ECS1B Carnot Chapitre 4 2013/2014 Chapitre 4 : Nombres complexes Objectifs : – Savoir calculer avec les nombres complexes, en notation algébrique ou exponentielle. – Formule d’Euler et de Moivre. – Révision de trigonométrie. – Savoir que si n > 1 et α 6= 0 alors l’équation z n = α a exactement n solutions dans C. 1 Définitions, interprétation géométrique. 1.1 Le corps C On admet l’existence d’un ensemble C, contenant R et un nombre i non réel vérifiant i2 = −1. Tout élément z de C s’écrit de manière unique z = a + ib avec a, b ∈ R. Dans ce cas, on appelle a la partie réelle de z et b sa partie imaginaire. Dans ce cas on dit que z est donné sous forme algébrique, et on note a = Re z et b = Im z. On définit une addition et une multiplication : si z = a + ib, z = a′ + ib′ avec a, a′ , b, b′ ∈ R, alors z + z ′ = (a + a′ ) + i(b + b′ ) et zz ′ = (aa′ − bb′ ) + i(ab′ + a′ b) Remarque. Ces opérations étendent l’addition et la multiplication de R. Proposition 1.1.1 Si z = a + ib et z ′ = a′ + ib′ sont donnés sous forme algébrique, alors z = z ′ si et seulement si a = a′ et b = b′ . Démonstration : En effet si a + ib = a′ + ib′ et b 6= b′ , alors i = contradictoire. a′ − a ∈ R, ce qui est b − b′ Proposition 1.1.2 (Propriétés de +) – Associativité : ∀u, v, w ∈ C, u + (v + w) = (u + v) + w. – Existence d’un élément neutre : ∀z ∈ C, z + 0 = 0 + z = z – Existence d’un symétrique (=opposé) : ∀z = a + ib ∈ C, ∃ − z = −a − ib ∈ C, z − z = −z + z = 0 – Commutativité : ∀z, z ′ ∈ C, z + z ′ = z ′ + z Démonstration : Exercice. Proposition 1.1.3 (Propriétés de ×) – Associativité : ∀u, v, w ∈ C, u × (v × w) = (u × v) × w – Existence d’un neutre : ∀z ∈ C, 1 × z = z × 1 = z – Existence d’un symétrique (=inverse) : ∀z = a + ib ∈ C∗ , z × a − ib ×z =1 a2 + b2 – Commutativité : ∀z, z ′ ∈ C, z × z ′ = z ′ × z – Distributivité sur + : ∀u, v, w ∈ C, u × (v + w) = u × v + u × w Démonstration : Exercice. J. Gärtner. 1 a − ib = a2 + b2 ECS1B Carnot Chapitre 4 2013/2014 Proposition 1.1.4 (C est intègre) ∀z, z ′ ∈ C, zz ′ = 0 ⇒ (z = 0 OU z ′ = 0) Démonstration : Exercice, utiliser l’existence d’un inverse. Remarque. 1. z ∈ R ⇔ Im z = 0 2. z ∈ iR (i.e. z est « imaginaire pur ») ⇔ Re z = 0. 3. 0 est le seul nombre à la fois réel et imaginaire pur. 4. On peut montrer qu’il n’existe pas de relation d’ordre sur C sompatible avec + et ×. 