Documentation microbiologique des plaies. Bonnes

publicité
La prise en charge des plaies
le rôle du bactériologiste ?
Didier Tandé
Laboratoire de Microbiologie
CHU Brest
[email protected]
DT / COLBVH 2013
1
Définition
Effraction cutanée présentant des risques de
contamination d’origine exogène et/ou endogène
DT / COLBVH 2013
2


Plaies aiguës :

13% des admissions aux urgences

Coupures, écrasements, abrasions, morsures, …
Plaies chroniques :


Escarres :

17 à 50% en soins prolongés

5 à 7% en court séjour

8% des opérés si > 3 heures d’intervention
Ulcères du diabétique :

12 à 25% des diabétiques :
Infection du pied (qualité de vie, morbidité, mortalité, coût, …)
DT / COLBVH 2013
3
brûlure
DT / COLBVH 2013
4
Plaie infectée
DT / COLBVH 2013
5
Pied diabétique
DT / COLBVH 2013
6
Cas particulier:Morsures
DT / COLBVH 2013
7
Plaie fortement contaminée
DT / COLBVH 2013
8
nécrose
DT / COLBVH 2013
détersion
9
Ulcère fibrineux
DT / COLBVH 2013
10
Voie épidermisation
DT / COLBVH 2013
11
bourgeon
DT / COLBVH 2013
épidermisation
12
Un principe qui ne doit plus être discuté :
On ne traite que les plaies infectées
OK mais
Comment dire qu’une plaie ouverte est infectée ?
Et quel traitement ?
DT / COLBVH 2013
13
La place du bactériologiste

Les fondamentaux :



La connaissance des flores
•
Résidentes
•
Transitoires
La cinétique de l’infection
En pratique :

Est ce que la plaie est infectée ?

Les prélèvements
•
•
•
DT / COLBVH 2013
Quand
Comment
Qui

Interprétations

Choix des traitements
14
La flore résidente

Permanente

+/- variable selon les sites cutanés

Composition :
DT / COLBVH 2013

Cocci + : Staphylocoques, Microcoques

Bacilles gram + : Corynébactéries, Propionibactéries

Champignons : Malassezia, …
15
La flore transitoire

Ne fait que passer…

Composition : tout germe !

Cocci + :
Staphylocoques dorés,
Streptocoques b-hémolytique (A, C, G)

Bacilles gram - : Pseudomonas,
Entérobactéries,
Acinetobacter
DT / COLBVH 2013
16
Facteurs de variation :
DT / COLBVH 2013

zone cutanée

paramètre physico-chimique : pH, humidité, …

âge

traitement

climat

profession

hospitalisation …
17
La cinétique …
DT / COLBVH 2013

Destruction de l’épiderme

Modification de la flore résidente

Implantation de la flore transitoire

Colonisation : ‘’obligatoire’’

Phénomène normal

Sans réponse des tissus

Mais …
18
Observed
…………… pas de réaction de l’hôte observée …………….
Contaminated/Colonised
Contamination/Colonisation
Critically
Colonised
Colonisation
Infected
Infection
Nombre de bactéries
No Host Reaction
Bacterial Count
Bactériologie du lit de la plaie
critique
BacterialLe count
rising
= signs
increase
nombre de
bactéries
augmenteof
= infection
les signes d’infection
augmentent
Adapted from Flanagan 2003
Adapted from Flanagan 2003
DT / COLBVH 2013
19
Contamination
Colonisation
Bactéries
infection locale
Espèce bactérienne
Virulence
Hôte
État local
Diffusion de l’infection
État général
État immunitaire
Infection systémique
Mort
DT / COLBVH 2013
20
Interactions Hôte – Bactéries
Produits
bactériens
Charge bactérienne
Infection
clinique
Réponse de l’hôte
Virulence
DT / COLBVH 2013
21

La normalité :

La colonisation est indispensable à la cicatrisation
‘’ paix aux germes de bonne volonté’’

DT / COLBVH 2013
Le problème :

L’infection empêche ou retarde la cicatrisation

Primordial de faire le diagnostic

Et de toute façon dans l’ostéite la clinique ne suffit pas !
22
La définition de l’infection …
… ne peut être microbiologique
DT / COLBVH 2013

