103 COMMENT S OPERE LE FINANCEMENT DE L ECONOMIE MONDIALE

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103 – COMMENT S’OPERE LE FINANCEMENT DE L’ECONOMIE MONDIALE ?
A – La balance des paiements permet de mesurer les échanges internationaux
a) – Qu’est-ce qu’une balance des paiements ?
1. La balance des paiements est un document comptable retraçant, pour une période donnée, l'ensemble des
opérations entre les agents « résidents » (tous ceux qui résident pendant au moins un an sur le territoire
national quelque soit leur nationalité) et les agents « non-résidents ». Elle est construite sur le principe de la
comptabilité en partie double. Chaque opération est comptabilie deux fois pour la même somme. Ainsi, une
importation de marchandises payée à crédit se traduit par une dépense (signe -) dans la balance commerciale
et par une entrée de capital (signe +) dans la balance des capitaux. De ce fait, la balance des paiements est
globalement équilibrée, aux erreurs et omissions près, qui peuvent être importantes.
Balance des paiements
2. La balance des transactions courantes enregistre les importations et les exportations de biens et de services
ainsi que les transferts de revenus (bénéfices des FMN rapatriés, salaires des frontaliers, prêts aux pays en
veloppement, rapatriement de l’épargne des immigrés…). Elle est composée de :
La balance commerciale qui enregistre les exportations (entrées de devises) et les importations (sorties de
devises) de biens évaluées franco à bord (hors taxes et fret). Son solde (exportations – importations) peut être
excédentaire, équilibré ou déficitaire. On peut mesurer l’importance du solde en calculant un taux de couverture
des importations par les exportations :
Taux de couverture = Exportations/Importations x 100
Taux de couverture
> 100 = 100 < 100
Excédent Equilibre Déficit
Ainsi, en 2011, la balance commerciale est ficitaire de 74 milliards d’€ car les exportations ne couvrent que
85,3% des importations.
Balance commerciale de la France
Balance commerciale française
(en milliards d'Euros FAB/FAB)* 1997 2004 2008 2009 2010 2011 2012
Exportations de biens 265 352 418 346 395 428 442
Importations de biens 241 356 474 391 447 502 509
Solde commercial = + 24 - 4 - 56 - 45 - 52 - 74 - 67
Taux de couverture = 109,9 98,8 88,1 88,5 88,3 85,3 86,8
(Sources : Douanes, données FAB/FAB y compris matériel militaire, 2012) (FAB* = franco à bord = les marchandises sont évaluées hors-taxe)
Un excédent commercial peut être positif. Il peut en effet moigner du dynamisme des exportations de
marchandises françaises, signe d'une bonne compétitivité des entreprises nationales, qui gagnent des
parts de marché à l'étranger. Mais, un excédent commercial peut, au contraire, est un mauvais signe
car il peut signifier que la demande intérieure est très peu dynamique (d'ou de faibles importations) du
fait d'une faible croissance, d'un grand pessimisme des consommateurs...
Un déficit commercial peut être le signe d'un manque de compétitivité et de faibles exportations. Les
entreprises produisent moins car elles perdent des débouchés, c'est donc l'emploi qui se rétracte,
entrainant le ralentissement de la consommation, et donc de la croissance. Inversement, un déficit
commercial peut être la preuve d'un fort dynamisme économique : la croissance étant forte, les besoins
en produits étrangers sont également importants (matières premières, énergie...), ainsi que la demande
intérieure. En France, en 2012, le ficit commercial s’est réduit à 67 milliards d'euros (contre 74
milliards en 2011). Les exportations sont en légère hausse (mais une hausse moins forte que l'an
passé), tandis que les importations sont restées presque stables (pétrole). L'amélioration du ficit
s'explique principalement par la faiblesse de la demande intérieure française.
La balance des invisibles enregistre les exportations et les importations de services (de transport, de services
touristiques, de services financiers, de services techniques…), les revenus nets de l'étranger (Salaires,
dividendes, intérêts versés par des non sidents à des sidents salaires, dividendes, intérêts versés à des
non résidents par des résidents) et les transferts courants nets (Transfert des revenus des émigrés vers leur
famille + transfert des organisations internationales à l’Etat français Transfert des immigrés à leur famille +
transferts de l’Etat français à des organisations internationales et à des Etats étrangers).
3. Le compte de capital enregistre les transferts en capital (aides à l’investissement, dons et remises de dette à
des pays en développement par exemple) ainsi que les achats ou ventes d’actifs non financiers non produits
(brevets, droits d'auteur, franchises par exemple). Comme pour les transactions courantes, les opérations qui
se traduisent par une recette sont inscrites au crédit (signe +) et celles qui se traduisent par une dépense sont
inscrites au débit (signe -).
