Lycée franco-mexicain – Année scolaire 2015-2016
Cours Olivier Verdun
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l’homme n’est pas, comme Dieu, s’il existe, cause de soi (causa sui), mais le résultat d’une
histoire, qui le traverse et le constitue : « Il n’est ce qu’il fait que parce qu’il est, d’abord, ce
qui le fait (son corps, son passé, son éducation…) » (ibid.).
Mais si l’humanité est une transmission, elle est aussi, du coup, une fidélité. Elle n’est pas
une essence, qu’il faudrait contempler, ni un dieu, qu’il faudrait adorer : c’est une espèce
qu’il faut préserver, une histoire qu’il faut connaître, un ensemble d’individus qu’il faut
reconnaître, une valeur, donc, qu’il faut défendre. C’est ce qu’on appelle « l’humanisme »,
qui consiste à accorder une valeur à l’humanité, c’est-à-dire à s’imposer, vis-à-vis de tout être
humain, un certain nombre de devoirs et d’interdits. C’est précisément ce qu’on appelle
aujourd’hui les droits de l’homme. L’humanité ne se réduit donc pas à une espèce
biologique : elle désigne une conquête, un idéal, une vocation, un horizon. L’homme est un
être mortel, dont l’humanité est fragile, vacillante ; il nous appartient de le défendre et de
faire qu’il soit humain, plus humain.
Si l’homme est un être en devenir, c’est par la culture, en effet, qu’il s’humanise en se
libérant de sa dépendance initiale à l’égard de la nature, même si cette libération peut
également prendre l’aspect d’une nouvelle servitude ou aliénation. Mais que faut-il entendre
par « culture » ? Doit-on parler de la « culture » (au singulier) ou de « cultures » (au pluriel) ?
La culture est-elle ce qui unit les hommes ou ce qui les divise ? Et faut-il opposer, comme on
le fait généralement, la culture à la nature ?
Le mot « culture » vient du latin « colere » qui signifie « cultiver », soigner, entretenir,
préserver, travailler, mettre en valeur un champ, une terre en vue de la rendre propre à
l’habitation humaine (ex : cultiver du maïs). L'agriculture désigne ainsi le processus par
lequel la terre, une fois travaillée par l'homme, produit un fruit que la terre ne pouvait
féconder par elle-même.
Cicéron, dans Tusculanes (II 13), parle de la culture pour les choses de l’esprit (cultura
animi) qu’il compare au travail des champs : « […] de même qu’un champ, si fertile soit-il,
ne peut être fructueux sans culture (sine cultura) ; de même l’esprit ne peut l’être sans
enseignement (sine doctrina) […]. Or la culture de l’esprit, c’est la philosophie. Elle extirpe
radicalement les vices et met les esprits à recevoir les semences, leur confie et, je le dis ainsi,
sème ce qui, avec le temps, produira la plus abondante des récoltes ». La culture désigne ici
les activités mentales et les productions de l’esprit en général, l'ensemble des processus par
lesquels l'homme met en valeur ses propres facultés linguistiques, intellectuelles, spirituelles,
morales, artistiques, comme il met en valeur la nature en cultivant la terre pour en récolter les
produits.
Ainsi, avoir une solide culture ou être cultivé, ce n’est pas seulement posséder des
connaissances étendues dans beaucoup de domaines, ce n’est pas seulement être instruit et
savant, c'est être capable d'assimiler ces connaissances en vue d'un perfectionnement. Il ne
faut pas seulement avoir une tête bien pleine, encore faut-il qu'elle soit bien faite. En sorte
que la culture désigne l’ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer le
sens critique, le goût, le jugement.
Quand on parle de la culture mexicaine ou de la culture gay, le terme de culture a un sens