L'amour, c'est la capacité de voir chaque circonstance et chaque être comme étant parfaits tels
qu'ils sont.
- Anam Thubten
Pouvez-vous ressentir la vitalité et la grandeur de la manifestation présente que vous
êtes, de l’innité qui englobe l'univers entier ?
Ce camion qui passe en trombe, la chaleur du soleil sur votre peau, le mouvement de
vos orteils et de vos doigts, ce feu de forêt qui se propage dans un paysage très sec,
cette mère africaine qui berce son enfant aamé, ce riche banquier d'aaires new-
yorkais qui sirote un martini, ce tueur en série qui torture sa victime, ce médecin qui
sauve un patient, ces soldats qui se tirent dessus pendant une guerre, ces micro-
organismes qui se livrent à une lutte acharnée dans votre sang, cette fourmi qui court
sur le trottoir, ce pied géant qui écrase la fourmi, ces explosions dans une galaxie
lointaine... Pouvez-vous sentir que tout ça est un seul mouvement cohérent qui évolue
en parfaite synchronisation, en parfaite harmonie — même en cas de discordances et
de dissonances apparentes ? Pouvez-vous voir qu'il n'y a pas de frontière entre vous (la
Présence consciente) et tout ce qui apparaît ?
Le pédophile, le tueur en série, l’ivrogne qui crève sur le trottoir dans une mare d’urine et
de vomi ne sont pas moins la sainte réalité que la mère qui s’occupe de ses enfants
avec amour, que le travailleur humanitaire qui va secourir les aamés, ou que le moine
qui vit sa vie empreinte d'une sérénité et d'une clarté limpide. Et au coeur de tout (de
chaque forme, chaque sensation, chaque perception, chaque idée), si on y regarde de
plus près, on ne trouve « rien du tout », un « néant », juste ce que l’on ne peut pas capter,
parce que c’est trop proche et trop intime à saisir.
Le merveilleux de la vie est intimement lié à sa nature éphémère et insaisissable. Tout
change et aucune forme temporaire n'a d'existence durable. Notre enfance, nos
relations les plus importantes, nos moments les plus embarrassants, la conquête
spatiale, l'holocauste, les événements du 11 septembre, les nouvelles du soir, l'histoire
du monde, notre vie entière au moment de notre mort – tout cela passe sous notre
regard et disparait comme des rêves (ou comme des cauchemars). Ce qui est
incontournable dans chaque forme éphémère et que l’on ne peut mettre en doute, c'est
la Présence en leur sein.
La Présence (ou le Vide) n’est pas « quelque chose « que l’on peut saisir. La Conscience
n’est pas quelque chose qui est « là », distincte de tout ce qu’elle révèle. La Conscience
est un autre terme désignant un inni, une unicité, une cohérence, un amour
inconditionnel dans lequel il n'y a pas de séparation entre l'amant et le bien-aimé. A la
lumière de la Conscience, tout ce qui apparaît est la sainte réalité, car l’amour
authentique voit la perfection dans chaque chose, telle qu’elle est.
Peu importe à quel point notre expérience paraît empirer, même si tout l'univers explose,
nous savons au fond de notre cœur que rien d'essentiel n'a vraiment été mis à mal. Ce
qui demeure est non-né, indestructible. Indicible, mais on pourrait le qualier