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inteligence economique

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L’intelligence économique,
un outil de management stratégique orienté
vers le développement de nouvelles connaissances
par Mourad Oubrich
1. L’intelligence économique,
un champ de recherche novateur
en management stratégique
Mourad OUBRICH
International MBA
Université de Laval (Canada)
et University of South Florida (États-Unis),
Docteur ès sciences de gestion,
Université d’Aix-Marseille II
Postdoctoral Université d’Ottawa (Canada)
Professeur, Université d’Ottawa
Pour nous, l’extrait d’Oscar Wilde « Les gens ne cessent de dire
qu’il est beau d’avoir des certitudes. Il semble qu’ils aient
complètement oublié la beauté bien plus subtile du doute. Croire
est tellement médiocre. Douter est tellement absorbant. Rester
vigilant, c’est vivre ; être bercé par la certitude, c’est mourir »
(Oscar Wilde, 1995) exprime bien ce qui caractérise
l’environnement actuel : fermeture et délocalisation de certaines
entreprises, des plans de licenciement, attentats, augmentation
des prix du pétrole… la liste est non exhaustive des événements
qui perturbent l’ordre économique international et affectent la
croissance des pays et des entreprises. Alors si nous étions
capables d’isoler et d’extraire de l’environnement certaines des
actions pertinentes qui participent à la structuration des discontinuités, puis de les amplifier pour leur donner du sens utile pour
agir, il serait possible d’anticiper les événements (M.L.Caron,
1997 ; Lesca N, 2002). Il ne suffit pas de percevoir les événements et les actions des acteurs pertinents pour entrevoir leurs
intentions. Il faut imaginer derrière les circonstances présentes,
des possibilités d’évolution futures. La question que nous
pouvons poser à ce stade est : comment armer les entreprises
pour prévoir l’imprévisible ? Selon Ch. Harbulot et Ph. Baumard
(1996), le développement de système d’information stratégique
commun est le levier de la nouvelle économie.
Cette orientation stratégique a été adoptée pour la première fois
en avril 1989 par les membres de la Japanese Association of
Chief Information Officers qui regroupe les responsables des
structures d’information économique de 72 grandes sociétés
japonaises. Elle traduit la volonté du patronat japonais d’accorder
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Dossier
Économie de la connaissance
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
Économie de la connaissance
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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
une place de plus en plus visible à l’information stratégique dans
la gestion de leurs affaires.
Notre article s’inscrit parfaitement dans ce contexte caractérisé
par un environnement incertain et imprévisible, notre objectif
consiste à donner des précisions et des réponses à la question :
comment armer les entreprises pour prévoir l’imprévisible ?
Pour répondre à cette question, notre article confronte le discours
académique et la pratique managériale sur le thème de
l’intelligence économique. Peu exploré jusqu’à maintenant,
thème de recherche transdisciplinaire et concept en maturation,
il fait progressivement l’objet de travaux de recherche en sciences
de gestion (S. Larivet, 2002 ; D. Phanuel et D. Levy, 2003 ;
M. Oubrich, 2004, 2005). L’intelligence économique (IE) représente une discipline récente en France (Ph. Baumard, 1991 ;
H. Lesca, 1994 ; H. Martre, 1994 ; H. Dou, 1995 ; A. Bloch, 1995 ;
F. Bournois et PJ. Romani, 2000,) qui se situe au carrefour de
plusieurs sciences.
1.1. Problématique de recherche
La littérature permet d’affirmer que la création des connaissances est désormais une préoccupation majeure pour les organisations, qui les considèrent comme un avantage concurrentiel, ou
comme une nécessité dans le cadre de changements internes ou
environnementaux. La recherche en sciences de gestion a produit
une littérature riche sur le sujet (GP. Huber, 1991 ; M. Girod,
1995 ; J.-C. Spender, 1996 ; M. Polanyi, 1966 ; I. Nonaka, 1994,
I. Nonaka et H. Tackeuchi, 1995). Malgré le large consensus à
l’effet que l’intelligence économique contribue à la création de
nouvelles connaissances, nous dénombrons peu d’études dans
le domaine (F. Bournois et PJ. Romani, 2000 ; J.-L. Levet, 2001 ;
