II) Di¤érents types de raisonnement 2.1 Raisonnement direct Voir exemples 1 et 2 du chapitre 1. 1. Enoncé du type 8x 2 E , A(x). On se donne x quelconque dans E et on démontre la propriété A(x) en se basant sur des propriétés connues. 2. Enoncé contenant 9y 2 F , A(x; y ). On doit prouver l’existence d’un y 2 F tel que A(x; y ) est vraie. 3. Enoncé du type (A et B ). On démontre A puis B; ou inversement. 4. Enoncé du type (A ou B ). On suppose que A est faux et on en déduit que B est vraie (ou inversement). 5. Enoncé du type A ) B: On suppose que A est vraie et on démontre B . 6. Enoncé du type A , B: On suppose que A est vraie et on démontre B puis on suppose que B est vraie et on démontre A: Pour in…rmer un énoncé A, on doit démontrer non A. Exemple : f ( x ) = 2x + 1 : lim f (x) 6= 5 ? Pour cela montrons que x! 1 9" 2 R+ 8 2 R+ (9x) (jx 1j < ) et (jf (x) 5j Prenons " = 3=2: (jf (x) 5j ") , (j2x + 1 , (jx 2j "=2) , (x (x 2:75 ou x 5j ") , (2jx 2 + "=2 ou x 1:25) 8 2 R+ a) Prenons x = inf (1:25; 1 + =2) x 1:25 donc (jf (x) 1<x jx 5j 1 + =2 donc 0 < x 1j < ") 1 =2 < 2 2j ") "=2) , ") 9" = 3=2 2 R+ 8 2 R+ (9x = inf (1:25; 1 + =2)) 1j < ) et (jf (x) (jx 5j ") lim f (x) 6= 5: x! 1 ou encore b) Prenons x = 1 x 1:25 donc (jf (x) 5j ") ou encore c) prenons x = 1 =2; x < 1:25 donc (jf (x) lim f (x) 6= 5: x! 1 5j x 2 ]1 ;1 + [ ") et jx 1j = =2 < 2.2 Disjonction de cas En se ramenant au cas des réels positifs, montrons que pour tout réel, il existe un entier naturel plus grand que lui: 8 x 2 R, 9 n 2 N tel que n > x. Réponse: Il y a deux cas: Ou bien x < 0 et dans ce cas, l’entier n = 1 convient. Ou bien x 0. Dans ce cas, on applique l’exemple 1, qui fournit l’entier cherché. (8x 2 R+) (9n 2 N) (n > x) : En e¤et, 8x 2 R+ posons n = E (x) + 1 E ( x) x < E ( x) + 1 = n 2 N Parfois il y a plus de deux cas. 2.3 Raisonnement par contraposée Pour démontrer une assertion du type P =) Q, il su¢ t de démontrer sa contraposée nonQ =) nonP . Le raisonnement par contraposée consiste en ceci: Pour prouver une proposition A, on utilise un théorème B de la théorie et on montre que nonA ) nonB: On en déduit que B ) A et que B étant vraie, A est vraie. Exemple 3: a) Montrer que si x et y sont des réels non tous nuls (ca-d dont l’un au moins est non nul), alors x2 + y 2 6= 0: En d’autres termes, il s’agit de montrer que 8x 2 R et 8y 2 R , ( x6=0 ou y6=0) ) x2 + y 2 6= 0 x2 + y 2 = 0)? x=0 et y =0 b) En déduire que 8x 2 R, x2 + 1 6= 0: Réponse : a) Si x2 + y 2 = 0 alors x2 = d’où x2 = h h x2 + y2 y 2 2 R+ \ R = f 0g y 2 = 0 c-a-d x = y = 0 c-a-d (x = 0 et y = 0) : i = 0 ) (x = 0 et y = 0) donc (x 6= 0 ou y 6= 0) b) D’après a) ) x2 + y 2 6= i 0 . 