Une fois que nous fûmes bien installés, Ramesh demanda à Eckhart d’expliquer la toute
première ligne du ‘’Pouvoir du Moment Présent’’ : ‘’Vous êtes ici pour permettre au dessein
divin de l’univers de se déployer. Telle est donc votre importance !’’
Ramesh regarda Eckhart bien en face et il souleva l’idée que le ‘’vous’’ n’était rien de plus
qu’un objet tridimensionnel par l’entremise duquel la Conscience opérait.
Alors, comment
un objet tridimensionnel pouvait-il être important ? Dans ses satsangs, lorsqu’on lui posait
une question du genre ‘’Quel est le but de la vie ?’’, Ramesh répondait : ‘’Qui veut savoir ? Un
objet tridimensionnel ? Un objet ne peut jamais connaître la volonté du Créateur-Sujet !’’
Ramesh poursuivit pour dire à Eckhart que si par ailleurs, Eckhart s’adressait à la Conscience,
alors il était inutile de dire à la Conscience combien Elle est importante.
Ce qui se passait était limpide. Pour bien souligner son point de vue, Ramesh avait repris les
paroles d’Eckhart et il les avait replacées dans le contexte de son propre enseignement.
Initialement, Eckhart tenta d’expliquer son point de vue, mais Ramesh ne lui en laissa pas
l’occasion. L’avocat star de la Conscience ne voulut rien entendre, car il ne faisait aucun
compromis dans ses concepts concernant la philosophie de l’advaita. Ce qui se passa alors,
j’ai eu le privilège de pouvoir y assister, car un formidable spectacle allait pouvoir
commencer.
Eckhart fut très prompt à réaliser que cet axe de discussion ne mènerait nulle part et qu’il
était parfaitement vain et inutile de même tenter de dire quelque chose, à ce stade. Il laissa
tomber toute nouvelle tentative pour expliquer son point de vue et il glissa dans le silence.
Dans l’entourage, quelques visiteurs essayaient de défendre Eckhart, parce qu’à leurs yeux,
Ramesh n’était pas fair-play. Mais Ramesh avait vu qu’Eckhart avait laissé tomber toute
résistance à ce qu’il disait. En fait, il se demanda même tout haut pourquoi d’autres
personnes s’agitaient, alors que ce n’était pas le cas d’Eckhart ! A ce moment-là, voyant
qu’Eckhart le regardait, parfaitement immobile, c’était comme si Ramesh avait capté un signal
et regardant Eckhart, il se lança dans ce qui devait être l’une de ses expositions les plus
lucides de son enseignement. En une demi-heure et sans aucune interruption, Ramesh
couvrit l’ensemble de ses concepts concernant l’advaita dans un long soliloque. Il était
évident que Ramesh s’était lancé dans ce monologue, parce qu’il avait vu Eckhart assis face à
lui comme une coupe vide – totalement présent dans l’instant. Assis dans un fauteuil face à
eux, je vis Ramesh évoquer ‘’la Conscience qui s’exprimait par l’entremise d’un instrument et
qui écoutait par l’entremise d’un autre instrument.’’ Je me rappelle également qu’avait surgi
la pensée de ne pas voir Eckhart regarder à droite ou à gauche ou être distrait – comme
lorsque vous écoutez quelqu’un pour dire que vous l’écoutez, alors qu’en réalité, votre esprit
danse la gigue ailleurs. Il était totalement présent, le regard fixé sur Ramesh, jusqu’à la fin de
ce satsang particulier. Il était manifeste qu’il y avait beaucoup plus qui ‘’transpirait’’ dans cet
échange entre Ramesh et Eckhart que ce que nous pouvions observer. Cela semblait être une
communication à des niveaux multiples. Je me souviens aussi avoir pensé que si cela avait été
quelqu’un d’autre à la place d’Eckhart, ceci n’aurait peut-être jamais eu lieu, puisque la
personne aurait défendu sa position, bec et ongles, et serait entrée dans un débat (combat ?)
Ce concept est largement développé, notamment dans le livre de Sandra Heber-Percy intitulé ‘’Eveil à la pure
Conscience – Un voyage du moi au Soi’’. Sandra a longuement fréquenté divers Maîtres spirituels, dont
Ramesh S. Balsekar et Sathya Sai Baba, parmi les principaux. La traduction du livre, réalisée sous la forme d’un
seva, est téléchargeable gratuitement et gracieusement sur Internet, NDT.