Lycée franco-mexicain
Cours Olivier Verdun
Qu’est-ce qui s’évapore quand nous perdons conscience ? On sombre dans un état qui
s'apparente au sommeil - ou à la mort. Chez les Grecs du reste Morphée personnifie le
sommeil, il est le frère de Thanatos – la mort ; tous deux sont enfants d’Hypnos, le sommeil,
et de Nyx, la nuit. Perdre conscience, c'est entrer dans le monde de la mort, du sommeil, de
l'hypnose.
Dans son texte, Sartre fait de l’évanouissement une évasion, la réponse de la
conscience à une situation invivable, difficile à voir, à supporter, à regarder (exemple de la
plaie ouverte). Faute de disparaître définitivement, la situation s'efface localement,
ponctuellement. De même face à une situation psychiquement insoutenable (une violente
déception, une maladie grave…), le corps peut soustraire à la conscience l'évidence d'une
douleur trop forte à supporter : pour ne pas avoir à faire face, la conscience anéantit, annihile
la scène et permet au corps de retrouver ses esprits dans une sorte d'endormissement
programmé. Pour récupérer ses forces, sa vitalité et ses moyens de prendre le dessus.
De sorte que la conscience disparue, on ne peut plus voir le monde, il cesse d’être
perçu, donc possible. Pour certains philosophes – les idéalistes -, il n’existe pas de réalité sans
la conscience qui fait advenir les choses à l’être; l’évanouissement, la perte de conscience,
c’est l’expérimentation par un individu d’une disparition momentanée du monde; je ne vois
que ce que la conscience me montre et, sans elle, je ne suis plus rien : là où la conscience
braque son éclairage, elle fait surgir un objet à l'être et tout ce qui n'est pas lui se trouve
plongé se trouve plongé dans le néant.
A.2) La conscience, trait d'union entre le passé et l'avenir (texte de Bergson, in L'énergie
spirituelle)
« Qu'est-ce que la conscience ?…je puis la caractériser par son trait le plus apparent :
conscience signifie d'abord mémoire. La mémoire peut manquer d'ampleur; elle peut
n'embrasser qu'une faible qu'une faible partie du passé; elle peut ne retenir que ce qui vient
d'arriver; mais la mémoire est là, ou bien alors la conscience n'y est pas. Une conscience qui
ne conserverait rien de son passé, qui s'oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à
chaque instant; comment définir autrement l'inconscience ?
(…) Mais toute conscience est anticipation de l'avenir. Considérez la direction de votre esprit
à n'importe quel moment : vous trouverez qu'il s'occupe de ce qui est, mais en vue surtout de
ce qui va être. L'attention est une attente, et il n'y a pas de conscience sans une certaine
attention à la vie. L'avenir est là; il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui : cette traction
ininterrompue, qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons
continuellement. Toute action est un empiétement sur l'avenir.
Retenir ce qui n'est déjà plus, anticiper sur ce qui n'est pas encore, voilà donc la
première fonction de la conscience… » (Bergson, "La conscience et la vie", in L'énergie
spirituelle).
1. Quelle est la fonction de la mémoire selon Bergson ?
2. Que nous dit Bergson sur la conscience ?