sur la fixation de ces complexes à leur récepteur (FcRI) sur les mastocytes et les basophiles (191-194). 33 NOTICE DES TITRES ET TRAVAUX RETRAÇANT LES RESULTATS LES PLUS SIGNIFICATIFS DEPUIS LE DEBUT DE CARRIERE Nous verrons tout au long de ce manuscrit que mes recherches, depuis plus de 14 ans, se sont toujours basées sur le même type d’approche. En effet, j’ai systématiquement réalisé des études mécanistiques de certains acteurs du système immunitaire pour aider à la compréhension, au diagnostic et au traitement de certaines pathologies (infections virales, cancer et allergies alimentaires). Ce type de raisonnement permet de donner un sens à mes recherches en termes d’applications potentielles pour la santé. J’ai tout d’abord réalisé mon doctorat de Science (spécialité immunologie) de 1998 à 2001 au sein de l’unité 463 INSERM de Nantes spécialisée en immunocancérologie et immunopathologie. Ce travail a porté sur « l’étude de la contribution relative du TCR, du CD8 et des molécules accessoires dans l'activation et la sélection des lymphocytes T cytotoxiques humains ». J’ai ensuite obtenu un contrat de chercheur hospitalier (CHU Hôtel Dieu, Nantes) d’une durée d’un an, de 2002 à 2003, pour mettre en place une plateforme de production de protéines recombinantes dédiée à la recherche fondamentale et la recherche clinique. En 2003, j’ai été recrutée comme chargée de recherche 2ème classe au sein de l’unité URPVI (Unité de Recherche sur les Protéines Végétales et leurs Interactions) de l’INRA de Nantes intitulée désormais UR 1268 BIA (Unité de Recherche Biopolymères Interactions Assemblages). Ma mission de recherche était d’étudier les mécanismes de la réaction d’allergie alimentaire à travers le développement de modèles cellulaires et animaux. En 2007, je suis devenue chargée de recherche 1ère classe. De 2007 à aujourd’hui, j’ai poursuivi mes travaux sur l’étude des mécanismes de l’allergie alimentaire. J’ai participé à l’émergence d’une nouvelle thématique de recherche, à ce jour inexistante en France, associant la science de l’aliment (biochimie des protéines) à l’immunologie. Cette thématique vise à étudier l’impact de l’alimentation (protéines alimentaires, procédés industriels, prébiotiques, fibres) sur l’orientation du système immunitaire et les mécanismes de la réaction allergique. Dans cette partie « notice des titres et travaux », je vous exposerai les résultats marquants obtenus au cours de mon doctorat (1998-2001), de ma carrière de chercheur hospitalier (20022003) et surtout de chercheur à l’INRA (2003- à maintenant). 34 DE 1998 A 2001 : RESULTATS MARQUANTS AU COURS DE MON DOCTORAT : les mécanismes associés aux lymphocytes T CD8 dans le cancer et les infections virales J'ai réalisé mon doctorat de octobre 1998 à décembre 2001 au sein de l’INSERM U463 de Nantes « Interactions ligands-récepteurs en immunocancérologie et immunopathologie » dirigée par le docteur Marc Bonneville. Ce travail avait pour objectif d’évaluer la contribution relative de certaines molécules, le TCR et le CD8, dans les mécanismes de sélection et d’activation des lymphocytes T au cours de la réponse immune d’origine virale (Epstein Bar Virus EBV, cytomégalovirus CMV) ou tumorale (mélanome). I. Etude 1 : Rôle du CD8 et du TCR dans la sélection des lymphocytes T anti-viraux A. But et intérêt scientifique De nombreuses études se sont efforcées de caractériser le répertoire lymphocytaire T dirigé contre un épitope donné en terme d’avidité et de diversité des TCRs, mais de nombreuses questions restent en suspens. Une partie de mon travail a consisté à étudier la diversité et la réactivité du répertoire lymphocytaire T dirigé contre une protéine de l'EBV au cours de stimulations antigéniques répétées. Pour ce faire, nous avons effectué une analyse approfondie des caractéristiques structurales et fonctionnelles de clonotypes dirigés contre le même complexe CMH-peptide chez un individu donné. Nous avons également évalué la part relative du TCR et du co-récepteur CD8 dans la sélection et la persistance à long terme de ces clonotypes spécifiques. B. Programme et méthode de recherche Pour évaluer la diversité du répertoire de reconnaissance, nous avons caractérisé les deux chaînes, et des TCRs des clones sélectionnés par séquençage. Pour évaluer le profil de réactivité en fonction des chaînes Vdes clones, nous avons réalisé une analyse par Alanine scan. Cette analyse consiste à tester la capacité des clones à tuer le cellule B autologue chargée avec les différents peptides issus du peptide nominal mais mutés à chaque position par une alanine. Pour évaluer l'influence de l'avidité globale des lymphocytes T pour leur cible nous avons évalué la quantité de peptide nécessaire pour déclencher 50% de leur réponse cytotoxique (ED50). L’avidité est la résultante de plusieurs facteurs, comprenant l’affinité intrinsèque du TCR pour le complexe CMH-peptide, la densité des TCRs à la surface des cellules T, le degré d’engagement des co-récepteurs CD4 et CD8 et le degré d’expression des molécules d’adhésion (LFA-1, VLA-4…). Pour estimer la contribution de l’affinité du TCR dans l’avidité globale nous avons évalué la CD8 dépendance des clones. Nous avons donc analysé l’activité cytolytique des clones en présence ou en absence de concentration saturante d’anticorps anti-CD8. 35 C. Résultats Nous avons constaté que l'ensemble de ces clones sélectionnés in vivo avaient une même avidité pour leur cible malgré des différences d'affinité de leurs TCRs. Cette différence d'affinité était compensée par une contribution variable du co-récepteur CD8 dans l'interaction TCR-CMH/peptide, préservant ainsi les différents clonotypes au sein de cette fenêtre d’avidité. L'ensemble de ces résultats a fait l'objet d'une publication : Bodinier, M., Couedel, M, Peyrat, MA, Bonneville, M, Davodeau, F and Lang, F. Selection and longterm persistence of reactive CTL clones during an EBV chronic response are determined by avidity, CD8 variable contribution compensating for differences in TCR affinities. 1999. J. Immunol. 162:6351. II. Etude 2 : Rôle du CD8 et du TCR dans l’activation des lymphocytes T antiviraux Cette première étude avait démontré l'importance du CD8 dans la sélection des clones antiviraux au cours de la réponse immune. J’ai donc par la suite cherché à redéfinir chez l’homme les signaux activateurs dépendants de l’interaction entre le TCR et le complexe CMH-peptide et du co-récepteur CD8 avec le CMH en s’affranchissant totalement des molécules accessoires. Pour s’affranchir des signaux fournis par les molécules de costimulation présentes sur les APC, nous avons réalisé des molécules HLA solubles biotinylées qui peuvent être chargées en peptides et tétramérisées par la streptavidine. Ce réactif, appelé tétramère HLA, a la capacité de se fixer sur le récepteur des lymphocytes T commis contre le peptide correspondant. Il a été très utilisé dans de nombreuses publications pour identifier par cytofluorométrie le répertoire lymphocytaire T dirigé contre un épitope donné au cours d’infections virales ou bactériennes ou dans un contexte tumoral. A. Programme et méthode Génération de molécules HLA solubles chargées en peptides et biotinylées : La génération de complexe CMH de classe I-peptide est illustrée sur la figure 8. Pour ces complexes, la chaîne lourde et la 2m sont produites séparément sous forme de corps d’inclusion dans la bactérie E. Coli et solubilisées dans l’urée 8M. Ces deux chaînes sont ensuite mélangées avec le peptide d’intérêt pour ensuite permettre la formation de monomères CMH-peptide-2m. Ces monomères sont biotinylés par l’enzyme recombinante BirA et ils sont ensuite purifiés sur colonne échangeuse d’ions. Ils peuvent être tétramérisés avec de la streptavidine fluorescente. Pour évaluer la contribution du CD8 dans l'activation des lymphocytes T, nous avons réalisé un tétramère HLA-A*0201 muté au niveau de son domaine d’interaction avec le CD8. Il a été démontré que la molécule HLA-Aw68 est incapable de fixer le co-récepteur CD8 du fait du remplacement de l’alanine en position 245 par une valine (195). Nous avons donc choisi d’introduire cette mutation AlaVal dans la molécule HLA-A0201. Une fois la construction 36 effectuée, les tétramères ont été produits selon la technique décrite auparavant et la mutation a été introduite. Figure 8 : Représentation schématique de la génération des tétramères CMH-peptide (196). Nous avons réalisé une étude comparative de l'efficacité de marquage et d'isolement de cellules spécifiques des tétramères natifs et mutés. Une des applications majeures des téramères CMH-peptide est de marquer spécifiquement des cellules T au sein d’une population polyclonale et de les analyser par cytofluorimétrie (FACS: Fluorescence Activated Cell Sorter). L'autre application des téramères CMH-peptide consiste à trier de cellules T spécifiques. Cette technique est basée sur l’utilisation de billes magnétiques chargées en streptavidine sur lesquelles il est possible de fixer les monomères CMH-peptide biotinylés. Nous avons réalisé une étude comparative du profil de phosphorylation obtenu après stimulation d'un clone avec le tétramère natif ou avec le tétramère muté. Pour réaliser cette étude nous avons effectué des analyses par Western-Blot de la phosphorylation sur tyrosine des protéines de la signalisation et une technique d’immunoprécipitation des chaînes du CD3. B. Résultats La mutation en 245 d'une alanine par une valine s'est avérée très efficace pour augmenter la capacité des tétramères HLA-A*0201-peptide à détecter et isoler des populations lymphocytaires T spécifiques. Cependant, elle ne nous a pas permis d'évaluer le rôle du co37 récepteur dans la transduction du signal d'activation car elle n'abrogeait pas totalement la fixation du CD8 au CMH. Ce travail a fait l’objet : - d’un article scientifique : Bodinier, M., Peyrat, MA, Tournay, C, Davodeau, F, Romagne, F, Bonneville, M and Lang, F. Efficient detection and immunomagnetic sorting of specific T cells using multimers of MHC class I and peptide with reduced CD8 binding. 2000. Nature Medicine (New tech.) 6:707. - d’une revue : Lang F, Bodinier M. MHC-peptide multimers: tools of choice for detecting and sorting antigen-specific T-cells. Transfusion. 2001 May;41(5):687-90. De plus, nous avons déposé un brevet (numéro: 3311199) sur la molécule mutée elle-même et sur ses applications en immunothérapie et en diagnostic. Nous avons accordé la licence d'exploitation à la société Beckman Coulter International (BCI). III. Etudes collaboratives visant à développer des stratégies immuno-thérapeutiques pour traiter certains cancers (leucémie et mélanome) à l’aide des tétramères CMH-peptide : Mon travail de thèse a fait l'objet de certaines collaborations avec l'équipe du Professeur Francine Jotereau (INSERM U463 de Nantes) et celle du docteur Eric Robinet (INSERM E0119 de Besançon). Ces deux équipes ont pour objectif d'obtenir in vitro des populations lymphocytaires T spécifiques d'antigènes viraux ou tumoraux pour les réinjecter ensuite aux patients cancéreux (leucémie et mélanome). J’avais aussi entrepris une collaboration plus fondamentale avec le Dr Houssaint (INSERM U463 de Nantes) sur le rôle de certains épitopes issus de l'EBV restreints par le HLA-B27 (HLA de forte susceptibilité aux arthrites chroniques) chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR), de syndrome de Reiter ou de spondylarthropathies. A. Méthode : Ma contribution technologique dans ces études a été de réaliser les différents tétramères HLApeptides : - - le tétramère HLA-A0201/BMLF1 (protéines de l'EBV). les tétramères HLA-A2/NA17-A ou Melan-A (peptides de mélanome). Ces tétramères une fois produits selon la technique décrite auparavant sont ensuite utilisés pour détecter le pourcentage de cellules spécifiques après stimulation par marquage mais aussi pour purifier ces cellules d’intérêt par tri immunomagnétique. le tétramère HLA-B27/ BCRF1 (protéine de l’EBV). Ces tétramères B27/BCRF1 ont ensuite été utilisés pour marquer et isoler des populations lymphocytaires T spécifiques de ce contexte. B. Résultats : Ces travaux ont fait l’objet de nombreuses publications : 38 Saulquin, X., Bodinier, M, Peyrat, MA, Hislop, A, Scotet, E, Lang, F, Bonneville, M and. Houssaint, E. Frequent recognition of BCRF1, a late lytic cycle protein of Epstein-Barr virus, in the HLA-B*2705 context: evidence for a TAP-independent processing. 2001 Eur. J. Immunol. 31: 708. Sauce, D, Bodinier, M, Garin, M, Petracca, B, Tonnelier, N, Duperrier, A, Melo, J, Apperley, J, Ferrand, C, Hervé, P, Lang, F, Tiberghien, P and Robinet, E.. Retrovirus-mediated gene transfer in primary T lymphocytes impairs their anti-EBV potential through both culturedependent and gene transfer-dependent mechanisms. 2002. Blood. 99: 1165. Labarrière, N, Bretaudeau, L, Gervois, N, Bodinier, M, Bougras, G, Diez, E, Lang, F, Grégoire, M and Jotereau, F. Apoptotic-body loaded dendritic cells efficiently cross-prime CTL specific for NA17-A but not for Melan-A/MART-1 antigens. 2002. Int. J. Cancer. Sep 20;101(3):280-6. Sauce D, Rufer N, Mercier P, Bodinier M, Remy-Martin JP, Duperrier A, Ferrand C, Herve P, Romero P, Lang F, Tiberghien P, Robinet E. Retrovirus-mediated gene transfer in polyclonal T cells results in lower apoptosis and enhanced ex vivo cell expansion of CMVreactive CD8 T cells as compared to EBV-reactive CD8 T cells.2003. Blood. 102: 4. IV. Bilan du doctorat : Au cours de mon doctorat j’ai donc apporté de nouvelles données sur la compréhension du rôle de certains acteurs moléculaires du système immunitaire notamment le TCR et le CD8 dans les mécanismes de sélection et d’activation des lymphocytes T au cours de réponses immunes virales et tumorales. Ce travail a permis d’éclaircir l’importance de ces mécanismes dans ces pathologies et de développer un nouvel outil, le tétramère CMH-peptide, qui s’avère très intéressant en recherche fondamentale et en recherche clinique (diagnostic et thérapeutique). DE 2002 A 2003 : EXPERIENCE MARQUANTE AU COURS DE MA CARRIERE DE CHERCHEUR HOSPITALIER : application potentielle des tétramères CMH-peptide en recherche fondamentale et en recherche clinique Après l'obtention de ma thèse en décembre 2001, j'ai été engagée en tant qu’ingénieur hospitalier au sein de l’INSERM U463. L’objectif de ce poste a été de mettre en place une plateforme de production de protéines recombinantes. En effet, devant la demande grandissante pour les tétramères CMH-peptide et compte-tenue de mon expertise reconnue dans ce domaine, notre objectif au sein de cette plateforme a été de développer de nouveaux tétramères de classe I et de classe II qui puissent être utilisés en recherche fondamentale et en recherche clinique. Ce travail m’a permis de valoriser l’expérience et les compétences que j’avais acquises au cours de mon doctorat et d’en mesurer les applications potentielles pour la santé de l’homme. 39 DE 2003 A MAINTENANT : RESULTATS MARQUANTS OBTENUS AU COURS DE MA CARRIERE DE CHERCHEUR A L’INRA : les mécanismes des allergies alimentaires et leur modulation (réduction, prévention) par l’alimentation I. Problématique de recherche En février 2003, j’ai été recrutée à l’unité URPVI (unité de recherche sur les protéines végétales et leurs interactions) de l’INRA de Nantes en tant que chercheur CR2 au sein de l’équipe 3A (Assemblage, Agrégation, Allergie) dirigée par un DR2 (Y. Popineau). Je travaillais au sein du groupe « allergie » (2CR, 1TR) en étroite collaboration avec S. Denery (CR1) qui s'intéressait déjà depuis plusieurs années à l'allergie alimentaire à la farine de blé (AAFB). Ses objectifs étaient de caractériser les allergènes majeurs et les épitopes reconnus par les IgE des patients, d’examiner l'influence du polymorphisme des protéines de blé sur leur allergénicité, d’étudier leur résistance aux hydrolyses digestives ainsi que l'impact de divers procédés de transformation. Ma mission était de compléter ces recherches par l’étude des mécanismes de la réaction allergique à l’aide de nouveaux modèles in vitro et in vivo. Je cherchais notamment à évaluer la capacité des allergènes à franchir la barrière intestinale, à sensibiliser l’organisme (production d’IgE) et à déclencher la réaction allergique. La finalité de nos études était de réduire l’allergénicité des protéines de blé soit par la voie génétique (recherche de variétés possédant des allèles hypoallergéniques ou nuls), soit par divers traitements technologiques. En 2005, lors de la formation de la nouvelle unité BIA (Biopolymères Interactions Assemblages), l’équipe Allergie aux protéines végétales (ALL) dirigée par Sandra DENERY a été créée. En 2007, j’ai obtenu le passage en CR1. J’ai alors poursuivi mes travaux de recherche sur l’étude des mécanismes de l’allergie alimentaire (AA) et nous avons fait émerger avec mes collègues de l’équipe Allergie un nouveau thème de recherche visant à moduler le système immunitaire et la réaction allergique par l’alimentation (prébiotiques, fibres, procédés de transformation). Cette thématique émergeante et inexistante en France est très originale car elle associe deux domaines très différents : la science de l’aliment (biochimie des protéines alimentaires) et l’immunologie. Aujourd’hui, l’unité BIA est constituée de 7 équipes thématiques, de 2 équipes transdisciplinaires et d’une équipe de direction et logistique (voir annexe 1 : Organigramme de l’Unité BIA). Le projet de l’unité a trois objectifs finalisés majeurs: (1) le contrôle de la qualité des productions végétales issues des plantes de grande culture pour répondre aux différents usages (alimentaires et non-alimentaires) dans un contexte d’agriculture durable et de changement climatique, (2) le développement de matériaux bio-sources et d’aliments fonctionnels dans une perspective d’écoconception, (3) l’amélioration de la valeur « santé » des aliments. Ces objectifs sont déclinés dans le projet d’unité en trois thèmes scientifiques : Thème 1 : Assemblage des biopolymères dans les organes végétaux au cours du développement ; contrôle de la variabilité en lien avec les propriétés d’usages. Thème 2 : Assemblages et propriétés des matrices alimentaires et matériaux bio-sourcés. 