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d’exaltation. Il revint, joua de la vina pour lui et reçut une grande bénédiction. Il se mit à
méditer de plus en plus et quand, après son retour un an plus tard, il perdit aussi sa mère qui
lui était très chère, il voyagea seul dans toute l’Inde et rencontra de nombreux sages. La nuit,
il commença à entendre un appel à méditer, et un jour qu’il était assis silencieusement les
yeux fermés, il vit un beau visage et comprit qu’il était arrivé à un point où il devait se mettre
en quête d’un murshid. Il se rendit auprès d’un grand sage d’Hyderabad qui ressentit qu’il ne
méritait pas le privilège de l’initier. Alors, une personnalité céleste rendit visite au sage et
Inayat reconnut le visage qu’il avait vu dans sa méditation. Leurs regards se croisèrent. Il y
eut un contact profond et Inayat fut initié sur le champ. A partir de ce moment, il fut
totalement dévoué à son murshid, Mohammed Abu Hashim Madani. Le cœur ouvert, il
séjourna chez lui pendant des moisla plupart du temps en silencepour absorber
l’atmosphère rayonnante de son murshid. Son respect et sa vénération étaient illimités. Il fit
l’expérience de ce que pouvait donner le vrai discipulat, mais murshid Madani décéda après
une période relativement courte. Ce fut une perte très douloureuse pour Inayat. Il quitta la
cour du nizam d’Hyderabad et sa grandeur et suivit son désir de solitude et de renoncement à
la vie matérielle. De nouveau, il partit en pèlerinage chez les saints hommes de l’Inde. Il en
rencontra beaucoup, eut des contacts inspirants et beaucoup d’expériences merveilleuses. Sa
musique s’approfondit aussi de plus en plus. Il s’élevait rapidement à l’état de samadhi dans
sa musique et provoquait l’élévation et l’extase chez ses auditeurs. Et pourtant, il commença à
sentir que la musique lui avait donné tout ce qu’elle pouvait et que la tâche d’une nouvelle vie
se préparait.
Il avait perdu ce qu’il avait de plus cher en Inde : son grand-père, Maula Bakhsh, sa mère et
son murshid, Abu Hashim Madani. Il avait renoncé à son rang de chanteur célèbre à la cour
d’Hyderabad et il vit comment la musiquetellement sacrée pour luicommençait parfois à
être utilisée pour des divertissements superficiels. De plus en plus clairement, il commença à
ressentir un appel intérieur qui avait été exprimé par son murshid : aller en Occident et
apporter le message du soufisme, en harmonisant l’Orient et l’Occident avec sa musique.
C’est ainsi qu’il laissa derrière lui le monde merveilleux de l’Inde et qu’il partit pour les
Etats-Unis le 13 septembre 1910, avec son frère Maheboob Khan et son cousin Mohammed
Ali Khan. Peu de temps après, ils furent rejoints par son frère cadet, Musharaff Moulamia
Khan.
Ils découvrirent un monde complètement différent de l’Inde ancienne qu’ils avaient quittée.
Comme le soufisme était encore totalement inconnu, il commença par donner des concerts.
Mais cela aussi, c’était difficile. Les gens n’étaient pas encore habitués à la musique indienne.
Inayat Khan sentit que sa musique ‘’était mise à rude épreuve’’, mais il rencontra des
Américains qui y trouvaient de l’intérêt et d’autres qui ressentaient le message soufi qu’elle
véhiculait.
L’un d’entre eux s’appelait Ora Ray Baker, une jeune femme qui était apparentée à Mary
Baker Eddy, la fondatrice du mouvement Science Chrétienne. Il lui donna des cours de
musique. Une forte attirance se développa entre eux. Elle le suivit en Angleterre et devint sa
femme. Ils eurent quatre enfants : l’aînée Noorunnisa, suivie par Vilayat, Hidayat et
Khairunnisa. Inayat Khan sentit qu’ il avait besoin de l’expérience du mariage et des enfants
pour approfondir sa compréhension de la vie.
Pendant ces premières années en Occident, Inayat Khan eut l’opportunité d’étudier la
psychologie des gens. C’était une préparation nécessaire. Le message soufi devait apporter
des réponses à leurs questions.