5. Un ensemble E muni de deux opérations + et × comme ci-dessus (i.e. des applications E×E → E, appelées « lois de composition interne ») telles que + est associatif, admet un élément neutre 0E , un symétrique et est commutatif, × est assiciatif, admet un neutre, tout élément de E r {0E } est inversible est commutatif s’appelle un corps. On remarquera que Q, R, C sont des corps. On notera souvent cette année K pour désigner un (au choix) des corps R ou C. 1.2 Interprétation géométrique → → Le plan P est rapporté à un repère (0, − u,− v ) orthonormé. On identifie C avec P à l’aide de l’application qui à z = x + iy ∈ C, w, y ∈ R associe le point M de coordonnées (x, y). Dans ce cas on dit que le point M (x, y) a pour affixe zM = x + iy ∈ C. − − → Si A, B ∈ P, on dit que le vecteur AB a pour affixe le nombre complexe z−− → = zB −zA . AB 2 Conjugaison et module 2.1 Conjugaison d’un nombre complexe Définition 2.1.1 (Conjugaison) Soit z = a + ib ∈ C avec a, b ∈ R. On appelle conjugué de z le nombre complexe z̄ = a − ib. Interprétation géométrique : si M est le point d’affixe z, z̄ est l’affixe du symétrique → (orthogonal) de M par rapport à l’axe (O, − u ) des abscisses. Proposition 2.1.1 1. ∀z ∈ C, z = z̄ ⇔ z ∈ R et z = −z̄ ⇔ z ∈ iR. 2. z 7→ z̄ est involutive : ∀z ∈ C, z̄¯ = z. 3. Compatibilité avec + et × : ∀z, z ′ ∈ C, z + z ′ = z̄ + z ′ et zz ′ = z̄ × z ′ . z + z̄ z − z̄ 4. ∀z ∈ C, Re z = et Im z = . 2 2i Démonstration : Exercice. J. Gärtner. 2 ECS1B Carnot 2.2 Chapitre 4 2013/2014 Module d’un nombre complexe Définition 2.2.1 (Module) Soit z = a + ib ∈ C avec a, b ∈ R.Le module de z est le nombre réel |z| défini par p √ |z| = a2 + b2 = zz̄ Remarquons que cette notation n’est pas ambigüe : si a ∈ R et z = a + i × 0, on a |z| = |a|. Interprétation géométrique : Soit M le point du plan d’affixe z. Alors |z| = OM . − − → Si z est l’affixe du vecteur AB, alors |z| est la longueur AB. Proposition 2.2.1 1. ∀z ∈ C, |z| > 0 et (|z| = 0 ⇔ z = 0). 2. ∀z ∈ C, |Re z| 6 |z| et |Im z| 6 |z|. 3. ∀z ∈ C, Re z 6 |z| et Re z = |z| ⇔ z ∈ R+ . 4. ∀z ∈ C, Im z 6 |z| et Im z = |z| ⇔ z ∈ iR+ . 5. ∀z ∈ C, |z| = |z̄| z̄ z̄ 1 1 = = 2 . En particulier si |z| = 1, = z̄. 6. ∀z ∈ C∗ , z zz̄ z |z| ′ ′ 7. ∀z ∈ C, |zz | = |z| |z |. Démonstration : Seul le dernier point n’est pas évident, et illustre une méthode concernant 2 les calculs sur les modules à savoir cconsidérer les carrés. Soit z, z ′ ∈ C. Alors |zz ′ | = 2 2 zz ′ zz ′ = zz ′z̄z ′ = z z̄z ′ z ′ = |z| |z ′ | . Comme |z| > 0 on en déduit le résultat en prenant la racine carrée. Proposition 2.2.2 (Inégalité triangulaire) Pour tout z, z ′ ∈ C, on a z + z ′ 6 |z| + z ′ De plus on a l’équivalence ′ z + z ′ = |z| + z ′ ⇔ (zz ′ = 0 ou z ∈ R+ ) z Démonstration : On compare les carrés : on a 2 |z + z ′ | = (z + z ′ )(z + z ′ ) = (z + z ′ )(z̄ + z ′ ) = z z̄ + zz ′ + z ′ z̄ + z ′ z ′ 2 2 = |z| + z̄z ′ + z̄z ′ + |z ′ | 2 = |z| + 2 Re (z̄z ′ ) + |z ′ | 2 2 Mais (|z| + |z ′ |)2 = |z|2 + 2 |z| |z ′ | + |z ′ | et Re (z̄z ′ ) 6 |z| |z ′ |. Comme tous les termes sont positifs, on déduit l’inégalité du passage à la racine carrée. Montrons le cas d’égalité : la seule inégalité que nous avons utilisé est Re (z̄z ′ ) 6 |z| |z ′ |. On sait qu’il y a égalité dans cette inégalité si et seulement si z̄z ′ ∈ R+ (c’est le point 3. J. Gärtner. 