8x 2 R ,(x 6= 0 ou 1 6= 0) ) x2 + 12 6= 0: Or, (x 6= 0 ou 1 6= 0) est vraie alors x2 +1 = x2 +12 6= 0: 2.4 Raisonnement par l’absurde Le raisonnement par l’absurde ou encore principe du tiersexclu est le suivant : Pour savoir si une proposition A fait partie des théorèmes d’une théorie on ajoute non A à cette théorie: Si cela aboutit à une contradiction avec un théorème de la théorie alors A est un théorème de la théorie. ( Il est di¤érent du raisonnement par contraposée). Exemple 4 Montrer que p 2 n’est pas rationnel. p Supposons 2 rationnel. Alors il existe des entiers nap p turels p et q sans facteur commun tels que 2 = . q On écrit p2 = 2q 2 p2 est pair (multiple de 2) donc p est pair si p = 2k; k 2 N p2 = (2k)2 = 4k2 = 2q 2. q 2 = 2k 2 q 2 est pair donc q est pair p et q sont pairs donc ont 2 comme facteur commun. Contradiction car p et q sont sans facteur commun. On conclut que p 2 est irrationnel. Exercice: Montrer que Remarque: p p p 1 p =12Q 2 2 p 2=22Q. 22 = Q et p 32 =Q 22 = Q ; 2+ 2+ p 3 est irrationnel. Voir pour 1 22 = Q donc p 2 =Q. 2 2 p p p p p p p 2 p 3= p 62 =Q. 22 = Q la somme est 2 2 Q 2=2 22 =Q. p 6: 2.5 Raisonnement par récurrence Axiome de récurrence: Soit Pn une proposition dépendant de l’entier n. Si Pn0 est vraie (initialisation au rang n0) et si (8k n0)(Pk ) Pk+1) est vraie (hérédité à partir du rang n0) alors on a (8n n0)(Pn est vraie). La démonstration par récurrence se fait alors en deux étapes et on énonce la conclusion: 1) On montre que Pn0 est vraie 2) On montre que si la proposition Pn est vraie au rang n = k pour un k n0; alors elle est vraie au rang k + 1: 3) On conclut que (8n n0)(Pn est vraie): Dans certains cas la proposition (8k n0)(Pk ) Pk+1) n’est pas aisée à démontrer alors qu’on peut montrer que Pn0 est vraie et que (8k n0) est vraie. Pn0 et Pn0+1 On conclut alors que (8n et Pk 1 et Pk ) Pk+1 n0)(Pn est vraie): La démonstration par récurrence se fait alors suivant les étapes suivantes: 1) On montre que Pn0 est vraie 2) On montre que pour tout k n0; si la proposition Pn est vraie du rang n0 jusqu’au rang k alors elle est vraie au rang k + 1: 3) Conclusion : (8n n0)(Pn est vraie): Exemple 5: 3 Pn : n2 1) P3 : 32 8n 3=6 5. n 5. P3 est vraie 2) si la proposition Pn est vraie au rang k k 2 k 5: (k + 1)2 (k + 1) = k2 + k 3) Conclusion : (8n k2 k 3 alors 5: 3)(Pn est vraie) c-a-d n2 n 5: Exercice : Pour n 2 N, on note P (n) l’assertion (n + 1)! 2n + 1. Montrer que P (n) est vraie à partir d’un certain rang. Lequel ? 1) P (n) est vraie pour n = 2 ; n0 = 2 2) Supposons P (k) pour un certain k (k + 1)! 2k + 1 2 HR Véri…ons P (k + 1) : (k + 1 + 1)! = (k + 2)! = (k + 2) (k + 1)! (k + 1 + 1)! (k + 2) 2k + 1 car (k + 1)! 2k + 1 (k + 1 + 1)! (k+2) 2k +1 (k + 1 + 1)! 