Toutes les plaies sont colonisées

Pas de bactéries ‘’à coup sur’’ : pathogènes

Pas de bactéries ‘’à coup sur’’ : non pathogènes

Un seuil quantitatif peu ou pas gérable

Aspect qualitatif : virulence
23
La définition est clinique …

Correspond à :

la multiplication de bactéries avec invasion des tissus

> 10

une réponse de l’organisme
5
bactéries / g de tissu
Donc en pratique quotidienne

Manifestée par :

la présence de sécrétions purulentes
à quoi sert le bactério ???
ou

DT / COLBVH 2013
 2 signes : rougeur, chaleur, douleur, induration
24
Classification de l’infection des plaies du Pied diabétique
DT / COLBVH 2013
(consensus international)
25
Que faire au labo ?
Quels
pathogènes ?
DT / COLBVH 2013
26
Un principe qui ne doit plus être discuté :
On ne traite que les plaies infectées
Donc
On ne prélève que les plaies infectées !
DT / COLBVH 2013
27
Après tout est ce une erreur de faire
un prélèvement inutile ?

C’est un problème :

DT / COLBVH 2013
Financier : oui

Incitation forte au traitement : oui

Sélection de germes résistants : oui

Effets secondaires des antibiotiques : oui

Leurre !
28
Prélèvements ?


Est ce vraiment nécessaire ?

Puisque polymorphisme bactérien constant

On pourrait baser le traitement sur la connaissance des flores ‘’habituelles’
Oui car :

Si bon prélèvement : polymorphisme moins marqué

Dans le contexte d’augmentation des BMR : 15 à 25% de SARM !
DT / COLBVH 2013
29
Prélèvements ?

La colonisation est constante
☛
Pour différencier les colonisants des infectants
☛
Prélèvements de qualité

Cela suppose des protocoles conçus en amont

Après concertation multi-disciplinaire
DT / COLBVH 2013
30
Prélèvements ?
Il faut définir :
DT / COLBVH 2013

la manière de prélever selon les ≠ présentations cliniques

le matériel de prélèvement à utiliser

les conditions de transport

les techniques analytiques

l’interprétation des résultats de la culture
31
Diagnostic d’un portage

Méthodologie préalablement définie

Groupe de travail

Bactéries particulières (BMR)

Secteurs particuliers

Écouvillonnage simple de la plaie ou peau lésée

Mesures actives d’isolement en réaction

DT / COLBVH 2013
Mais est ce utile ?
32
Diagnostic d’une infection :
Quoi prélever ?

Les plaies aiguës ?
 Pas d’indication selon le consensus Décembre 2005 :
… Il n’ y a pas lieu de faire des prélèvements bactériologiques
systématiques. Ceux ci sont réalisés très rarement et seulement en
présence de signes inflammatoires ou de pus, sur un prélèvement
profond non contaminé par les bactéries colonisant la plaie, de
préférence par ponction passant en zone saine, après désinfection
cutanée. …
 Savoir rediscuter si échec
DT / COLBVH 2013
33

Cas particulier des morsures :

Les morsures sont des plaies contuses et fortement souillées.

Inoculation polymicrobienne en général

Nécessitent un lavage soigneux par irrigation sous pression et parage drastique

La suture est contre-indiquée pour les plaies profondes ou examinées plus de 24
heures après la morsure, les plaies cliniquement infectées et les plaies de la main

Il n’y a pas d’indication à réaliser de prélèvement en l’absence de signe infectieux
même si la plaie est vue plus de 24 h après la morsure. Seule l’infection locale est
une indication de prélèvement

DT / COLBVH 2013
Nécessité d’une ré-évaluation à 24 heures +++
34

Chien

80 à 90 % des morsures animales, touchent la main dans 30 à 35 % des cas

Plaies délabrées

Taux d’infection : 5 à 20%

Germes:



DT / COLBVH 2013
Staphylocoques, Streptocoques, Pasteurella, Anaérobies
Chat

responsable de plaies punctiformes et de lacérations

Taux d‘infection : environ 50%

Germes identiques
L’Homme

sont les 3ème plus fréquentes

Taux d’infection de 16 à 43 %

Germes: Staphylocoque, Streptocoque, anaérobies

Risque de transmission hépatites B et C, VIH
35
Diagnostic d’une infection :
Quoi prélever ?

