LEÇON N˚ 56 : Étude de suites de nombres réels définies par une

LEÇON N˚ 56 :
Étude de suites de nombres réels définies
par une relation de récurrence
un+1 =f(un)et une condition initiale.
L’exposé pourra être illustré par un ou des
exemples faisant appel à l’utilisation d’une
calculatrice.
Pré-requis :
Suites numériques : monotonie, convergence, divergence;
Théorème des valeurs intermédiaires;
Rest complet : toute suite de Cauchy y est convergente.
Notations : Soient Iun intervalle non vide de Ret fune application définie sur Itelle que f(I)I. Il
existe alors une unique suite (un)nN(notée simplement (un)dans la suite) définie par :
u0I,
un+1 =f(un),nN.
On note encore F={xI|f(x) = x}.
56.1 Monotonie de la suite
Théorème 1 :
(i) Si fest croissante sur Ialors (un)est monotone et de plus,
a. Si f(u0)>u0, alors (un)est croissante,
b. Si f(u0)6u0, alors (un)est décroissante;
(ii) Si fest décroissante sur I, alors (un)n’est pas monotone, mais les sous-suite (pn) = (u2n)et
(in) = (u2n+1)le sont, et
a. Si u2>u0, alors (pn)est croissante et (in)décroissante,
b. Si u26u0, alors (pn)est décroissante et (in)croissante.
démonstration :
(i) Montrons par récurrence que pour tout entier naturel n,un+1 >un(resp. 6). L’initialisation est
assurée par l’hypothèse. Supposons alors que un>un1(resp. 6). Alors
fcroissante f(un)>f(un1)(resp. 6)déf.
un+1 >un(resp. 6).
2Étude des suites définie par une relation de récurrence un+1 =f(un)
(ii) Supposons que un16un. Alors
fdécroissante f(un1)>f(un)(resp. 6)déf.
un>un+1 (resp. 6),
donc (un)n’est pas monotone. Notons que pn+1 =ff(pn)et in+1 =ff(in), et ffest
croissante. En supposant u2>u0(resp. 6, ce qui précède nous permet d’affirmer que u36u1
(resp. >). Par application de (i), on en déduit que (pn)est croissante (resp. décroissante) et (in)
décroissante (resp. croissante).
Représentation et interprétation graphiques
Dans un repère orthonormé, on trace la première bissectrice (la droite d’équation y=x) et la courbe
représentative de f. Expliquer comment on construit la suite (un).
u0u1
u2u3
u4u5
u6
y=x
Remarque 1 :Si Iest un fermé, alors toute suite (un)monotone converge dans I.À partir de maintenant, on
suppose que Iest fermé.
56.2 Comportement asymptotique de la suite
Notons Fl’ensemble des points fixes de la fonction f.
Proposition 1 : Supposons fcontinue sur I. Si la suite (un)converge vers une limite finie L, alors
LF.
Étude des suites définie par une relation de récurrence un+1 =f(un)3
démonstration :Supposons que (un)converge vers une limite finie L. Dans ce cas,
lim
n→∞ un= lim
n→∞ un+1 = lim
n→∞ f(un)fcont.
=flim
n→∞ un.
Puisque lim
n→∞ un=LI(car Ifermé), on a L=f(L)par unicité de la limite.
Remarque 2 :Il en résulte qu’une condition nécessaire pour que (un)converge est que F6=.
56.2.1 Cas où fest croissante
D’après le théorème 1, (un)est monotone. Si I= [a, b], alors (un)converge et donc F6=. Étudions le
cas (un)croissante (l’autre cas s’étudiant de manière analogue).
Proposition 2 :
(i) Si F[u0,+[ = , alors lim
n
= +;
(ii) Si F[u0,+[6=, alors (un)converge en croissant vers min(F[u0,+[).
démonstration :
(i) On raisonne par contraposée. Supposons unL < +. Alors LF(proposition 1), et (un)
est croissante implique que L>u0, d’où F[u0,+[6=.
(ii) Puisque nous sommes dans le cas où fest croissante, et qu’il en est de même de (un)par supposi-
tion, le théorème 1 nous assure que f(u0)>u0. Puisque fest continue, et que F[u0,+[6=,
on en déduit qu’il existe un espace entre la courbe de fet la première bissectrice (entre les abs-
cisses u0et min(F[u0,+[)), dans lequel reste l’escargot de la construction de la suite (un)
strictement croissante (en effet, si la suite possédait deux termes consécutifs égaux, c’est qu’à
partir de ce rang, un= min(F[u0,+[), et la convergence est assurée). La suite (un)est
strictement croissante et bornée dans u0,min(F[u0,+[), elle converge donc vers une li-
mite finie Lqui est donc un point fixe de f(proposition 1). Le seul point fixe de cet intervalle est
min(F[u0,+[).
