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CONSCIENCE ET POUVOIR DU MOMENT PRÉSENT - GAUTAM SACHDEVA

CONSCIENCE ET POUVOIR DU
MOMENT PRÉSENT
GAUTAM SACHDEVA
De gauche à droite : Ramesh S. Balsekar, Gautam Sachdeva et Eckhart Tolle
Oh, l’Orient, c’est l’Orient et l’Occident, c’est l’Occident,
Et ces deux-là ne se rencontreront jamais,
Jusqu’à ce que le Ciel et la Terre se présentent au grand Jugement de Dieu,
Mais il n’y a ni Orient, ni Occident, ni frontière, ni race, ni naissance,
Lorsque deux hommes forts se font face,
Même s’ils proviennent des deux extrémités du monde…
-
Rudyard Kipling
Tout au long de ces années, on m’a immanquablement réclamé des détails concernant la
rencontre entre les deux Maîtres spirituels, Ramesh Balsekar et Eckhart Tolle. C’est la nature
humaine. Notre curiosité est éveillée. Nous voulons savoir ce qui se passe exactement,
lorsque deux Maîtres se rencontrent. Est-ce différent, par rapport à la manière dont deux
personnes ordinaires se rencontrent ? Quelque chose se produit-il au niveau énergétique ?
Quel était le sentiment dans la pièce ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles j’ai été
confronté, mais ce n’est que récemment (soit huit ans plus tard !) qu’il m’est venu à l’idée de
rédiger mes pensées concernant cette rencontre qui eut lieu en 2002.
Mais tout d’abord, contextualisons la rencontre.
En 2000 naquit la maison d’édition Yogi Impressions. En fait, je n’avais pas la moindre
intention de me lancer dans l’édition. C’était juste que nous rencontrions des difficultés pour
trouver un éditeur approprié pour le livre de ma mère relatant son expérience visuelle de
l’éveil de la Kundalini et nous nous résolûmes finalement à publier nous-mêmes son livre. Mes
antécédents dans le secteur de la publicité me procurèrent toute la confiance nécessaire,
puisque la conception et l’impression m’étaient familières. Après avoir sorti son livre, nous
n’avions aucun projet de publier d’autres livres.
Mon parcours avec Eckhart et Ramesh commença quasiment simultanément, à cette époque
et nous entreprîmes rapidement de publier les livres d’Eckhart et de Ramesh. Les deux titres
suivants que nous sortîmes furent ‘’Le Pouvoir du Moment Présent’’ (édition indienne) et le
livre de Ramesh intitulé ‘’The Ultimate Understanding’’1.
Ma sœur, Nikki, avait lu ‘’Le Pouvoir du Moment Présent’’ qui venait juste d’être publié en
Occident. Le livre eut sur elle un impact immense et elle rencontra Eckhart presque
immédiatement, lorsqu’elle était à Vancouver en voyage d’affaires. Elle brûlait d’apporter le
message d’Eckhart en Inde et nous finîmes par publier l’édition indienne de ce livre via une
série d’événements concomitants. Eckhart avait vite mentionné à Nikki que ‘’Le Pouvoir du
Moment Présent’’ serait le début d’une aventure pour Gautam. Grâce à lui et au succès de ses
livres, nous fûmes rapidement en mesure de publier des livres d’autres Maîtres spirituels. A
un niveau personnel, tout au long du parcours spirituel de ma vie, j’ai eu la toute bonne
fortune de pouvoir rencontrer quelques êtres merveilleux au fil des ans, que je n’aurais
normalement jamais pu rencontrer en dehors du cadre de l’édition. Eckhart avait raison. Ce
fut le départ d’une aventure qui se poursuit toujours. Avec Ramesh, son éditeur de l’époque
m’informa qu’il recherchait quelqu’un pour publier son nouveau livre. Je lui dis que même si
je n’avais pas beaucoup d’expérience dans ce domaine, je serais plus qu’heureux d’aider, bien
qu’ils auraient peut-être tout intérêt à trouver quelqu’un de plus expérimenté. Malgré tout,
une réunion fut organisée avec Ramesh et la première question qu’il me posa fut : ‘’Avez-vous
lu quelques-uns de mes précédents livres ?’’ J’étais dans l’embarras et un peu gêné, je
répondis aucun en hésitant. Je pensais que c’était terminé et que l’on m’indiquerait poliment
la porte et à ma grande surprise, Ramesh éclata de rire et il dit : ‘’Alors, vous êtes parfait pour
ce job !’’ Ce qui me le rendit tout de suite sympathique et je poussai un gros soupir de
soulagement !