A. Du Toit, 2003 ; M. Oubrich, 2003, 2004, 2005,).
Les thèses en sciences de gestion soutenues sur le thème de
l’intelligence économique se sont focalisées sur la réalité des
pratiques d’intelligence économique dans les PME (CRM. de
Vasconcelos, 1999 ; S. Larivet, 2002), elles sont donc plutôt qualifiées comme des recherches sur le contenu. Or, l’intelligence
économique apparaît aussi comme un processus qui permet de
fournir une réponse « intelligente » à une problématique qui
semble aujourd’hui incontournable en sciences de gestion, celle
de la création des connaissances (M. Oubrich, 2004). Nous
estimons qu’aucun des travaux cités ne nous permet de répondre
à cette problématique. Aussi sommes-nous amené à nous interroger sur l’existence d’une recherche en cours en sciences de
gestion sur ce thème. A ce propos, le fichier central des thèses
nous confirme qu’aucune recherche doctorale n’est consacrée à
cette problématique.
Finalement notre problématique de recherche est : Comment
l’intelligence économique permet-elle de créer des connaissances nouvelles dans l’entreprise ?
La problématique de cet article s’inscrit à la croisée des deux
thèmes : l’intelligence économique et la création des connais-
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sances. Nous ne cherchons pas à apporter une nouvelle méthode
d’organisation de l’intelligence économique au sein des entreprises. En revanche, nous nous intéressons à la création collective de connaissances. Par création collective, nous entendons la
manière dont des individus interagissent pour arriver à une
compréhension explicite de l’environnement.
A travers cette problématique, nous répondons aux préoccupations actuelles d’une part, en gestion des connaissances qui
évoluent vers des problématiques liées à la création des connaissances plutôt qu’à la seule question du stockage/mémorisation
des connaissances, et d’autre part en intelligence économique
cherchant à montrer que l’intelligence économique ne se réduit
pas à la gestion de l’information, mais à la création des connaissances nécessaires à la prise de décision et à l’innovation.
1.2. Question de recherche
Notre problématique peut être traitée de différentes manières, il
nous apparaît nécessaire à ce stade de faire un choix qui guidera
notre raisonnement tout au long de cette recherche. Le terme
mécanisme a attiré notre attention, par rapport à d’autres termes
comme déterminant, condition… Le dictionnaire le Robert définit
mécanisme comme une « combinaison ou agencement de pièces,
d’organes, montés en vue d’un fonctionnement ». En ce qui nous
concerne, nous entendons par « mécanisme » l’agencement ou la
combinaison des éléments organisationnels, stratégiques et
cognitifs, en vue de créer des connaissances pour l’entreprise.
Nous nous plaçons dans le cas particulier de connaissances
créées par un processus d’intelligence économique, et nous
cherchons à identifier le ou les mécanismes de cette création des
connaissances. Notre recherche vise ainsi à répondre à la
question suivante : Par quel(s) mécanisme(s) le processus
d’intelligence économique crée-t-il des connaissances dans
l’entreprise ?
1.3. L’intérêt de la recherche
L’intérêt de cette recherche pour les entreprises et leurs
dirigeants découle pour une part essentielle de l’approche
théorique et empirique que nous présenterons ultérieurement.
Nous avons soulevé antérieurement quelques points qui clarifient
les objectifs de notre recherche. Nous allons ici développer un
peu plus et d’une façon plus structurée la réflexion sur les intérêts
de cette recherche. Ces intérêts s’analysent en trois points :
– sur le plan théorique : apporter une réponse à la question de
création des connaissances dans un processus d’intelligence
économique à travers une littérature centrée à la fois sur
l’information et sur la connaissance ;
– sur le plan pratique : proposer un modèle de l’intelligence
économique comme processus de création des connaissances
dans les entreprises, puis élaborer un cadre méthodologique
juillet-octobre 2007
qui permettra aux entreprises de structurer leur processus
d’intelligence économique ;
– sur le plan méthodologique : utiliser une méthode importée de
la psychologie sociale : l’analyse propositionnelle du discours.
Ce choix est justifié par la nature stratégique et confidentielle
des données que nous voudrions collecter. Cette technique
d’analyse sera réalisée au moyen du logiciel Tropes. L’intérêt de
cette méthode est de faciliter l’émergence d’éléments discursifs « invisibles » à la seule lecture des retranscriptions.
2. Le cadre conceptuel
Dans ce point, nous souhaitons montrer que l’intelligence économique est un processus de création des connaissances et nous
espérons le faire de façon à ce que les praticiens et les théoriciens puissent, si possible, facilement accéder à notre vision.