40 Thème 3 : Les structures, facteurs clé des aliments « santé » : réactivité, bio-accessibilité des nutriments et micronutriments et des allergènes alimentaires. L’équipe allergie aux protéines alimentaires s’insère dans le thème 3 de l’unité BIA. Cette équipe depuis 2005 s’est agrandie et elle est désormais constituée de 4 chercheurs (CR1), 2 ingénieurs, 2 assistants ingénieurs et 2 techniciennes. L’équipe travaille sur 2 aliments à la base de notre alimentation (œuf et blé) qui contiennent des allergènes alimentaires majeurs. Ses objectifs sont : 1) d’apporter des connaissances sur la structure des allergènes et des épitopes, et sur les mécanismes des allergies alimentaires (AA) pour améliorer le diagnostic des patients allergiques; 2) de déterminer des marqueurs pour prédire la sévérité ou l’évolution de l’allergie; 3) d’évaluer l’influence de certains facteurs (digestion, procédés alimentaires et génétique) sur l’allergénicité des protéines alimentaires (collaboration avec les équipes ISD et FIP de l’unité BIA); 4) de développer des approches pour réduire les risques liés aux AA par exemple l’utilisation de prébiotiques comme un moyen de prévention des AA via l’alimentation périnatale. Les thèmes de recherches de l’équipe sont donc basés sur la compréhension de l’allergénicité des aliments au travers de deux aspects : l’allergène et sa structure et les mécanismes biologiques. Elle met en avant deux axes de recherche. Le premier axe vise à acquérir des données structurales permettant de décrire les allergènes et leurs épitopes et tente de comprendre certains aspects de leur allergénicité en lien avec les données cliniques. Le deuxième axe, que je développe tout particulièrement, a pour objectif d’identifier les mécanismes biologiques de la réaction allergique et de les prévenir ou réduire par l’alimentation (prébiotiques). Concernant les mécanismes de l’allergie, j’étudie la translocation précoce de certains allergènes à travers la barrière intestinale à l’aide de lignées cellulaires in vitro (cellules Caco-2) et de modèles ex vivo à partir de fragments d’intestin (souris, homme) montés en chambre d’ussing (action 1). J’évalue l’impact des allergènes sous forme native ou modifiée par certains procédés technologiques (désamidation) sur le système immunitaire et leur capacité à sensibiliser l’organisme à l’aide de modèles animaux (action 2). Je m’intéresse aussi à l’effet des allergènes sur la phase de déclenchement de la réaction allergique c’est-à-dire leur capacité à faire dégranuler le basophile à l’aide de la lignée cellulaire RBL de rat (action 3). Depuis 2011, je cherche à comprendre les mécanismes de la marche atopique (passage de l’allergie alimentaire lors de l’enfance à l’allergie respiratoire à l’âge adulte) au travers du projet régional REAL2 en collaboation avec le Professeur Antoine Magnan (action 4). En 2008, j’ai choisi, en associtation avec mes collègues de l’équipe Allergie, de l’unité BIA (équipe PVPP : Marc Lahaye et Luc Saulnier) et de l’unité Phan (UMR 1280, INRA de Nantes, M. Champ), de développer un nouveau thème de recherche associant deux domaines très différents : la science de l’aliment et l’immunologie. Il est basé sur la modulation du système immunitaire et de la réaction allergique par l’alimentation. Ce travail permet d’appliquer la compréhension des mécanismes de l’allergie à l’élaboration future de stratégies de réduction ou de prévention de cette pathologie. Ainsi, j’évalue l’influence de certains compléments alimentaires comme les prébiotiques sur le système immunitaire et la prévention de l’allergie (action 5). Chaque action est indiquée sur la figure 9. 41 Procédés technologiques (désamidation) Action 2 Antigènes Microbiote prébiotiques Action 5 alimentaires lumière intestinale Barrière intestinale Action 1 Individu sain Patient allergique CPA Th0 Action 2 Th1 Th2 Th3 Tr1 CD4+/CD25+ IFNγ TGFβ IL-10 IgA TGFβ Y IgG2a Y IL-4 Sensibilisation Y Y Y YIgE Th0 Th1 Action 3 mastocyte Balance Th1/Th2 IFNγ TOLERANCE Th1 IL-4, IL-5 antigène induit Treg Th2 ALLERGIE ALIMENTAIRE antigène induit Th2 Figure 9: Réponses du système immunitaire aux antigènes alimentaires : notion de balance entre la tolérance et la réaction allergique : mise en évidence des actions majeures de mon projet de recherche. Tout au long de ma carrière de chercheur à l’INRA, j’ai donc cherché à comprendre les mécanismes de la réaction allergique et leurs associations avec les protéines alimentaires pour ensuite envisager des stratégies thérapeutiques ou de prévention. Je vais désormais vous exposer les résultats majeurs obtenus au cours de ma carrière à l’INRA de 2003 à 2013. II. Etude des mécanismes de l’allergie alimentaire Rappel : La majeure partie du temps les protéines alimentaires sont tolérées par l’organisme, dégradées dans 90% des cas et absorbées au niveau de la barrière intestinale. Elles sont ensuite présentées au système immunitaire muqueux qui va s’activer et induire une réponse immune de tolérance (réponses Th1 et T régulatrice, IgA). Au cours des réactions d’allergie 42 alimentaire (197), la protéine allergène va être capable de passer dans le tractus digestif et de traverser l’épithélium pour ensuite aller activer le système immunitaire (lymphocyte T CD4 de type Th2) et induire la production d’IgE spécifiques. Ces IgE vont aller se fixer à la surface des mastocytes via le récepteur de haute affinité au fragment Fc des IgE (FcRI). Il s’agit de la phase de sensibilisation, silencieuse cliniquement. Lors d’un contact ultérieur avec le même allergène, celui-ci va de nouveau franchir la barrière intestinale et être directement reconnu par les IgE présents à la surface des mastocytes. Il y a alors activation des mastocytes et induction d’un signal permettant ainsi la sécrétion des médiateurs de l’allergie (histamine, leucotriènes…) puis l’apparition des symptômes cliniques. Cette étape correspond à la phase de déclenchement. L’ensemble de ces mécanismes reste très peu élucidé à ce jour. Or, cette pathologie ne cesse de croitre et il n’existe pas de traitement. Il est donc indispensable de développer des travaux de recherche sur la compréhension fine et précise des mécanismes de la réaction allergique (translocation, sensibilisation, déclenchement) pour ensuite aider au diagnostic et à la mise en place de stratégies de traitement et de prévention. C’est donc ce que je me suis proposé de faire. A. Action 1 : Etude de la translocation des allergènes à travers l'épithélium intestinal 1. Problématique : Les allergènes alimentaires sont capables de franchir la muqueuse intestinale pour ensuite orienter le système immunitaire vers la voie lymphocytaire Th2 (réaction allergique) plutôt que la voie de la tolérance orale (voir figure 9). Ces mécanismes très précoces de translocation intestinale des allergènes sont très mal connus à l’heure actuelle. La barrière intestinale est constituée de différentes cellules telles que les entérocytes, les cellules M, les cellules caliciformes sécrétrices de mucus et les cellules de Paneth sécrétrices de peptides anti-microbiens (198). Les cellules épithéliales sont reliées entre elles par des jonctions serrées assurant ainsi l’étanchéité de la barrière intestinale et jouant ainsi un rôle important dans les processus de perméabilité intestinale paracellulaire. Les types cellulaires et les voies (transcelluaire et paracellulaire) impliqués dans les mécanismes de transport des allergènes sont aussi peu décrits. Certaines études ont montré un transport paracellulaire des allergènes (99, 199, 200). D’autres travaux démontrent aussi un passage transcellulaire notamment pour la -lactoglobuline (201) et pour un allergène du soja : Glym Bd 30K (202). Ce dernier était transporté par endocytose via les voies clatherine et calvéoline dépendantes (202). La cellule dendritique semble aussi capable de piéger l’allergène dans la lumière de l’intestin via l’émission de dendrites entre les jonctions serrées (96). Après sensibilisation, des complexes allergène-IgE peuvent aussi être transportés de la lumière de l’intestin vers la séreuse via le récepteur aux IgE de basse affinité FcRII (CD23) exprimé à la surface des entérocytes (99, 100). Ce transport des complexes allergène-IgE les protège de la dégradation par les lysosomes, ce qui fait que les formes allergéniques sont intactes au niveau de l’environnement séreux (102). La plupart des études ont porté sur des allergènes modèles comme l’ovalbumine (203-207) ou la -lactoglobuline (201, 208-210). Il semble que certains procédés industriels de fabrication des aliments tels que le chauffage (210-212), la réduction/alkylation (201), la 43 glycation (203), la pasteurisation (213) et d’autres encore modifient la structure des allergènes et donc leur capacité à traverser la barrière de l’intestin. Des données suggèrent que les types cellulaires impliqués dans le transport des allergènes diffèrent en fonction de leur structure. En effet, la -lactoglobuline une fois agrégée par le chauffage va être préférentiellement transportée au niveau des cellules M situées dans les plaques de Peyer de l’intestin (213). Les objectifs de ce thème recherche sont donc d’approfondir nos connaissances sur les mécanismes précoces de translocation des allergènes. Pour cela, nous cherchons : -à évaluer les effets des allergènes sur la perméabilité intestinale : sont-ils capables d’ouvrir les jonctions serrées, de modifier la perméabilité paracellulaire et donc de perturber la fonction barrière ? Ou au contraire sont-ils transportés par la voie transcellualire sans atteindre l’intégrité de l’épithélium intestinale ? -à caractériser les formes et les structures des allergènes capables d’être transportées au niveau de l’épithélium intestinal. -à évaluer l’influence de certaines modifications (chauffage, désamidation, hydrolyse, aggrégation) des allergènes sur leur capacité à être transportés. Pour réaliser ce travail, nous disposons de différentes collaborations avec l’UMR1280 PHAN de l’INRA de Nantes, l’INSERM de l’hôpital Necker à Paris (Dr M. Heyman), l’INSERM U 913 du CHU de Nantes (Dr M. Neunlist). Nous disposons aussi de contacts avec le service de gastroentérologie du CHU de Nantes (Dr Tamara Matysiak-Budnik et Dr C. Trang). 2. Résultats : De par les compétences de l’équipe, j’ai choisi d’étudier le transport des allergènes du blé et de l’œuf au niveau de l’épithélium intestinal. J’ai dans un premier temps évalué les effets de ces allergènes sur la perméabilité paracelluaire et donc l’intégrité de la barrière intestinale. J’ai ensuite cherché à savoir quels étaient les allergènes capables de franchir cette barrière puis j’ai étudié l’impact d’un traitement, la désamidation, sur le passage des gliadines de blé. Pour réaliser ce travail, les cellules Caco-2 dérivées d’un adénocarcinome de colon humain ont été utilisées. Ces cellules ont la capacité de se différencier spontanément en une monocouche de cellules polarisées comparables à l'entérocyte de l’intestin grêle. La culture de ces cellules sur un support perméable (insert composé de deux compartiments, apical et basal, séparés par une membrane) permet d’évaluer l'effet des molécules ajoutées au milieu sur la perméabilité intestinale par la mesure de la résistance électrique trans-épithéliale. J’ai aussi choisi de développer un système plus physiologique ex vivo de montage de fragments d’intestin (de souris ou de biopsies humaines) en chambre de Ussing. Ces travaux ont été réalisés en partie dans le cadre de deux stages de Master II en 2004 (Virginie Dubois) et en 2013 (Fatmé Mteirek). 44 Les allergènes du blé : Les protéines de blé n’ont pas modifié la perméabilité paracellulaire des cellules Caco-2. Elles n’ont pas non plus affecté la viabilité et la prolifération des cellules. Ces résultats sont contraires à certaines études effectuées sur des patients atteints de la maladie cœliaque (214, 215). Dans notre analyse immunochimique, les différentes protéines de blé n'ont pas été détectées au même degré dans les milieux de culture basaux des inserts. Nos travaux ont notamment montré une translocation intestinale de deux protéines du blé, la LTP et l’gliadine, connues pour être des allergènes majeurs (216). Nous pouvons présumer qu'il y a un rapport entre l’allergénicité des protéines et leur capacité à préserver leur antigénicité après passage de l'épithélium intestinal sous forme peu dénaturée. Ce travail a donné lieu à une publication (216): Bodinier et al., Intestinal translocation capabilities of wheat allergens using the caco-2 cell line, J.Agric.Food Chem., 2007, 55 : 4576-4583. Dans le cadre du projet ANR PREDEXPITOPE (2009-2012), nous avons démontré en collaboration avec Martine Heyman (Hopital Necker) que la LTP était transportée à travers la monocouche de cellules CaCo-2 ou HT29-19A sous forme peu dégradée. Des essais de transport de cette protéine à travers des biopsies intestinales d’enfants allergiques ont été réalisés mais elles n’ont donné aucun résultat probant. La désamidation du gluten est capable d’induire des AA sévères chez des individus au départ tolérants au blé (217). Notre équipe a montré que cette nouvelle AA au gluten désamidé était surtout médiée par les - et 1,2-gliadines (218). J’ai donc cherché à évaluer si ces deux protéines de blé, les - et 1,2-gliadines, étaient capables de franchir la barrière intestinale. J’ai comparé leur translocation en fonction dans leur état natif, désamidé et/ou hydrolysé à la pepsine. Nous avons montré que ces deux gliadines n’avaient pas eu d’effet sur la perméabilité paracellulaire. Nous avons observé que toutes les formes d’ -gliadines étaient transportées à travers les cellules Caco-2. Cependant le taux de passage des -gliadines désamidé était très largement supérieur (350 à 50 fois plus) à celui des autres formes de la protéine. Ces premiers résultats tendent donc à démontrer que le processus de désamidation augmente la translocation des gliadines de blé. Les allergènes de l’œuf : Dans le cadre de l’ANR OVONUTRIAL (2008-2011), nous avons étudié la translocation de quatre allergènes de l’œuf (ovalbumine, ovomucoïde, ovotransferrine, lyzozyme) à travers la barrière intestinale à l’aide du modèle Caco-2 et nous n’avons observé aucun effet de ces protéines sur la perméabilité paracellulaire intestinale. Elles n’étaient pas non plus détectées par HPLC dans les milieux de culture en basal donc aucun transport intestinal n’a été mise en évidence. Il semble que les protéines (œuf et blé) ne soient pas toutes à même de traverser la barrière intestinale. Ainsi, la translocation intestinale des allergènes est certainement très dépendante des propriétés physicochimiques et structurales des protéines. 45 B. Action 2 : Etude de l’effet des allergènes natifs ou modifiés sur le système immunitaire et leur capacité à sensibiliser l’organisme 1. Problématique : Il existe peu de données sur les relations entre la structure des protéines et leur capacité à activer le système immunitaire et à induire une réaction allergique. L’impact des procédés de transformation des protéines sur ces mécanismes immunologiques sont aussi peu décrits. Nos objectifs dans l’équipe allergie sont donc de mieux appréhender les effets des allergènes sous différentes formes sur le système immunitaire dans sa globalité et sur la réaction allergique. Pour aider à la réalisation de ses travaux, j’ai entrepris de développer des modèles animaux d’allergie alimentaire. Ces modèles ont été mis en place dans le cadre du stage postdoctoral de Michaël Leroy en 2007. 2. Résultats : a. Effet d’un allergène de blé natif sur le système immunitaire : mise en place d’un modèle animal d’allergie alimentaire au blé Pour étudier l’effet des allergènes de blé sur le système immunitaire, j’ai choisi de mettre en place un premier modèle animal d’allergie alimentaire au blé et de le valider en comparant la réponse allergique avec celle obtenue chez l’homme. Après des essais non concluant avec le rat Brown Norway, je me suis ensuite intéressée au modèle souris qui est plus pertinent d’un point de vue immunologique car nous disposons d’une étendue très large de réactifs biologiques (anticorps). Pour cela, j’ai établi une collaboration avec Karine Adel-Patient (équipe de J.M Wal : Laboratoire INRA d'Imuno-allergie alimentaire IAA, CEA de Saclay, département AlimH) qui est spécialisée dans le développement de modèles souris Balb-c allergiques à la -lactoglobuline et à l’arachide. Notre objectif était de développer un modèle de souris allergique à un extrait de gliadines, une fraction insoluble du blé contenant les allergènes majeurs, en testant différents protocoles. Trois souches de souris (Balb/c, les C3H/HeJ, B10.A) ont été immunisées avec 4 injections intra-péritonéales successives de gliadines. L’influence de la dose de gliadines sur la production d’IgE et d’Ig 1 spécifiques, sur la production cytokinique des lymphocytes T et sur l’induction de la réaction allergique a été évaluée. Le développement de la réaction allergique a été comparé en testant la production de cytokines de type Th2 et l’afflux d’éosinophiles dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire (BAL) après stimulation intranasale avec les gliadines totales. La souris Balb/c présentait une meilleure sensibilisation avec une production d’IgE et d’Ig 1 spécifiques plus importante que dans les deux autres souches, quelle que soit la dose. Cette réponse était confirmée par le profil cytokinique Th2 des splénocytes activés par les gliadines. L’afflux massif d’éosinophiles et la production de cytokines de type Th2 dans les BALs ont également permis de mettre en évidence une sensibilité accrue des souris Balb/c aux deux doses utilisées. A l’opposé, la stimulation intranasale n’a pas induit de réaction allergique chez les souches C3H/HeJ et B10.A à 10 µg. Cette étude démontre pour la première fois l’intérêt de la souris Balb/c comme modèle animal dans le contexte de l’allergie au blé. Ce travail a fait l’objet d’une publication (121) : M. Bodinier et al. Sensitization and elicitation 46 of an allergic reaction to wheat gliadins in mice. 2009. J Agric Food Chem, 57(4), 1219-25. Une revue a aussi été écrite (219): M. Bodinier et al. Animal models of food allergy. Application to wheat proteins. 