C’est ainsi que débuta mon parcours dans l’édition.
Ces premières années, j’eus la chance de développer une relation intime avec Ramesh et
Eckhart. Je rencontrai Eckhart à de multiples reprises au cours de retraites un peu partout
dans le monde et je passais également du temps avec lui quelques jours avant et après les
retraites. Avec Ramesh, je ne me doutais pas que je me retrouverais assis à ses pieds pendant
quasiment dix ans et qu’il deviendrait pour moi une figure paternelle et la plus grande
influence dans ma vie jusque-là, car son enseignement validait mon expérience de vie.
1
A ma connaissance, ce livre n’a pas (encore ?) été traduit en français, NDT.
C’est dans ce contexte qu’à l’époque où Eckhart vint en Inde, en 2002, et visita Mumbai, je
pensai qu’il serait merveilleux d’amener ces deux-là à se rencontrer. Après tout, je trouvais
que la situation de ma vie s’apparentait au caducée de Mercure, un bâton avec deux serpents
enroulés autour sous la forme d’une double hélice, car ma destinée avait subtilement et
délicatement entremêlé ces deux êtres extraordinaires et leurs enseignements autour de moi.
J’étais très enthousiaste et je demandai à Ramesh s’il aimerait rencontrer Eckhart et il l’invita
volontiers un soir à venir prendre le thé.
Maintenant, Ramesh appréciait critiquer certains Maîtres (ou plutôt leurs enseignements). Et
particulièrement ceux qui avaient écrit des livres ! Cela faisait simplement partie de son
programme et à l’âge d’environ 85 ans, alors, il avait toute la conviction de son expérience de
vie derrière lui et l’autorité d’un vieux Maître de l’advaita dans la lignée de son guru,
Nisargadatta Maharaj.
Nisargadatta Maharaj & Ramesh Balsekar
La position de Ramesh était bien claire : Tout ce qu’il y a, c’est la Conscience et donc, après
quelques civilités et échanges de politesse, le porte-drapeau de la Conscience ne perdit pas
de temps.
Une fois que nous fûmes bien installés, Ramesh demanda à Eckhart d’expliquer la toute
première ligne du ‘’Pouvoir du Moment Présent’’ : ‘’Vous êtes ici pour permettre au dessein
divin de l’univers de se déployer. Telle est donc votre importance !’’
Ramesh regarda Eckhart bien en face et il souleva l’idée que le ‘’vous’’ n’était rien de plus
qu’un objet tridimensionnel par l’entremise duquel la Conscience opérait. 2 Alors, comment
un objet tridimensionnel pouvait-il être important ? Dans ses satsangs, lorsqu’on lui posait
une question du genre ‘’Quel est le but de la vie ?’’, Ramesh répondait : ‘’Qui veut savoir ? Un
objet tridimensionnel ? Un objet ne peut jamais connaître la volonté du Créateur-Sujet !’’
Ramesh poursuivit pour dire à Eckhart que si par ailleurs, Eckhart s’adressait à la Conscience,
alors il était inutile de dire à la Conscience combien Elle est importante.
Ce qui se passait était limpide. Pour bien souligner son point de vue, Ramesh avait repris les
paroles d’Eckhart et il les avait replacées dans le contexte de son propre enseignement.
Initialement, Eckhart tenta d’expliquer son point de vue, mais Ramesh ne lui en laissa pas
l’occasion. L’avocat star de la Conscience ne voulut rien entendre, car il ne faisait aucun
compromis dans ses concepts concernant la philosophie de l’advaita. Ce qui se passa alors,
j’ai eu le privilège de pouvoir y assister, car un formidable spectacle allait pouvoir
commencer.
