
19 décembre 2008 | MedActuel DPC | L’actualité médicale | 27
Le diagnostic différentiel
À votre avis, quelle est la cause la plus probable pour expliquer
la douleur de Marcel : n Arthrite glénohumérale
n Problème acromioclaviculaire
n Arthrose glénohumérale
n Capsulite de l’épaule
n Blessure de la coiffe des rotateurs
L
es monoarthrites de l’épaule sont
très rares et s’accompagnent de
limitations et de douleurs dans
tous les mouvements. Une polymyalgia
rheumatica entraînera une atteinte
bilatérale des épaules avec des douleurs
au bassin et une atteinte importante de
l’état général. L’arthrose glénohumérale
est elle aussi peu fréquente et s’accom-
pagne de limitations de mouvements.
Elle est généralement secondaire à un
problème chronique. Une déchirure de
la coiffe des rotateurs de longue date,
une arthrite glénohumérale évoluant
depuis plusieurs années ou des séquel-
les d’une fracture de la tête humérale
sont les causes les plus fréquentes d’une
arthrose glénohumérale.
Une capsulite de l’épaule s’accompa-
gne initialement de douleurs graves et
continues, ce qui n’est pas le cas ici.
Cette pathologie entraîne par la suite
une ankylose progressive accompa-
gnée d’une limitation de mouvements,
en particulier en rotation externe. On
doit surveiller l’apparition de cette
complication dans tous les problèmes
de l’épaule et du membre supérieur en
général.
Puisque la mobilisation et la palpation
de l’articulation acromioclaviculaire
sont non douloureuses, cette articula-
tion n’est probablement pas en cause.
On doit éliminer comme cause de dou-
leurs à l’épaule un problème cervical.
L’examen de Marcel est sur ce point tout
à fait normal. On doit de plus s’informer
de l’état général du patient, en particu-
lier des symptômes pulmonaires, car les
problèmes pulmonaires et les patholo-
gies touchant au diaphragme peuvent
engendrer des douleurs irradiées à
l’épaule. Très rarement, une lésion
tumorale tels un lymphome ou un myé-
lome multiple se présentera par une
douleur à la région de l’épaule.
Les autres causes étant éliminées,
Marcel présente fort probablement un
problème au niveau de la coiffe des
rotateurs. Il n’y a pas de limitation
réelle de mouvement. La douleur est
ressentie dans la région deltoïdienne,
ce qui est typique d’un problème de la
coiffe. Cette douleur est reproduite à
l’abduction contre résistance et le mus-
cle sus-épineux, impliqué dans ce
mouvement, est habituellement le plus
touché lors des blessures de la coiffe.
Bien que l’on utilise en général la ter-
minologie de tendinite ou de bursite
Président du conseil
Dr François Croteau
Omnipraticien, hôpi tal Santa-Cabrini,
Montréal ;
Membre du Comité de for ma tion
médi ca le conti nue de l’Association
des médecins de langue française
du Canada ;
Directeur médi cal aux
Éditions Santé Rogers Media.
Dre Diane Poirier
Médecin, M.Sc. ;
Chef du service des soins intensifs
au CSSS Richelieu-Yamaska;
Professeur d’enseignement
clinique au CHUS;
Membre du comité de FPC
de l’AMLFC.
Dre Johanne Blais
Membre du Conseil de FMC de
la faculté de médecine de l’Université
Laval ;
Responsable du Comité de FMC
du dépt. de médecine familiale
de l’Université Laval ;
Professeur adjoint de clinique,
CHUQ, hôpi tal Saint-François d’Assise.
Dre Francine Léger
Médecin de famille ;
Chargé d’enseignement clinique
au dépar te ment de méde ci ne
familiale de l’Université de
Montréal ;
Ser vi ce de péri na ta li té du CHUM.
Dr Roger Ladouceur
Responsable du Plan d’autogestion de
DPC, Collège des médecins du Québec;
Professeur agrégé de clinique du dépt.
de médecine familiale de l’Université
de Montréal;
Médecin de famille,
Hôpital de Verdun du CSSS du
Sud-Ouest-Verdun.
Conseil de rédac tion et
révi sion scien ti fi que
Vol. 8 Nº 32
19 décembre 2008
VOTRE DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL CONTINU
Sont représentés au conseil de
rédaction de MedActuel DPC
Le Collège québécois
des médecins de
famille
La faculté
de médecine
de l’Université Laval
L’Association
des médecins
de langue française
du Canada
Cas clinique
Marcel, 58 ans, vous consulte pour une douleur à l’épaule droite qui persiste depuis plusieurs
semaines. Il décrit une intensification du malaise dès qu’il exécute de petits travaux. La douleur
fluctue d’une journée à l’autre et est présente, la nuit, s’il se couche sur ce côté. Dans l’histoire
du patient, vous n’identifiez pas d’antécédents de traumatisme ni d’activités faisant
appel à des mouvements répétitifs de l’épaule.
À l’examen, le patient ne paraît pas souffrant. Toutefois, on note
un malaise évident lorsqu’il enlève sa chemise. Le patient pointe
la région deltoïdienne comme étant le site de sa douleur. La
mobilisation active montre une douleur entre 60 et 120 degrés
(arc douloureux). Bien que la limitation passive amène une
certaine douleur, il n’y a pas de limitation de l’amplitude arti-
culaire. L’abduction contre résistance accentue la douleur et
déclenche une zone de sensibilité dans la région du deltoïde.
La mobilisation (adduction horizontale) et la palpation de
l’articulation acromioclaviculaire ne reproduisent pas la
douleur du patient. Les tests d’abutement de l’épaule
entraînent une douleur observable à l’expression du visage
de Marcel. L’examen de la colonne cervicale se révèle tout
à fait normal.
Dossier clinique
Le diagnostic différentiel
d’une douleur à l’épaule
Par le Dr Gilles Côté, MD*
Objectifs pédagogiques
● Procéder à un questionnaire perti-
nent chez un patient présentant
une douleur à l’épaule.
● Énumérer les signes à rechercher
à l’examen clinique.
● Poser un diagnostic présomptif à
partir des données obtenues à
l’anamnèse et à l’examen.
● Recourir à des examens complé-
mentaires en précisant leurs avan-
tages et leurs limites.
● Proposer des modalités de traite-
ment appropriées en fonction de
critères précis.
Mots-clés
épaule, capsulite, douleur.
* Omnipraticien, Centre hospita-
lier régional de Rimouski
(CHRR). Associé à la clinique
de rhumatologie du CHRR.
Auteur de plusieurs ouvrages
d’enseignement médical dont
Le guide pratique de l’appareil
locomoteur.
de l’épaule, chez le patient de plus de
40 ans, il s’agit plus souvent de problè-
mes dégénératifs que de problèmes
réellement inflammatoires. La tendi-
nite peut apparaître chez ces patients
même s’ils ne font pas un usage exces-
sif de leur épaule. La terminologie sug-
gérée par plusieurs experts est la ten-
dinose de la coiffe ou tendinopathie de
la coiffe. Chez un individu jeune souf-
frant de ce type de tendinite, on note
souvent une surutilisation évidente
associée à une pratique sportive ou au
travail. Chez les patients de moins de
40 ans, on doit de plus évaluer la pré-
sence d’une instabilité de l’épaule
contribuant au phénomène d’accro-
chage, même sans histoire de luxation
ou de subluxation.
On peut se procurer cet ouvrage
auprès de l’Agence de santé
et des services sociaux
du Bas-Saint-Laurent,
tél. : 418 727-4525;
téléc. : 418 723-1597
au coût de 40 $
(taxes et frais d’expédition inclus).