2008. Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 48, 526–532. La pertinence de notre modèle souris Balb/c d’allergie au blé (121 , 219) a été renforcé en démontrant une correspondance très forte entre les épitopes IgE des souris et des patients allergiques. Ce travail a été publié (220) : Denery-Papini et al. Immunoglobulin-E-binding epitopes of wheat allergens in patients with food allergy to wheat and in mice experimentally sensitized to wheat proteins. 2011. Clin Exp Allergy, 41(10):1478-92. Je l’ai présenté au congrès européen de l’allergie en 2011 à Istanbul (EAACI) : j’ai reçu le prix de la meilleure présentation. Ce modèle souris d’allergie est désormais utilisé en routine au sein de l’équipe pour répondre à de nombreuses questions de recherche notamment étudier in vivo l’impact de l’aliment modifié par différents traitements sur les mécanismes de la réaction allergique. b. Effet d’un allergène de blé modifié sur le système immunitaire et la réaction allergique Contexte : en collaboration avec les chercheurs de l’axe 1 de l’équipe spécialisés sur les relations structure/allergénicité, j’ai donc évalué l’influence d’un procédé technologique, la désamidation, sur la capacité de certaines protéines de blé connues pour être des allergènes (les gliadines) à induire une réaction allergique. Rappelons que le gluten de blé peut être modifié par un traitement enzymatique ou chimique (isolats de blé) appelé désamidation pour améliorer ses propriétés fonctionnelles, augmenter sa solubilité et donc élargir son champ d’application dans l’industrie agroalimentaire. La désamidation du gluten est un processus au cours duquel, en milieu acide, des résidus glutamines de la protéine sont modifiés en acide glutamique. Ces modifications du gluten semblent capables d’induire des allergies alimentaires chez des individus au départ tolérants au blé. L’équipe de Leduc (217) a publié le 1er cas d’anaphylaxie après ingestion d’une viande reconstituée contenant de l’isolat de blé. Notre équipe a montré qu’un patient réactif au gluten désamidé possédait des IgE contre des séquences linéaires des domaines répétés des - et 1,2-gliadines (218). Ce résultat suggérait que certains traitements industriels pouvaient augmenter le risque de développer une allergie. Disposant au laboratoire d’un modèle de souris allergiques aux gliadines de blé (121, 219), notre objectif a été dans un premier temps de comparer in vivo l’allergénicité des gliadines sous formes natives et désamidées. Ce travail a été réalisé en 2010 dans le cadre de la thèse de Pascal Gourbeyre (2009 à 2011). Résultats : nous avons donc sensibilisé les souris avec l’extrait de gliadines natif ou désamidé puis nous avons comparé les niveaux d’expression des différents marqueurs de la réaction allergique (IgE, cytokines Th2 ou Th1, histamine). Les résultats obtenus mettent en évidence une plus forte sensibilisation (plus fortes productions de cytokines de type Th2 et d’IgE) des souris par les gliadines désamidées que par les gliadines natives ainsi que des profils de réactivités des IgE distincts. En effet, contrairement aux souris sensibilisées avec les gliadines natives, les souris sensibilisées avec les gliadines désamidées reconnaissent plus fortement les - et les 1,2-gliadines. Ces résultats corrèlent avec ceux obtenus chez les patients allergiques 47 au gluten désamidé et permettent ainsi de démontrer qu’il est possible d’évaluer l’impact d’un procédé technologique à l’aide d’un modèle souris. Ce travail a été publié (221) : Gourbeyre et al.. Wheat gliadins modified by deamidation are more efficient than native gliadins in inducing a Th2 response in Balb/c mice experimentally sensitized to wheat allergens. 2012. Molecular Nutrition and Food Research, 56(2):336-344. Il a été diffusé dans la lettre "En direct des labos". Différentes hypothèses peuvent expliquer le renforcement de l’allergénicité des gliadines par la désamidation : ce procédé rendrait les protéines plus solubles et donc plus à même de franchir la barrière intestinale, favoriserait la formation d’agrégats protéiques qui seraient alors plus résistants à la digestion gastrique ou renforcerait la reconnaissance des gliadines par les cellules T impliquées dans l’allergie. Ces travaux interpellent sur la dangerosité de certains procédés technologiques qui dans certains cas peuvent augmenter l’allergénicité des protéines voir former des néo-allergènes. C. Action 3 : Etude de la phase de déclenchement correspondant à la dégranulation mastocytaire induite par les protéines de blé 1. Problématique : L’allergénicité d’une protéine dépend de sa capacité à fixer une IgE spécifique mais surtout de sa capacité à activer un acteur cellulaire primordial de la réaction allergique que l’on appelle le mastocyte. Celui-ci possède à sa surface un récepteur au fragment Fc capable de fixer les IgE (FcRI). Pour activer le mastocyte un même allergène doit être capable de fixer deux IgE, il y a alors induction d’un signal et sécrétion des médiateurs de l’allergie. Les données de Sandra Denery sur la caractérisation des protéines (222) et des épitopes (218) de blé reconnus par les IgE des patients ont été obtenues par des méthodes immunochimiques comme l’ELISA et le Western-Blot. Ces travaux (218 , 222 , 223) sur les réponses IgE aux différents allergènes de blé ont montré l’extrême diversité du répertoire. Or ces tests mettent en évidence une interaction antigène/anticorps et non un phénomène biologique tel que l’activation mastocytaire. On pouvait donc se demander si l’ensemble de ces IgE était apte à activer les mastocytes, ce qui est l’origine du développement des symptômes cliniques. Pour confirmer ces données, j’ai réalisé une étude plus physiologique sur l’activation des basophiles par les différentes protéines de blé purifiées. Pour cela j’ai travaillé en collaboration avec le docteur U. Blank de l’unité INSERM E 0225 de Paris qui a mis au point un modèle cellulaire de basophiles de rat humanisés (Rat Basophilic Leukemia, RBL). Ces cellules sont capables de se lier aux IgE du sérum de patients et de dégranuler après incubation avec l’allergène spécifique. Ces cellules sont intéressantes car elles sont facilement cultivables et permettent de remplacer les mastocytes humains difficilement isolables à partir du sang frais. Ce travail a été réalisé en partie dans le cadre d’un stage de Master II en 2006 (Aurélie Mauray) et d’un stage de licence professionnelle en 2007 (Valérie Echasserieau). 48 2. Résultats : J’ai donc dans un premier temps étudié la capacité des protéines de blé en présence de sérum de patients allergiques alimentaires au blé à faire dégranuler le modèle de basophiles de rat humanisé. Nous avons travaillé avec 30 sérums: 13 d’enfants et 1 d'adulte souffrant du syndrome de dermatite atopique associé à de l’eczéma (SDAE), 4 d’adultes atteints d’urticaire (U), 1 d’enfant et 1 d’adulte souffrant d’anaphylaxie (A) et 10 d’adultes déclenchant des anaphylaxies induites par l’effort (AIE). Nous avons fait 2 groupes selon les données ELISA obtenues dans l’étude précédente (224) : un groupe de patients SDAE et un groupe de patients U, A et AIE. Ces deux groupes de sérums de patients ont été testés contre l'- et l’5gliadines, les gluténines de faible poids moléculaire (FPM), la LTP et les albumines/globulines. Le modèle de mastocytes d’U. Blank a été sélectionné de par sa capacité à exprimer les ARNm des 3 chaînes et du FcRI (RT-PCR quantitative), à fixer les IgE humaines spécifiques de l’allergène et à dégranuler. Pour les patients souffrant du SDAE, généralement des enfants, nous avons confirmé par le test de dégranulation des basophiles les données obtenues par ELISA sur la fraction albumines/globulines (224). Ces protéines étaient principalement reconnues par les IgE de ces patients. Par ce test, nous avons montré que seulement 27% des patients SDAE reconnaissaient les -gliadines (64% en ELISA). Cet essai biologique opposé à l'ELISA réduisait donc l'importance des prolamines dans cette pathologie. Nous avons observé que 56 % de ces patients reconnaissaient la LTP. Pour la première fois, la LTP était considérée comme un allergène du blé capable de faire dégranuler le basophile. Pour le groupe des patients souffrant d’U, d’A et d’AIE, nous avons confirmé, par le test de dégranulation des RBL, le rôle important des gluténines de FPM. Cependant, les résultats étaient discordants pour les 5-gliadines qui étaient très mal reconnues dans ces conditions (31 % des patients) par rapport à l’ELISA (81 % des patients). Nous avons montré que cette faible réponse des sérums du groupe 2 vis-à-vis des 5gliadines dans le test de dégranulation n’était pas liée à une faible concentration en IgE spécifiques. Le test in vitro de dégranulation des basophiles de rat humanisés s’est donc révélé une bonne méthode pour évaluer plus physiologiquement l’allergénicité et le pouvoir déclenchant d’un allergène. Il permet de s’affranchir des paramètres de variabilité qui sont liés à l’utilisation de basophiles de sujets allergiques. En effet ces sujets sont la plupart du temps poly-sensibilisés ce qui provoque des stimulations permanentes des basophiles par de nombreux allergènes et conduit à des dégranulations spontanées de ces cellules rendant difficile leur utilisation. Cette étude préliminaire a montré que ces réponses IgE très diverses étaient la plupart du temps cliniquement relevantes et donc en accord avec les essais immunochimiques. Les résultats obtenus de cette étude ont fait l’objet d‘une publication (106) : M. Bodinier, et al. Evaluation of an in vitro mast cell degranulation test in the context of food allergy to wheat. 2008. Int Arch Allergy Immunol, 146, 307–320. Le test in vitro de dégranulation est désormais utilisé en routine au sein de l’équipe pour valider l’allergénicité de certaines protéines. Nous avons notamment confirmé que certaines protéines du gluten (gliadines) modifiées par le procédé de désamidation étaient capables de faire dégranuler le basophile en présence de sérum de patients allergiques à ce gluten modifié (225). Nous avons aussi démontré, à l’aide du modèle RBL, l’allergénicité d’une nouvelle 49 protéine de blé : la serpine (226). Ce travail montre l’importance des tests cellulaires in vitro physiologiquement proches de la réaction allergique pour cribler les néo-allergènes. Il démontre aussi l’influence des traitements technologiques sur la formation de néo-allergènes. D. Action 4 : Etude des mécanismes de la marche atopique 1. Problématique: Parmi les troubles allergiques, on retrouve les allergies cutanées, alimentaires et respiratoires. Les allergies respiratoires constituent la forme la plus fréquente d'allergie observée dans les pays occidentaux (227-229) et touchent environ 20% à 30 % de la population européenne (230). Les symptômes respiratoires sont la rhinite ou rhinosinusite combinée ou non avec la conjonctivite allergique (227, 231) et l'asthme. Les allergies cutanées, principalement le syndrome de dermatite atopique associé à l’eczéma, sont plus fréquentes chez les nourrissons (232, 233) avec une prévalence de 15-30 % par rapport à 2-10 % chez les adultes (234). Ces valeurs sont augmentées en cas d’antécédents familiaux ou de prédispositions génétiques. Les allergies alimentaires touchent environ 5-8 % des enfants, avec une prévalence plus forte dans les premières années de la vie (234, 235). Les symptômes cliniques sont très divers : troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhée (236), dommages de la peau (urticaire , œdème de Quincke ou dermatite atopique (237), problèmes respiratoires (asthme , rhinite (237)) et réactions généralisées (anaphylaxie induite par l'exercice (237)). Les maladies atopiques varient avec l'âge. Pendant la petite enfance, les allergies cutanées et alimentaires prédominent (233, 238) alors que chez l’adulte on retrouve surtout des allergies respiratoires (233, 234). Cette progression est appelée " la marche atopique " (233, 239). Certaines études cliniques ont mis en évidence le lien potentiel entre deux allergies : cutanées puis respiratoire (234, 240) ou alimentaire puis respiratoire (238, 241-244). La marche atopique a été modélisée par des modèles animaux pour élucider ses mécanismes. Ces travaux ont permis de comprendre certains mécanismes potentiels expliquant la transition d’une sensibilisation cutanée à des symptômes respiratoires et d'identifier des biomarqueurs clés. Néanmoins, le passage de l'allergie alimentaire à l'allergie respiratoire n'a jamais été exploré, les mécanismes spécifiques expliquant cette progression sont totalement inconnus. Les objectifs de cet axe de recherche ont été de disséquer les mécanismes de cette marche atopique c’est à dire de déterminer « comment on peut passer d’une sensibilisation à un allergène alimentaire pendant la petite enfance à une sensibilisation à un allergène respiratoire à l’âge adulte ». Pour cela, nous avons développé un modèle souris très novateur combinant l’allergie alimentaire aux protéines de blé (gliadines modifiés par désamidation) (121, 221) et l’allergie respiratoire aux acariens (extrait de Dermatophagoides farinae). Grâce à ce modèle, caractérisé au niveau systémique (rate, thymus), du tube digestif et du poumon, nous souhaitons comprendre les mécanismes d’activation du système immunitaires mis en jeu au cours de la marche atopique et définir un certain nombre de biomarqueurs et de cibles thérapeutiques potentiels à même de prédire ou de prévenir la survenue d’une allergie respiratoire chez les sujets porteurs d’allergie alimentaire. Ces travaux aideront à la mise en place de nouvelles biothérapies à même de prévenir ou de traiter ces maladies. 50 Ce travail est réalisé en collaboration avec le Pr A. Magnan (INSERM UMR1087, CNRS UMR 6291, IRT de Nantes) dans le cadre du projet régional, REAL2 (2011-2014). Ce projet regroupe un réseau Ligérien de chercheurs et de cliniciens sur la thématique de l’allergie. Il possède un volet recherche fondamentale visant à comprendre les mécanismes de la marche atopique à l’aide d’un modèle animal. Il est aussi constitué d’un volet clinique dont les objectifs sont de réaliser des cohortes de familles allergiques pour effectuer un suivi observationnel des maladies atopiques au cours de la vie et une stratégie de prévention des futurs enfants à risque (probiotiques). Cette étude constitue pour l’équipe une étape cruciale permettant de comprendre finement les mécanismes de sensibilisation aux allergènes alimentaires et leurs répercussions sur l’organisme puis à terme sur la survenue d’autres pathologies allergiques comme les allergies respiratoires. râce à ce projet, j’ai ainsi élargi au niveau régional mon réseau de collaborations avec les allergologues et les chercheurs de l’Inserm pour ensuite construire de nouveaux projets. La proximité avec les chercheurs de l’Inserm de Nantes nous permet de travailler ensemble sur les modèles animaux et cellulaires et de partager nos outils expérimentaux. Ce travail a été réalisé dans le cadre de deux stages postdoctoraux en 2012 (Pascal Gourbeyre) et en 2013 (Grégory Bouchaud). 