Eckhart fut très prompt à réaliser que cet axe de discussion ne mènerait nulle part et qu’il
était parfaitement vain et inutile de même tenter de dire quelque chose, à ce stade. Il laissa
tomber toute nouvelle tentative pour expliquer son point de vue et il glissa dans le silence.
Dans l’entourage, quelques visiteurs essayaient de défendre Eckhart, parce qu’à leurs yeux,
Ramesh n’était pas fair-play. Mais Ramesh avait vu qu’Eckhart avait laissé tomber toute
résistance à ce qu’il disait. En fait, il se demanda même tout haut pourquoi d’autres
personnes s’agitaient, alors que ce n’était pas le cas d’Eckhart ! A ce moment-là, voyant
qu’Eckhart le regardait, parfaitement immobile, c’était comme si Ramesh avait capté un signal
et regardant Eckhart, il se lança dans ce qui devait être l’une de ses expositions les plus
lucides de son enseignement. En une demi-heure et sans aucune interruption, Ramesh
couvrit l’ensemble de ses concepts concernant l’advaita dans un long soliloque. Il était
évident que Ramesh s’était lancé dans ce monologue, parce qu’il avait vu Eckhart assis face à
lui comme une coupe vide – totalement présent dans l’instant. Assis dans un fauteuil face à
eux, je vis Ramesh évoquer ‘’la Conscience qui s’exprimait par l’entremise d’un instrument et
qui écoutait par l’entremise d’un autre instrument.’’ Je me rappelle également qu’avait surgi
la pensée de ne pas voir Eckhart regarder à droite ou à gauche ou être distrait – comme
lorsque vous écoutez quelqu’un pour dire que vous l’écoutez, alors qu’en réalité, votre esprit
danse la gigue ailleurs. Il était totalement présent, le regard fixé sur Ramesh, jusqu’à la fin de
ce satsang particulier. Il était manifeste qu’il y avait beaucoup plus qui ‘’transpirait’’ dans cet
échange entre Ramesh et Eckhart que ce que nous pouvions observer. Cela semblait être une
communication à des niveaux multiples. Je me souviens aussi avoir pensé que si cela avait été
quelqu’un d’autre à la place d’Eckhart, ceci n’aurait peut-être jamais eu lieu, puisque la
personne aurait défendu sa position, bec et ongles, et serait entrée dans un débat (combat ?)
2
Ce concept est largement développé, notamment dans le livre de Sandra Heber-Percy intitulé ‘’Eveil à la pure
Conscience – Un voyage du moi au Soi’’. Sandra a longuement fréquenté divers Maîtres spirituels, dont
Ramesh S. Balsekar et Sathya Sai Baba, parmi les principaux. La traduction du livre, réalisée sous la forme d’un
seva, est téléchargeable gratuitement et gracieusement sur Internet, NDT.
conceptuel. Ceci, je l’avais déjà vu se produire à plusieurs reprises au cours des satsangs de
Ramesh.
Ce qui m’a le plus frappé, ce fut comment tous les deux étaient des exemples brillants, des
incarnations vivantes de leurs enseignements respectifs. Ramesh était qui il était,
naturellement. Il ne se souciait guère de ce que d’autres dans la pièce pensaient de sa
position/posture initiale qui aurait pu être perçue comme agressive. Par la suite, une fois que
le robot divin de la Conscience vit qu’il y avait quelqu’un en face de lui qui était prêt à
l’écouter, tout son enseignement s’écoula de lui comme le Gange en crue et Eckhart glissa
confortablement dans l’instant présent afin de permettre aux évènements de se dérouler. Ou
alors le moment présent se glissa-t-il en lui ?
Pour moi, c’était certainement le plus formidable spectacle terrestre, la représentation de
deux êtres qui étaient simplement eux-mêmes, quelque chose d’aussi simple que cela. Je suis
récemment tombé sur un chapitre intitulé ‘’Quand deux Maîtres se croisent’’ dans le livre de
Mooji, ‘’Before I am’’ (‘’Avant Je suis’’). Mooji est un enseignant occidental de la non-dualité
(advaita). Dans ce chapitre, lorsqu’on lui demande ce qui se passe, quand deux Maîtres se
rencontrent, il répond : ‘’Nous entretenons toutes sortes de notions fantaisistes par rapport à
quelque mouvement cosmique qui devrait se produire, comme quand deux aimants se
rencontrent, et c’est une pure absurdité. Il n’y a pas deux Maîtres qui se rencontrent. Quelle
est la différence entre l’espace dans cette pièce et l’espace dans la cuisine ? Aucune.’’