3 ECS1B Carnot Chapitre 4 de la proposition ci-dessus). Si zz ′ 6= 0 on a Proposition 2.2.3 2013/2014 z′ z̄z ′ = 2 ∈ R+ ⇔ z̄z ′ ∈ R+ . z |z| 1. ∀z, z ′ ∈ C, ||z| − |z ′ || 6 |z − z ′ | n n P P zk 6 |zk | 2. ∀z1 , . . . , zn ∈ C, k=1 k=1 Démonstration : Pour le 1., adapter la preuve de la proposition analogue dans R. Le 2. s’obtient par récurrence. Interprétation géométrique : DESSIN 3 Argument, notation exponentielle 3.1 Groupe des nombres complexes de module 1 Définition 3.1.1 (Groupe U) Soit U = {z ∈ C, |z| = 1}. Alors 1. U ⊂ C∗ 2. 1 ∈ U 3. U est stable par multiplication et passage à l’inverse. On dit que U est un sous-groupe de (C∗ , ×). 1 = z. z Interprétation géométrique : DESSIN Remarque. Si z ∈ U, alors 3.2 Exponentielle complexe Définition 3.2.1 Pour tout θ ∈ R, on pose eiθ = cos θ + i sin θ. Interprétation géométrique : Dans le plan orienté, eiθ est l’affixe du point M du −−→ → cercle unité tel que l’angle orienté (− u , OM ) admette pour mesure θ. DESSIN Proposition 3.2.1 Pour tous θ, θ ′ ∈ R 1. eiθ = 1 ′ ′ 2. ei(θ+θ ) = eiθ × eiθ . En particulier e−iθ = 1 . eiθ 3. eiθ = 1 ⇔ θ ∈ 2πZ ′ 4. eiθ = eiθ ⇔ θ − θ ′ ∈ 2πZ. 5. eiθ = e−iθ . Démonstration : Les deux premiers points proviennent des formules de trigonométrie cos2 θ+ sin2 θ = 1, cos(θ + θ′ ) = cos θ cos θ′ − sin θ sin θ′ et sin(θ + θ′ ) = sin θ cos θ′ + sin θ′ cos θ. Le troisième point provient de l’équivalence (cos θ, sin θ) = (1, 0) ⇔ θ ∈ 2πZ. J. Gärtner. 4 ECS1B Carnot Chapitre 4 2013/2014 Pour tout couple (a, b) ∈ R2 tel que a2 + b2 = 1, on a nécessairement a, b ∈ [−1, 1] et on sait (par définition !) qu’il existe θ ∈ R tel que a = cos θ et b = sin θ. On en déduit ∀z ∈ U, ∃θ ∈ R, z = eiθ Quelques formules : Proposition 3.2.2 (Formule de Moivre) On a par récurrence sur n ∀θ ∈ R, ∀n ∈ Z, (eiθ )n = einθ Ou encore ∀θ ∈ R, ∀n ∈ Z, (cos θ + i sin θ)n = cos nθ + i sin nθ Exemple. Exprimons cos 3θ et sin 3θ en fonction de cos θ et sin θ. On utilise la formule de Moivre et la formule du binôme de Newton : cos 3θ + i sin 3θ = (cos θ + i sin θ)3 = cos3 θ + 3i cos2 θ sin θ + 3i2 cos θ sin2 θ + i3 sin3 θ = (cos3 θ − 3 cos θ sin2 θ) + i(3 cos2 θ sin θ − sin3 θ) D’où cos 3θ = cos3 θ − 3 cos θ sin2 θ = 4 cos3 θ − 3 cos θ sin 3θ = 3 cos2 θ sin θ − sin3 θ = 3 sin