Les escarres ?
 Discutable …
non indiqué dans la prise en charge des escarres (ANAES 2001)

Les ulcères du diabétique ?
 Uniquement si infection
DT / COLBVH 2013
36
une histoire trop courante …

Homme de 65 ans

Adénocarcinome bronchique stade IV

Escarre sacrée
DT / COLBVH 2013
37
une histoire trop courante …

Prélèvement cutané de l’escarre (absence de prélèvement osseux)

S. aureus méti R, KT, R fluoroquinolone

E. coli Béta Lactamase à Spectre Etendu (BLSE)

Entérocoque

Strepto α hémolytique
Conduite
DT / COLBVH 2013
à Tenir ?
38
une histoire trop courante …

Sepsis sévère

Hémocultures positives :

Bacteroïdes fragilis
•
Résistant : pénicilline, amoxicilline, amoxicilline-ac.clav, ticarcilline, pipéracilline,
clindamycine, quinolones, glycopeptides
•

Sensible : pipéracilline+tazo, ticarcilline+ac.clav, imipénème, métronidazole, rifampicine
Peptostreptococcus micros + Eubacterium lentum
•
Sensibles : amoxicilline

DT / COLBVH 2013
Conduite à Tenir ?
39
une histoire trop courante … fin

Antibiothérapie parentérale


Amoxicilline 200 mg/kg/j + Flagyl 500 mg x 3/j
Prise en charge chirurgicale de l’escarre

Prélèvement osseux

Examen direct et culture négatifs (réalisés sous amox+flagyl)

Durée traitement antibiotique : 3 mois au total

Guérison escarre :

DT / COLBVH 2013
sans prise en compte des résultats des prélèvements cutanés
40
les ulcères du diabétique : un jeu de piste !
DT / COLBVH 2013
41
Le choix des armes …
lames
drains
écouvillons secs
cathéters
biopsies
aiguilles fines
DT / COLBVH 2013
écouvillons gélosés
liquides de drain
42
Consensus IDSA 2004
European association for the study of diabetes 2003
Diagnostic des infections de plaies
DT / COLBVH 2013

La biopsie de tissus profond

Le curetage des tissus profonds

Aspiration à l’aiguille

L’écouvillonnage …

Ne pas oublier les hémoc en cas de sepsis sévère
43
Consensus IDSA 2004
European association for the study of diabetes 2003
Diagnostic des ostéomyélites

Obtenir un prélèvement osseux


Le must :



Biopsie transcutanée en zone saine
Histologie:

DT / COLBVH 2013
En per opératoire ou par voie percutanée
Signes d’inflammation et de nécrose
Bactériologie
44
Un avis sur les écouvillons …

Travailler ?


Rendre des ‘’pathogènes’’ ?


C’est presque ‘’tromper’’ le client …
Transmettre un antibiogramme ?

DT / COLBVH 2013
C’est déjà parfois trop !
C’est pousser au crime !
45
Prélèvements ?
Préparation de la plaie

débridement mécanique au moyen d’une curette ou d’un scalpel stériles
☛
Exciser les parties molles nécrosées, les tissus dévitalisés et contaminés et les tissus fibreux
pour ne laisser en place que du tissu sain et ainsi faciliter la cicatrisation

un nettoyage doit être réalisé avec une gaze imbibée de sérum physiologique
stérile