C’est tellement vrai. Après que Ramesh ait dit ce qu’il avait à dire, quelques-uns d’entre nous
(dont moi !) poussèrent un soupir de soulagement, quand on apporta le thé et un petit encas. En prenant le thé, quelques murmures et chuchotements se firent entendre : ‘’Comment
Ramesh a-t-il pu être ainsi ? Quel ego a cet homme !’’ Et d’autres disaient : ‘’Pourquoi Eckhart
n’a-t-il pas rendu à Ramesh la monnaie de sa pièce ?’’, etc., etc. La plaisanterie, c’était que
tout ces jugements avaient lieu entièrement de nos points de vue qui différaient de ceux de
Ramesh et d’Eckhart. C’était nous qui gardions cet ‘’événement’’ dans nos têtes après son
terme – alors qu’eux deux ne semblaient absolument pas concernés ni préoccupés. Bien
entendu, la réaction que certains d’entre nous ont eue était bien destinée à avoir lieu,
puisque notre cadre de vie quotidien est la séparation – ‘’moi’’ et ‘’l’autre’’ – et tous les
jugements qui en découlent en conséquence.3 Après le thé, nous passâmes ensemble
quelques moments joyeux en prenant des photos et en échangeant des accolades et des
rires, puis je pris congé avec Eckhart et le groupe. Je me souviens qu’alors que nous
attendions la voiture, en dessous, Eckhart riait et qu’il a juste dit : ‘’Les gurus indiens parlent
beaucoup !’’
Juste avant de m’installer pour écrire cet article, je me remémorais cette rencontre avec
Chaitan, le frère de Ramesh, qui était lui aussi présent à l’occasion de cette rencontre, et son
premier commentaire fut : ‘’Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle mon frère a
embrayé de la sorte, alors qu’il se réjouissait réellement de rencontrer Eckhart. Mais bon, il
m’a semblé que les autres étaient plus contrariés qu’Eckhart lui-même par les remarques de
mon frère.’’ Comme Chaitan l’avait souligné plutôt dans la conversation, la différence entre
3
Si vous souhaitez approfondir le thème du jugement, voir notamment, ‘’Jugement ou discernement’’ de Sally
Kempton et ‘’Comment les jugements minent les relations’’, de Gina Lake, deux articles très instructifs,
téléchargeables gratuitement et gracieusement sur Internet, NDT.
les deux enseignements, c’était que Ramesh était bien clair sur le fait que l’ego n’est pas
l’auteur (Dieu est le seul auteur), alors qu’Eckhart dit à l’ego d’agir d’une certaine manière –
son enseignement de base concernant ce que l’ego peut ‘’faire’’ pour entrer en harmonie
avec la paix et la présence du moment présent. Il fit la comparaison entre deux voies
distinctes et séparées, celle de dvaita (dualisme) et celle de l’advaita (non-dualisme), qui
aboutissent finalement à la même destination.
Au fil des ans, je rencontrai des chercheurs qui rendirent visite à Ramesh et qui disaient : ‘’Oh,
mais Eckhart dit qu’il y a quelque chose que vous devez faire !’’ Et puis ensuite, ils
comparaient invariablement les deux enseignements. Mais comment comparer des pommes
et des oranges ? C’était manquer la cible. Ces deux voies sont comme des voies ferrées qui ne
se croiseront jamais, mais qui atteindront finalement la même destination : la Libération !