θ − 4 sin3 θ Exercice. Exprimer cos 5θ en fonction de cos θ et sin θ. Proposition 3.2.3 (Formule d’Euler ) cos θ = eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ et sin θ = 2 2i Démonstration : Immédiat par définition de l’exponentielle complexe... Exemple. Linéarisons cos3 θ. 1 On a cos3 θ = (eiθ + e−iθ )3 , donc 8 cos3 θ = 1 3iθ (e + 3eiθ + 3e−iθ + e−3iθ ) 8 1 et cos3 θ = (e3iθ + e−3iθ + 3eiθ + 3e−iθ ). D’où 8 cos3 θ = 1 (2 cos 3θ + 6 cos θ) 8 Exercice. Soit θ ∈ R et n ∈ N. Calculer 3.3 n P cos kθ et k=0 n P sin kθ. k=0 Argument d’un nombre complexe non nul Théorème 3.3.1 (Définition d’un argument ) Soit z ∈ C∗ et r = |z| ∈ R+∗ . Alors il existe θ0 ∈ R tel que z = reiθ0 . Tout réel θ J. Gärtner. 5 ECS1B Carnot Chapitre 4 2013/2014 tel que z = reiθ est appelé argument de z. La forme z = reiθ est appelé notation exponentielle de z, et z = r(cos θ + i sin θ) la notation trigonométrique. L’ensemble des arguments de z est {θ0 + 2kπ, k ∈ Z}. z possède un unique argument Θ ∈] − π, π], appelé l’argument principal de z, noté Arg (z). z z ′ Démonstration : On a = 1, il existe donc θ0 avec = eiθ0 . Puisque r 6= 0 on a reiθ = reiθ r r si et seulement si θ − θ′ ∈ 2πZ. Unicité de l’argument principal : soit k ∈ Z. On a θ0 + 2kπ ∈] − π, π] si et seulement si −π 6 −θ0 − 2kπ < π i.e. (2k − 1)π 6 −θ0 < (2k + 1)π ce qui est vrai si et seulement si 2kπ 6 π − θ0 < (2k + 1)π, c’est-à-dire π − θ0 k= 2π Interprétation géométrique : Arg z est la mesure principale de l’angle orienté −−→ − → ( u , OM ) où M est le point d’affixe z. DESSIN √ π π Exemple. La forme trigonométrique de z = 1 + i est 2(cos + i sin ) et sa forme 4 4 √ π exponentielle 2ei 4 . Proposition 3.3.1 ′ Soit z, z ′ ∈ C avec z = reiθ et z ′ = r ′ eiθ où r, r ′ ∈ R+ et θ, θ ′ ∈ R. Alors z = z ′ ⇔ (r = r ′ = 0) ou (r = r ′ 6= 0 et θ − θ ′ ∈ 2πZ) Démonstration : Le sens réciproque est évident. Concernant le sens direct, on sait que si z = z ′ , alors ils ont même module, donc r = r′ . Si celui-ci est non nul, on obtient après ′ simplification eiθ = eiθ donc θ − θ′ ∈ 2πZ. ′ Exercice. Si on a z = ρeiθ et z ′ = ρ′ eiθ avec ρ, ρ′ ∈ R, montrer que z = z ′ ⇔ (ρ = ρ′ = 0) ou (ρ = ρ′ 6= 0 et θ − θ ′ ∈ 2πZ) ou (ρ = −ρ′ et θ − θ ′ − π ∈ 2πZ). On note souvent θ ≡ θ ′ [2π] pour dire θ − θ ′ ∈ 2πZ. Proposition 3.3.2 Soient z, z ′ ∈ C∗ . 1. Arg (zz ′ ) ≡ Arg (z) + Arg (z ′ ) [2π] 1 2. Arg ≡ Arg z̄ ≡ − Arg z [2π] z 3. Arg (−z) ≡ π + Arg z [2π] 4. ∀n ∈ Z, Arg (z n ) ≡ n Arg (z) [2π] z 5. Arg ′ ≡ Arg z − Arg z ′ [2π] z 6. z ∈ R ⇔ z = 0 ou (z 6= 0 et Arg z = 0 ou π) π π 7. z ∈ iR ⇔ z = 0 ou (z 6= 0 et Arg z = ou − ) 2 2 J. Gärtner. 