Remarque : l’utilisation d’antiseptiques est possible, mais il faut l’éliminer par
du sérum physiologique stérile avant de réaliser le prélèvement
DT / COLBVH 2013
46
Aspiration à l’aiguille
•
Débrider et nettoyer
•
Désinfecter la peau en périphérie (antiseptique)
•
Ponctionner avec une seringue et une aiguille pour IM ou SC
•
La ponction doit être effectuée en passant par une zone saine
•
En l’absence d’obtention de liquide, 1 à 2 ml de sérum physiologique stérile
peuvent être injectés puis réaspirés immédiatement à l’aide d’une seconde
aiguille pour être analysés.
•
La seringue ayant servi au prélèvement est envoyée au laboratoire sans
l’aiguille, purgée d’air et bouchée hermétiquement et stérilement.
•
Indiquée pour les plaies profondes et en particulier lors d’infections
collectées
DT / COLBVH 2013
47
Le Curetage-Ecouvillonnage :
•
Débrider et nettoyer l’ulcère
•
Prélèvement du tissu par grattage de la base de l’ulcère au moyen d’une
curette ou d’un scalpel stériles
•
Prélever en frottant avec un écouvillon la périphérie du fond de l’ulcère
•
Cette méthode est indiquée pour les prélèvements superficiels et les plaies
anfractueuses profondes
DT / COLBVH 2013
48
La biopsie tissulaire :
•
Deux à trois fragments de tissu sont obtenus à partir de plusieurs zones
; immédiatement déposés dans un tube stérile additionné de quelques
gouttes de sérum physiologique pour éviter la dessiccation
•
La signification clinique d’une analyse quantitative des tissus n’a pas été
clairement démontrée
•
La biopsie est la méthode à privilégier chaque fois que possible devant
toute lésion tissulaires profonde
•
Cas particulier du pied diabétique : la sévérité de la neuropathie autorise
souvent une biopsie au lit du patient sans préparation particulière.
DT / COLBVH 2013
49
La biopsie osseuse :
•
La biopsie osseuse est la méthode de référence pour le diagnostic d’ostéite :
rapide, simple, sans effet secondaire rarement réalisée en dehors des centres
spécialisés
•
Indication si le diagnostic d'ostéite reste douteux après la réalisation d'autres
examens ou après une fenêtre thérapeutique de 15 jours ou si les bactéries
responsables ne peuvent être isolées du fait d'un traitement antibiotique
antérieur
•
Prélèvement par chirurgie ou par ponction percutanée radio ou écho-guidée,
passage en peau saine au moyen d'un trocart, après désinfection sans
anesthésie locale (neuropathie sensitive)
•
DT / COLBVH 2013
Pot stérile
50
Transport
Transmission la plus rapide au labo de Bactériologie +++
Bonne condition de transport +++ : respect des anaérobies si nécessaire
Examen Direct
Coloration de Gram + Examen Direct : Intérêt ??
Numération des leucocytes
Mise en culture
Diversité des bactéries +++ : adaptation des milieux à la demande
Gélose sang aéro et ana
Gélose chocolat
Milieu liquide
DT / COLBVH 2013
51
Interprétation : quels arguments ?
Type de
prélèvement
Prédominance
Discussion
clinique
Identité
bactérienne
Monomicrobisme
Quantitatif
Répétition de
l’examen
DT / COLBVH 2013
52
Interprétation : rôle du bactério ?
Le travail du bactériologiste en
staphylocoques
anaérobies
pseudomonas
coordinationcorynébactéries
avec le clinicien
DT / COLBVH 2013
53
Interprétation : rôle du bactério ?
Consensus 2006 :
Il est conseillé pour le traitement de ne pas tenir compte en première intention des germes les moins
virulents ou des commensaux (staphylocoques à coagulase négative, corynébactéries, Pseudomonas
aeruginosa, entérocoques [46, 75]).
Ceux-ci peuvent cependant se révéler comme des pathogènes opportunistes [76]. Il n’existe, à ce jour,
aucun moyen microbiologique absolu pour faire la distinction entre pathogènes et non-pathogènes. En cas
de doute, les prélèvements doivent être répétés et ces bactéries seront prises en considération, si elles
sont isolées à plusieurs reprises ou si l’état septique du patient est inquiétant.
DT / COLBVH 2013
54
Ce qu’il faut éviter …
Pyo
Pyo
S.aureus
S.aureus
DT / COLBVH 2013
55
Corrélation clinico-bactériologique entre les pathogènes
identifiés et les type de plaies
Type de plaie
Pathogènes
Plaie superficielle
Monomicrobienne
Cocci gram +
Plaie profonde
polymicrobienne
Cocci gram + et bacille gram –
± anaérobies
Plaie superficielle récente sans ATB
S.aureus, streptocoques β-hémolytiques
Plaie chronique (> 1 mois) ou traitée avec ATB
DT / COLBVH 2013
S.aureus, streptocoques β-hémolytiques
+ entérobactéries
plaie de longue durée (> 6 mois) avec ATB à
large spectre
Association Cocci gram + et bacille gram –
Attention BMR !
± corynébactéries
Plaie traitée par céphalosporine (évoluant
défavorablement)
Entérocoques
Lésion macérée
Pseudomonas
Odeur +++, nécrose, gangrène
Association Cocci gram + et bacille gram –
Pseudomonas, Anaérobies
56
Bactériologie du pied diabétique
Senneville 2006
(n = 125)
8
26,4
8
18,4
2,4
4,8
DT / COLBVH 2013
57
Bien travailler ça rapporte !
JP Lavigne
DT / COLBVH 2013
58
JP Lavigne
DT / COLBVH 2013
59
JP Lavigne
DT / COLBVH 2013
60
Le rôle du bactério
du prélèvement au traitement
DT / COLBVH 2013

Bonne technique de culture

Identification correcte et rapide des bactéries présentes

Discussion systématique avec le clinicien

Choix de ‘’travailler’’ ou pas le ou les bactéries

Tester les molécules ‘’intéressantes’’ et adaptées à la situation

Gestion des alertes BMR

Participe au choix des traitements
61
Conclusions
DT / COLBVH 2013

Pas si simple

Bonne analyse de la situation

Bonne connaissance des consensus

Savoir résister à la tentation antibiotiques et antiseptiques

Bon relationnel : explications +++

Une prise en charge globale

Un suivi de qualité
62
Merci braz hag Kenavo ar Vech’al !
19/03/13
63
Téléchargement