C’est à cela que Chaitan faisait allusion. C’est juste que certaines personnes sont plus en
phase avec un enseignement et d’autres avec un autre. En Inde, ces deux traditions distinctes
coexistent respectueusement côte à côte depuis des siècles.4
En fin de compte, chaque individu se tourne vers l’enseignement qui résonne le plus en lui et
c’est la raison pour laquelle la philosophie du pur advaita, telle qu’elle est exposée par
Ramesh, n’était guère populaire, puisqu’il n’y a pas beaucoup d’egos qui apprécient qu’on
leur dise qu’ils ne sont pas des auteurs ! Ainsi, un enseignement comme celui d’Eckhart
fonctionne avec les masses qui comprennent bien qu’on leur dise qu’il y a quelque chose à
‘’faire’’ pour améliorer les circonstances de leur vie, tout simplement parce que le
conditionnement de la vie se base sur l’activité.5 En fait, en Inde, cela a toujours été le cas que
dvaita (le dualisme) soit l’enseignement que l’on donnait aux masses, tandis que l’advaita (le
4
On peut même nuancer davantage. Voici ce que Sathya Sai Baba dit dans ‘’La sadhana, le chemin de l’intériorité :
‘’ Les sages ont établi trois catégories qui comprennent le monde connaissable : Dieu, la nature et le ‘’je’’ (Ishwara, la
prakriti et le jiva). Dieu, quand Il est vu dans le miroir de la nature apparaît sous la forme du ‘’je’’. Enlevez le miroir, il ne
reste que Dieu, l’image se fond dans l’Original. L’homme n’est que l’image de Dieu. Même la nature n’est qu’une
apparence de Dieu. La réalité, c’est Lui seul. Le principe de l’apparence trompeuse, comme manifestation multiple, c’est
Maya qui n’est pas extérieure à Dieu. Elle est inhérente à Dieu, de même que tous les pouvoirs sont inhérents à Dieu.
Lorsque l’image du je est conçue comme distincte, nous avons le dualisme, dvaita. Lorsqu’elle est reconnue comme juste
une image irréelle, mais lorsqu’on lui donne quand même une utilité pertinente en rapport avec l’Original, il s’agit de
monisme qualifié, vishihstadvaita. Lorsqu’et l’image du je et le miroir sont reconnus comme des illusions et rejetés
comme telles, il ne reste que l’Un et c’est l’advaita darshanam, la vision de l’Un sans second. La recherche de l’Un sans
second est la recherche que mène l’Inde depuis des siècles et des siècles. Son entreprise a toujours été de connaître l’Un
qui, une fois qu’Il est connu, tout le reste peut être connu. La connaissance qui en vaut la peine, c’est la connaissance de
l’Unité, et pas celle de la multiplicité qui implique doute, dissension et désespérance. Ce qui est vu est différent de Cela
qui voit, qui est identique en chacun. Jésus-Christ a d’abord dit qu’il était un messager de Dieu, avant d’annoncer qu’il
était le Fils de Dieu et finalement de déclarer qu’il n’y a aucune différence entre lui et son Père et que tous les deux
sont Un’’, NDT. Par ailleurs, la traduction de ce livre est également téléchargeable gratuitement et
gracieusement sur Internet, puisqu’il s’agit d’un seva).
5
D’où la division en castes et le système ‘’varnashrama’’ pour que l’ensemble fonctionne bien, tel qu’il est décrit
dans la Bhagavad Gita. Chaque individu illusoire et factice peut ainsi agir selon ses tendances et ses capacités
naturelles uniques pour parvenir au but final de la Libération. Pour bien comprendre sa pertinence et son
intérêt, le lecteur ou la lectrice pourra consulter ‘’La Bhagavad Gita revisitée pour les Occidentaux’’, de Jack
Hawley, A noter que selon Sathya Sai Baba (Gita Vahini, chapitres 8 et 9), un tel système n’est pas réservé
qu’à l’Inde et que le modèle est adaptable et transposable à toute l’humanité, NDT. (La traduction du livre de
Jack Hawley est aussi disponible en téléchargement gratuit et gracieux sur Internet, comme seva.)
non-dualisme) était enseigné aux rares personnes dont la nature était attirée par lui. J’avais
coutume de plaisanter sur le fait que l’argent qui était généré par la publication des livres
d’Eckhart nous aidait à publier ceux de Ramesh ! Effectivement, la vie n’est-elle pas plus
étrange que la fiction ?