Représentations graphiques :
u0u1u2
Cas (i)
u0u1u2u3
u4u5
Cas (ii)
4Étude des suites définie par une relation de récurrence un+1 =f(un)
56.2.2 Cas où fest décroissante
Proposition 3 : La suite (un)converge si et seulement si ses sous-suites (in) = (u2n+1)et (pn) =
(u2n)sont adjacentes.
démonstration :
"" : Trivial, en utilisant le théorème 1.
"" : Par la proposition 1, les suites (in)et (pn)convergent chacune vers un point fixe de ff.
Notons Lleur limite commune et soit ε > 0. Il existe alors NNtel que n>Nvérifie
|u2nL|< ε et |u2n+1 L|< ε. Par inégalité triangulaire, on trouve que |u2nu2n+1|<2ε.
Soient p, q >Ntels que p < q. On a alors
|upuq|6|upup+1|+···+|uq1uq|=
qp
X
i=1 |up+i1up+i|
6(qp) 2ε,
donc (un)est une suite de Cauchy dans I, qui converge alors vers une valeur notée I(I
fermé). D’après la proposition 1, =f(), donc =f() = ff()et est point fixe de ff,
d’où L=.
56.2.3 Cas où fest contractante
Définition 1 : fest dite contractante si
k[0,1[ | ∀ x, y I, |f(x)f(y)|6k|xy|.
Théorème 2 : Si fest contractante, alors fadmet un unique point fixe Lvers lequel converge la suite
(un), convergence contrôlée par l’inégalité
|unL|6kn|u0L|.
démonstration :
Convergence : Montrons que la suite (un)est une suite de Cauchy. Pour tous entiers net p, on a
|un+pun|6
p1
X
i=0 |un+i+1 un+i|6
p1
X
i=0 |f(un+i)f(un+i1)|
6
p1
X
i=0
k|un+iun+i1|6···6
p1
X
i=0
ki|un+1 un|
6 p1
X
i=0
ki!|un+1 un|6···6 p1
X
i=0
ki!kn|u1u0|
6 p1
X
i=0
ki+n!|u1u0|.
Posons alors Sn=
n
X
i=0
ki, de sorte que
p1
X
i=0
ki+n=Sn+p1Sn1.
Étude des suites définie par une relation de récurrence un+1 =f(un)5
Or k[0,1[, donc (Sn)est convergente, et est donc une suite de Cauchy. On en déduit que
ε > 0,NN| ∀ n>N, pN,|Sn+p1Sn1|< ε.
Finalement, on trouve que
|un+pun|6|Sn+p1Sn1||u1u0|< ε|u1u0|,
nous amenant à écrire que (un)est une suite de Cauchy, qui converge donc vers une limite LI.
Existence du point fixe : Par la proposition 1, Lest point fixe de f.
Unicité du point fixe : Supposons qu’il existe deux points fixes distincts Let Lde f. Alors
|LL|=|f(L)f(L)|6k|LL|<|LL|car k < 1,
ce qui est impossible.
Convergence contrôlée : On vérifie l’inégalité par récurrence. L’initialisation au rang n= 0 est évi-
dente. Supposons alors l’hypothèse de récurrence (H.R.) vraie au rang n, et montrons qu’elle l’est
toujours au rang (n+ 1) :
|un+1 L|=|f(un)f(L)|6k|unL|H.R.
6kn+1|u0L|.
Remarque 3 :Soit (un)une suite définie par une relation de récurrence qui converge vers une limite Linconnue.
À la calculatrice, lorsqu’il s’agit de trouver l’entier Ntel que n>N, |unL|610p(pdonné), il faut utiliser
l’une des méthodes suivantes :
Si (un)est non monotone, alors (proposition 3) les sous-suites (in)et (pn)sont adjacentes, donc il suffit de com-
parer |pnin|à10p.
Si (un)est monotone, alors il est nécessaire d’avoir une majoration a priori de l’erreur, par exemple par le théorème
2.
ATTENTION : Soit
un= 1 + 1
2+···+1
n.
À cause de la précision limitée des calculatrices (10 ou 12 chiffres, généralement) en mode "flottant" (cal-
culs avec virgule), cette suite convergera vers la valeur
1 + 1
2+···+1
N,
Nsera l’entier tel que 1
N+1 = 0 (au sens de la calculatrice! ! en effet, au bout d’un certain temps, le
nombre 1
ndevient si petit quand naugmente que la calculatrice le remplacera par 0). Or cette suite tend
clairement vers +(série harmonique), donc la convergence à la calculatrice n’entraîne pas celle en
réalité...
56.3 Applications
56.3.1 Méthode des Babyloniens
Soient aR
+et la suite de Héron définie par
u0R
+
un+1 =1
2un+a
un,nN.
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