2. Résultats : Dans le projet REAL2, je suis responsable du volet recherche fondamentale et je vais donc vous exposer les résultats obtenus dans cet axe. Le modèle souris d’allergies croisées (allergies alimentaire et respiratoire) a été réalisé et nous avons exploré les réponses immunologiques, physiologiques et allergiques sur différents organes : la rate, le thymus, le tube digestif et le poumon. Les études concernant l’intestin ont été réalisées en collaboration avec M. Neunlist de l’INSERM UMR 913 (CHU de Nantes), celles sur le poumon étaient faites par les chercheurs de l’équipe AVENIR dirigée par A. Magnan responsable du projet REAL2 (INSERM UMR1087, CNRS UMR 6291, IRT de Nantes). Les souris ont été sensibilisées par voie intrapéritonéale et par voie orale à l’allergène alimentaire (les gliadines de blé désamidées) puis exposées en intranasal à l’allergène respiratoire (un extrait d’acariens : Derp). Après exposition combinée aux deux allergènes, les souris présentaient des quantités très fortes de marqueurs sanguins allergiques: IgE spécifiques de chaque allergène et taux d’histamine. Par ailleurs, la sécrétion par les splénocytes d'IL-4 et IL-17 étaient augmentée alors que des taux plus faibles d’'IFN- étaient observés Dans les plaques de Peyer, les lymphocytes T sécrétaient des taux plus élevés d'IL-4 avec une diminution des productions d’IFN-, d’IL-10 et de TGF-. Les intestins de ces souris présentaient des flux paracellulaires augmentés, une perméabilité transcellulaire modifiée et des atteintes digestives. En revanche, l’hyperréactivité bronchique, les cellules inflammatoires et les cytokines dans le poumon demeuraient inchangés par rapport au modèle d'allergie respiratoire. Ainsi, l’exposition aux allergènes alimentaire (blé) et respiratoire (acariens) augmente les biomarqueurs liés aux allergies alors qu’elle diminue la réponse de tolérance. Toutefois, la double exposition agit en synergie pour modifier les fonctions de l'intestin, mais 51 elle n'a aucun effet supplémentaire sur les fonctions respiratoires. Dans ce travail, nous montrons donc pour la première fois l'impact d'une première exposition à un allergène alimentaire puis d’une exposition ultérieure à un aéroallergènes sur les phases de sensibilisation et de déclenchement de l'allergie. Ces données permettent de faire un pas de plus dans l'élucidation des mécanismes reliant l'immunité et les allergènes de l'environnement dans le développement la marche atopique. Nous souhaitons valoriser ces résultats à travers une publication ciblant le secteur de l’immunologie des muqueuses : Gourbeyre et al. Dissecting the immunophysiology of atopic march using an original mouse model combining food and respiratory allergies. Clinical and Experimental Allergy, soumis. E. Conclusion sur l’étude des mécanismes de l’allergie alimentaire: Suite au développement des outils méthodologiques (lignées cellulaires Caco-2, test de dégraulation RBL, modèles animaux d’allergie), j’ai donc pu aborder des questions de recherches pointues sur les mécanismes de mise en place de la réaction allergique. J’ai commencé à obtenir des données sur la phase de sensibilisation de la réaction : notamment sur les effets des allergènes de blé et d’œuf sur la barrière intestinale et leur transport (perméabilité paracellulaire inchangée et transport transcellulaire) (216). Cependant, il reste à élucide de nombreux autres mécanismes sur cette phase : les voies de passage transcellulaire, les zones et les cellules intestinales impliquées dans le transport, les formes d’allergènes transloquées et leur capacité à activer le système immunitaire. Ces travaux constitueront un des axes de recherche que je souhaite poursuivre dans mon projet de recherche à venir. J’ai évalué l’effet in vivo des allergènes sur le système immunitaire et la réaction allergique par la mise en place d’un modèle souris d’allergie alimentaire très pertinent, reproductible et proche du patient allergique. Celui-ci s’est révélé être un outil précieux pour évaluer in vivo l’impact d’un traitement, la désamidation, des gliadines de blé sur la réaction allergique. Ce travail, démontrant un renforcement de l’allergénicité des protéines de blé par ce procédé, a permis de valider notre stratégie d’évaluation. Nous sommes désormais capables à l’aide de notre modèle animal d’allergie alimentaire d’évaluer l’impact des traitements sur l’allergénicité in vivo des aliments. Nous projetons désormais d’élargir cette étude à d’autres traitements (aggrégation, hydrolyse) et à d’autres allergènes : de l’œuf et du blé. Nous souhaitons à terme être à même de prédire les risques allergiques d’un aliment donné (modifié). J’ai pu aussi étudier in vitro, à l’aide du modèle de basophile RBL, la phase de déclenchement de la réaction allergique et donc démontrer la capacité des protéines de blé à induire une dégranulation des basophiles (106). Ce travail a permis de valider physiologiquement le pouvoir déclenchant et donc clinque des différents allergènes de blé. Ce test cellulaire est désormais utilisé en routine par de nombreux chercheurs de l’équipe. A travers le projet régional REAL2, j’ai contribué à l’amélioration de la compréhension des mécanismes de la marche atopique. Notamment, nous avons démontré pour la première fois qu’une sensibilisation à un allergène alimentaire pouvait influencer fortement la 52 sensibilisation ultérieure à un aérollergène. En effet, grâce à la pertinence de notre modèle souris d’allergies combinées, nous avons observé une amplification de la réponse immune de type allergique et des altérations intestinales après exposition aux deux allergènes (blé puis acarien) (Gourbeyre et al, soumis à Clinical and Experimental Allergy). Nous souhaitons, toujours en collaboration avec Antoine Magnan, poursuivre ces travaux de recherche dans les années à venir à condition d’obtenir de nouveaux financements. III. Prévention ou réduction de la réaction allergique par l’alimentation : la stratégie des prébiotiques Un accroissement de la prévalence des maladies atopiques dans les pays industrialisés a été observé au cours des dernières décennies et plus particulièrement celui des allergies alimentaires au cours des 10-15 dernières années (245). Les modifications du mode de vie et du régime alimentaire dans ces mêmes pays au cours de cette période amènent à étudier les liens potentiels et à rechercher les facteurs du régime alimentaire impliqués dans le développement ou la prévention des maladies allergiques. Peu de données sont actuellement disponibles quant à la forme et la composition sous lesquelles les aliments doivent être consommés afin de (1) limiter la sensibilisation allergique et favoriser l’acquisition de tolérance, (2) favoriser une accoutumance chez un individu sensibilisé ou (3) limiter les réactions allergiques ou leur gravité. Ces connaissances sont indispensables pour développer une nutrition préventive ou thérapeutique mieux adaptée à la population allergique. Afin de réduire la sensibilisation allergique par l’alimentation, plusieurs pistes ont été étudiées : - la stratégie des modifications des aliments par différents traitements : hydrolyse, chauffage, émulsion. L’hypothèse est de dire qu’en modifiant la structure, la séquence ou la taille de l’allergène, il est possible de réduire voir abroger l’allergénicité de la protéine. - la stratégie des suppléments alimentaires comme les prébiotiques qui auraient un impact sur le microbiote intestinal et/ou le système immunitaire et pourraient ainsi pallier aux allergies alimentaires. J’ai choisi d’évaluer la stratégie des prébiotiques à l’aide du modèle animal d’allergie alimentaire au blé. Ce travail a pour objectif de prévenir ou réduire la réaction allergique par l’aliment. Il permettra à terme d’aider à la mise en place de stratégies nutritionnelles pour lutter contre les allergies alimentaires. A. Action 5 : Effet des prébiotiques sur le système immunitaire et la prévention des allergies 1. Problématique : Les prébiotiques constituent les substrats de bactéries bénéfiques du microbiote intestinal (voir l’introduction). Ce sont généralement des oligosaccharides (OS) non-digestibles et fermentés dans le côlon. À ce jour, les principaux prébiotiques utilisés sont l’inuline et ses dérivés, les fructooligosaccharides (FOS) et les galactooligosaccharides (GOS). 53 Contrairement au lait de vache, le lait maternel contient une proportion importante d’OS spécifiques (les HMO,12 g/L) capables d’exercer un effet sur la maturation de l’intestin du nouveau-né en terme de flore et de perméabilité (246). Certaines préparations pour nourrisson sont donc supplémentées en OS prébiotiques ((136): GOS/inuline; (247): GOS/FOS) et agissent sur la diminution du risque infectieux (137, 138). Néanmoins, les effets des OS sur le système immunitaire et l’allergie demeurent méconnus en raison d’études peu nombreuses, controversées et hétérogènes (136, 247-249). La petite enfance semble une période clé pour l’orientation du système immunitaire (250, 251) et l’implantation du microbiote gastrointestinal (252). Il est connu que les bactéries composant ce microbiote peuvent exercer des effets sur le système immunitaire, notamment via leur métabolisme (166, 253). C’est pourquoi une stratégie visant à moduler le microbiote autochtone par l’utilisation de prébiotiques, pourrait avoir un effet majeur sur « l’éducation » du système immunitaire, en particulier si l’exposition s’effectue très tôt : par exemple par le biais de la mère, puis du nouveau-né. Des études menées chez l’individu adulte et chez de jeunes souriceaux ont montré que des FOS pouvaient agir au niveau des plaques de Peyer de l’intestin en augmentant l’expression des IgA et du récepteur aux IgA (139, 254). De telles données prouvent que les prébiotiques peuvent agir sur le système immunitaire, en revanche leur effet sur les voies du système immunitaire est peu documenté. Notre objectif est de déterminer à quelle période le prébiotique doit être apporté dans l’alimentation pour agir au mieux sur le système immunitaire et la barrière intestinale pour ensuite prévenir de l’allergie. Ce travail a été réalisé dans le cadre de la thèse de Pascal Gourbeyre (2008-2011) en collaboration avec l’UMR PHAN de l’INRA de Nantes (AlimH, Martine Champ) et à l’aide d’un financement obtenu par la région sur le projet NUPEM (2007-2011). 2. Résultats : Notre objectif a été dans un premier temps de vérifier que les prébiotiques pouvaient avoir un effet sur le système immunitaire et la physiologie intestinale et de définir la période d’exposition la plus judicieuse pour agir au mieux sur ces deux paramètres. Nous émettions l’hypothèse que la période périnatale (gestation et allaitement) serait la plus à même de remplir cette fonction car cette période semble jouer un rôle clé sur l’orientation du système immunitaire et l’établissement de la physiologie intestinale (micobiote et maturation de la barrière intestinale). Une fois avoir validé la stratégie d’administration, nous avons ensuite évalué son impact sur la survenue de la réaction allergique. Effet des prébiotiques sur le système immunitaire et la barrière intestinale et choix de la période d’exposition : L’objectif de cette étude était de caractériser précisément l’effet de la période d’exposition aux prébiotiques sur l’orientation du système immunitaire et sur la physiologie de l’intestin. Deux études ont été réalisées : l’une où les prébiotiques ont été apportés en périnatal (pendant la gestation et l’allaitement) puis en postnatal (après le sevrage), et l’autre étude où les prébiotiques ont été apportés uniquement en postnatal chez le souriceau sevré. Nous avons utilisé un mélange de deux OS, 90% de OS et 10% d’inuline, utilisé dans certaines préparations pour nourrissons et testé cliniquement en postnatal chez le nouveau-né pour la 54 prévention des allergies (136). Afin de caractériser l’effet de la supplémentation en prébiotiques dans les deux études, nous avons étudié le statut immunitaire (tolérance : IgA, IL-10, TGF-, IgG2a et IFN-γ ; allergie : IgE, IgG1 et IL-4) et l’expression de certains marqueurs intestinaux (AGCC, protéines des jonctions serrées : ZO-1, MUC-2) des souris : mères et souriceaux. Lorsque les prébiotiques étaient apportés en période périnatale puis postnatale, nous avons observé une augmentation des taux de certains marqueurs immunologiques impliquées dans la tolérance comme l’IL-10, les IgA et les IgG2a. Nous avons aussi constaté une plus forte expression de certains marqueurs intestinaux impliqués dans le renforcement de la barrière intestinale (MUC-2, ZO-1) et une plus forte production d’un A CC, le propionate, dans les contenus caecaux. Le lait des mères ayant reçu un régime enrichi en prébiotiques contenait des concentrations plus élevées en IgA et en TGFß. Les prébiotiques apportés uniquement en période postnatale ont eu peu d’effet sur le système immunitaire (taux d’Ig 2a inchangés et d’IgA diminués). Quelle que soit la période d’exposition, les taux d’IgE et Ig 1 restaient les mêmes. L’ensemble de ces résultats atteste que les prébiotiques sont capables d’agir sur la physiologie intestinale et le système immunitaire du souriceau de manière très marquée s’ils sont administrés en périnatal puis en postnatal. Ceci démontre l’importance d’un contact avec les prébiotiques lors du début de la vie de l’individu à des périodes telles que la gestation ou l’allaitement. Ce travail a été valorisé par une publication (255) : Gourbeyre et al. Exposure to a galactooligosaccharides/inulin prebiotic mix at different developmental time points differentially modulates immune responses in mice. 2012. J Agric Food Chem, 60(48):11942-51. Effets des prébiotiques donnés en période périnatale puis postnatal sur la réaction allergique : L’exposition aux prébiotiques en période périnatale puis postnatal, ayant montré une forte efficacité sur l’orientation du système immunitaire vers la tolérance et sur le renforcement de la barrière intestinale, nous avons cherché à savoir si ces conditions expérimentales pouvaient assurer une prévention efficace contre les allergies. Pour cette étude, nous avons utilisé le modèle souris d’allergie aux gliadines désamidées sensibilisé par voie intra-péritonéale (IP) (221). Les souris Balb/c ont été alimentées avec un régime supplémenté (+Prb), ou non (Prb), avec 4% de OS/inuline ratio 9:1. Les taux d’IgA, IgE, Ig 1, Ig 2a totales et spécifiques ont été déterminés par ELISA. La sécrétion de cytokines par les splénocytes (IL-4, IL-10, INFγ et T Fβ) a été étudiée. Après une provocation intra-péritonéale à l’allergène, les taux sanguins d’histamine et les symptômes cliniques ont été étudiés. Après sensibilisation, les souris présentaient de forts taux d’IgE et d’Ig 1 totales et spécifiques quel que soit leur régime alimentaire. Cependant, les souris +Prb présentaient des taux d’Ig 2a et d’IgA totales et spécifiques nettement plus forts que ceux des souris –Prb. Seules les souris +Prb produisaient de l’IL-10, de l’INFγ et du T Fβ. La sécrétion d’IL-4 était équivalente quel que soit le régime. Après provocation, les symptômes cliniques et les taux d’histamine étaient identiques. Ainsi, à l’issue de la sensibilisation, les voies de tolérance étaient plus fortement induites chez les souris +Prb que chez les –Prb. Cependant, une forte réponse Th2 et des symptômes sévères étaient observés quel que soit le régime. L’administration de prébiotiques en périnatal n’a donc pas permis de contrebalancer la réponse Th2 induite par voie intra55 péritonéale. En revanche, il est intéressant de constater que ce régime a permis de maintenir les niveaux d’induction des voies de la tolérance orale. Ce travail a donné lieu à une publication (256) : Gourbeyre et al. Perinatal and postweaning exposure to galactooligosaccharides/inulin prebiotics induced biomarkers linked to tolerance mechanism in a mouse model of strong allergic sensitization. 2013. J Agric Food Chem, 61(26):6311-20. Projet annexe et étude fortuite : L’étude de l’impact des prébiotiques sur le développement des allergies alimentaires lorsqu’ils sont donnés en périnatal a donné lieu à des résultats inattendus concernant le comportement des mères lors de la gestation et le développement du souriceau. Cette étude était la première à fournir des preuves des effets bénéfiques d'un régime alimentaire supplémenté en prébiotiques administrés pendant la gestation. Ce régime réduisait l'incidence du cannibalisme chez les mères et induisait une augmentation du poids corporel des souriceaux au moment du sevrage. Cette augmentation du poids a surtout été associée à une hausse de la masse musculaire, sans aucune augmentation de la masse grasse. Ce travail a été publié (257) : Desbuards et al. Impact of perinatal prebiotic consumption on gestating mice and their offspring: a preliminary report. 2011. Br J Nutr:1-4. B. Projet complémentaire aux prébiotiques : effets des fibres sur le système immunitaire : 1. Problématique: Mes compétences acquises sur le système immunitaire et les prébiotiques m’ont permis de participer depuis janvier 2012 à un projet européen Fibebiotics FP7-KBBE (2011- 54 mois, «Dietary fibers supporting Gut Immune Function- From polysaccharide compound to health claim»). Ce projet, coordonné par J. Mess (Food & Biobased Research, Wageningen, Hollande), a pour objectif de développer des ingrédients alimentaires fonctionnels et des produits bénéfiques pour la santé humaine (intestin et système immunitaire) et la qualité de vie d’une grande partie de la population (surtout les personnes âgées). Il se concentre sur des polysaccharides non digestibles (NPS), l'une des stratégies alimentaires les plus prometteuses pour promouvoir la santé, mais pour laquelle des données sont manquantes pour compléter la justification « allégation santé » (exigence de l’EFSA). Le projet permettra : Tâche 1 : d'effectuer des analyses biochimiques pour étudier les composés NPS, leur biodisponibilité et l’effet des traitements. Tâche 2 : de développer des méthodes standardisées de dépistage in vitro pour être en mesure de prédire les effets des NPS in vivo. Tâche 3 : de réaliser des analyses in vivo et ex vivo pour étudier les mécanismes d'action des NPS et valider des biomarqueurs. Tâche 4 : d’utiliser et de valider ces connaissances dans une étude clinique visant à réduire certaines maladies infectieuses comme le rhume et la grippe des personnes âgées. J’interviens dans la tâche 3 (effet des NPS sur le système immunitaire) et mon objectif est d’évaluer l’effet de certains NPS (arabinoxylanes, -glucanes, pectines…) sur les cellules dendritiques (DC) de donneurs sains de plus de 60 ans. Pour cela, j’ai développé une collaboration avec la plateforme de Développement et Transfert Clinique (CIC Biothérapies 503) du CHU de Nantes (M. Grégoire et D. Coulais). Plus précisément, nous avons analysé 56 l’impact de différents NPS sur la maturation des cellules dendritiques (production de cytokines et expression de marqueurs de maturation : CD80, CD83, CD86, CD40, HLA-DR) et leur capacité à activer les lymphocytes T (polarisation des cellules T CD4+ : Th1, Th2 et Th17). Ce travail a été réalisé par un assistant ingénieur (Julie Le Luhant) en contrat à durée déterminée (1an) en 2013. 2. Résultats : Pour évaluer l’effet des NPS sur les cellules dendritiques, il a fallu dans un premier temps vérifier leur contamination en endotoxines (LPS). Ces dernières sont des toxines bactériennes qui peuvent stimuler le système immunitaire (réponse inflammatoire) et ainsi biaiser les résultats de nos expériences. Nous avons mis en place des méthodes de détection et de déplétion des endotoxines puis nous avons choisi de travailler avec des fibres peu contaminées comme l’inuline (fructane de chicoré), la wellmune (glucane de levure Saccharomyces cerevisiae) et la oatwell (glucane d’avoine). Nous avons donc évalué l’effet de ces 3 fibres sur la maturation des DC issus de 5 donneurs sains de plus de 60 ans. Pour cela, nous avons caractérisé phénotypiquement et fonctionnellement les DC après maturation. L’expression de certains marqueurs de maturation sur les DC ont été évalué (CD80, CD83, CD86, CD40, HLA-DR, par cytométrie de flux). Nous avons aussi analysé la capacité des DC maturées en présence de fibres à sécréter des cytokines (IL-10 et IL-12 par ELISA) et à activer les lymphocytes T CD4+ pour induire leur polarisation en lymphocytes Th1, Th2 et Th17 (par dosage intracytoplasmique de cytokines en cytométrie de flux). Nos résultats démontrent alors que les DC maturées en condition classique avaient un phénotype attendu avec une forte expression des marqueurs de maturation. Cependant, nous avons observé que ces cellules avaient une activité fonctionnelle altérée. En effet, elles sécrétaient des quantités très faibles de cytokines et induisaient une faible activation des lymphocytes T CD4. Cette faible activité des DC de ces donneurs de plus de 60 ans est peut être liée à l’âge des cellules et donc à leur vieillissement. De plus, nous avons observé une hétérogénéité phénotypique et fonctionnelle des DC en fonction des donneurs (niveau d’expression des marqueurs de maturation et sécrétion de cytokines par les DC très variables). Ces différences peuvent être liées à l’histoire immunologique du patient (plus de 60 ans). Dans l’ensemble nous n’avons pas eu d’effet marqué des fibres sur la maturation des DC, leur phénotype et leur fonction n’ont pas été altérés. Cependant, on a noté des tendances : L’inuline a eu tendance à augmenter la capacité des DCs à présenter l’Ag (↑HLA-DR) et à stimuler les lymphocytes T (↑marqueurs de co-stimulation: CD80, CD83, CD86). Elle semblait avoir des effets sur la fonction de la DC mature. Notamment, elle a modifié la sécrétion de cytokines par la DC (↓IL-12 et ↑IL-10). Elle a affecté la capacité des DC à activer les lymphocytes T CD4 (diminution de la sécrétion d’IL-4 par les lymphocytes). 