2k+1 + 1 donc P (k + 1) est vraie 2 2k +1 = 2k+1+2 Réponse Supposons que P (n) est vraie et n 0. Alors (n + 1 + 1)! = (n + 2)(n + 1)! (n + 1 + 1)! Donc (2) (2n + 1) (8n 2 N) (n + 2) (2n + 1) 2n+1 + 1 (P (n) ) P (n + 1)). Est-ce que cela su¢ t à montrer que P (n) est vraie pour tout n 0? Non. P (0) s’écrit 1! = 1 20 + 1 = 2 et est fausse. P (1) s’écrit 2! = 2 21 + 1 = 3 est fausse. P (2) qui s’écrit 3! = 6 22 + 1 = 5 , ce qui est vrai. On initialise en 2 et on conclut que P (n) est vraie pour tout n 2. Exercice : Pour n 2 N, on note P (n) l’assertion n! 2n. Montrer que P (n) est vraie à partir d’un certain rang. Lequel ? Réponse Supposons que P (k) est vraie et k (k + 1)! = (k + 1)k! Donc ((k (k + 1) 2k 1. Alors 2 2k = 2k+1 (8k 2 N) 1) ) (P (k) ) P (k + 1)). Est-ce que cela su¢ t à montrer que P (n) est vraie pour tout n 1? P (0) s’écrit 1 = 0! 20 = 1, c’est vrai. Mais, on n’a pas démontré l’assertion P (0) ) P (1)). Elle est fausse car P (0) est vraie et P (1) est fausse. Considérons les assertions : P (1) qui s’écrit 1! = 1 21 = 2 est fausse. P (2) qui s’écrit 2! = 2 22 = 4 est fausse. P (3) : 3! = 6 P (4) : 4! = 24 26 = 8, elle est fausse. 24 = 16, ce qui est vrai. En…n On conclut que P (n) est vraie pour tout n 4. 2.5 Utiliser un contre exemple Pour démontrer une assertion du type (9x 2 E ) P (x), il su¢ t de donner un exemple d’un x qui convient. En passant à la négation, pour démontrer qu’une assertion du type (8x 2 E ) P (x) est fausse, il su¢ t de donner un exemple d’un x qui ne convient pas (à la propriété P (x)). On appelle cela un contre-exemple à la propriété P. Exemple 6: f ( x ) = 2x + 1 lim f (x) = 3 (voir exemple 2). x!1 Pour cela nous avons montré que 8" 2 R+ 9 2 R+ (jx 1j < ) jf (x) 3j < ") lim f (x) 6= 4 x!2 Il s’agit de montrer que l’on a non( 8" 2 R+ c’est à dire 9 2 R+ (jx 2j < ) jf (x) 4j < ")) 9" 2 R+ jf (x) jf (x) x jf (x) 3 4j (9x) véri…ant jx 2j < avec jf (x) 4j " 8 2 R+ 4 j = j2 x + 1 " ! 4 j = j2 x 3j = 2 jx " ssi 2 " ssi jx 3=2j " ssi (x 2) ou (x x 3=2j 3+" 2 ou 2 4j 1) : Posons " = 1; 8 2 R+ posons x = 2 qui véri…e jx 2j = 0 < avec jf (x) 4j " ou encore 0 9x=2+ véri…ant jx-2j = < 9" = 1; 8 2 R+ @ 2 2 avec jf (x) 4j " car jf (x) 4 j = j2 2+ +1 4j = +1>1 1 A: ou encore 0 9x = 2 + véri…ant jx 2j = < 9" = 1; 8 2 R+ @ 4 4 avec jf (x) 4j " car jf (x) encore 4 j = j2 2+ 0 B 9" = 1=2; 8 2 R+ B @ car 2 0 x f ( x) = x 2 2 4=2 2 > 1=2 3 2 +1 4j = ; 11=6 véri…ant 2 avec jf (x) 4j " 9x = sup 2 jx 2j 2j 2 2 2 + 1 > 1ou < 2 2 et jx x+1 4 = 2x < 3 2 11=6 3 1 A jf (x) 4j 2 > 1=2 3 Dans les quatre cas on a prouvé que 9" = 1; ou 1=2 8 2 R+ (9x véri…ant jx donc lim f (x) 6= 4: 2j < avec jf (x) x!2 Exemple 7 L’assertion tout entier positif est somme de deux carrés d’entiers est-elle vraie ? fausse ? Comme il n’y a que deux carrés non nuls inférieurs à 6, qui sont 1 et 4 et dont la somme est 5, le nombre 6 n’est pas somme de deux carrés. Cela prouve que l’assertion est fausse. Exemple 8 L’assertion tout entier positif est somme de trois carrés d’entiers est-elle vraie ? fausse ? Sachant qu’il n’y a que deux carrés non nuls inférieurs ou égaux à 7, à savoir 1 et 4, le nombre 7 n’est pas somme de trois carrés. Cela prouve que l’assertion est fausse.