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I L’erreur à l’école
Qu’est-ce que l’erreur ?
« … une erreur est une faute ; c’est le fait de se tromper ; c’est grave,
déshonorant, honteux ! Ça nous fait rêver d’être six pieds sous terre ; ça nous
empêche de dormir après coup ; ça décourage ; c’est moche, mauvais,
misérable. » Au fond, ce qu’on sait de l’erreur, c’est qu’elle nous fait vivre.
D-C. Bélanger paru dans Le Lien, automne 1997.
I.1 Le statut de l’erreur dans une certaine conception de l’acte
d’apprendre
Tout éducateur ne rêve-t-il pas d’un monde idéal dans lequel ce qu’apprennent les
élèves serait le miroir conforme, le calme reflet de ce qu’il a enseigné ?
I.1.1 Les modèles spontanés
Ils ne sont pas produits par la recherche. C’est sur eux que s’appuient la plupart des
enseignants. En général ils ne sont pas explicités et ne sont pas perçus comme des modèles,
mais comme une évidence, comme une chose allant de soi. C’est l’expérience personnelle qui
leur sert de base.
Dans ce type d’enseignement, l’esprit de l’élève est considéré comme une page
blanche que l’on remplit sans que celui-ci n’ait fait le moindre effort. Cette pédagogie
suppose bien entendu qu’il y ait une relation parfaite entre l’émetteur (le professeur) et le
récepteur (l’élève). L’acquisition des connaissances se fait donc par simple transmission à
condition que l’apprenant soit toujours attentif et que l’enseignant explique clairement.
L’élève est passif devant son professeur qui expose de façon magistrale ses
connaissances. Ici, on attend juste de l’élève qu’il soit attentif et qu’il sache reproduire les
connaissances qu’il a acquises.
L’enseignement est souvent centré sur les contenus à enseigner (les programmes, ce
qui doit être transmis). Les caractéristiques de l’apprenant après l’apprentissage ne sont pas
clairement explicitées.
Statut de l’erreur :
Dans ce type d’enseignement, l’erreur est à bannir, elle est assimilée à une « faute »
(avec toutes les connotations moralisantes associées au terme). Elle est à la charge de l’élève
et de ses efforts d’adaptation à la situation didactique.
L’enseignant sera peu enclin à admettre l’erreur, et pourra même, selon sa
personnalité, s’en étonner ou s’en indigner. En tout cas, il l’interprètera comme un
dysfonctionnement, dans l’émission qu’il s’est porté à se remettre en cause, ou dans la
réception : manque d’attention lors de l’information (« Pourtant, je leur ai dit ! »), manque de
concentration, de sérieux dans la réalisation (« Ils ont fait n’importe quoi ! »). Ce sera, en tout
cas, le manque, le trou ou la verrue, l’élément fâcheux, l’intrus, à pénaliser, et qu’une
situation pédagogique idéale (par la qualité de transmission et la fidélité de la réception)
devrait éliminer.
Fortement critiquée, cette forme de pédagogie ne laisse aucune place à l’erreur.