INTRODUCTION GENERALE

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FIN DU CHAPITRE 9
B. Des financements qui passent par le marché des changes
1. Comment le marché des changes fonctionne-t-il ?
a. Qu’est-ce que le marché des changes ?
Tous les échanges financiers que nous avons décrit dans la section A, y compris les contreparties au commerce des
biens et services (car il y a toujours un transfert monétaire en sens inverse), donnent lieu à des mouvements de
monnaies diverss : dollar, euro, yen, livre, yuan (la monnaie chinoise), etc. Lorsqu’on considère les monnaies sur le
plan des échanges internationaux, on parle de « devises ». Ainsi, l’équivalent de plus 4000 milliards de dollars de
devises sont échangés en moyenne chaque jour dans le monde. Pour acheter au fabricant américain d’avion Boeing des
appareils, les compagnies chinoises devront d’abord changer leurs yuans contre des dollars. Si Boeing a des bénéfices
importants et veut en réinvestir une partie dans une entreprise britannique, il va devoir acheter des livres sterling avec
ses dollars ; si un salarié anglais de l’entreprise veut passer ses vacances en France, il devra acheter des euros avec ses
livres ; le riche propriétaire du grand hôtel qui recevra les euros, qui ensuite décide de les confier à une agence de
trading, va voir ses euros se transformer jour après jour en de nombreuses monnaies différentes, au gré des placements
choisis par son trader.
Ainsi, chaque jour, des millions d’opérations de change se déroulent : on échange des devises contre d’autres devises en
permanence.
Comment se déroulent ses « opérations de change » ? L’agence de change agréée qui se charge de l’opération (le plus
souvent de simples banques) touche une petite commission, mais par ailleurs le nombre de dollars, ou de yens, ou de
francs suisses… que l’on peut obtenir avec un euro dépend du prix instantané (il change en permanence) des devises.
Ce prix, c’est le « taux de change » : c’est la quantité d’une autre devise que l’on peut obtenir en échange d’une unité
d’une certaine devise. On parle aussi de cours de l’euro exprimé en dollar, ou de cours du change euro contre dollars.
b. Des changes fixes aux changes flexibles : aujourd’hui, les taux de change sont très volatils
Les Etats ont des politiques différentes en matière de contrôle des opérations de change et notamment de taux de
changes.
Les régimes de changes fixes
Certains Etats refusent que leur monnaie ait un taux de change qui varie au cours du temps : ils préfèrent un horizon
stable pour leurs entreprises, que celles-ci sachent exactement ce qu’elles vont devoir payer ou gagner lorsqu’elles
importent ou qu’elles exportent ; ils préfèrent également pouvoir fixer eux-mêmes leur taux de change pour agir
favorablement sur leur commerce extérieur (voir ci-dessous). Sont dans ce cas aujourd’hui des pays comme la Chine,
l’Ukraine, le Venezuela. Dans cas, le pays définit une « parité » (c’est-à-dire un taux de change fixé arbitrairement)
entre sa devise et chacune des autres devises de la planète. Toutes les opérations de change se déroulent obligatoirement
à ce taux. (Note : dans la zone Euro, n’avoir qu’une seule monnaie revient finalement à avoir un régime de changes
fixes interne à la zone.) D’ailleurs, les devises de ces pays ne s’achètent pas : la firme française qui vent acheter des
produits en Chine par exemple ne va pas acheter des yuans puis payer en yuans, mais paiera en euros en calculant son
prix d’achat en fonction de la parité euro-yuan définie par la Chine. La banque centrale chinoise recevra les euros, les
stockera et donnera des yuan à l’entreprise. Ainsi, le yuan ne quitte pas la Chine et il ne peut pas y avoir de vrai marché
des changes pour cette monnaie.
