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Christophe Bertault - MPSI
(iv) Avec le produit, tout va bien : si un=
n→∞ o(vn)et si u0
n=
n→∞ o(v0
n),alors unu0
n=
n→∞ o(vnv0
n).
si un=
n→∞ o(vn),alors unwn=
n→∞ o(vnwn).
(v) Si ϕ:N−→ Nest strictement croissante et si un=
n→∞ o(vn), alors uϕ(n)=
n→∞ ovϕ(n).
Attention ! Avec les petits o, deux opérations sont formellement interdites.
•Somme des deux côtés : si un=
n→∞ o(vn)et si u0
n=
n→∞ o(v0
n), on n’a pas forcément un+u0
n=
n→∞ o(vn+v0
n).
Par exemple, on a n−1 =
n→∞ o(n2)et 1 =
n→∞ o(1 −n2), mais pourtant n=
n→∞ o(1).
•Composition : si un=
n→∞ o(vn), on n’a pas forcément f(un) =
n→∞ o f(vn).
Par exemple, on a n=
n→∞ o(n2), mais pourtant, si on compose à gauche par x7−→ 1
x,1
n=
n→∞ o1
n2.
Démonstration
(i) Montrons que un=
n→∞
o(λvn). Par hypothèse, il existe une suite (εn)n∈Nde limite nulle et un rang Nà
partir duquel un=εnvn. Alors un=εn
λ(λvn)à partir du rang Net lim
n→∞
εn
λ= 0. D’où le résultat.
Montrons que λun=
n→∞ o(vn). Reprenons les notations précédentes. On a λun= (λεn)vnà partir du rang
Net lim
n→∞
λεn= 0. D’où le résultat.
(ii) Par hypothèse, il existe une suite (εn)n∈Nde limite nulle et un rang Nà partir duquel un=εnvn, ainsi
qu’une suite (ε0
n)n∈Nde limite nulle et un rang N0à partir duquel u0
n=ε0
nvn. Alors un+u0
n= (εn+ε0
n)vn
à partir du rang max N, N 0et lim
n→∞(εn+ε0
n) = 0. D’où le résultat.
(iii) Par hypothèse, il existe une suite (εn)n∈Nde limite nulle et un rang Nà partir duquel un=εnvn, ainsi
qu’une suite (ε0
n)n∈Nde limite nulle et un rang N0à partir duquel vn=ε0
nwn. Alors un= (εnε0
n)wnà partir
du rang max N, N 0et lim
n→∞ εnε0
n= 0. D’où le résultat.
(iv) et (v) Débrouillez-vous. Pour (v), il faut utiliser le théorème sur les limites de suites extraites.
Nous avons jusqu’ici introduit la notation petit osous sa forme la plus élémentaire (mise en relation de deux suites). Cette
notation existe en réalité sous des formes assez diverses en mathématiques. Par exemple, vous rencontrerez souvent des expressions
du genre « un=
n→∞ vn+o(wn)». En l’occurrence, cette expression signifie simplement que un=vn+xnoù xn=
n→∞ o(wn);
bref : unet vnne diffèrent que d’un petit ode wn.
Explication
•Partons de l’affirmation : 1
n+ 1 =
n→∞
1
n−1
n2+5
n3+o1
n2. Peu importe ici pourquoi cette affirmation est vraie.
Grosso modo, cette proposition affirme que lorsque nest assez grand, 1
n+ 1 ≈1
n−1
n2+5
n3. Or une approximation n’a
de sens que si l’on peut mesurer l’erreur commise. Ici il nous est dit que 1
n+ 1 ≈1
n−1
n2+5
n3à un o1
n2près. Le
o1
n2représente le niveau de précision de l’approximation. C’est un peu comme quand on dit que π≈3,14 à10−2près.
•Imaginez justement qu’on vous dise : « πest égal à 3,14012 à 10−2près ». Vous répondrez naturellement : « Pourquoi
ne pas se contenter de l’approximation 3,14, puisqu’on raisonne à 10−2près ? » Et vous aurez raison : raisonner à 10−2
près, c’est négliger tout ce qui est plus petit que 10−2. Ainsi l’approximation π≈3,14 à10−2près est aussi précise que
l’approximation π≈3,141592 à10−2près, bien qu’on ait deux décimales correctes dans un cas et six dans l’autre.
Le même phénomène se produit avec les petits o. Ainsi, puisque 5
n3=
n→∞
o1
n2, la quantité 5
n3est inutile dans la relation
1
n+ 1 =
n→∞
1
n−1
n2+5
n3+o1
n2; nous pouvons donc lui couper la tête et affirmer que 1
n+ 1 =
n→∞
1
n−1
n2+o1
n2.
Cette nouvelle proposition n’est ni plus ni moins précise que la précédente, mais elle est plus lisible.
Vous devez vous habituer à penser les petits ocomme des niveaux de précision ou encore comme des seuils de visibilité, et
penser de vous-mêmes à « nettoyer » les formules que vous écrivez comme nous venons de le faire ci-dessus.
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