Par ailleurs, j’ai rencontré d’innombrables personnes qui étaient à la fois des ‘’fans’’ de
Ramesh et d’Eckhart et qui trouvaient des similitudes dans leurs enseignements. Je pouvais
bien comprendre ce qu’ils entendaient par-là, en dépit du fait que leurs voies soient
différentes.6 Etant enraciné dans l’enseignement de Ramesh, je pouvais réellement saisir celui
d’Eckhart. Si, comme le dit Ramesh, tout est la Volonté de Dieu, à ce moment-là, il y a une
acceptation réelle de ce qui est, et l’acceptation totale de ce qui est équivaut à se situer dans
le moment présent. Le moment présent, c’est le temps vertical (ce qui est), et non
l’implication dans le temps horizontal (ce qui devrait être).7
Les deux enseignements vous conduisent finalement au même endroit : le ‘’Je Suis’’ – la
Conscience impersonnelle de l’Etre. L’enseignement de Ramesh s’occupe de l’ego (du ‘’moi’’)
et il démasque la supercherie du sentiment d’être l’auteur, indiquant par là le
fonctionnement impersonnel dans l’état de veille, sans l’implication du ‘’moi’’. De même,
l’enseignement d’Eckhart vous conduit au ‘’Je Suis’’, la Présence consciente – le moment
présent. Je ne fus guère surpris de découvrir que le classique spirituel à succès de
Nisargadatta Maharaj, JE SUIS, se retrouvait dans la liste des lectures recommandées
d’Eckhart Tolle. En fait, on serait parfaitement en droit de considérer Eckhart comme un
enseignant de la tradition non-dualiste.
L’autre jour, mon amie, Heena, se demandait tout haut pourquoi ne pas recevoir
conjointement chez elle deux maîtres de l’advaita actuels dans sa résidence, lorsqu’elle
s’aperçut qu’ils seraient en ville à la même période. Je l’ai regardée et je me suis retrouvé en
train de lui dire : ‘’Tu en es bien sûre ?’’ Elle m’a regardé, perplexe, et elle m’a demandé
pourquoi, aussi lui ai-je relaté une version abrégée des événements qui s’étaient déroulés,
quand Eckhart et Ramesh s’étaient rencontrés. A la fin, elle a dit qu’elle pensait que cette
rencontre constituait un bel enseignement. Même si j’avais déjà commencé à écrire à ce
sujet, le commentaire qu’elle fit scella l’affaire et je décidai de terminer ce que j’étais en train
d’écrire. Elle m’a aussi demandé si je réunirais encore deux Maîtres et je me suis mis à rire.
‘’Je l’ignore !’’, dis-je en la regardant.
6
Personnellement, je suis à la fois ‘’fan’’ des enseignements d’Eckhart, de Ramesh, de Sathya Sai Baba,
d’Arnaud Desjardins et de beaucoup d’autres, et je n’y vois aucun inconvénient, ni aucune contradiction, mais
tout au long de mes pérégrinations spirituelles, j’ai bien dû constater qu’il existe des fanatiques et des gens
obtus et bornés partout, en Occident et en Orient, dans toutes les religions, comme chez les athées, les laïcs et
les matérialistes invétérés…Cela fait partie de la lîla, du Drame ou du Jeu divin, et un authentique mystique qui
est centré dans la Conscience-Témoin – soit au-delà des pensées et de tous les systèmes philosophiques,
religieux ou autres – n’a aucun problème avec cela, NDT.
7
‘’Pas ce qui devrait être, mais ce qui est’’ est une citation célèbre de Swami Prajnanpad, le guru d’Arnaud
Desjardins, NDT. Et Jiddu Krishnamurti disait : ‘’Nous cherchons toujours à jeter un pont entre ce qui est et ce
qui devrait être ; et par- là, nous donnons naissance à un état de contradiction et de conflit où se perdent
toutes nos énergies. Notre esprit peut-il cesser de diviser, ne peut-il pas demeurer complètement avec ce qui
est ? Et dans la compréhension de ce qui est, subsiste-t-il un conflit quelconque ?’’
Mais ce que je sais, c’est que les paroles de Kipling sonnent juste : ‘’Il n’y a ni Orient, ni
Occident, ni frontière, ni race, ni naissance, lorsque deux hommes forts se font face, même s’ils
proviennent des deux extrémités du monde.’’ La plus grande force étant bien sûr la force
spirituelle…
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