Capaciou besoin de financement de la France
Balance courante française
(en milliards d'Euros) 1997 2004 2008 2009 2010 2011 2012
Solde commercial + 24,0 - 4,0 - 59,0 - 45,0 - 52,0 - 73,5 - 70,0
Solde des services1 14,9 12,2 16,5 10,2 10,0 24,2 30,3
Revenus nets de l'étranger
2
6,3 18,1 33,4 31,6 36,5 46,9 30,4
Transferts courants nets (aides et dons)3 - 11,6 - 17,3 - 24,2 - 27,2 - 26,2 - 36,6 - 37,2
Solde de la balance courante = 33,6 9,0 - 33,3 - 28,4 - 33,7 - 39,0 - 43,5
Solde du compte de capital4 1,3 1,5 0,7 0,3 0,1 0,1 - 0,2
Capacité ou besoin de financement = 34,9 10,5 - 32,6 - 28,1 - 33,6 38,9 - 46,7
(Sources : Banque de France, 2013)
Si la balance courante et le compte de capital sont excédentaires, le pays vit en dessous de ses moyens. Il
dégage une capacité de financement (son épargne est supérieure à ses investissements) et engrange des
devises qu’il va pouvoir investir, prêter, placer à l’étranger ou les mettre en réserve.
Si la balance courante et le compte de capital sont déficitaires, le pays vit au dessus de ses moyens. Il a un
besoin de financement (son épargne est insuffisante pour financer ses investissements) et il manque de
devises. Il va devoir emprunter ou vendre ses actifs ou tirer sur ses réserves de devises.
Depuis 2005, la France vis au dessus de ses moyens
4. La balance financière enregistre les mouvements de capitaux qui portent sur des titres de propriété (actions) ou
de créances (obligations, bons du trésor…) financiers. Tout achat de titres étrangers par un sident se traduit
par une exportation de capitaux (sorties de devises) et toute vente de titres financiers à un non-résident
correspond à une importation de capitaux (entrées de devises). Ce compte comprend :
Les investissements directs à l’étranger, c’est-à-dire la création par les entreprises résidentes d’une filiale à
l’étranger, ou la prise de contrôle d’une société étrangère, ou le réinvestissement des bénéfices sur place ou le
prêt à une filiale implantée à l’étranger. Le pourcentage du capital détenu pour exercer un contrôle significatif
est de 10 % d'aps la France ou les États-Unis qui suivent les recommandations de l'OCDE et du FMI. Pour
l'Allemagne et le Royaume-Uni, il faut un taux de contrôle de 20 % pour que l’opération soit enregistrée en IDE
et non en investissement de portefeuille. Un solde négatif de la balance des IDE signifie que les firmes
implantées en France investissent davantage à l’étranger que les firmes implantées à l’étranger investissent en
France. Cela résulte de la volonté des firmes françaises de se mondialiser et de conquérir de nouveaux
marchés à l’étranger. Un solde négatif peut avoir des inconvénients mais aussi des avantages :
L’IDE provoque une sortie de capitaux qui auraient pu être investis sur le territoire national et dynamiser
l’économie nationale.
L’IDE, s’il prend la forme d’une localisation, peut se traduire par une destruction d’emplois.
L’implantation d’une firme nationale à l’étranger va se traduire par des échanges de biens et de
services entre la maison mère et ses filiales (commerce intra-firme) qui vont augmenter les flux
d’exportations.
Les revenus générés à l’étranger par la filiale à l’étranger vont être, partiellement ou totalement,
rapatriés ce qui va se traduire par des rentrées de devises qui s’inscriront en positif dans la balance
courante.
La balance des paiements française (en milliards d'€)
1997 2004 2008 2009 2010 2011 2012
Solde de la balance courante 33,6 9,0 - 33,3 - 28,4 - 33,7 - 38,9 - 46,7
Solde du compte de capital 1,3 1,5 0,7 0,3 0,1 - 0,1 - 0,2
Solde du compte financier (1+2+3+4+5) -38,3 -7,9 18,3 41,1 18,2 58,2 98,2
- 1 - Solde des investissements directs - 11,0 - 19,5 - 62,0 - 49,6 - 37,9 - 35,4 1,2
- 2 - Solde des investissements en portefeuille - 23,0 - 52,4 25,0 251,1 119,9 251,6 37,5
- 3 - Solde des produits financiers déris 3,5 5,0 - 16,4 - 16,9 34,3 13,8 4,3
- 4 – Autres investissements - 2,6 62,5 63,1 - 147,4 - 92,3 - 177,3 59,2
- 5 - Avoirs de réserve - 5,2 - 3,5 8,5 3,9 - 5,8 5,5 - 4,0
Erreurs et omissions nettes 3,4 - 2,6 14,3 - 13,0 15,4 - 19,1 - 51,3
(Source : Banque de France – 2013)
Les investissements en portefeuille correspondent aux achats par des résidents d’actions condition que cela
ne dépasse pas les 10% pour les actions d’une société) ou d’obligations ou de bons du trésor pour en tirer des
revenus de placement (intérêt, dividendes, qui seront rapatriés et alimenteront les ressources de la balance des
revenus). Il s’agit d’un investissement financier ou d’un placement. Un solde positif pour la France signifie que
les étrangers achètent plus de titres émis par des agents économiques établis en France, en particulier les
titres de la dette de l’Etat français, que l’inverse. Cela rapporte des devises à la France à court terme mais ces
apports sont fragiles car ils peuvent se retourner si la confiance des marchés dans la solvabilité de la France
est entamée et ils se traduiront, à terme, par une sortie de devises qui s’inscriront en négatif dans la balance
courante.
