
X-ENS 2020 −Épreuve A
Serge Francinou & Hervé Gianella
1. La matrice M=1 1
1−1est symétrique à coefficients rationnels et a pour polynôme caractéristique le polynôme
X2− (Tr M)X+det M =X2−2. Donc √2est valeur propre de M.
2. (a) On a χM(√3)=0ce qui donne 3− (Tr M)√3+det M =0. Or √3est irrationnel et Tr M,det M sont des
rationnels. On a donc nécessairement Tr M =0et det M =−3soit χM=X2−3.
(b) Si n≡0[3]alors n2≡0[3]et si n≡1ou 2[3]alors n2≡1[3](car 22≡1[3]).
(c) Supposons qu’il existe un triplet (x,y,z)d’entiers premiers entre eux tel que x2+y2=3z2. En passant
modulo 3on a x2+y2≡0[3]. D’après la question précédente cela impose que xet ysont tous les deux
divisibles par 3. Mais dans ce cas 9divise 3z2et zest aussi divisible par 3. C’est contradictoire.
(d) La matrice Ms’écrit M=a b
b−aet on a det M =−a2−b2=−3soit a2+b2=3. On peut écrire a=x
z
et b=y
zavec x,y,zentiers tels que pgcd (x,y,z)=1. Mais on a alors une contradiction avec la question
précédente.
3. (a) La matrice B=A In
In−Aconvient. On peut la trouver en étudiant d’abord le cas n=1.
(b) On procède par récurrence sur d. Pour d=1on peut prendre n=1et M1=(1). Supposons le résultat vrai
au rang davec des matrices M1, . . . , Md. On considère alors les matrices de taille 2nsuivantes :
M0
1=M10
0 M1, . . . , M0
d=Md0
0 Md,M0
d+1=MdIn
In−Md
Elles sont symétriques, à coefficients dans Q, commutent deux à deux et satisfont la propriété au rang d+1
par des calculs par blocs et d’après la question précédente.
(c) Si M∈ Sn(Q)vérifie M2=kInavec k∈N∗alors Mest inversible et la matrice M−1est encore symétrique
à coefficients dans Qet vérifie (M−1)2=1
kIn. De plus, si M,Nsont deux matrices de Sn(Q)qui commutent
avec M2=kInet N2=k0Inon a MM0∈ Sn(Q)et (MM0)2=k k 0In.
Soit alors d>1et q1, . . . , qddes rationnels strictement positifs. On pose qi=ai
bi
pour tout iavec ai,bi
dans N∗. D’après la question (b), appliquée avec un entier plus grand que tous les aiet tous les bi, on peut
trouver n∈N∗et des matrices A1, . . . Ad,B1, . . . , Bdde Sn(Q)qui commutent toutes et dont les carrés sont
respectivement les matrices scalaires aiInet biIn. Compte tenu des remarques qui précèdent les matrices
Mi=AiB−1
isont dans Sn(Q), commutent deux à deux et vérifient M2
i=qiIn.
4. (a) Il est clair que 3
√2<Qcar si 3
√2=a
bavec deux entiers aet bpremiers entre eux, alors a3=2b3et aest
pair. En posant a=2a0on constate que best aussi pair ce qui est absurde. L’ensemble Ides polynômes
P∈Q[X]tels que P(3
√2)=0est un idéal de Q[X], non nul car il contient X3−2, et est donc engendré par
un unique polynôme unitaire µ(le polynôme minimal de 3
√2). Celui-ci divise X3−2et n’est pas de degré
1car 3
√2<Q. Il ne peut pas non plus être de degré 2car le quotient X3−2
µserait de degré 1et aurait
une racine rationnelle. Mais c’est impossible car les racines de X3−2sont 3
√2,j3
√2et j23
√2. On a donc
µ=X3−2.
Comme 3
√2est valeur propre de M, le polynôme caractéristique de Ms’annule en 3
√2et est donc dans I
puisqu’il est à coefficients dans Q. On en déduit que X3−2divise χM.
(b) On obtient notre contradiction car les valeurs propres de Msont toutes réelles et ce n’est pas le cas de j3
√2.
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