La Lettre du Rhumatologue • N° 347 - décembre 2008 | 27
Points forts
Mots-clés
Coiffe des rotateurs
Travail
Accidents du travail
Maladies
professionnelles
Keywords
Rotator cuff
Work
Work’s compensation
Professional disease
La démarche diagnostique comporte comme toujours une triade interrogatoire, examen clinique, radiographies. »
Le contexte professionnel, le type de gestes et l’ancienneté de l’activité doivent être analysés avec la plus grande
»
attention.
Les examens de deuxième intention (échographie, mais surtout arthroscanner et IRM) doivent être réalisés dès que »
des éléments objectifs indiscutables sont nécessaires.
Les indications, les gestes thérapeutiques et la prise en charge postopératoire doivent être les mêmes que chez un »
patient qui n’est ni en accident du travail ni en maladie professionnelle.
La tendinopathie calcifiante (de type A ou B) ne doit pas être considérée comme une maladie professionnelle étant donné
»
la pathogénie de cette pathologie. En revanche, les gestes répétitifs peuvent conduire à mal tolérer cette calcification.
En cas d’échec du traitement médical, une indication chirurgicale peut être discutée, mais avec la plus grande
»
prudence, en définissant parfaitement bien les objectifs du traitement chirurgical avec le patient, le médecin du travail
et le médecin-conseil.
initialement, il faut s’entourer d’arguments objec-
tifs et réaliser des examens de deuxième intention
(échographie par un échographiste spécialisé de
l’appareil locomoteur, arthroscanner ou IRM).
En l’absence de raideur et/ou de lésions anato miques
indiscutables sur l’imagerie dite de “deuxième inten-
tion”, il faut envisager que l’épaule n’est pas en
cause et revoir le diagnostic. La collaboration avec
le médecin-conseil et le médecin du travail est alors
indispensable dans la discussion de consolidation
ou de mise en inaptitude. En effet, dans certains
cas, même en l’absence de lésions anatomiques
objectivées, il faut considérer que l’épaule et le
membre supérieur ne sont pas ou ne sont plus aptes
à fournir des efforts de manutention inadaptés au
profil physique du patient ou à effectuer des gestes
répétitifs. Dans cette discussion doivent bien sûr
intervenir les types de gestes effectués, le sexe et,
surtout, l’âge du patient.
Quelle thérapeutique
faut-il envisager ?
Le traitement est bien entendu celui prescrit à un
patient consultant pour une pathologie de la CR,
indépendamment du problème socio-professionnel.
Sauf cas particulier, il repose sur deux grands prin-
cipes.
Soulager les douleurs en priorité, quelle que soit
➤
la méthode utilisée, avec comme pierre angulaire
la mise au repos de l’épaule en cause. Différentes
techniques peuvent être utilisées : antalgiques, AINS,
physiothérapie, massothérapie, mésothérapie, infil-
trations avec ou sans scopie.
Assouplir l’épaule, une fois l’indolence obtenue
➤
(au repos, au moindre mouvement ou la nuit),
si cette épaule reste enraidie. Une fois l’épaule
parfaitement assouplie, il est ensuite possible
de la réadapter pour remettre le patient dans les
meilleures conditions vis-à-vis de son activité
professionnelle.
L’échec d’un traitement médical bien conduit doit
faire discuter une indication chirurgicale, cette
discussion devant être faite avec la plus grande
prudence, compte tenu du caractère péjoratif du
contexte d’AT dans les résultats des séries chirur-
gicales publiées.
La qualité de l’indication est un facteur déterminant
du résultat et l’ensemble des paramètres du contexte
doit être pris en compte : conflit avec les collègues
ou avec l’employeur, stress, insatisfaction dans le
travail… Cette dimension psychologique peut bien
sûr fortement interférer avec les douleurs, les objec-
tifs du patient, la recherche de bénéfices secon-
daires et donc la qualité du résultat thérapeutique.
Le contexte médico-social doit être, si possible,
réglé et les objectifs de la chirurgie doivent être
clairement annoncés. La chirurgie étant proposée
à un patient restant gêné dans sa vie quotidienne,
et a fortiori professionnelle, malgré un traitement
médical bien conduit, il faut absolument établir,
avant la chirurgie, les délais (hors complications)
et les conditions de reprise professionnelle une fois
le patient opéré.
La prévention devrait constituer un axe de déve-
loppement compte tenu du coût de la pathologie
de la CR dans le cadre du travail. Elle doit prendre
en compte l’évolution des postes de travail pour
modifier les gestes agressifs et les adapter à mesure
que les patients prennent de l’âge. Il faut également
prendre en considération le contexte particulier des
artisans, auxquels il incombe de choisir les bonnes
assurances, et il est encore plus nécessaire d’anticiper
sur l’adaptation de leur entreprise à mesure qu’ils
prennent de l’âge. ■