Les régimes de changes flexibles
Dans ce système, les devises des pays concernés s’échangent librement, sans contrôle, sans parité fixe : les taux de
change fluctuent au jour le jour. La plupart des pays développés fonctionnent sous ce régime, y compris la zone euro
dans ces relations avec le reste du monde. Dans ce système, les taux de change peuvent varier minute par minute, et sur
quelques jour ou quelques mois les variations peuvent être très importantes. Le 30 mai 2009, en vendant 1 € contre des
dollars, on pouvait obtenir 1,3006 $. Le 7 juin il était passé à 1,321 $. Sur cinq ans, on a les records suivants : le 7 juillet
2008, il était à un « plus haut » record de 1,59 dollar, le 31 mai 2010 à un « plus bas » record de 1,19 dollar. A partir de
l’automne 2009, début de la crise de la dette grecque, le taux de change euro/dollar est passé de 1,5 dollar pour un euro
à son plus bas de 1,19.
c. Quels sont les facteurs de l’offre et de la demande de devises ?
En régime de changes flexibles, le taux de change d’une devise évolue selon la loi de l’offre et de la demande. Si une
devise est fortement demandée et peu offerte, son prix, exprimé dans les autres monnaies, c’est-à-dire ces différents
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taux de change, vont augmenter. Il va au contraire baisser si la devise est peu demandée et que beaucoup de gens
veulent en vendre.
Dans ces conditions, qu’est-ce qui peut faire qu’une monnaie soit plus ou moins demandée, plus ou moins offerte ?
Donnons (sans être exhaustif) une liste facteurs possible. (Nous donnerons l’exemple dans le sens d’une variation à la hausse – il peut
évidemment être adapté pour une baisse du taux de change.)
- Le rôle du commerce extérieur : si un pays vend de plus en plus de produits au reste du monde ou à un pays en
particulier (plus que n’augmentent ses importations), alors sa monnaie va être fortement demandé par des entreprises
qui vont pour cela se débarrasser de la monnaie de leurs pays. Ainsi, la monnaie du pays qui développe ses exportations
va voir son taux de change fortement augmenter, tandis que le taux de change des autres devises va baisser.
- Le rôle des investissements et des placements : si un pays attire beaucoup d’I.D.E., parce qu’il est en pleine croissance
ou que sa main-d’œuvre est bon marché, ou attire beaucoup de placements parce que les taux d’intérêts pratiqués par
ses banques ou le marché financier local sont élevés… alors les capitaux financiers investis donneront lieu à une
demande de monnaie massive de monnaie locale, ce qui augmentera son taux de change.
- Le rôle de la spéculation : certains acteurs financiers (fonds spéculatifs, hommes d’affaires…) font profession de
gagner de l’argent en pariant sur les évolutions d’actifs divers et variés : matières premières, actions, obligations, biens
immobiliers… et bien sûr aussi devises. Beaucoup repèrent les hausses et les baisses de taux de change en cours et
parient dans un sens ou dans un autre pour : soit acheter et revendre quand le taux de change aura augmenté ; soit
vendre puis racheter quand le taux de change aura baissé. Faisant cela, ils ont accélèrent souvent la hausse ou la baisse
du taux.
- Le rôle des banques centrales : pour le pays concerné, il n’est pas toujours positif de voir le taux de change de sa
monnaie augmenter (voir ci-dessous). La banque centrale du pays tente alors de stabiliser le taux change (le plus
souvent de le maintenir à un niveau bas) : soit en changeant le taux en change fixe, soit en réalisation des opérations de
vente de sa monnaie sur le marché des changes en changes flexibles. On peut ainsi parler de « guerre des monnaies ».
2. L’effet de la baisse des cours du change sur l’économie des pays concernés
(Attention, changement du titre. Texte repris à J.F.Freu)
a. Des avantages…
On sait que beaucoup de pays comme la Chine ou le Japon, et même dans une certaine mesure les Etats-Unis,
maintiennent artificiellement un taux de change bas pour améliorer leur commerce extérieur (soit en la dévaluant –
modification de la parité – soit en vendant de grandes quantités de la monnaie du pays pour faire augmenter l’offre et
donc baisser le prix). Est-ce une bonne stratégie ?