Les autres investissements concernent les créances ou les dettes contractées au moment des échanges
commerciaux (paiement à 90 jours après la livraison) et les prêts ou emprunts des résidents ou des non-
résidents à des sociétés financières (Banques, sociétés de crédit…).
Les variations des réserves de la Banque centrale serviront à défendre le cours de la monnaie nationale (vente
de devises et achat de monnaie nationale pour en faire remonter le cours). C’est l’inscription de cette variation
des avoirs de réserves dans la balance des paiements qui permet d’en assurer l’équilibre comptable, la
variation des avoirs de réserve pouvant dès lors être assimilée au « solde de la balance des paiements ». C’est
ainsi que, si les opérations enregistrées dans la balance des paiements ont conduit à une augmentation des
avoirs de réserves détenus par le système bancaire (balance des paiements excédentaire), la variation des
avoirs de réserves est inscrite au débit (signe ). A l’inverse, si la variation des avoirs de réserve apparaît au
crédit (signe +), cela signifie que les avoirs de réserves détenus par le système bancaire ont diminué au cours
de la période (ficit de la balance des paiements).
La ligne erreurs et omissions est censée équilibrer les comptes et traduit les fuites de capitaux non
enregistrées. Par convention, la balance des paiements est toujours équilibrée. Le besoin de financement ou la
capacité de financement sont compensés par un mouvement de capitaux en sens inverse. Mais, des erreurs
dans la comptabilisation des flux obligent les comptables à créer une ligne erreur et omissions pour équilibrer la
balance.
5. Un excédent du compte financier n'est donc pas nécessairement positif. L'appel à des capitaux étrangers pour
combler le besoin de financement du pays présente, en effet, des inconvénients : il suppose par la suite de
verser des revenus (signe négatif dans le compte des transactions courantes), ou bien qu'il faudra rembourser
le capital emprunté (signe négatif dans le compte financier).
6. En fin de compte, un excédent du compte financier tend à grader le solde des transactions courantes, et
diminue l'excédent du compte financier. Inversement, un déficit du compte financier est synonyme de revenus
futurs et de remboursements à venir. Par ailleurs, un solde positif place le pays dans une situation de
« contrainte extérieure » : il est tenu de rester solvable aux yeux des investisseurs étrangers afin qu'ils
continuent à placer leurs capitaux dans le pays pour financer le ficit des transactions courantes. Lorsque les
entrées nettes de capitaux ne suffisent pas à compenser le déficit des transactions courantes, il est nécessaire
de puiser dans les réserves de devises ou de change (fournies par la Banque Centrale) (signe + au compte
avoirs de réserves).
b) – Quelle signification donner au solde des transactions courantes ?
1. A partir du milieu des années 1970, on va assister à des déséquilibres croissants dans les balances des
transactions courantes qui enregistrent les exportations et les importations de biens, de services et les
transferts de revenus (les bénéfices réalisés à l'étranger par des entreprises françaises et rapatriés en France,
par exemple).
Certains pays vont accumuler des excédents importants (Chine, Japon, Allemagne,...). Ils produisent plus de
biens et services qu'ils n’en consomment et/ou investissent. Ils exportent plus de biens et de services qu’ils n’en
importent. Ils vivent au dessous de leurs moyens, gagent une capacide financement, c’est-à-dire qu’ils
accumulent une épargne en devises qu’ils vont pouvoir investir à l’étranger (IDE), placer (Investissement en
portefeuille), prêter à des non résidents ou conserver sous la forme de réserves de devises. Ainsi, entre 1995 et
2012, la Chine a dégaun excédent cumulé de 2 531 milliards d’euros qui lui a permis de financer ses achats
d’actifs productifs et d’actifs financiers étrangers et d’assoir son rôle de financier du reste du monde. Ceci est la
conséquence de la faible part de la consommation des ménages chinois dans leur PIB (faiblesse des salaires)
et de leur taux d’épargne important (absence de véritable protection sociale).
D’autres pays accumulent des déficits de la balance courante (Etats-Unis, Brésil, Royaume-Uni, France…). Ils
consomment et/ou investissent plus qu'ils ne produisent. Autrement dit, leur épargne nationale est insuffisante
par rapport à leurs investissements. Ils importent donc plus de biens et de services qu’ils n’en exportent. Ils
vivent au dessus de leurs moyens et ont un besoin de financement. Ils vont devoir vendre une partie de leurs
avoirs (titres de propriété ou titres de créance), emprunter ou tirer sur leurs réserves pour financer le ficit
c’est-à-dire dépendre de l’épargne extérieure pour compenser l’insuffisance de l’épargne intérieure. Ainsi,
l’Etats-Unis, entre 1995 et 2012 ont accumulé un déficit extérieur de 5 233 milliards d’euros qui résulte de la
faiblesse de l’épargne des consommateurs américains. Les Etats-Unis dépendent donc des importations de
capitaux étrangers pour financer leur mode de vie.
Evolution des soldes des balances courantes dans le monde entre 1980 et 2010 (en % du PIB mondial)
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