6 ECS1B Carnot Chapitre 4 2013/2014 Démonstration : Exercice. Essentiel : savoir mettre le nombre complexe 1 + eiα sous forme trigonométrique (α ∈ R) 3.4 Formules de trigonométrie Rappel sur le cercle trigonométrique : A l’aide des nombres complexes, on peut retrouver facilement toutes les formules de trigonométrie. Il est utile de savoir les retrouver rapidement en cas de besoin. Exercice : Prouver les propositions de cette section, lorsque les expressions ont un sens. Proposition 3.4.1 1. cos2 θ + sin2 θ = 1 2. cos 2θ = cos2 θ − sin2 θ = 2 cos2 θ − 1 = 1 − 2 sin2 θ 3. sin 2θ = 2 sin θ cos θ 2 tan θ . 4. tan 2θ = 1 − tan2 θ π π 5. cos( − θ) = sin θ et sin( − θ) = cos θ. 2 2 π π 6. cos(θ + ) = − sin θ et sin(θ + ) = cos θ. 2 2 Proposition 3.4.2 1. cos(a + b) = cos a cos b − sin a sin b 2. cos(a − b) = cos a cos b + sin a sin b 3. sin(a + b) = sin a cos b + sin b cos a 4. sin(a − b) = sin a cos b − sin b cos a J. Gärtner. 7 ECS1B Carnot Chapitre 4 2013/2014 tan a + tan b 1 − tan a tan b tan a − tan b 6. tan(a − b) = 1 + tan a tan b 5. tan(a + b) = Proposition 3.4.3 1 [cos(a + b) + cos(a − b)] 2 1 2. sin a cos b = [sin(a + b) + sin(a − b)] 2 1 3. sin a sin b = [cos(a − b) − cos(a + b)] 2 1 4. cos a sin b = [sin(a + b) − sin(a − b)] 2 1. cos a cos b = Proposition 3.4.4 p+q p−q cos 2 2 p−q p+q cos 2. sin p + sin q = 2 sin 2 2 p+q p−q 3. cos p − cos q = −2 sin sin 2 2 p+q p−q 4. sin p − sin q = 2 cos sin 2 2 1. cos p + cos q = 2 cos Proposition 3.4.5 θ Soit t = tan . Alors 2 1 − t2 1. cos θ = 1 + t2 2t 2. sin θ = 1 + t2 2t 3. tan θ = 1 − t2 Pour finir cette section, rappelons que cos a = cos b ⇔ ∃k ∈ Z, a = b + 2kπ OU a = −b + 2kπ sin a = sin b ⇔ ∃k ∈ Z a = b + 2kπ OU a = π − b + 2kπ tan a = tan b ⇔ ∃k ∈ Z a = b + kπ 3.5 Petit rappel de géométrie Proposition 3.5.1 1. I est le milieu de [AB] si et seulement si zI = J. Gärtner. 8 zA + zB . 2 ECS1B Carnot Chapitre 4 2013/2014 −− → −−→ 2. AB et CD d’affixe z et z ′ sont colinéaires si et seulement si il existe k ∈ R tel que z = kz ′ . zB − zA 3. A, B et C sont alignés si et seulement si ∈ R. zC − zA 4. Si A,B et C sont distincts, le triangle BAC est rectangle en A si et seulement si zB − zA ∈ iR. zC − zA − −→ −→ 5. Si A,B et C sont distincts, l’angle (AB, AC) admet pour mesure tout argument zB − zA . de zC − zA Exercice. Soit ABCD un parallélogramme. Montrer que ses diagonales [AC] et [BD] ont même milieu. Exercice. Soit M, N, P, Q quatre points d’un cercle de centre O de rayon r, d’affixes respectives m, n, p, q. On note I le milieu de [M N ] et J le milieu de [P Q]. Donner une condition nécessaire et suffisante sur m, n, p, q pour que (M N ) et (P Q) soient parallèles. 