#1 - Mise en contexte : L’Antiquité Histoire de la psychiatrie Christophe Wecker - Année 2022 I. La place de la folie à travers l’histoire antique A. Introduction • Premières traces de médecine « psychiatrique » avec Hippocrate (-500/JC) • Pas de distinction entre médecine du corps et de la folie • Continuum entre la médecine grecque et romaine • La n de cette période se termine au VIème siècle (500/JC) • La période couvre donc 1 millénaire, avec des données partielles et des fi théories évoluant avec les expériences… B. Les théories médicales antiques B. Les théories médicales antiques La théorie des humeurs • Elaborée par Hippocrate • Le corps contient 4 humeurs • Le sang • Le egme ou phlegme • La bile noire fl • La bile jaune B. Les théories médicales antiques La théorie des humeurs • Les maladies sont causées par : • Un déséquilibre entre les humeurs • Changement des humeurs, en qualité ou en quantité (transformation ou déséquilibre). • La coction : réactions de « cuisson », par exemple la èvre. fi • La crise : évacuation réussie ou pas de l'humeur mauvaise ou en excès. B. Les théories médicales antiques La théorie des humeurs • La théorie des humeurs est aussi appelée l’école dogmatique De simple concept sous Hippocrate, elle va devenir très in uente. fl Elle est mise en parallèle avec la théorie des 4 éléments d’Aristote. B. Les théories médicales antiques L’école méthodiste • S’oppose à l’école dogmatique • Rejette la recherche d’une cause à une maladie • Développe la description des maladies • Se base sur l’expérience du praticien et des écrits précédents B. Les théories médicales antiques L’école méthodiste • Le corps est constitué de particules en mouvement • Il se forme des conduits dans lesquels circulent : • Le spiritus - un air élaboré • Les liquides corporels B. Les théories médicales antiques L’école méthodiste • Les maladies sont donc des troubles de circulation d’un liquide ou du spiritus dans des conduits soit : • Trop resserrés • Trop relâchés • Célius Aurélien est un méthodiste qui a écrit l’oeuvre psychiatrique antique la plus importante (Vème siècle après JC) B. Les théories médicales antiques L’école pneumatiste • Reprends les bases de la théorie des humeurs • Ajoute les e ets du spiritus • Ajoute des matières indésirables (matière peccante) ff • Il faut purger la matière peccante avant d’équilibrer les humeurs B. Les théories médicales antiques L’école éclectique • Reprends les concepts les plus intéressants de chaque théorie • Rejette ce qui ne semble pas fonctionner • Chaque praticien éclectique adapte la théorie à sa vision B. Les théories médicales antiques L’école éclectique • Claude Gallien (130 - 201 après JC) est un éclectique considéré comme le plus grand médecin de l’antiquité après Hippocrate • Il modi era profondément les théories sur lesquelles il se base • Il élabore la théorie des tempéraments complémentaire aux humeurs (sanguin, egmatique, colérique et mélancolique) • Il distingue les atteintes primaires et secondaires fl fi • Il distingue pathologies aiguës et chroniques C. Les principales entités nosologiques Nosologique : La nosologie est une branche de la médecine qui étudie les principes généraux de classification des maladies, alors que la nosographie concerne leur application, notamment les descriptions qui permettent de ranger les maladies dans un système particulier de classification https://fr.wikipedia.org/wiki/Nosologie C. Les principales entités nosologiques Avant propos • Di culté de synthétiser la « psychiatrie antique » car : • D’hippocrate à Célius Aurélien, il y a près de 1000 ans et 2 civilisations • Il y avait plusieurs courants de pensée en parallèle • Les troubles « psychiatriques » sont mêlés aux troubles organiques • Choix arbitraire pour faciliter la mise en contexte : • Je me base sur le choix de J. Postel et C. Quetel dans Nouvelle Histoire de ffi la Psychiatrie (ed Dunod 2012) C. Les principales entités nosologiques Choix des pathologies étudiées • Pour l’importance de leurs descriptions dans les récits médicaux antiques • Pour la stabilité des représentations durant la période • Pour « suivre » l’évolution de ces pathologies dans les périodes suivantes • Par facilité (relative) à identi er ces troubles permis les pathologies connues actuellement fi • Attention donc à ne pas généraliser à partir de cet échantillon C. Les principales entités nosologiques 1. La Frénésie • Agitation aiguë parfois délires • Avec èvre intense et soutenue • Perturbation du pouls rapide et faible • + Insomnies, sueurs… • 2 formes : • Forme primaire : atteinte directe du cerveau fi • Forme secondaire à un trouble en général abdominal C. Les principales entités nosologiques 2. La Lethargie • Somnolence, fatigue profonde • Avec èvre intense et soutenue • Perturbation du pouls rapide et faible • + Insomnies, sueurs… • 2 formes : • Forme primaire : atteinte directe du cerveau fi • Forme secondaire à un trouble en général abdominal C. Les principales entités nosologiques 2. La Léthargie • Du fait de sa proximité avec la frénésie la léthargie est vue comme : • Une complication de la frénésie • Une perturbation des mêmes humeurs • Les médecins antiques remarquent • Le passage possible d’une forme frénésie à léthargie (aggravation) • Le passage inverse (amélioration vers la guérison) • Une alternance entre les 2 (phase critique de la maladie) C. Les principales entités nosologiques Frénésie & Léthargie • Ces atteintes de la conscience sont sorties de l’aspect psychiatrie dans notre médecine actuelle : • Cause externe (souvent infectieuse) évidente, qu’il convient de traiter en priorité. • Troubles secondaires à une pathologie de médecine, le traitement psychiatrique n’est pas approprié. • La psychiatrie interviendra éventuellement après l’épisode aigu s’il y a persistance des troubles comme avis spécialiste (à coté de la neurologie) C. Les principales entités nosologiques 3. La manie • Agitation chronique ou répétition de crises, parfois délires • Sans èvre, perturbation du pouls… • La manie regroupe : • Des troubles de conscience avec agitation, convulsion • Des états d’agitation sans trouble de conscience fi • Des états délirants agités C. Les principales entités nosologiques 3. La manie • Les médecins antiques recherchent une cause : • Choc psychologique (chagrin d’amour, décès d’un proche…) • Colère, coup de froid… • Empoisonnement ou prise de drogue, d’alcool • Autre maladie sous-jacente • Pathologie protéiforme (d’expressions variées) avec ou sans déclencheur, fi sans èvre, chronique ou évoluant par crises C. Les principales entités nosologiques 3. La mélancolie • Fatigue chronique ou répétition de somnolences, parfois délires • Sans èvre, perturbation du pouls… • La mélancolie regroupe : • Des troubles de conscience sans agitation • Des états de somnolence sans trouble de conscience • Des états délirants somnolents fi • Les états phobiques C. Les principales entités nosologiques 3. La mélancolie • Les dévalorisations de soi, états de tristesse • Les envies ou tentatives de suicide • La mélancolie est aussi associée à la manie comme complication • Elle est considérée comme atteinte de bile noire (mélanos - col) au cerveau • Elle peut être primaire ou secondaire d’une atteinte (en général hépatique) C. Les principales entités nosologiques 4. Synthèse des nosologies antiques • La frénésie et la léthargie sont des expressions di érentes de pathologies aiguës avec èvre, souvent secondaires à une atteinte abdominale • La manie et la mélancolie sont des expressions de pathologies chroniques souvent primaires et sans èvre • Par ce classement, les médecins antiques e eurent les réalités psychiatriques, chacune de ces « cases » regroupant des pathologies très variées : • Dans les manies, on retrouve des descriptions faisant penser à ff ffl fi fi « épisepsie » « état maniaque » « troubles psychotiques »… C. Les principales entités nosologiques 4. Synthèse des nosologies antiques • Par ce classement, les médecins antiques e eurent les réalités psychiatriques, chacune de ces « cases » regroupant des pathologies très variées : • On retrouve des descriptions faisant penser à • Dans les manies, « épisepsie » « état maniaque » « troubles psychotiques » « exogénose alcoolique »… • Dans les mélancolies, « dépression » « AVC » « démences séniles » ffl « phobies »… C. Les principales entités nosologiques 4. Synthèse des nosologies antiques • Les théories antiques (humeurs, spiritus…) sont di cilement audibles aujourd’hui, pourtant elles ont laissé un cortège d’expressions et de représentations dans le langage actuel : • Etre de bonne humeur, se faire de la bile… • Les traitements sont souvent repos, isolement ou entraves si agitation. • Le lien avec le praticien et la famille du patient compte beaucoup dans les ffi guérisons. Conclusion Conclusion Un balbutiement de psychiatrie • Sans être séparée de l’allopathie, l’approche psychiatrique est bien présente en médecine gréco-romaine • Des essais de descriptions et regroupements de pathologies sont élaborés • Des théories explicatives sont avancées et permettent d’entrevoir des traitements • La relation patient / thérapeute est importante • L’isolement et les entraves sont utilisés