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SOINS DES PLAIES
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Les plaies des personnes âgées
Un phénomène récurrent
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ue la peau manque
d’eau, et c’est la porte
ouverte aux inflammations : irritations, érosions et infections, d’où l’importance de l’hydratation. Soigner une plaie
devient pratiquement un acte
médical. En effet, les pansements
modernes sont de plus en plus
spécifiques et adaptés à certaines
plaies. Ils aident à la cicatrisation
en diminuant les effets délétères
et en permettant des renouvellements plus espacés, contraignants pour le patient et le soignant. On distingue plusieurs
classes de pansements, qui sont
devenus en eux-mêmes de véritables traitements actifs.
On peut dire qu’une plaie, en
général, se soigne en trois étapes.
Grâce à un détergent (savon), on
solubilise les matières organiques
et grasses dans l’eau. Ainsi sont
éliminés les micro-organismes
présents sur la peau. Afin d’éliminer souillures et restes de détergents, le rinçage/séchage soigneux est le deuxième temps. Le
troisième temps est celui de la
désinfection ou de l’asepsie ellemême.
Les escarres
L’escarre est une lésion cutanée
d’origine ischémique liée à une
compression des tissus mous
entre un plan dur et les saillies
osseuses (principalement au
niveau du sacrum et des talons).
Les facteurs de risque sont nombreux pour des malades ayant des
troubles de la conscience, des
troubles moteurs et/ou sensitifs
d’origine traumatique, des troubles
neurologiques d’origine centrale
ou périphérique, d’autant qu’ils ne
perçoivent plus ni douleur ni
inconfort. Tout cela est aggravé par
l’incontinence urinaire et fécale qui
maintient le malade dans un
milieu humide composé de substances irritantes et propices à la
macération.
Les malades dénutris, mal nourris,
déshydratés, cachectiques ont plus
de risques de développer des
escarres. De plus, l’état psychique
des malades souffrant de pathologies neurologiques et/ou âgés
(manque d’élasticité de la peau,
diminution du renouvellement des
cellules) amplifie le phénomène.
Outre les conditions hémodynamiques, l’état de la microcirculation
dépend également du fonctionnement du système cardiorespiratoire.
La prévention s’exerce au niveau de
la prise en charge de l’incontinence
urinaire, des changements de position, d’un niveau d’activité. Pour les
malades dans l’incapacité de changer de position volontairement ou
involontairement, on doit les protéger des lésions notamment au
niveau des coudes et des talons
avec des films protecteurs (pansements adhésifs transparents) ou des
pansements de protection (hydrocolloïdes) réduisant les phénomènes de friction et de cisaillement.
Les ulcères de jambe
En bref, l’ulcère de jambe est une
plaie cutanée d’évolution prolongée récidivante. Il est très douloureux. Mais le traitement de la plaie
est presque accessoire du fait que
la cicatrisation est retardée si la
cause n’est pas prise en compte. Il
importe donc de rechercher les
facteurs associés comme le dia-
bète, l’anémie, la dénutrition… Et,
bien sûr, le rôle infirmier consiste
aussi à éduquer le patient, notamment dans l’apprentissage de la
mise en place des moyens de
compression. Des évaluations doivent être renouvelées et les
mesures être prises en concertation avec les différents partenaires
de soins. En phase de détersion
(plaie à fond noir et/ou jaune),
l’action est mécanique, après une
bonne prévention locale et générale des douleurs. Le lavage de la
plaie se fait à l’eau et au savon, le
rinçage à l’eau par douchette et le
séchage par tamponnement de la
peau périlésionnelle. Selon les différentes étapes de la plaie (bourgeonnement et/ou d’épidermisation), de nombreux pansements
satisfont également les différentes
plaies, qu’elles soient sèches, avec
exsudats faibles, modérés, ou
importants.
Les plaies cancéreuses
Devant une ulcération maligne, il
faut toujours se poser des questions
quant au saignement de l’ulcération,
son aspect, l’ampleur de l’écoulement, mais aussi la douleur… sans
oublier la détresse du patient. Quand
un écoulement provient de l’ulcération, il faut réduire l’inflammation
(corticoïdes), absorber l’écoulement
par des pansements hyperabsorbants et protéger la peau en périphérie par une pommade protectrice, à l’oxyde de zinc par exemple.
En cancérologie, on retrouve parfois
aussi des plaies dues aux traitements, car on soigne aujourd’hui
plus souvent des cancers de personnes âgées par radiothérapie.
ALP
>> DOSSIER
Compte tenu des diverses pathologies et de certains états de mobilisation, la peau de
la personne âgée est une peau fragile, en demande fréquente de soins. Comme pour les
personnes plus jeunes, soigner les plaies consiste d’abord à soigner la pathologie causale comme le diabète ou les ulcères de jambe. Il faut surtout savoir prévenir les
escarres, notamment chez la personne immobilisée.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005
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