4 4.1 Résolution des équation algébriques de degré 2 Racines carrées dans C Donnons une méthode pour chercher les racines carrées d’un nombre α ∈ C, i.e. à résoudre l’équation z 2 = α d’inconnue z ∈ C. Si α est donné sous forme trigonométrique : α = A(cos a + i sin a). On cherche z sous forme trigonométrique z = r(cos θ + i sin θ). Par unicité de l’écriture trigonométrique, √ a a on obtient r = A et 2θ ≡ a [2π] donc θ ≡ [2π] ou θ ≡ + π [2π]. 2 √ 2 a √ a Les deux racines possibles sont donc Aei 2 et − Aei 2 . Remarque. Si on peut mettre facilement α sous forme trigonométrique, cette méthode est la plus rapide. On retiendra que si a 6= 0 z 2 = a a toujours deux solutions opposées. Si α est sous forme algébrique : Ce paragraphe explique en général comment calculer des racines carrées sous forme algébrique. Il est un peu plus technique. Il suffit de comprendre l’exemple ci-dessous. Exemple. Trouver les racines carrées de 1 + i. p√ π √ π π – Version trigonométrique : 1 + i = 2(cos + i sin ) ainsi z1 = 2ei 8 et z2 = −z. 4 4 – Version algébrique : on cherche z = x + iy tel que z 2 = 1 + i. On cherche à résoudre le système 2 1 x − y2 = √ 2 2 x +y = 2 2xy =1 r √ 1+ 2 + Comme xy > 0, on en déduit (après résolution du système !) que z1 = 2 r √ −1 + 2 i et z2 = −z1 . 2 J. Gärtner. 9 ECS1B Carnot Chapitre 4 2013/2014 p √ 1+ 2 π En particulier cette étude montre que cos = p √ . 8 2 2 Cas général : si α = a + ib. Alors z 2 = x2 − y 2 + 2ixy. On obtient un système de deux équations à deux inconnues à l’aide de l’égalité entre parties réelles et parties imaginaires. Astuce : pour résoudre ce système, √ il est souvent plus aisé de s’aider d’une équation redondante : |z|2 = |α| i.e. x2 + y 2 = a2 + b2 . On a alors 2 a x − y2 = √ 2 2 x + y = a2 + b2 2xy =b Donc √ a2 + b2 + a = 2 √ 2 + b2 − a a y2 = 2 2xy = b 2 x et comme √ a2 + b2 − a > 0, on obtient s√ s√ 2 2 a +b +a a2 + b2 − a |x| = et |y| = 2 2 sans oublier que le signe de x et y est déterminé par le signe de b = 2xy. p p √ √ 1+ 2 −1 + 2 π π p √ Exercice. Sachant que cos = p √ et sin = , donner une formule 8 8 2 2 2 2 π exacte pour cos . 16 Exercice. Résoudre l’équation z 2 = −16 − 30i. 4.2 Equations du second degré Soit a, b, c ∈ C avec a 6= 0. On cherche à résoudre l’équation az 2 + bz + c = 0 d’inconnue b z ∈ C. Pour cela, on met l’équation sous forme canonique : on remarque que z 2 + z = a b2 b 2 (z + ) − 2 pour obtenir la forme canonique : 2a 4a " # 2 2 − 4ac b b az 2 + bz + c = a z + − 2a 4a2 Posons ∆ = b2 − 4ac (que l’on appelle discriminant de l’équation), et notons δ et −δ ses deux racines carrées (éventuellement confondues si ∆ = 0). Alors b δ b δ az 2 + bz + c = a z + − z+ + =0 2a 2a 2a 2a On en déduit que J. Gärtner. 