57 La wellmune n’a pas eu d’effet notable sur le phénotype des DC matures. Cependant, elle semblait affecter leur fonction. On a observé une diminution de la sécrétion de cytokines (↓IL-12) et un faible pouvoir d’activation des lymphocytes T (↓ IL4). La oatwell a eu un effet néfaste sur la maturation des DC en diminuant sa capacité à présenter l’antigène (↓HLA-DR) et à stimuler les lymphocytes T et B (↓CD40 et CD83). Elle semblait aussi avoir des effets sur la fonction de la DC matures notamment en diminuant la sécrétion de cytokines (↓IL-12). Ces résultats suggèrent que ces trois fibres n’ont pas eu d’effet notable sur le système immunitaire notamment sur la maturation de la DC. Cette absence d’effet est peut-être due aux fibres en elles-mêmes ou bien au choix des DC. En effet, nous avons travaillé avec des DC de donneurs de plus de 60 ans et nous avons remarqué que ces cellules de base avaient une activité fonctionnelle affectée. Nous aurions peut être observée des effets des fibres avec des cellules de donneurs plus jeunes. Nous souhaitons désormais comprendre pourquoi la fonction des DC matures de donneurs de plus 60 ans est altérée. Nos données sont en accord celles obtenues en clinique. En effet, une étude clinique a été effectuée pour évaluer la capacité de ces fibres à stimuler le système immunitaire des personnes de plus de 60 ans lors de la vaccination contre la grippe. Ils ont voulu savoir si ces fibres allaient augmenter l’efficacité de la vaccination. Cependant, aucun effet n’a été observé. Retombées : Ce projet va contribuer à la compréhension des mécanismes d’interaction des fibres (NPS, prébiotiques) avec le système immunitaire et aidera à la justification de l’allégation santé pour ces composés. Ces données seront ensuite très intéressantes pour notre équipe car elles nous permettront de sélectionner de nouveaux composés pour prévenir des allergies. C. Conclusion sur la prévention ou la réduction de la réaction allergique par l’alimentation: Nos travaux sur les prébiotiques prouvent, pour la première fois, qu’une exposition périnatale puis postnatale à des compléments alimentaires (prébiotiques GOS/inuline) exerce un effet santé notable sur l’organisme notamment un renforcement de la barrière intestinale et une orientation du système immunitaire vers les voies de tolérance ce qui aurait pour conséquence de prévenir des allergies. Ce projet mérite d’être exploré plus profondément dans les années à venir. Il faudra définir plus précisément la période d’exposition aux prébiotiques, notamment de savoir si la période périnatale suffit-elle à elle seule pour agir sur le système immunitaire et la réaction allergique. Le modèle souris d’allergie devra être modifié pour faire en sorte d’obtenir une réponse allergique plus modérée et d’ainsi visualiser à la fois au niveau mécanistique et clinque l’effet préventif des prébiotiques. Ces dix années de recherche à l’INRA dans l’équipe Allergie montrent que mes activités s’orientent de plus en plus vers la compréhension des mécanismes d’interaction de 58 l’aliment (modifié ou non, supplémenté en prébiotiques, NPS) avec le système immunitaire et la barrière de l’intestin pour ensuite élaborer des stratégies pour agir sur les allergies. Mon projet de recherche pour les années à venir va donc s’orienter vers ce type d’étude. J’ai désormais acquis une certaine expertise sur l’impact de l’aliment sur le système immunitaire et la santé. A ce titre, j’ai donc été nommée le 16 juillet 2012 comme membre du comité d’experts spécialisé « Nutrition humaine » de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). 59 PROJET DE RECHERCHE ORIGINAL POUR L’AVENIR : « Compréhension des mécanismes d’interaction de l’aliment (natif, modifié, supplémenté) avec le système immunitaire et la barrière intestinale en vue d’élaborer des stratégies agissant sur les allergies. » Mes perspectives de recherche sont désormais centrées sur les approches mécanistiques que j’ai déjà engagées. Ainsi, je souhaite prioriser mes travaux de recherche sur l’étude des mécanismes précoces (translocation intestinale, sensibilisation, activation du système immunitaire) de la réaction allergique engendrés par l’aliment. L’impact des modifications de l’aliment par certains procédés technologiques (agrégation, désamidation, hydrolyse, émulsion) sur ces mécanismes sera aussi évalué. En liaison avec la compréhension de ces mécanismes, je souhaite mettre en place des stratégies de prévention ou de réduction des allergies via l’utilisation de certains suppléments alimentaires (prébiotiques/ polyphénols). L’interaction de ces suppléments avec le système immunitaire et l’intestin sera étudiée. Ainsi mon projet de recherche va se décliner en deux grands axes de recherches complémentaires : 1/ comprendre les mécanismes précoces d’interaction de l’aliment (sous différentes formes) avec le système immunitaire et l’intestin au cours d’une réaction allergique. 2/ élaborer des stratégies utilisant l’aliment pour réduire et/ou prévenir des allergies. I. Etude des mécanismes précoces de la réaction allergique engendrés par l’aliment A. Contexte L’allergie alimentaire est une maladie multifactorielle, influencée par des facteurs génétiques et environnementaux, qui se traduit par l'expansion d'une sous-population de cellules Th2 qui activent les cellules B productrices d’anticorps IgE spécifiques de l'allergène (258). Certains acteurs clés impliqués dans les mécanismes pathologiques favorisant l'allergie ont été identifiés (259) mais de nombreuses questions restent en suspens notamment sur les mécanismes précoces de sensibilisation aux allerggènes. La pathologie survient après un contact entre l’épithélium intestinal et l’allergène. Celui-ci va franchir la muqueuse saine pour ensuite orienter le système immunitaire vers la voie lymphocytaire de type Th2 (pour induire la réaction allergique) plutôt que la voie de la tolérance orale. Ce transport semble se produire par la voie vésiculaire transépithéliale des entérocytes (260) ou des cellules M (213). Notre équipe l’a observé pour certaines protéines de blé connues pour être des allergènes majeurs (216). Les cellules dendritiques (DC) peuvent aussi jouer ce rôle. En effet, elles peuvent étendre leurs dendrites entre les jonctions serrées et capturer l’allergène dans la lumière intestinale (96). Ces mécanismes de translocation intestinale des allergènes sont mal connus à l’heure actuelle. Les portions de l’intestin, les types cellulaires et les voies (transcelluaire et paracellulaire) impliqués sont peu décrits (voir problématique Action 1, travaux antérieurs). 60 Une fois la barrière intestinale franchie, l’allergène est pris en charge par une cellule présentatrice d’antigène qui va ensuite activer les cellules du système immunitaire et induire une réaction allergique. La DC joue un rôle majeur dans cette présentation de l’allergène soit directement en piégeant l’antigène dans la lumière intestinale soit indirectement après transcytose de l’antigène à travers la cellule épithéliale (261). Elle active alors les différentes populations de lymphocytes T résidants dans l’intestin ou celles présentes en périphérie après migration dans les ganglions lymphatiques. Il existe différentes sous population de DC dans l’intestin : celles issues des macrophages (CX3CR1+ CD103-), de la lignée myéloïde (CD103+CX3CR1- CD11b+) et de la lignée lymphoïde (CD103+CX3CR1- CD11b-) (261). Les rôles joués par ces différentes populations de DC restent cependant à ce jour très peu documentés. De plus, des données récentes ont montré que les cellules épithéliales de l’intestin ne jouent pas seulement un rôle de barrière mais elles sont aussi cruciales pour coordonner la réponse immune en sécrétant des cytokines (262). Par exemple, elles sécrètent la lymphopoïétine thymique stromale (TSLP) qui inhibe la production d’IL-12 par les DC en réponse aux bactéries, et induit ainsi une polarisation des cellules Th2 (263). Elles sont aussi capables de produire du TGF- et de métaboliser la vitamine A en acide rétinoïque pour induire le développement de DC tolérogènes caractérisées par une augmentation de l’expression de CD103+ chez l’humain (264). Il semble donc y avoir une vraie coopération entre les DC et les cellules épithéliales pour moduler la réponse lymphocytaire T. L’activation de la réponse T par les DC et/ou les cellules épithéliales dans la réaction allergique est un phénomène complexe faisant intervenir de nombreux acteurs cellulaires. Depuis de nombreuses années, le développement de la réaction allergique a été interprété comme un déséquilibre entre les réponses Th1 et Th2 (265). Plus récemment, d'autres souspopulations de cellules T, telles que les lymphocytes T CD4 + régulateurs (Tregs) ont été mises en évidence comme des acteurs importants dans le développement de l’allergie (266). En effet, les Tregs modulent la biodisponibilité de cytokines telles que l'IL-10 ou le TGF-β, régulant ainsi la balance Th2/Treg. À ce jour, deux sous population de Treg ont été décrites, naturelle et induite, mais leurs différences phénotypiques et fonctionnelles ainsi que leurs effets sur les réponses immunitaires restent encore largement inconnus (267). Une nouvelle sous-population de lymphocytes T, les cellules CD4 + IL17 + (Th17), a été identifiée et semble jouer un rôle crucial dans l'allergie. De même, les cellules Th22 (CD4 +, IL-22 +, IL17-) ont été caractérisées comme ayant un rôle dans le maintien de l’homéostasie des cellules épithéliales intestinales (268). Néanmoins, leur rôle dans les mécanismes allergiques reste inexploré notamment dans la phase précoce de l’allergie alimentaire. Les molécules impliquées dans cette phase sont aussi peu connues. L’'initiation de la réponse immunitaire dans le tractus gastro-intestinal semble être régulée, entre autres, par la TSLP, l’IL-25 et l’IL33 qui sont des cytokines associées à l’épithélium (269). Dans des modèles murins d‘allergie, l’élévation de la production de TSLP est associée à l'apparition de symptômes de l’allergie alors que l’IL-33 et, dans une moindre mesure, l’IL-25 sont impliquées dans l’initiation de la réponse Th2 en induisant l'expression d’OX40L sur les cellules dendritiques (270). Les mécanismes de l’allergie alimentaire se complexifient d’autant plus lors des modifications de l’aliment par les procédés de transformation industriels. Ces transformations 61 toujours plus poussées peuvent contribuer à l’apparition de néoallergènes ou au renforcement de l’allergénicité des aliments. Il semble que certains procédés industriels de fabrication des aliments tels que le chauffage (210-212), la réduction/alkylation (201), la glycation (203), la pasteurisation (213) ou d’autres procédées modifient la structure des allergènes et donc leur capacité à traverser la barrière de l’intestin. Des données suggèrent que les types cellulaires impliqués dans le transport des allergènes diffèrent en fonction de la structure des allèrgènes. En effet, la -lactoglobuline une fois agrégée par le chauffage va être préférentiellement transportée au niveau des cellules M situées dans les plaques de Peyer de l’intestin (213) alors que ce même allergène non chauffé privilégiera la voie entérocytaire. Notre équipe a montré que certaines protéines de blé, les - et les 2-gliadines, étaient impliquées dans l’allergie alimentaire au gluten désamidé formé à la suite d’un procédé technologique de transformation du gluten (chauffage à pH acide) (225). Les patients touchés par cette nouvelle pathologie développent des symptômes forts comme l’anaphylaxie (217) et nous avons montré que la désamidation augmentait la sensibilisation des souris aux gliadines de blé (221). Différentes études ont montré que la torréfaction de l’arachide augmente son allergénicité (271, 272). Pour comprendre les mécanismes impliqués dans l'allergie alimentaire, différents modèles animaux et cellulaires ont été développés. Il existe notamment des modèles animaux adéquats capables de reproduire au mieux la pathologie humaine (121 , 273, 274). Les mécanismes de translocation des allergènes sont souvent étudiés à l’aide de lignées cellulaires intestinales (Caco-2, HT-29 et cellules M : co-culture de Caco-2 et de Raji) (205, 207, 216, 275, 276) et de modèles animaux (rat, souris) (102, 200, 202, 213). Ils ont très rarement été analysés à l’aide de biopsies intestinales humaines (53, 277-279). Ainsi, les mécanismes de la réaction allergique sont très complexes et encore peu élucidés notamment les mécanismes précoces de translocation des allergènes et d’activation du système immunitaire. Les acteurs cellulaires et moléculaires mis en jeu au commencement de l’allergie alimentaire sont peu connus. On note aussi encore peu de données sur l’impact de l’aliment et de ses transformations sur ces phénomènes allergiques. B. Objectifs scientifiques Au vue de la littérature, il est donc fondamental d’étudier les mécanismes initiateurs de la réaction d’allergie alimentaire ainsi que l’impact des procédés industriels sur ces phénomènes. Cette démarche de compréhension mécanistique permettra d’optimiser les stratégies visant à réduire et à prévenir des allergies alimentaires. Elle permettra aussi de développer des outils permettant d’appréhender l’allergénicité des aliments natifs ou transformés par les procédés industriels. Ce projet se concentrera plus particulièrement sur trois objectifs spécifiques comme suit (Figure 10) : Objectif 1: étudier les mécanismes de translocation des allergènes au niveau de l’épithélium intestinal notamment identifier les zones de l’intestin, les voies et les cellules impliqués dans ces phénomènes de transport. Objectif 2 : étudier les mécanismes de prise en charge des allergènes par les DC et les cellules épithéliales au niveau de l’intestin. 62 Objectif 3: étudier les mécanismes d’activation de la réponse lymphocytaire T mis en jeu au cours de la réaction allergique. Ceci permettra de définir précisément les mécanismes responsables de la balance entre tolérance et allergie orchestrés par l’immuno-surveillance. Ces trois objectifs seront dans un premier temps abordés à partir de modèles d’allergènes simples et connus comme ceux du blé (gliadines) et de l’œuf (ovalbumine). Nous pourrons ensuite avec l’aide de mes collègues immunochimistes et physico-chimistes (S.Denery, C. Larré, C. Brossard, O. Tranquet) évaluer l’impact des procédés technologiques de transformation de ces deux allergènes sur les différents mécanismes traités dans les objectifs 1, 2 et 3. Pour établir un lien entre ces mécanismes précoces et la symptomatique de la réaction allergique nous évaluerons l’effet du traitement de l’aliment sur le déclenchement de la réaction allergique (objectif 4). Figure 10 : Objectifs du projet d’étude des mécanismes précoces de la réaction allergique engendrés par l’aliment (d’après (280)) 63 C. Méthodologie Le projet vise à élucider précisément les mécanismes précoces des allergies alimentaires. En tant que tel, le projet englobera l’étude du passage de l'allergène à travers la barrière intestinale et la compréhension des mécanismes immunologique induisant une sensibilisation aux allergènes puis une allergie alimentaire à part entière. Ce projet alliera la biologie cellulaire pour définir le transport de l'antigène à travers la barrière intestinale et l'immunophysiologie pour définir la prise en charge des allergènes par les APC et les processus de différentiation des cellules immunitaire telles que les lymphocytes T et l’orientation donnée au système immunitaire. Objectif 1: Identifier les mécanismes régulant le transport des allergènes à travers la barrière épithéliale intestinale Pour analyser comment les propriétés des allergènes influent sur la reconnaissance, le transport et la voie utilisée pour franchir la barrière intestinale, nous utiliserons des approches in vitro, ex vivo et in vivo. Approche in vitro : A l’aide de lignées cellulaires (Caco-2, HT-29, cellules M), qui miment la barrière intestinale, nous évaluerons le transport des protéines à travers la monocouche cellulaire en fonction de leurs propriétés au niveau quantitatif et qualitatif. - L’effet des protéines sur la perméabilité intestinale paracellulaire sera évalué en dosant le transport d’acide sulfonique-FITC à travers la monocouche de cellules. - La quantification des protéines traversant le tapis cellulaire sera évaluée par ELISA. - L’analyse qualitative des protéines alimentaires (protéines entières ou fragments) traversant la barrière intestinale sera réalisée par spectrométrie de masse via la plate-forme INRA «BIopolymères et Biologie Structurale (BIBS) ». - La localisation des protéines donnant des indications sur les voies de passage et les cellules impliquées sera analysée par cytométrie en flux et microscopie confocale. - Les voies cellulaires de transport seront déterminées par différentes méthodes d’inhibition