En fait, dans le cours et moyen terme, une baisse du taux de change a deux effets contraires
Dans un premier temps, la baisse de la valeur de la monnaie nationale provoque une hausse du prix des importations et
une baisse du prix des exportations. Comme les importateurs et exportateurs ne changent pas instantanément leurs
habitudes, les importations vont rentrer en même quantité mais plus chères et les exportations sortir en même quantité
mais moins chères. La balance des transactions courantes va donc très provisoirement se dégrader. C'est l'effet prix.
Mais à moyen terme, la baisse des prix à l'exportation doit permettre un accroissement du volume des ventes (les
acheteurs étrangers sont intéressés par ces prix en baisse), tandis que la hausse du prix des importations doit décourager
les entreprises qui font venir beaucoup de l’étranger. Ces changements doivent permettre une amélioration du solde de
la balance courante. C'est l'effet quantité ou l’effet volume. L'effet quantité joue plus ou moins selon que la
consommation des biens échangés est ou non sensible aux prix de vente, c’est-à-dire de l’élasticité aux exportations (la
baisse des prix n'affecte pas toujours les quantités vendues). Si elle est supérieure à 1, la hausse des quantités exportée
sera supérieure à la baisse du prix et l’effet volume l’emportera sur l’effet prix.
Ces effets contradictoires sont mis en lumière par le principe de la courbe en J de Marshall-Lerner : la dévaluation
provoque une courte dégradation du solde de la balance commerciale (effet prix), avant de permettre une amélioration
d'une plus grande ampleur (effet quantité). Les vérifications empiriques montrent que pour la plupart des pays
industriels, la courbe en J s'étend sur une période de six mois à un an.
Ainsi, au total, dans le moyen terme, faire baisser le taux de change est plutôt positif pour le commerce extérieur d’un
pays.
b. … Mais aussi des inconvénients
Cependant, ce retour vers l’équilibre n’est pas si simple. La baisse du taux de change a plusieurs effets pervers.
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D’une part, elle rend plus chères les importations, en particulier celles des produits primaires nécessaires à la production
nationale (Pétrole, gaz, minerais…) ce qui augmente les coûts de production et ce qui diminue, par conséquent, la
compétitivité-prix de l’économie nationale à long terme. Autrement dit, la dévaluation va être une bouffée d’oxygène
pour le commerce extérieur qui n’est pas durable car elle est à l’origine de l’inflation importée.
D’autre part, elle diminue la concurrence entre les producteurs étrangers et les producteurs nationaux ce qui évite à ces
derniers de se restructurer et d’innover. Or, de nos jours, la compétitivité hors-prix compte plus que la compétitivitéprix. En conséquence, importations et exportations sont de moins en moins sensibles aux variations des taux de change.
Les échanges intra-firmes ne dépendent pas des prix et le choix des consommateurs est plus guidé par la qualité ou la
différenciation du produit. La baisse de la devise d’un pays peu compétitif au niveau structurel ne lui rendra pas
rapidement sa compétitivité.
Enfin, la baisse du taux de change peut engendrer une forme de guerre des monnaies : chacun peut avoir intérêt à faire
baisser la valeur de sa monnaie, surtout en situation de crise économique, pour favoriser des exportations et sa
production nationale. Cela peut engendrer des tensions entre pays et la mise en place de mesures de rétorsion
(représailles).
C’est la raison pour laquelle certains pays recherchent l'appréciation de leur monnaie. Une politique de « monnaie
forte » cherche à mettre en place un cercle vertueux de l'appréciation. L'augmentation du taux de change rend les
importations moins chères. En conséquence, les coûts de production sont limités et l'inflation réduite. De plus, les
entreprises nationales sont pénalisées par les prix à l'exportation et doivent faire des efforts pour devenir plus
compétitives. Cela a été le choix de l’Allemagne avant la création de l’Euro ce qui ne l’a pas empêché de dégager
d’importants excédents commerciaux. Autre avantage, les titres financiers libellés dans cette monnaie prennent de la
valeur par rapport à ceux libellés en devises étrangères et il est alors possible de les placer sur les marchés en les
rémunérant un peu moins que ceux libellés en devises étrangères. Les emprunteurs d’un territoire, dont la monnaie a
tendance à s’apprécier, peuvent donc s’endetter en ne payant qu’un taux d’intérêt faible.
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