10 ECS1B Carnot Chapitre 4 2013/2014 Proposition 4.2.1 L’équation az 2 + bz + c = 0 (a 6= 0) admet deux solutions dans C : −b + δ −b − δ et 2a 2a où δ satisfait δ2 = ∆ = b2 − 4ac. Les deux solutions sont égales si et seulement si ∆ = 0. Si a, b, c ∈ R, les solutions obtenues sont soit réelles (∆ > 0), soit complexes conjuguées (∆ < 0). Exemple. Considérons l’équation z 2 − (2 + 4i)z + 2 + 16i = 0. Son discriminant est (2 + 4i)2 − 8 − 64i = 4 + 16i − 16 − 8 − 64i = −20 − 48i. Cherchons δ r sous la forme 522 − 20 et x + iy. Alors x2 − y 2 = −20 et x2 + y 2 = 2704 = (52)2 . On a donc |x| = r r 2 r 522 + 20 522 − 20 522 + 20 . Comme 2xy = −48 < 0, on peut poser δ = −i . |y| = 2 2 2 (2 + 4i) ± δ . Les solutions sont 2 Exercice. En introduisant, lorsque b = 2b′ le discriminant réduit de l’équation az 2 + bz + c = 0, ∆′ = b′2 − ac, trouver des solutions plus simples pour l’équation de l’exemple ci-dessus. Exercice. Résoudre l’équation z 2 − (1 + i)z + 4 + 8i = 0. 4.3 Inégalité de Cauchy-Schwarz L’étude des polynômes de degré 2 permet de montrer la proposition suivante Proposition 4.3.1 Soit a1 , . . . , an ∈ C et b1 , . . . , bn ∈ C. Alors v v u n u n n X uX uX 2t t |ak bk | 6 |ak | |bk |2 k=1 k=1 k=1 Remarque : géométrie. Démonstration : On peut déjà remarquer que cette inégalité porte sur des réels positifs. n n n P P P |ak bk |+ |ak |2 +2λ (|ak |+λ |bk |)2 . On a P (λ) = Soit λ ∈ R. Considérons P (λ) = k=1 k=1 2 λ n P k=1 k=1 2 |bk | . Premier cas : n P k=1 Deuxième cas : si |bk |2 = 0 alors tous les bk sont nuls et l’inégalité est claire. n P k=1 2 |bk | 6= 0 P est un polynôme (en λ) de degré 2 et toujours positif. Il ne peut pas avoir deux racines n 2 P réelles distinctes. Son discriminant ∆ est donc toujours négatif. ∆ = 4 |ak bk | − k=1 n n P P 2 2 |bk | 6 0 4 |ak | k=1 J. Gärtner. k=1 11 ECS1B Carnot 4.4 Chapitre 4 2013/2014 Formules à connaître Pour finir rappelons quelques égalités remarquables : Proposition 4.4.1 (Binôme de Newton) Soit a, b ∈ R, et n ∈ N. On a n n X n k n−k X n n−k k (a + b) = a b = a b k k n k=0 k=0 Proposition 4.4.2 Soit a, b ∈ R et n ∈ N. On a an − bn = (a − b)(an−1 + an−2 b + · · · + abn−2 + bn−1 ) a2n+1 + b2n+1 = (a + b)(a2n − a2n−1 b + a2n−2 b2 − · · · − ab2n−1 + b2n ) 5 Illustration : Racines n-ièmes d’un nombre complexe Dans cette section, on cherche à résoudre l’équation z n = α d’inconnue z ∈ C, où n ∈ N∗ . Les techniques peuvent servir, mais les résultats sont hors programme. 