2.1. Les approches opératoires
et théoriques de l’intelligence
économique
Approcher l’intelligence économique pour la reconnaître, signifie
selon G. Massé et TF. Thibaut (2001), que nous ne pouvons pas
l’atteindre pour la capturer, l’enfermer et la soumettre. Approcher
l’intelligence économique est donc tout le contraire d’une
réflexion aboutie et des certitudes qui en résultent. Nous proposons une brève définition de l’intelligence économique selon trois
approches opératoires :
– approche par une définition : la multiplication des définitions de
l’intelligence économique depuis la sortie du rapport Martre,
confirme un intérêt majeur pour ce concept dans la stratégie
des entreprises. Parvenir à une définition serait un objectif de
l’approche par une définition ;
– approche par ses fonctions : un intérêt majeur pour ce concept
pour les entreprises s’explique aussi par un foisonnement des
fonctions que doit remplir ce concept. L’objectif de l’approche
par ses fonctions, est de développer certaines fonctions qui
sont indirectement traitées par les travaux antérieurs ;
– approche par processus : cette approche vise à étudier les différentes phases du processus d’intelligence économique, et les
interactions qui peuvent se faire entre elles.
2.2. Les modèles de la création
des connaissances
Les travaux qui traitent la création des connaissances sont
aujourd’hui nombreux : Des revues spécialisées en gestion telles
qu’Organization Science, La Revue des Sciences de Gestiondirection et gestion des entreprises, Strategic Management
Journal, Journal of Management Studies, California Management
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Review, Management Learning, L’Expansion Management
Review, La Revue Française de Gestion, Journal of Organizational
Change Management, Gestion 2000 ont consacré des numéros
spéciaux à ces deux thèmes. L’objectif de ce paragraphe consiste
alors à établir une synthèse des modèles concernant la création
des connaissances.
Modèle de Nonaka
Selon I. Nonaka et al. (2000), la création des connaissances est
un processus continu de transcendance de soi-même, qui
traverse les frontières de l’ancien « soi-même » en un nouvel état
de soi même en acquérant un nouveau contexte, une nouvelle
vision du monde et une nouvelle connaissance. Ce passage de
frontière se fait grâce à l’interaction entre individus, mais aussi
entre les individus et leur environnement (Knowledge creation is
a continuous, self-transcending process through which one transcends the boundary of the old self into a new self by acquiring a
new context, a new view of the world, and new knowledge. In
short, it is a journey from being to becoming. One also transcends
the boundary between self and other, as knowledge is created
through the interactions amongst individuals or between individuals and their environment. Une organisation crée de la connaissance par le biais de l’interaction entre la connaissance explicite
et la connaissance tacite. Cette interaction entre ces formes
tacite et explicite de la connaissance forme, selon I. Nonaka et
H. Takeuchi (1995), la base d’une spirale dynamique de création
des connaissances.
I. Nonaka fournit un éclairage déterminant quant à la création des
connaissances. Pour lui, la création des connaissances vient du
dialogue perpétuel entre la connaissance tacite et explicite. Pour
SDN. Cook et J.-S. Brown (1999), le dialogue entre les formes de
connaissance est possible grâce à un AO (apprentissage organisationnel).
Le modèle de Wenger
Un autre modèle, plus centré sur les interactions que sur la
connaissance en elle-même, cherche à progresser dans la
compréhension de la problématique de création des connaissances, sous l’angle de pratique collective.
Il s’agit de penser la relation entre les pratiques, qui mettent
toujours en jeu des connaissances, à la fois tacites et explicites,
et la réification de ces pratiques, sous forme qui peut être également tacite ou explicite. Nous retrouvons cette dualité dans les
travaux sur les communautés de pratique (E. Wenger, 1998).
H. Amblard et al (1996) définissent les communautés de pratique
comme un groupe d’individus ayant une identité forte, engagés
dans des luttes de pouvoir, préservant des zones de flou leur
autorisant des marges de manœuvre et de négociation. Alors que
pour Ph. Baumard (1991), les communautés de pratique sont des
juillet-octobre 2007
Dossier
Économie de la connaissance
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
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Modèles de création de connaissances
Économie de la connaissance
Modèle de Nonaka
Modèle de Wenger
Modèle de Senge
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
Principes
Auteurs
La création de la connaissance doit être
comprise comme un processus qui amplifie de
façon organisationnelle les connaissances
créées par les individus, et les cristallise en
tant que partie d’un réseau de connaissances
de l’organisation.