ou de microscopie confocale. Nous étudierons particulièrement l’endocytose (phagocytose et pinocytose : clathrine dépendant lysosomial ou non, calvéoline médiée, calvéoline et clatherine indépendant et macro-pinocytose), les lipides rafts et l’exocytose. - Le rôle du CD23 dans le transport des allergènes sera aussi évalué à l’aide de la lignée MDCK transfectée avec le CD23a ou le CD23b. - L’effet des protéines sur les propriétés fonctionnelles des cellules épithéliales sera aussi évalué. Nous analyserons notamment leur capacité à sécréter différentes cytokines (TSLP, IL33, IL-25) par ELISA ou qPCR Approche ex vivo : Le transport des allergènes natifs ou modifiés sera aussi analysé à l’aide de différents fragments d’intestins (duodénum, jéjunum, iléon et colon proximal) avec ou sans plaque de Peyer. Ils seront prélevés sur des souris naïves ou allergiques et seront montés en chambre de Ussing puis mis en contact avec l’allergène dans le compartiment muqueux (environ 3h). Le passage de l’allergène à travers les différentes portions de l’intestin sera évalué par : - la résistance trans-épithéliale pour déterminer la perméabilité globale 64 - le dosage de l’acide sulfonique-FITC donnant la perméabilité paracellulaire - le dosage de l’HRP pour la perméabilité transcellulaire - la quantification des protéines dans les milieux muqueux et séreux par différentes approches : ELISA, HPLC, marquage par des fluorochromes, spectrométrie de masse. Pour se rapprocher au mieux de la physiologie de l’épithélium intestinal, nous réaliserons des cultures primaires issues de fragments d’intestin de souris allergiques ou non. Cette approche nous permettra d’évaluer l’effet des protéines sur un panel plus large de cellules intestinales spécialisées (cellules de Paneth, cellules M, entérocytes, cellules caliciformes). Nous analyserons la perméabilité intestinale, le transport et la sécrétion de cytokines par le tapis de cellules primaires en réponse à l’allergène. Cette étude nous permettra d’évaluer le rôle des différentes cellules intestinales dans le transport des allergènes. Approche in vivo : Le transport des allergènes pourra être directement évalué in vivo chez la souris. Pour cela, nous ferons des mesures qualitative et quantitative du passage des protéines alimentaires dans les liquides biologiques (sang, urine, contenu caecal etc…) après gavage intra-gastrique des souris avec les protéines ayant subies différents traitements (chauffage, hydrolyse, désamidation). Objectif 2 : Etudier les mécanismes de prise en charge des allergènes natifs ou modifiés par les DC et les cellules épithéliales. Pour évaluer le rôle des DC et des cellules épithéliales dans la présentation des allergènes, nous utiliserons des approches in vitro et ex vivo. Approche in vitro : Nous réaliserons des co-cultures de cellules intestinales avec des DC. Les cellules intestinales pourront être des cellules caco-2, HT-29 ou des cellules M et les DC seront dérivées de monocytes humains et/ou de souris. Approche ex vivo : Des co-cultures de cellules primaires de l’intestin de souris allergiques ou non avec des DC humaines ou murines seront réalisées. Dans les deux approches, nous évaluerons l’impact de l’allergène sur le phénotype et l’état d’activation de la DC et de la cellule épithéliale par cytométrie de flux. Pour cela, nous regarderons différents marqueurs exprimés à la surface de ces cellules (DC : CD11c, CD11b, CD1a, CD14, CD80, CD86, CD83, CD40, CD103, CD123, CX3CR ; cellule épithéliale : CD23, TLR, HSP, ZO-1, occludine, MUC, GP2) ainsi que leur capacité à sécréter différentes molécules effectrices telles que les cytokines (TSLP, TGF-, IL-10,…). Objectif 3: Comprendre les mécanismes d’activation de la réponse lymphocytaire T au cours de la réaction allergique. Pour évaluer la capacité des allergènes natifs ou modifiés, une fois présentés par la DC ou la cellule épithéliale, à induire la polarisation de la réponse T (Th1, Th2, Th17, Trégulatrice), nous développerons à la fois une approche in vivo chez l’animal et une approche sur des modèles cellulaires in vitro et ex vivo. Pour caractériser finement les populations lymphocytaires T activées, nous utiliserons la technique de cytométrie en flux 3 lasers. 65 Approche in vivo: Nous évaluerons l’apparition de certains marqueurs moléculaires de l’allergie et surtout l’émergence de populations de lymphocytes T et de cellules dendritiques à chaque étape de la phase de sensibilisation de la réaction allergique grâce à l’utilisation de modèles murins d’allergie au blé et/ou à l’œuf. Des souris Balb/cj âgées de 6 semaines seront sensibilisées par trois injections intra-péritonéales (IP, 3 injections de 10µg de protéines avec 100µl d’alum espacées de 10 jours : J1, J10 et J20) avec les allergènes natifs ou modifiés. Après chaque sensibilisation, des souris seront sacrifiées par dislocation cervicale et différents prélèvements seront effectués pour évaluer l’apparition des différentes populations cellulaires et des marqueurs moléculaires. *Populations cellulaires : Les cellules issues des organes lymphoïdes (rate, ganglions, plaques de Peyer) des souris seront isolées et marquées après chaque étape pour analyser par cytométrie en flux les caractéristiques des populations immunes : populations lymphocytaires T (Th1, Th2, Th17, Treg et Th22) et cellules dendritiques : Th1 (CD3+ CD4+, IFNγ+, IL-4-) Th2 (CD3+ CD4+, IL-4+ IFNγ-) Th17 (CD3+ CD4+ IL-17+ IFNγ-) Th22 (CD3+ CD4+ IL-22+ IL-17-) Treg naturelle (CD3+ CD4+ CD25+ Foxp3+ Neuropilin-, ICOS-) Treg induit (CD3+ CD4+ CD25+ Foxp3+ Neuropilin+, ICOS+) DC inflammatoires (CD11c+, CD8+, CD103-) DC dérivées de monocytes (CD11c+ CD8-, CD103+) DC résidentes (CD11c+, CD11b-, CD103+) *Marqueurs moléculaires : Des prises de sang seront réalisées à chaque étape du protocole au niveau du plexus rétro-orbitaire chez toutes les souris afin de doser, par ELISA, diverses immunoglobulines totales et spécifiques de l’allergène (Ig 1, Ig 2a et IgE). Des prélèvements de tissus intestinaux (jéjunum, iléon, côlon) seront également réalisés pour analyser l’expression de certains marqueurs par immunohistologie et western blot : des récepteurs associés au système immunitaire (CD23, CMH, récepteurs de cytokines et de chémokines, protéines d’adhésion, protéines de différenciation des cellules dendritiques), des marqueurs de l’intégrité de la barrière épithéliale (HSP25, HSP72, caspase 3, zonuline, occludine, mucine) et des marqueurs inflammatoires (MCP-1, IL-6). Approches in vitro et ex vivo : Nous réaliserons des modèles de co-culture de cellules intestinales (caco-2, HT-29, cellules M, cellules primaires de l’intestin de souris allergiques ou non), de DC (monocytes de souris et/ou humains) et de lymphocytes T CD4 (obtention par sélection négative CD4 à partir de lymphocytes T intra-épithéliaux de souris, de splénocytes de souris ou de lymphocytes du sang périphérique humain). L’allergène natif ou modifié sera mis en contact avec ce modèle de co-culture puis nous évaluerons comme dans l’approche in vivo chez l’animal par cytométrie en flux les caractéristiques des populations immunes : populations lymphocytaires T (Th1, Th2, Th17, Treg et Th22) et cellules dendritiques. 66 Objectif 4 : Etudier les répercussions des mécanismes de sensibilisation de la réaction allergique sur la symptomatique. Les mécanismes précoces de la réaction allergique induits par l’allergène modifié ou non vont ensuite conditionner l’apparition et la sévérité des symptômes. Il est donc indispensable dans notre approche mécanistique de vérifier quel est l’impact du traitement de l’allergène sur la phase de déclenchement de la réaction caractérisée par la dégranulation des basophiles ou mastocytes et l’observation de signes cliniques. Pour évaluer ces paramètres nous utiliserons les approches in vitro (modèle de dégranulation des basophiles) et in vivo (modèle animal d’allergie) que j’ai mis en place lors de mes travaux antérieurs. Approche in vitro: Nous évaluerons la capacité des allergènes modifiés (œuf et blé) par le traitement à induire in vitro la dégranulation de la lignée de basophiles de rat humanisés (RBL). Cette étude nous permettra de voir si le traitement favorise ou non la phase de déclenchement. Approche in vivo: Nous analyserons l’impact des traitements de l’allergène sur la phase de déclenchement des symptômes de l’allergie grâce à l’utilisation de modèles murins d’allergie (œuf et blé). Des souris Balb/cj âgées de 6 semaines seront sensibilisées par injections intra-péritonéales (IP, 3 injections de 10µg de protéines avec 100µl d’alum espacées de 10 jours : J1, J10 et J20) puis par gavages (2 gavages avec 20mg de protéines à 2 jours d’intervalle : J31 et J33) avec les allergènes de blé ou d’œuf natifs ou modifiés. Après la sensibilisation, la réaction allergique sera déclenchée à J43 par gavage oral (rappel) avec les mêmes allergènes (20mg). La température corporelle des souris sera surveillée après déclenchement et les symptômes seront évalués. A la fin du protocole, une prise de sang sera réalisée au niveau du plexus rétroorbitaire chez toutes les souris afin de doser les marqueurs de l’allergie : IgG1, IgG2a et IgE ainsi que l’histamine. Cette analyse permettra de comprendre les relations entre les mécanismes initiateurs de l’allergie induit par l’aliment modifié et la symptomatique de la pathologie. D. Résultats attendus et retombées scientifiques Ce projet permettra d’apporter de nouvelles données sur : L’effet des allergènes de blé et d’œuf sous formes native et modifiée sur la perméabilité paracellullaire de la barrière intestinale. L’évaluation du transport transcellulaire de ces allergènes transformés ou non. L’identification des voies transcellulaires de transport de ces allergènes (endosomes, lysosomes, exosomes…). L’identification des sections intestinales responsables du transport de ces allergènes : intestin grêle (duodénum, jéjunum, iléon) et colon. Le rôle des différents types cellulaires intestinaux sur le passage des allergènes : cellules M, entérocytes, colonocytes. L’identification des mécanismes de capture des allergènes par les cellules intestinales (clatherine, calvéoline, lipid raft…). Le type de cellules dendritiques impliquées dans la prise en charge, l’initiation et le développement de la réaction d’allergie alimentaire et son évolution. 67 La caractérisation et le rôle des populations lymphocytaires T à un stade précoce de la réaction allergique et leur évolution au cours du développement de la pathologie. La caractérisation des acteurs moléculaires impliqués précocement dans l’allergie alimentaire et leur implication au cours de la pathologie. Les relations entre les mécanismes initiateurs de l’allergie et les symptômes cliniques. L’ensemble de ces résultats permettra d’apporter des informations nouvelles sur la compréhension des mécanismes à l’origine de la réaction d’allergie alimentaire et sur l’identification des bio-marqueurs très précoces impliqués dans la pathologie. A ce jour, les allergies sont étudiées chez l’homme et chez l’animal au stade tardif de la maladie lors de l’apparition des symptômes cliniques. Cette étude, très précoce et novatrice, permettra d’évaluer l’allergie au stade cliniquement muet de la sensibilisation. Elle apportera de nombreuses connaissances sur l’impact de certaines transformations des aliments sur le système immunitaire et donc leurs répercussions sur les mécanismes mis en jeu au cours de l’allergie alimentaire. A plus long terme, ce projet pourrait conduire à un changement dans la prise en charge clinique des patients allergiques avec une meilleure prévention et une meilleure compréhension de la pathologie aboutissant à une meilleure qualité de vie de ces patients. Audelà de la santé humaine, mes résultats seront également d'une grande utilité pour les industriels potentiellement prêts à respecter les règles sur le processus de transformation des aliments et désireux d’obtenir de nouveaux outils leur permettant un diagnostic rapide et une évaluation forte de leurs procédés. E. Projets envisagés pour réaliser cette étude : Pour réaliser cette étude, nous avons obtenu différents financements pour l’équipement et les salaires à travers différents appels à projet : - - Bourse européenne IEF Marie-Curie de 2 ans (juillet 2014-juillet 2016) pour mon collègue Grégory Bouchaud actuellement en stage post-doctoral. Titre du projet: « Impact of Gluten properties on Immune system and development of Food Allergy (IGIFA) ». Je suis coordinatrice du projet. Bourse AgreenSkills complétée par un salaire INRA (janvier à juin 2014) pour Grégory Bouchaud. Subvention de la région Pays de la Loire dans le cadre du « Renforcement des équipements de laboratoires » pour l’achat d’une partie d’un cytomètre analyseur BD FACS Canto II. Le complément du financement a été demandé dans différents appels d’offre ANR et au niveau de l’unité BIA. Pour financer le fonctionnement de cette recherche, nous souhaitons répondre à différents appels d’offres auprès de l’ANR (jeune chercheur, projets collaboratifs, défi santé et bienêtre) et de la région Pays de la Loire (« paris scientifiques régionaux »). Pour renforcer cet axe de recherche, je participe depuis octobre 2013 au co-encadrement de la thèse de Mathilde Claude qui est encadrée par ma collègue C. Brossard et sous la direction de Sandra Denery. La thèse a pour titre : « Etude du pouvoir sensibilisant et déclenchant des allergènes alimentaires en systèmes aqueux ou émulsionnés ». Afin de progresser sur la 68 connaissance de l’impact de l’alimentation sur les réactions allergiques, nous proposons de préciser au cours de cette thèse le rôle joué par les phénomènes d’agrégation en phase aqueuse et en modèle émulsionné sur la capacité des allergènes modifiés ou non à traverser la barrière intestinale, sensibiliser l’organisme et déclencher la réaction allergique II. Stratégies nutritionnelles pour réduire ou prévenir les allergies alimentaires A. Contexte : Dans l’introduction de ce manuscrit, nous avons pu voir qu’il existait des stratégies de réduction et/ou prévention du risque allergique. Au cours de mes travaux antérieurs j’ai initié une étude innovante sur la prévention des allergies par les prébiotiques. Je souhaite continuer à explorer cette piste et développer une nouvelle approche avec ma collègue Colette Larré : celle des polyphénols. Les études utilisant les prébiotiques chez l’enfant ou chez la souris adulte restent peu nombreuses et hétérogènes mais convergent vers un effet protecteur des prébiotiques vis-à-vis de l’allergie (136, 146-150). Un certain nombre de travaux suggèrent que la période périnatale constituerait une fenêtre d’action pertinente pour l'induction de la tolérance immunologique et le renforcement de la barrière intestinale (281, 282). Dans mes travaux antérieurs, lors de la thèse de P. Gourbeyre (2009-2011), nous avons notamment démontré que l’introduction d’un mélange de prébiotiques de type GOS/inuline pendant les périodes périnatale et de postsevrage contrairement au post-sevrage seul stimule les voies liées à la tolérance (réponses Treg et Th1, fortes productions d'IL-10, de TGF-d'Ig) et renforce la barrière intestinale (expressions augmentées de HSP-25, MUC-2 et ZO-1) (255). Ces résultats suggèrent que la gestation, la mise bas et l'allaitement sont potentiellement des périodes clés durant lesquelles les réponses immunitaires peuvent être significativement modulées. Cette modulation du système immunitaire ouvre la voie à une possible prévention de l’allergie. Pour valider cette hypothèse, nous avons donc choisi d’évaluer l’impact du mélange de OS/inuline donné en périnatal poursuivi du post-sevrage sur un modèle de souris allergique (121, 219, 221). Ce travail a confirmé que l’administration précoce des prébiotiques GOS/inuline (périnatale + post-sevrage) favorise un maintien des voies de la tolérance mais aucune diminution de la réponse allergique n’a été observée (256). Cette observation peut s’expliquer par notre protocole de sensibilisation trop drastique qui en orientant fortement le système immunitaire vers la voie de l’allergie a masqué l’effet tolérogène induit par les prébiotiques. Ces travaux encourageants sur l’effet du mélange OS/inuline donné en périnatal puis en post-sevrage se doivent d’être poursuivis dans les années à venir. Les polyphénols comme annoncé dans l’introduction de ce manuscrit semblent avoir différents effets sur le système immunitaire et pourraient ainsi moduler les réactions allergiques : action sur la DC, sur la production de cytokines de type Th2, sur les lymphocytes T, sur la production d’IgE par les lymphocytes B et sur la dégranulation des mastocytes. Dans le contexte de l’allergie au blé, l’utilisation des polyphénols semblent une piste intéressante pour réduire le risque allergique. En effet, il a été démontré que certains liants polymériques alimentaires pouvaient avoir un effet de « masquage » de gluten, spécifiquement vis-à-vis de 69 la gliadine, au niveau intestinal. Des résultats in vitro montrent que la gliadine a une capacité de liaison aux polyphénols supérieure à celle des protéines du jus de pomme (283). Des études ont montré des interactions entre la gliadine et certains polyphénols, les acides tannique et gallique (284-286). Ces données démontrent la pertinence d'exploiter les propriétés d'interactions des polyphénols avec les gliadines et d’évaluer leurs répercussions sur les réactions allergiques. On peut se demander si ces interactions vont augmenter ou diminuer la capacité de cet allergène du blé à stimuler le système immunitaire et induire une réaction allergique. B. Objectifs scientifiques: Ma priorité est de mettre en place des stratégies pour réduire, traiter et prévenir des allergies via l’alimentation. Je souhaite continuer à explorer la piste des prébiotiques de type GOS/inule et élargir cette étude à de nouveaux prébiotiques comme les HMO. Une nouvelle stratégie prometteuse, celle des polyphénols, sera aussi évaluée. Pour développer cet axe de recherche, je mettrai en œuvre une approche pré-clinique sur des modèles animaux. Celle-ci permettra de tester mes hypothèses et de démontrer l’intérêt de ces deux stratégies dans le contexte de l’allergie alimentaire. J’ai d’ores et déjà obtenus des résultats pertinents sur l’utilisation des prébiotiques qui nécessitent d’être approfondis chez la souris pour ensuite être validés dans des approches cliniques. Ainsi, cette stratégie continuera à se développer chez l’homme par le développement de protocoles cliniques en collaboration avec des cliniciens (Hugues Piloquet, CHU de Nantes) et lors de mon expérience de mission longue durée en Australie avec le Professeur Susan Prescott (Université de l’Ouest de l’Australie, Hôpital Princess Margaret, Perth). 