5.1 Racines n-ièmes de l’unité Commençons par une étude du cas où α = 1. Soit z ∈ C telle que z n = 1. Alors |z|n = 1 et |z| ∈ R+ donc |z| = 1. On sait donc que z = eiθ , avec disons θ ∈ [0, 2π[. On a les équivalences z n = 1 ⇔ einθ = 1 ⇔ nθ ≡ 0 [2π] ⇔ ∃k ∈ Z, nθ = 2kπ mais comme nθ ∈ [0, 2nπ[, on a z n = 1 ⇔ ∃k ∈ [[ 0 ; n − 1 ]] , θ = 2kπ n Ceci montre le Théorème 5.1.1 L’ensemble des racines n-ièmes de 1 dans C est l’ensemble n 2ikπ o Un = e n , k ∈ [[ 0 ; n − 1 ]] Exemple. – Si n = 2, U2 = {−1, 1}. – Si n = 3, U3 = {1, e 2iπ 3 ,e 4iπ 3 } = {1, j j̄}, où j = e – Si n = 4, U4 = {1, −1, i, −i}. – Lorsque n est pair, Un ∩ R = {−1, 1}. – Lorsque n est impair, Un ∩ R = {1}. J. Gärtner. 12 2iπ 3 √ 1 3 = +i . 2 2 ECS1B Carnot 5.2 Chapitre 4 2013/2014 Structure de Un Proposition 5.2.1 (Le groupe Un) 1. Un a exactement n éléments. 2. Un ⊂ U. 3. 1 ∈ Un . 4. Un est stable par multiplication et par passage à l’inverse. On dit que Un est un sous-groupe de U. Démonstration : Exercice : On remarque que l’inverse de e 2ikπ n est e 2i(n−k)π n . Interpréatation géométrique : Les éléments de Un sont les n sommets d’un polygone régulier inscrit dans le cercle unité et qui admet 1 pour sommet. DESSIN. Exercice. 1. Montrer que Un est stable par conjugaison complexe. Traduire cet énoncé géométriquement. 2. Si n est pair, montrer que Un est stable par z 7→ −z. Traduire cet énoncé géométriquement. Calculs : 2iπ On note souvent ξn (ou ωn ) le nombre e n . La proposition suivante est laissée en exercice. Proposition 5.2.2 1. Un = {ξnk , k ∈ [[ 0 ; n − 1 ]]} 2. ξnk ξnl = ξnk+l et ξnnk = 1. 3. (ξnk )−1 = ξn−k et (ξnk )p = ξnpk Puisque (z n − 1) = (z − 1)(z n−1 + · · · + z + 1), on a, en remplaçant z par ξn 6= 1, le Théorème 5.2.1 La somme des racines n-iemes de l’unité est nulle : n−1 X ξnk = X z=0 z∈Un k=0 Remarque. Géométriquement, ce théorème affirme que le barycentre du polygone constitué par Un est le point O d’affixe nulle. On peut plus généralement calculer la somme n−1 P k=0 n−1 X k=0 J. Gärtner. ξnkp = ξnkp pour tout p ∈ N. On a n si ∃ℓ ∈ N, p = nℓ 0 sinon 13 ECS1B Carnot 5.3 Chapitre 4 2013/2014 Racines n-ièmes On cherche à résoudre l’équation z n = α, on écrit α sous forme exponentielle : α = reiθ . √ θ Le complexe u = n rei n est solution. Par ailleurs si z0 est solution, on a n z n z =α⇔ = 1 ⇔ ∃k ∈ [[ 0 ; n − 1 ]] , z = z0 ξnk z0 Ces équivalences caractérisent l’ensemble des solutions de z n = α, ainsi que sa structure. L’équation z n = a avec a 6= 0 a toujours n solutions dans C √ √ √ Exemple. Les solutions de z 3 = 2 sont les éléments de l’ensemble { 3 2, j 3 2, j 2 3 2}. Exercice. Trouver les solutions de l’équation z 3 + 4 = 0. Les représenter dans le plan complexe. J. Gärtner. 14