Lycée franco-mexicain – Année scolaire 2015-2016
Cours Olivier Verdun
D) Rater le plan
Foncez tête baissée dans la rédaction. Ne suivez surtout pas la progression du texte.
Commencez par la fin, ce sera plus rapide. Quand vous en aurez assez de jouer les singes savants
en répétant ce que dit l’auteur, passez à autre chose, recopiez ce que vous avez lu sur Wikipédia à
propos de l’auteur du texte et si vraiment vous avez la flemme de faire du copier-coller, racontez,
dans ce cas, votre dernier week-end à la campagne.
II) La rédaction du devoir
Vous voilà parti(e) dans la rédaction de votre explication de texte. N’oubliez pas d’écrire au fil
de la plume, sans vraiment réfléchir à ce que vous rédigez. Vive la spontanéité ! De quel droit
brimer le génie créateur ? Écrivez tout d'un bloc, sans jamais sauter de ligne ou faire des
paragraphes. - Toutes ces manies, ces lubies académiques, c’est fait pour les conformistes, les
vieilles barbes, les rabat-joie, pas pour les originaux, les rebelles purs et durs !
A) Rater l’introduction
Vous voilà plein de bonne volonté et décidé à suivre les conseils du professeur. Il vous a dit de
faire une introduction : comme vous n’avez pas l’esprit de contradiction, vous vous exécutez !
Pour ce faire, commencez par raconter la vie de l’auteur. Mieux : résumez le texte ou contentez-
vous de généralités. Le lecteur, intelligent, verra de lui-même le lien avec le texte.
B) Rater l’explication
Par souci d’efficacité et de clarté, on veillera à aller à l’essentiel sans s’encombrer de fioritures.
Privilégiez quelques passages seulement du texte. Ne suivez surtout pas sa progression en
expliquant son organisation interne. Ne citez jamais le texte, vous avez le droit de l’interpréter
comme bon vous semble. Après tout, qui peut prétendre avoir la bonne interprétation ? Sait-on
jamais ce que l’auteur a vraiment voulu dire ? Le mieux serait encore d’oublier le texte, de parler
de tout autre chose, de ce qui vous intéresse vraiment. Si on veut vraiment donner l’impression
qu’on a lu le texte, contentez-vous de le répéter en changeant çà et là certains mots ou tournures.
Pourquoi prendre le risque de réécrire beaucoup moins bien le texte, alors que l’auteur est un
génie ?
C) Rater l’intérêt philosophique
En aucun cas, le texte ne sera discuté, mis en perspective, évalué, critiqué. Ce serait là un crime
de lèse-majesté. L’auteur étant bien plus savant que vous, il serait pour le moins présomptueux
d’oser critiquer ce qu’il écrit. Si néanmoins on se sent capable de croiser le fer, on pourra alors
faire le procès du texte et de son auteur, monter que ce dernier n’a rien compris, que la thèse
défendue est absurde, que le problème est mal posé, que l’argumentation est tirée par les cheveux,
etc. On se proposera alors de donner une belle leçon de philosophie à l’auteur qui n’a rien compris,
en réécrivant tout simplement le texte et en donnant à commenter à ses camarades cette nouvelle
version.