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INTRODUCTION
J’ai débuté ma carrière d’infirmière de nuit en 1988. A cette époque, j’ai dû sans trop me poser de
question attacher des patients, pour leur sécurité et la mienne, pas forcément pour leur confort mais
peut-être un peu pour le mien. C’est grâce à cette rétrospective que je peux écrire cela aujourd’hui.
Au fil du temps, on ne parle plus d’attacher, qui choque mais de contenir un patient, ce qui au final
revient à la même chose, le patient est privé de sa liberté de mouvement et privé de ses mouvements,
nous l’avons tous vécu pendant le confinement et cela nous exaspère au plus haut niveau. Alors
imaginez un patient, malade et vulnérable.
Dans ce travail, j’ai voulu m’intéresser à la pratique de la contention physique dans le service des
urgences de l’hôpital de Dijon. En effet, car d’une part, si ce travail demande de décrire une situation
de handicap et si d’autre part selon la loi n°2005-102 du 11 février 2005 la définition du handicap
est « constitue un handicap, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en
société subie dans son environnement par une personne », alors un patient contentionné, privé de
liberté et de mouvements n’ est-il, pas à cet instant précis, en quelque sorte en situation de handicap ?
De plus, je me suis m’intéressée à la contention pour la simple et bonne raison que je me suis
retrouvée confrontée à une situation qui m’a réellement bouleversée pendant plusieurs semaines.
J’ai voulu donc en savoir plus sur cet outil de contention pour ma pratique professionnelle
quotidienne et pas seulement pour valider un devoir. Alors après avoir présenté le lieu où je travaille
de nuit, je décrirai, en respectant l’anonymat des malades et des personnels cette situation
stupéfiante avec d’autres toutes aussi interpellantes faisant intervenir la contention. Ensuite, la
réglementation en vigueur ainsi que les indications seront développées. Enfin, même avec le peu de
travaux de recherche sur ce sujet, l’utilisation de la contention dans les services d’urgences adultes
pose question (la psychiatrie exclue).
CONTEXTE
Depuis le 1er septembre, j’occupe un poste de cadre de santé de nuit au Centre Hospitalier
Universitaire (CHU) de Dijon. Cet établissement dijonnais répond à tous les besoins de santé de la
ville et de sa région. Il est la première entreprise en Côte d’Or avec 7500 agents. Cet établissement
regroupé sur 2 sites possède une capacité d’accueil de 1700 lits avec des pôles d’excellence comme
la cardiologie et l’ophtalmologie. On peut ajouter une maternité qui est une maternité de référence
avec plus de 3000 naissances par an, un hôpital d’enfants, un hôpital gériatrique avec un secteur de
psychiatrie et enfin il offre un service public d’accueil des urgences ouvert 24h/24h.
Les missions de mon poste sont d’organiser dans tous ces secteurs d’activités la continuité de soins
entre le jour et la nuit, de répondre à l’absentéisme et de pouvoir régler les problématiques de
l’hôpital avec l’aide d’un directeur administratif en astreinte à domicile. La nuit, les problématiques
sont quelques peu différentes, différentes car le cadre de santé doit y faire face la plupart du temps
seul et prendre la meilleure décision, selon les procédures établies. Je suis très sollicitée par le
Département Universitaire de Médecine d'Urgence (DUMU) ou plus couramment appelé le service
des urgences pour gérer toutes sortes de problématiques. Je peux citer la gestion d’armes à feu et
d’héroïne détenues par un patient entrant aux urgences, s’occuper d’un enfant de 18 mois qui arrive
avec les pompiers dont la maman est adressée au bloc opératoire en urgence vitale ou encore gérer
la fugue de deux adolescents un dimanche soir. Je pourrais citer encore de nombreuses difficultés
mais celle qui m’a surprise le plus, c’est la problématique de la violence. La violence des usagers
envers le personnel soignant mais aussi la violence des soignants envers les patients.