1. Approche pré-clinique : Pour évaluer ces deux stratégies de prévention, je travaillerai à l’aide de modèles animaux d’allergie. Je me placerai plus particulièrement dans le contexte des allergies alimentaires au blé de par mon expérience plus spécifique sur cette pathologie depuis environ une dizaine d’années. a. Stratégie des prébiotiques : Je continuerai à m’intéresser à la stratégie des prébiotiques qui me préoccupe déjà depuis environ 5 ans et pour laquelle nous avons des résultats encourageants. En effet, nous avons montré, pour la première fois, qu’une exposition périnatale à des prébiotiques (mélange OS/inuline au ratio 9:1) exerce un effet santé notable sur l’organisme (barrière intestinale renforcée, terrain immunitaire inducteur de la tolérance orale, développement du nouveau-né, comportement maternel). Cependant des questions restent en suspens. Il est désormais indispensable de définir plus précisément la nature, la durée et la chronologie d’exposition et les mécanismes d’action des prébiotiques pour prévenir au mieux des allergies. Mes objectifs dans ce projet seront les suivants : Objectif 1 : déterminer précisément la fenêtre d’exposition aux prébiotiques de type GOS/inuline la plus efficace pour prévenir de l’allergie. La combinaison des périodes 70 périnatale et post-sevrage est efficace mais une introduction en périnatal seule (gestation et allaitement) ou en anténatale seule (gestation) ne suffit-elle pas ? Objectif 2 : caractériser plus précisément les mécanismes d’action des prébiotiques de type GOS/inuline au niveau du système immunitaire et de l’intestin. Objectif 3 : évaluer l’effet des prébiotiques de type GOS/inuline sur le microbiote intestinal. Objectif 4 : évaluer l’efficacité de nouveaux prébiotiques notamment des HMO. b. Stratégie des polyphénols : Je souhaite aussi m’orienter vers une nouvelle piste de réduction de la réaction allergique celle des polyphénols. Mes objectifs seront les suivants : Objectif 5 : déterminer si les polyphénols, par leur capacité d’interaction avec les protéines allergènes, sont capables d’influer sur la phase de sensibilisation de l’allergie. Objectifs 6 : évaluer si les polyphénols peuvent aussi influer sur la phase symptomatique de l‘allergie. Objectif 7 : caractériser les mécanismes d’action des polyphénols. 2. Approche clinique : La stratégie des prébiotiques étant prometteuse, je souhaite, en collaboration avec les pédiatres du CHU de Nantes et ceux de l’hôpital Princess Margaret à Perth, évaluer leur intérêt pour prévenir de la dermatite atopique chez le nouveau-né. Les objectifs de cette approche sont : Objectif 1 : de tester les prébiotiques dans la prévention de la dermatite atopique chez l’enfant. Objectif 2 : de déterminer la fenêtre d’exposition aux prébiotiques (périnatal, périnatal associé au postnatal) la plus efficace pour prévenir de l’allergie chez l’homme. Objectif 3 : de valider cliniquement chez l’homme les données obtenues chez l’animal. C. Méthodologie 1. Approche pré-clinique chez l’animal : a. Stratégie des prébiotiques : Modèles animaux d’exposition aux prébiotiques: souris Balb/cJ (voir figure 11) Au cours de cette étude, notre objectif est de tester différentes périodes d’exposition aux prébiotiques et de définir celle qui est la plus à même d’induire un terrain tolérogène et d’ainsi prévenir de l’allergie. Les périodes d’exposition aux prébiotiques seront les suivantes (voir figure 11) : 71 - période anténatale seule: pendant la gestation seulement (mère sous prébiotiques de la reproduction à la naissance). - période périnatale seule : pendant la gestation et l’allaitement (prébiotiques donnés à la mère de la reproduction à la fin de l’allaitement, c’est-à-dire jusqu’à 3 semaine de vie du souriceau). - période périnatale combinée au post-sevrage (prébiotiques donnés à la mère de la reproduction à la fin de l’allaitement puis donnés au souriceau dans l’aliment solide de 3 à 10 semaines de vie). Nous induirons ensuite l’allergie aux gliadines de blé chez la souris selon le protocole déjà décrit (121, 221). Dans cette nouvelle étude nous choisirons de réaliser un modèle souris de sensibilisation à l’allergène moins drastique que lors de nos travaux antérieurs (256). Pour cela, nous réaliserons seulement deux injections intra-péritonéales (protocole antérieur : 4 injections) avec l’allergène à 6 semaines de vie espacées de 16 jours et une exposition orale (protocole antérieur : exposition intra-péritonéale) à 10 semaines de vie. Ce travail sera réalisé dans un premier temps avec les prébiotiques GOS/inuline déjà utilisés lors de mes travaux antérieurs. Une fois que nous aurons déterminé la période d’exposition la plus tolérogène nous pourrons évaluer l’efficacité de nouveaux prébiotiques comme les HMO. Analyses mécanistiques de l’effet des prébiotiques : Avant l’induction de la réponse allergique, nous pourrons évaluer l’effet des prébiotiques sur : - l’orientation du système immunitaire périphérique et associé aux organes lymphoïdes (rate, plaque de Peyer, ganglions mésentériques) : - caractérisation in vivo des populations lymphocytaires T (Th1, Th2, T régulatrices, Th17, Th22) et des DC au niveau phénotypique et fonctionnel. - étude de la capacité des DC à polariser les lymphocytes T naïfs (en présence de prébiotiques) dans des systèmes de co-culture ex vivo et/ou in vitro. - l’intestin : perméabilité intestinale (in vivo: dextran FITC et ex vivo: chambre de Ussing), transit intestinal, expression de marqueurs de l’intégrité de la barrière épithéliale (HSP25, HSP72, caspase 3, zonuline, occludine, mucine), de marqueurs inflammatoires (MCP-1, IL-6) et de certains récepteurs associés aux cellules épithéliales (TLR, NOD, galectines, lectines). . - le microbiote: séquençage des genres et espèces bactériens issus des fèces des souriceaux. Après l’induction de la réponse allergique nous analyserons l’effet de ces suppléments alimentaires sur : - la sensibilisation allergique: analyse de la réponse T (Th1, Th2, Tregulateur), de la production de cytokines (IL-4, IFN, TGF, IL-10) et d’immunoglobuline (IgE, Ig 1, IgG2a, IgA). - le déclenchement des symptômes cliniques : scores, dosage d’histamine, prise de température. 72 - le microbiote. - l’intestin. Périodes combinées périnatale et post-sevrage: Souriceaux: 9 semaines sous prébiotiques Mères: sous prébiotiques naissance Sevrage 3 semaines 6 semaines 10 semaines Etude périnatale + post-sevrage Gestation Allaitement 2 Injections IP de gliadines: 16 jours d’intervalle Provocation orale avec les gliadines 8 jours après dernière sensibilisation Induction de l’allergie Période périnatale : Mères: sous prébiotiques naissance Sevrage 3 semaines 6 semaines 10 semaines Etude périnatale Gestation Allaitement Période anténatale : Induction de l’allergie Mères: sous prébiotiques naissance Sevrage 3 semaines 6 semaines 10 semaines Etude anténatale Gestation Allaitement Figure 11 : Modèle animal d’exposition aux prébiotiques et induction de l’allergie. 73 b. Stratégie des polyphénols : Sélection des complexes polyphénoliques : évaluation in vitro de leur capacité à masquer le gluten : Cette tâche a pour objectif de sélectionner les polyphénols susceptibles de réduire l’allergénicité du gluten par masquage. Elle débutera par la mise au point d’une méthode de mesure des interactions polyphénols/protéines de blé s’inspirant des modèles actuels in vitro (287-291). Les extraits polyphénoliques seront pré-selectionnés en fonction des données de la littérature et de notre expérience. Certains liants polymériques alimentaires pouvant avoir un effet de «masquage » du gluten au niveau intestinal ont déjà été identifiés. Il s’agit notamment des polyphénols de raisin (Vitis vinifera) utilisés en œnologie, de noix de galle d’Alep (Quercus infectoria ou robur) utilisés dans le tannage des protéines de la bière, de châtaigner (Castanea sativa) utilisés pour le tannage des protéines en nutrition animale, ou encore des polyphénols de thé, thym, café, pomme, et romarin. Ces polyphénols pourraient donc probablement avoir des effets intéressants pour le traitement ou la prévention de l’allergie alimentaire. Nous évaluerons aussi l’effet des polyphénols sur la digestion des gliadines in vitro. Pour cela, nous mettrons au point les paramètres d’hydrolyse (pepsine et trypsine, temps, pH) et nous caractériserons les produits d’hydrolyse par électrophorèse et immunochimie. Cette tâche permettra notamment de choisir des hydrolysats d’intérêt pour, ensuite, évaluer leur allergénicité résiduelle in vitro avec des sérums de patients allergiques et des lignées cellulaires. Nous analyserons notamment la capacité des gliadines complexées aux polyphénols (digérées ou non) à : - être reconnues par les IgE des patients allergiques en ELISA. - être transloquées au niveau de la barrière intestinale mimée par des cellules CaCo2. - déclencher une réaction allergique, mimée par des RBL humanisées. Les extraits de polyphénols montrant un effet de masquage du gluten in vitro (réduction de la reconnaissance par les IgE, du transport intestinal et de la dégranulation des basophiles) seront sélectionnés pour être utilisés dans les essais chez l’animal. Etude de l’efficacité des polyphénols sur des modèles souris d’allergie au blé, analyse des mécanismes d’action : Cette tâche consistera à évaluer in vivo l’effet des gliadines complexées aux polyphénols sur la réaction allergique. Pour cela, nous utiliserons le modèle souris Balb/cJ d’allergie au blé. Nous réaliserons 4 groupes de souris : un groupe contrôle négatif (animaux sains), un groupe contrôle positif (animaux sains traités avec les polyphénols), un groupe d'animaux allergiques et un groupe d'animaux allergiques traités avec les polyphénols pendant la phase de sensibilisation. La sensibilisation allergique aux gliadines de blé sera réalisée selon le protocole classiquement utilisé par l’équipe (121, 221). Nous ferons 3 injections intrapéritonéales avec l’allergène à 6 semaines de vie espacées de 10 jours et une voir deux expositions orales à 10 semaines de vie espacées de 2 jours. Nous évaluerons au cours et en fin de protocole différents paramètres: 74 - physiologiques : mesure de la prise alimentaire, du poids, de la fonction intestinale (perméabilité intestinale in vivo et ex vivo en chambre de Ussing), état de la muqueuse intestinale (analyse histologique des fragments intestinaux : scores histo-pathologiques). - immunologiques : mesure des Ig (IgE, IgG1, IgG2a, IgA) dans le sang, caractérisation des populations lymphocytaires T et des DC au niveau des plaque de Peyer, des ganglions mésentériques, de la rate par cytométrie de flux. - microbiologiques : caractérisation du microbiote intestinal par séquençage des genres et espèces bactériens dans les fèces et par analyse de la production d’acides gras à chaine courte dans le contenu caecal. Ces données nous permettront de démonter in vivo si le polyphénol a eu un impact sur la réaction allergique engendrée par la gliadine de blé. 2. Approche Clinique chez l’homme L’objectif de l’étude clinique est de valider chez l’homme la stratégie « des prébiotiques » et de définir la période d’exposition la plus efficace pour prévenir de l’allergie (anténatale ou anténatale combinée au postnatal). Le choix du prébiotique se fera en fonction des résultats obtenus chez l’animal et en concertation avec les cliniciens. Pour développer cette approche, nous réaliserons une étude prospective contrôlée par placebo et en double aveugle. Nous procéderons à un recrutement de femmes enceintes dont l'enfant à naître est à risque d'atopie de premier degré (mère atopique, père atopique ou premier enfant atopique). Ces patientes pourront être inclues par le service de Pédiatrie du CHU de Nantes (Hugues Piloquet) ou par l’hôpital Princess Margaret à Perth (Susan Prescott). Les patientes seront randomisées en trois groupes : - Goupe anténatal combiné au postnatal: les femmes enceintes recevant le prébiotique de 33 semaines de grossesse à l’accouchement et leurs nourrissons recevant le produit pendant 6 mois. - Groupe anténatal seul: les femmes enceintes recevant le prébiotique de 33 semaines de grossesse à l’accouchement et leurs nourrissons recevant le placebo pendant 6 mois. - Groupe contrôle : les femmes enceintes et leurs nourrissons recevant le placebo. Le prébiotique ou le placebo sera d'abord donné (poudre ou capsule) à la mère, depuis l’inclusion dans l'étude (33 semaines de grossesse) et jusqu'à l'accouchement, puis soit à la mère allaitante ou dans le biberon du nourrisson (lait infantile enrichi en prébiotique) jusqu'à l'âge de 6 mois. Les mères et les nourrissons seront ensuite suivis à 6 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans et 5 ans. Au cours du suivi, les patients subiront un examen clinique et un questionnement pour la recherche de signes de dermatite atopique et d'autres maladies atopiques. Des tests supplémentaires (tests cutanés, IgE spécifiques), des collections d'ADN et d’ARN et des prélèvements de sang, de selles et de lait seront également réalisés pour l'analyse du microbiote, du système immunitaire et la formation de biocollections pour poursuivre des études mécanistiques. 75 D. Résultats attendus et retombées scientifiques 1. Approche pré-clinique - - Stratégie des prébiotiques : Les prébiotiques peuvent-il prévenir la mise en place d’une allergie ? Le post-sevrage est-il nécessaire pour avoir une action des prébiotiques sur le système immunitaire et le système intestinal ? L’administration anténatale suffit-elle à elle seule pour agir sur les 2 systèmes ? Quels sont les prébiotiques les plus efficaces pour prévenir de l’allergie ? Quelle est la période d’administration du prébiotique le plus efficace pour prévenir de l’allergie ? Quels sont les mécanismes d’action des prébiotiques sur le système immunitaire, l’intestin et le microbiote ? Les prébiotiques sont-ils capables de réduire les symptômes cliniques de l’allergie ? Stratégie des polyphénols : Les polyphénols sont-ils capables de se complexer aux gliadines ? Les gliadines complexées aux polyphénols sont-elles moins bien reconnues par les IgE des patients allergiques ? Les gliadines complexées aux polyphénols induisent-elles une plus faible dégranulation des mastocytes et basophiles ? Les gliadines complexées aux polyphénols sont-elles capables de sensibiliser la souris et d’induire une réaction allergique ? 2. Approche clinique - Les prébiotiques sont-ils capables de prévenir de la dermatite atopique chez l’enfant ? Faut-il les donner à la mère seulement pendant la grossesse ou à la mère et l’enfant pour prévenir de la dermatite atopique ? Quels sont les effets mécanistiques des prébiotiques chez l’enfant et la mère : sur le microbiote, le système immunitaire et l’intestin ? E. Projets envisagés pour réaliser cette étude : 1. Approche pré-clinique Pour réaliser cette étude, j’ai déjà entrepris des demandes de financements pour du fonctionnement et du salaire à travers différents contrats et projets avec des industriels. J’ai notamment établi un contrat de collaboration de recherche avec la « Laiterie de Montaigu » sur le projet suivant : « Etude de l’effet de la période d’exposition (périnatale et post-sevrage) aux prébiotiques de type OS/inuline sur la prévention de l’allergie alimentaire chez la souris». Cet industriel développe une gamme de laits infantiles en poudre et souhaite proposer des formulations innovantes en mettant à profit les applications de travaux de recherches fondamentales. Le contrat s’inscrit dans le cadre de l’institut Carnot Qualiment qui porte sur la qualité nutritionnelle et sensorielle des aliments dont les membres sont l’INRA, 76 l’Université d’Auvergne, le CNRS, l’Université de Bourgogne, AgroSup Dijon, Welience et AgroParisTech. Nous avons obtenu en septembre 2013 le financement par les Fonds Uniques Interministériels (FUI) d’un projet déposé par l’industriel F (Guaranteed Gluten Free). Ce projet (coordonné au niveau de l’INRA par Colette Larré) appelé ProtAlSafe a pour titre « produits nutritionnels et services innovants pour une stratégie novatrice dédiée à la prise en charge des malades cœliaques ». Le projet ProtAlSafe vise à mettre au point une nouvelle offre de produits alimentaires à haute densité nutritionnelle pour permettre d’améliorer les conditions de vie des malades cœliaques et des allergiques alimentaires au blé, notamment leurs problèmes de carences et déficits nutritionnels et de déséquilibre de leur flore intestinale. Il est question en autre dans ce projet de constituer des produits (produits panifiables, compléments alimentaires) enrichis en liants polymériques pour réduire la toxicité du gluten ingéré de façon involontaire, en se liant avec des peptides du gluten. L’objectif clinique est de limiter les anomalies histologiques de la muqueuse intestinale et de réduire la réponse immunologique des malades. Le consortium réunit 5 partenaires en Picardie et en Pays de la Loire : la PME GGF (coordinateur) leader des produits sans gluten, la PME ABCD Nutrition fabricant des produits bio et des compléments alimentaires, Biofortis (Mérieux), ainsi que les partenaires académiques Lasalle Beauvais et l’INRA BIA. Dans ce cadre, je participe depuis mars 2014 au co-encadrement de la thèse de Maxime Perot dirigée par Pascale Gadonna enseignante chercheur à l'Institut Polytechnique Lasalle Beauvais. Elle a pour titre : « mise en place et validation d’une stratégie nutritionnelle visant à réduire le développement d’allergies alimentaires ». Cette thèse se déroule dans le cadre du projet FUI ProtAlSafe. Elle est financée en tant que bourse CIFRE auprès de l’industriel GGF. 2. Approche clinique : Nous avons répondu en octobre 2013 à l’appel d’offre ANR autour du Défi « Santé et bienêtre », axe 2 : Améliorer la Santé par la médecine personnalisée, le diagnostic, la prévention et la thérapie, les stratégies palliatives, en concevant le vivant dans son environnement (sous axe 16 : recherche translationnelle en santé). Le projet est dénommé API-CUP (Atopic Prevention In Children Using Prebiotics), il vise à améliorer la santé par l'élaboration de stratégies visant à prévenir des allergies par les prébiotiques. Deux étapes sont définies. Dans un premier temps, des modèles animaux sont utilisés pour comparer l'efficacité et explorer les effets mécanistiques des prébiotiques. Dans un second temps, une étude clinique est menée pour confirmer les effets des prébiotiques chez les enfants notamment la prévention de la dermatite atopique. Ce projet est réalisé en collaboration avec le service de Pédiatrie du CHU de Nantes (Hugues Piloquet : coordinateur du projet), l’UMR INRA 1280 Phan de Nantes (Martine Champ), l’UMR INRA 1319 Micalis de Jouy-en-Josas (équipe ProbiHôte, Claire Cherbuy), l’Inserm UMR 1087/ institut du thorax, IRT de Nantes (Magnan Antoine), l’INSERM U 913/ CHU de Nantes (Michel Neunlist) et deux industriels : la Laiterie de Montaigu et Glycom. En mars 2014, nous avons appris que la lettre d’intention n’avait pas été selectionnée. Nous souhaitons représenter ce projet l’année prochaine à l’ANR et à la région Pays de la Loire (projets collaboratifs). 