Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005
Que la peau manque
d’eau, et c’est la porte
ouverte aux inflamma-
tions : irritations, érosions et infec-
tions, d’où l’importance de l’hy-
dratation. Soigner une plaie
devient pratiquement un acte
médical. En effet, les pansements
modernes sont de plus en plus
spécifiques et adaptés à certaines
plaies. Ils aident à la cicatrisation
en diminuant les effets délétères
et en permettant des renouvelle-
ments plus espacés, contrai-
gnants pour le patient et le soi-
gnant. On distingue plusieurs
classes de pansements, qui sont
devenus en eux-mêmes de véri-
tables traitements actifs.
On peut dire qu’une plaie, en
général, se soigne en trois étapes.
Grâce à un détergent (savon), on
solubilise les matières organiques
et grasses dans l’eau. Ainsi sont
éliminés les micro-organismes
présents sur la peau. Afin d’élimi-
ner souillures et restes de déter-
gents, le rinçage/séchage soi-
gneux est le deuxième temps. Le
troisième temps est celui de la
désinfection ou de l’asepsie elle-
même.
Les escarres
L’escarre est une lésion cutanée
d’origine ischémique liée à une
compression des tissus mous
entre un plan dur et les saillies
osseuses (principalement au
niveau du sacrum et des talons).
Les facteurs de risque sont nom-
breux pour des malades ayant des
troubles de la conscience, des
troubles moteurs et/ou sensitifs
d’origine traumatique, des troubles
neurologiques d’origine centrale
ou périphérique, d’autant qu’ils ne
perçoivent plus ni douleur ni
inconfort. Tout cela est aggravé par
l’incontinence urinaire et fécale qui
maintient le malade dans un
milieu humide composé de sub-
stances irritantes et propices à la
macération.
Les malades dénutris, mal nourris,
déshydratés, cachectiques ont plus
de risques de développer des
escarres. De plus, l’état psychique
des malades souffrant de patholo-
gies neurologiques et/ou âgés
(manque d’élasticité de la peau,
diminution du renouvellement des
cellules) amplifie le phénomène.
Outre les conditions hémodyna-
miques, l’état de la microcirculation
dépend également du fonctionne-
ment du système cardiorespiratoire.
La prévention s’exerce au niveau de
la prise en charge de l’incontinence
urinaire, des changements de posi-
tion, d’un niveau d’activité. Pour les
malades dans l’incapacité de chan-
ger de position volontairement ou
involontairement, on doit les proté-
ger des lésions notamment au
niveau des coudes et des talons
avec des films protecteurs (panse-
ments adhésifs transparents) ou des
pansements de protection (hydro-
colloïdes) réduisant les phéno-
mènes de friction et de cisaillement.
Les ulcères de jambe
En bref, l’ulcère de jambe est une
plaie cutanée d’évolution prolon-
gée récidivante. Il est très doulou-
reux. Mais le traitement de la plaie
est presque accessoire du fait que
la cicatrisation est retardée si la
cause n’est pas prise en compte. Il
importe donc de rechercher les
facteurs associés comme le dia-
bète, l’anémie, la dénutrition… Et,
bien sûr, le rôle infirmier consiste
aussi à éduquer le patient, notam-
ment dans l’apprentissage de la
mise en place des moyens de
compression. Des évaluations doi-
vent être renouvelées et les
mesures être prises en concerta-
tion avec les différents partenaires
de soins. En phase de détersion
(plaie à fond noir et/ou jaune),
l’action est mécanique, après une
bonne prévention locale et géné-
rale des douleurs. Le lavage de la
plaie se fait à l’eau et au savon, le
rinçage à l’eau par douchette et le
séchage par tamponnement de la
peau périlésionnelle. Selon les dif-
férentes étapes de la plaie (bour-
geonnement et/ou d’épidermisa-
tion), de nombreux pansements
satisfont également les différentes
plaies, qu’elles soient sèches, avec
exsudats faibles, modérés, ou
importants.
Les plaies cancéreuses
Devant une ulcération maligne, il
faut toujours se poser des questions
quant au saignement de l’ulcération,
son aspect, l’ampleur de l’écoule-
ment, mais aussi la douleur… sans
oublier la détresse du patient. Quand
un écoulement provient de l’ulcéra-
tion, il faut réduire l’inflammation
(corticoïdes), absorber l’écoulement
par des pansements hyperabsor-
bants et protéger la peau en péri-
phérie par une pommade protec-
trice, à l’oxyde de zinc par exemple.
En cancérologie, on retrouve parfois
aussi des plaies dues aux traite-
ments, car on soigne aujourd’hui
plus souvent des cancers de per-
sonnes âgées par radiothérapie.
ALP
>> DOSSIER
Compte tenu des diverses pathologies et de certains états de mobilisation, la peau de
la personne âgée est une peau fragile, en demande fréquente de soins. Comme pour les
personnes plus jeunes, soigner les plaies consiste d’abord à soigner la pathologie cau-
sale comme le diabète ou les ulcères de jambe. Il faut surtout savoir prévenir les
escarres, notamment chez la personne immobilisée.
Les plaies des personnes âgées
Un phénomène récurrent
SOINS DES PLAIES 35
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