SOINS DES PLAIES 35 Les plaies des personnes âgées Un phénomène récurrent Q ue la peau manque d’eau, et c’est la porte ouverte aux inflammations : irritations, érosions et infections, d’où l’importance de l’hydratation. Soigner une plaie devient pratiquement un acte médical. En effet, les pansements modernes sont de plus en plus spécifiques et adaptés à certaines plaies. Ils aident à la cicatrisation en diminuant les effets délétères et en permettant des renouvellements plus espacés, contraignants pour le patient et le soignant. On distingue plusieurs classes de pansements, qui sont devenus en eux-mêmes de véritables traitements actifs. On peut dire qu’une plaie, en général, se soigne en trois étapes. Grâce à un détergent (savon), on solubilise les matières organiques et grasses dans l’eau. Ainsi sont éliminés les micro-organismes présents sur la peau. Afin d’éliminer souillures et restes de détergents, le rinçage/séchage soigneux est le deuxième temps. Le troisième temps est celui de la désinfection ou de l’asepsie ellemême. Les escarres L’escarre est une lésion cutanée d’origine ischémique liée à une compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses (principalement au niveau du sacrum et des talons). Les facteurs de risque sont nombreux pour des malades ayant des troubles de la conscience, des troubles moteurs et/ou sensitifs d’origine traumatique, des troubles neurologiques d’origine centrale ou périphérique, d’autant qu’ils ne perçoivent plus ni douleur ni inconfort. Tout cela est aggravé par l’incontinence urinaire et fécale qui maintient le malade dans un milieu humide composé de substances irritantes et propices à la macération. Les malades dénutris, mal nourris, déshydratés, cachectiques ont plus de risques de développer des escarres. De plus, l’état psychique des malades souffrant de pathologies neurologiques et/ou âgés (manque d’élasticité de la peau, diminution du renouvellement des cellules) amplifie le phénomène. Outre les conditions hémodynamiques, l’état de la microcirculation dépend également du fonctionnement du système cardiorespiratoire. La prévention s’exerce au niveau de la prise en charge de l’incontinence urinaire, des changements de position, d’un niveau d’activité. Pour les malades dans l’incapacité de changer de position volontairement ou involontairement, on doit les protéger des lésions notamment au niveau des coudes et des talons avec des films protecteurs (pansements adhésifs transparents) ou des pansements de protection (hydrocolloïdes) réduisant les phénomènes de friction et de cisaillement. Les ulcères de jambe En bref, l’ulcère de jambe est une plaie cutanée d’évolution prolongée récidivante. Il est très douloureux. Mais le traitement de la plaie est presque accessoire du fait que la cicatrisation est retardée si la cause n’est pas prise en compte. Il importe donc de rechercher les facteurs associés comme le dia- bète, l’anémie, la dénutrition… Et, bien sûr, le rôle infirmier consiste aussi à éduquer le patient, notamment dans l’apprentissage de la mise en place des moyens de compression. Des évaluations doivent être renouvelées et les mesures être prises en concertation avec les différents partenaires de soins. En phase de détersion (plaie à fond noir et/ou jaune), l’action est mécanique, après une bonne prévention locale et générale des douleurs. Le lavage de la plaie se fait à l’eau et au savon, le rinçage à l’eau par douchette et le séchage par tamponnement de la peau périlésionnelle. Selon les différentes étapes de la plaie (bourgeonnement et/ou d’épidermisation), de nombreux pansements satisfont également les différentes plaies, qu’elles soient sèches, avec exsudats faibles, modérés, ou importants. Les plaies cancéreuses Devant une ulcération maligne, il faut toujours se poser des questions quant au saignement de l’ulcération, son aspect, l’ampleur de l’écoulement, mais aussi la douleur… sans oublier la détresse du patient. Quand un écoulement provient de l’ulcération, il faut réduire l’inflammation (corticoïdes), absorber l’écoulement par des pansements hyperabsorbants et protéger la peau en périphérie par une pommade protectrice, à l’oxyde de zinc par exemple. En cancérologie, on retrouve parfois aussi des plaies dues aux traitements, car on soigne aujourd’hui plus souvent des cancers de personnes âgées par radiothérapie. ALP >> DOSSIER Compte tenu des diverses pathologies et de certains états de mobilisation, la peau de la personne âgée est une peau fragile, en demande fréquente de soins. Comme pour les personnes plus jeunes, soigner les plaies consiste d’abord à soigner la pathologie causale comme le diabète ou les ulcères de jambe. Il faut surtout savoir prévenir les escarres, notamment chez la personne immobilisée. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005