77 Pour renforcer mon expérience professionnelle et développer une recherche translationnelle avec des études cliniques, j’ai entrepris de réaliser en 2016 une mission de recherche de longue durée (1an) au sein de l’équipe du professeur Susan Prescott, pédiatre en allergie et immunologiste, de l’université de l’ouest de l’Australie (Perth). Cette mission basée sur l’usage des prebiotiques dans l’allergie alimentaire aura pour objectif de suivre les cliniciens au cours des protocoles cliniques et de leur apporter ma vision de chercheur fondamentaliste, mon expérience en immunologie et en biologie cellulaire pour consolider leur projet de recherche et poser de nouvelles questions de recherche. Pour financer cette mission à l’étranger, je vais demander une bourse individuelle Marie Curie (Horizon 2020, Global Fellowships : GFs, appel d’offre de 2014 et de 2015 en fonction du résultat). III. Conclusion sur le projet de recherche original Ce projet de recherche est construit à partir de deux axes de recherche très complémentaires. En effet l’axe 1 basé sur la compréhension des mécanismes précoces et l’identification des bio-marqueurs impliqués dans la réaction d’allergie alimentaire va permettre d’établir quels sont les acteurs et les événements clés de la pathologie qu’il faut cibler pour ensuite améliorer le diagnostic, le traitement et la prévention. L’axe 1 va donc permettre d’apporter de nombreuses connaissances pour la réalisation de l’axe 2 visant à élaborer des stratégies nutritionnelles pour réduire ou prévenir les allergies alimentaires. Cette démarche scientifique qui allie à la fois la recherche fondamentale basée sur la mécanistique et la recherche appliquée à la santé est à ce jour et restera toujours le mode de raisonnement que je souhaite apporter à mes recherches. Il est pour moi indispensable et permet de donner un sens concret à mes travaux. De plus, ma mission en Australie avec le Dr Susan Prescott va me permettre d’apprécier l’apport de la recherche fondamentale dans la clinique notamment dans le domaine de la prévention de l’allergie. 78 BIBLIOGRAPHIE 1. Janeway CJT, P; Walport,M; et al. The Immune System in Health and Disease. Immunobiology. 5th edition. 2001;New York: Garland Science. 2. Mosmann TR, Cherwinski H, Bond MW, Giedlin MA, Coffman RL. Two types of murine helper T cell clone. I. Definition according to profiles of lymphokine activities and secreted proteins. J Immunol 1986; 136(7):2348-57. 3. Park H, Li Z, Yang XO, Chang SH, Nurieva R, Wang YH, et al. 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Responsabilités d’encadrement et collaborations lors de ma carrière de chercheur à l’INRA de 2003 à maintenant: Pour bien visualiser dans quels projets scientifiques les activités d’encadrement ont été effectuées vous pouvez vous réferer au tableau 3 : synthèse de la participation aux projets. Au cours de ma carrière de chercheur à l’INRA, j’ai notamment été le responsable scientifique de la thèse de Pascal Gourbeyre (bourse ministérielle, 2009-2011). Ce travail a permis d’obtenir des résultats marquants sur l’impact d’un allergène de blé modifié par un traitement sur les mécanismes de l’allergie (Action 2, (221)) et sur l’utilisation de prébiotiques pour prévenir des allergies (Action 5, (255, 256 , 257)). Il a donné lieu à quatre articles scientifiques (221, 255, 256, 257) et à une revue (166). Il a été réalisé dans le cadre du projet régional NUPEM (2007-2011, effet des prébiotiques sur le risque allergique) en collaboration avec les chercheurs de l’UMR 1280 INRA Phan de Nantes (M. Champ, C. Michel, D. Darmaun). Je suis désormais responsable du co-encadrement de deux autres thèses : celle de Mathilde Claude (bourse ministérielle, octobre 2013 à 2016) sur « l’étude de l’agrégation protéique et modulation du pouvoir sensibilisant et déclenchant des allergènes alimentaires » et celle de Maxime Perot (bourse CIFRE, mars 2014 à 2017) sur « la mise en place et validation d’une stratégie nutritionnelle visant à réduire le développement d’allergies alimentaires ». Cette dernière s’effectue dans le cadre du projet FUI ProtAlSafe avec l’industriel F. J’ai aussi encadré quatre chercheurs post-doctorants. Le travail de Michaël Leroy (bourse INRA, 2007) a permis de mettre en place les modèles souris d’allergie alimentaire (action 2) et a donné lieu à deux publications (121, 219). Il est désormais vétérinaire en Belgique (Comines). Nicolas Desbuards (bourse régionale NUPEM, 2010) a participé aux travaux sur les prébiotiques dans le cadre du projet NUPEM (Action 5, 3 articles : (255, 256 , 257)). Il travaille actuellement dans la gendarmerie scientifique à Orléans. Pascal Gourbeyre, suite à son doctorat, a été recruté pendant un an (2012, bourse régionale REAL2) sur le projet régional REAL2 (2011-2014) pour étudier les mécanismes de la marche atopique (action 4). Ce travail a été réalisé en collaboration avec A Magnan (coordinateur de REAL2, INSERM UMR1087, CNRS UMR 6291, IRT de Nantes) pour le développement des modèles animaux d’allergies croisées et avec M. Neunlist (INSERM UMR 913, CHU de Nantes) pour l’étude 94 de la physiologie intestinale. Ce travail a donné lieu à une publication (soumise). Pascal Gourbeyre est désormais chercheur post-doctorant jusqu’en 2016 à l’unité INRA de Toxicologie Alimentaire (ToxAlim) de Toulouse. Grégory Bouchaud, recruté pour un an (2013) sur le projet régional REAL2, a continué le travail initié par Pascal Gourbeyre sur la marche atopique (action 4, 1 publication soumise) et a participé à l’étude sur les prébiotiques (action 5, article en cours d’écriture) financée par un contrat avec l’industriel « la laiterie de Montaigu ». Grégory Bouchaud est désormais recruté en tant que chercheur post-doctorant dans notre équipe pour deux ans et demi suite à l’obtention de deux bourses que je coordonne (AgreenSkills de janvier à juin 2014 et une bourse européenne IEF Marie Curie de juillet 2014 à juillet 2016). J’ai formé huit étudiants en Master et un en Licence Professionnelle. Ces stagiaires ont participé aux travaux de recherche sur les mécanismes de la réaction allergique et la prévention des allergies par les prébiotiques. Pour le développement de mes travaux de recherche, j’ai donc établi des collaborations étroites avec des chercheurs Nantais de l’INRA (UMR Phan : M. Champ, projet NUPEM) et de l’INSERM (INSERM UMR1087 : A. Magnan, INSERM UMR 913 : M. Neunlist). Ces interactions demeurent très importantes pour le développement de mes futurs projets. J’ai aussi collaboré avec d’autres équipes de recherche de Paris (unité INRA UIAA : K. AdelPatient ; INSERM Bichat : U. Blank), de Rennes (unité INRA STLO : F. Nau, projet Ovonutrial) et des cliniciens (allergologues, gastroentérologues). Mes compétences sur les prébiotiques m’ont conduit à participer au projet européen Fibebiotics qui me permet désormais d’élargir mon réseau de collaboration à l’échelle de l’Europe (Université de Wageningen : J. Wells; laboratoire « Food and Biobased Research » de Wageningen : H Wichers). Ce travail a aussi permis de développer une nouvelle collaboration avec l’équipe INSERM de Nantes de M. Grégoire (UMR 892) spécialisée sur la cellule dendritique. Liste des étudiants encadrés (se référer au tableau 3 pages 97-98 pour les projets scientifiques): I. Post-doctorats 2013: G. Bouchaud dans le cadre : - du projet régional REAL2 : étude mécanistique de la marche atopique. - du contrat avec l’industriel « la laiterie de Montaigue » : utilisation des prébiotiques en périnatal comme stratégie de prévention des allergies alimentaires. Encadrement à 100% (1 article soumis). 2012 : P. Gourbeyre dans le cadre du projet régional REAL2. Etude des mécanismes de la marche atopique à l’aide modèles animaux d’allergies. Encadrement à 100% (1 article soumis). 2010 : N. Desbuards dans le cadre du projet régional NUPEM : utilisation des prébiotiques comme stratégie de prévention des allergies. Encadrement à 100% (3 articles). 2007 : Michaël Leroy financé par une bourse INRA de post-doctorat pour chercheurs étrangers. Contribution à la mise en place des modèles animaux d’allergie alimentaire. Encadrement à 100% (2 articles). 95 II. Thèse Mars 2014 à maintenant : Maxime Perot, bourse CIFRE avec l’industriel GGF. Titre : « Mise en place et validation d’une stratégie nutritionnelle visant à réduire le développement d’allergies alimentaires ». Co-encadrement avec des enseignants chercheurs de l'Institut Polytechnique Lasalle Beauvais Pascale Gadonna (directeur de thèse) et Carine Delayre. Dans le cadre du projet ProtAlSafe accepté à l’appel d’offre des Fonds unique interministériel (FUI) de soutien aux projets de R&D. Porteur : GGF. Encadrement à 33%. Octobre 2013 à maintenant : Mathilde Claude, bourse ministérielle. Titre : « Etude de l’agrégation protéique et modulation du pouvoir sensibilisant et déclenchant des allergènes alimentaires ». Co-encadrement avec C. Brossard et S. Denery (directeur de thèse). Université de Nantes, Ecole doctorale VENAM. Encadrement à 20%. 2009-2011: Pascal Gourbeyre, bourse ministérielle. Titre : « Etude de l’effet d’un mélange d’oligosaccharides prébiotiques sur le système immunitaire, la barrière intestinale et la prévention d’une allergie, au moyen d’un modèle souris d’allergie au blé ». Université de Nantes, Ecole doctorale VENAM. Responsable scientifique et encadrement avec S. Denery (directeur de thèse). Encadrement à 80% (5 articles). III. Masters A. Master II en ‘Science de l’Aliment et Nutrition humaine (SANH). UFR des Sciences et des Techniques de Nantes: Encadrement à 100%. 2014 : Laure Castan. Etude de la prévention des allergies alimentaires par les prébiotiques. Mémoires de Master et de fin d’étude d’école d’ingénieur ENITIAA- Nantes. 2013 : Fatmé Mteirek. Etude des mécanismes précoces mis en jeu au cours du développement de l’allergie alimentaire au blé. 2008 : Clémence Roux. Impact des prébiotiques sur la réponse allergique à une protéine animale, l’ovalbumine, chez la souris. Mémoires de Master et de fin d’étude d’école d’ingénieur ENITIAA- Nantes. B. Master II INAPG- ENSIA Science des Aliments, Massy, Paris : Encadrement à 100%. 2006 : Aurélie Mauray (Option : Aliment et bio-produits - Nutrition et santé). Etude de la réactivité des IgE de patients à un allergène de blé (5 gliadines) à l’aide d’un modèle de dégranulation mastocytaire (1 article). 2004 : Virginie Dubois (Option : Sécurité Alimentaire - Nutrition et Santé). Etude de l’effet des protéines de blé sur la perméabilité intestinale (1article). C. Master II BBRT (Biologie, Biotechnologies et Recherche Thérapeutique), UFR de Nantes: Encadrement à 50%. 2012 : Tiphaine Roussey. Caractérisation d’un nouveau modèle d’allergie alimentaire et respiratoire chez la souris. Projet REAL2 en coordination avec A. Magnan (1 article soumis). 96 D. Master II ENSA, Biologie Production animale et Qualité, UFR de Rennes : Encadrement à 100%. 2005 : Marouan Dali. Mise au point d’un dosage quantitatif des IgE totales et spécifiques de sérums humains. E. Master I en « Biologie cellulaire, spécialité physiologie animale », UFR de Rennes: Encadrement à 100%. 2008 : Nawel Tabti. Impact des prébiotiques sur la réponse allergique à une protéine animale, l’ovalbumine, chez la souris. IV. Licence professionnelle : Encadrement à 100%. 2007 : Valérie Echasserieau. Choix d’une lignée cellulaire de basophiles de rat humanisés. Licence professionnelle de ‘Biotechnologie en santé et Alimentation’. UFR des Sciences et des Techniques de Nantes. Tableau 3 : Tableau de synthèse de la particpation de M. Bodinier aux différents projets de recherche Titre projet IGIFA : Bourse européenne IEF MarieCurie Durée Juillet 2014 à Juillet 2016 : 2 ans Objectif Comprendre l’impact des procédés industriels sur le développement de la réaction immune au cours de l’allergie alimentaire Participation Supervision du bon déroulement de la bourse Coordination Equipe Allergie UR 1268 BIA INRA, Nantes - Marie Bodinier IGIFA : Bourse AgreenSkills Janvier à juin 2014 : 6mois Définir les marqueurs et les mécanismes allergiques induits lors de l’initiation de l’allergie Supervision du bon déroulement de la bourse ProtAlSafe Avril 2014Avril 2017 : 3 ans Mettre au point une nouvelle offre de produits alimentaires pour permettre d’améliorer les conditions de vie des malades cœliaques et des allergiques alimentaires au blé Participation lot 4 : Validation de l’efficacité des produits chez l’animal et chez l’Homme et étude des mécanismes d’action chez l’animal Equipe Allergie UR 1268 BIA INRA, Nantes - Marie Bodinier Industriel GGF (Guaranteed Gluten Free) Contrat recherche avec la laiterie de Montaigu 2013 et 2015 : 2 ans Etudier l’effet de la période d’exposition (périnatale et post-sevrage) aux prébiotiques sur la prévention de l’allergie alimentaire chez la souris Supervise les recherches, les relations avec l’industriel et les finances Equipe Allergie UR 1268 BIA INRA, Nantes - Marie Bodinier Financeur Europe - Marie Curie IntraEuropean Fellowships for Career Development (IEF) Programme coordonné par l’INRA et Agreenium cofinancés par l’Europe, FP7 Fonds uniques interministériels de soutien aux projets de R&D Industriel « Laiterie de Montaigu » 97 Titre projet Fibebiotics Durée 2011 à 2016 : 4 ans et demi Objectif Encourager le développement d’ingrédients fonctionnels bénéfiques pour le système immunitaire intestinal améliorer la compréhension des mécanismes de marche atopique et élaborer des stratégies de prévention/traitement des allergies Participation Participation lot 3 : effet des fibres sur le système immunitaire Coordination J. Mees, UR Wageningen, Pays Bas Financeur Projet Européen FP7-KBBE2011, collaborative project REAL2 20112014 : 3ans Responsable Axe 1 : Etudes précliniques Inserm UMR 1087/ institut du thorax, IRT de NantesAntoine Magnan Région Pays de La Loire : Volet « Emergence collective » Predexpitope 20092012 : 3 ans Prédiction in-silico des épitopes, des allergènes et validation expérimentale sur le blé Responsable lot 5 : potentiel de sensibilisation des allergènes et épitopes ANR-PRA Ovonutrial 20082011 : 3 ans Impact des procédés technologiques sur la valeur nutritionnelle et allergénicité des protéines d’œuf Participation tâche 3.3 : Impact des procédés alimentaires sur la digestibilité des protéines d’œuf : translocation intestinale des protéines d’œuf Equipe Allergie UR 1268 BIA INRA, Nantes - Sandra Denery STLO-INRA de RennesFrançoise Nau NUPEM 20072011 : 4 ans Comprendre l’impact de plusieurs constituants des aliments, sur le nourrisson et le futur adulte Responsable axe 2 : « Effets de la supplémentation en prébiotiques chez le nouveau-né sur le risque allergique alimentaire » GIP CRNH, Unité Phan INRA, Nantes, Martine CHAMP ANR - PNRA Région Pays de La Loire : Volet « Emergence collective » 98 ANNEXES 99 Annexe 1 100 Annexe 2 Liste des 5 publications représentatives de mes activités 1/ M. Bodinier, M.A. Legoux, F. Pineau, S.Triballeau, J.P Segain, C. Brossard and S.DeneryPapini. Intestinal Translocation Capabilities of Wheat Allergens Using the Caco-2 Cell Line. 2007. J. Agric. Food Chem, 55, 4576-4583. 2/ M. Bodinier, M. Leroy, S. Ah-Leung, F. Blanc, O. Tranquet, S. Denery-Papini, J.-M. Wal, and K. Adel-Patient. Sensitization and elicitation of an allergic reaction to wheat gliadins in mice. 2009. J Agric Food Chem, 57(4), 1219-25. 3/ P. Gourbeyre, S. Denery, C. Larré, J.C. Gaudin, C. Brossard and M. Bodinier. Wheat gliadins modified by deamidation are more efficient than native gliadins in inducing a Th2 response in Balb/c mice experimentally sensitized to wheat allergens”, 2012. Molecular Nutrition and Food Research, 56(2), 336-344. 4/ P. ourbeyre, N. Desbuards, . rémy, S. Le all, M. Champ,S. Denery-Papini, and M. Bodinier. Exposure to a Galactooligosaccharides/Inulin Prebiotic Mix at Different Developmental Time Points Differentially Modulates Immune Responses in Mice. 2012. J. Agric. Food Chem., 60, 11942−11951. 5/ P; Gourbeyre, N. Desbuards, G. Grémy, O. Tranquet, M. Champ, S. Denery-Papini and M. Bodinier. Perinatal and Postweaning Exposure to Galactooligosaccharides/Inulin Prebiotics induced Biomarkers linked to Tolerance Mechanism in a Mouse Model of strong Allergic sensitisation. 2013. J. Agric. Food Chem., 61 (26), 6311–6320. 101