Nonaka (1994) ; Nonaka et Takeuchi (1995) ;
Spender (1996) ; Grant (1996)
Les individus accumulent la connaissance
d’après leurs propres expériences. La qualité
de cette connaissance dépend de deux
facteurs. Le premier est la variété des
expériences individuelles en interaction. Le
second facteur est la connaissance de
l’expérience.
Brown et Duguid (1991) ; Wenger (1998) ;
Baumard (1999) ; Amblard et al (1996) ;
Lesourne (1991).
Une organisation apprenante est une organisation qui possède l’aptitude de créer, d’acquérir
et de transférer des connaissances, ainsi que
celle de modifier son comportement, afin de
refléter de nouvelles connaissances.
Senge (1990) ; Garvin (1993) ; Tobin (1993) ;
Anciaux (1994) ; Baumard (1991) ; Mack (1995)
Tableau : Modèles de création des connaissances.
groupes d’individus ayant une identité forte, et partageant une
connaissance tacite commune, acquise dans la pratique.
Les communautés de pratique ont fait l’objet de travaux
théoriques importants (E. Wenger, 1998, 2002). Les travaux sur
le management de la connaissance expliquent que la création
des communautés de pratiques facilite le développement des
connaissances (K. Goglio, 2003). E. Wenger désigne par
« création des connaissances » ce qui se manifeste dans la
pratique et dans la modification permanente des routines, du fait
de l’activité quotidienne. La pratique constitue alors un support à
la création des connaissances collectives, et contribue à créer
des cadres d’interprétation nécessaires à l’accomplissement des
tâches. Au sein de ces communautés, les nouvelles connaissances qui sont tacites et socialement localisées sont essentiellement le « savoir-faire » (JS. Brown et B. Duguid, 1991). La nature
de la connaissance est dépendante de l’objectif et de la structure
des communautés de pratique. Enfin, elles produisent un répertoire partagé de connaissances communes (routines, sensibilités,
artéfacts, vocabulaires, styles… etc.). Ce répertoire est principalement d’une nature tacite et la création des connaissances
s’apparente essentiellement au mode de conversion de connaissance de type « socialisation » (I. Nonaka et H. Takeuchi, 1995).
Ce modèle offre un cadre original de lecture de phénomène de
création des connaissances et permet d’envisager celui-ci sous
un angle d’AO.
Modèle de Senge
Le modèle de Senge souligne l’importance de la qualité du raisonnement des individus, de leurs visions partagées, de leur aptitude
Dossier
à la réflexion, de l’apprentissage en équipe et de la compréhension des problèmes complexes de la vie des affaires dans la
création des connaissances.
B. Garvin (1993) critique les approches adoptées par PM. Senge ;
il pense que les entreprises gèrent de façon active leur processus
d’apprentissage en intégrant dans le tissu opérationnel cinq
principales activités : la résolution systématique des problèmes,
l’expérimentation de nouvelles approches, l’apprentissage à
partir des expériences propres et des enseignements du passé,
l’apprentissage à partir des expériences et des succès des autres,
le transfert de la connaissance à travers l’organisation.
Ainsi, grâce à ces pratiques, l’entreprise possède l’aptitude de
créer, d’acquérir des connaissances, ainsi que celle de modifier
son comportement, afin de refléter de nouvelles connaissances
et de nouvelles manières de voir les choses.
Les trois modèles montrent que la création des connaissances
sur le plan collectif implique la dynamique de l’apprentissage en
groupe. Il faut s’assurer que les groupes sont créés avec des gens
possédant des compétences complémentaires et que chaque
groupe définit des objectifs réalistes.
De plus, une atmosphère d’ouverture doit être soutenue et
développée, au même titre que des espaces de communication
permettant de déboucher sur des brainstormings, des centres de
compétences, d’apprentissage, de retenir les leçons apprises…
etc.
Et grâce au développement de communautés des pratiques, une
entreprise peut développer des connaissances de manière
efficiente et efficace. Pour cela, il faut comprendre le processus
par lequel se fait l’apprentissage organisationnel.
juillet-octobre 2007
2.3. L’apprentissage organisationnel,
quelles leçons pouvons-nous tirer
pour la création des connaissances ?
L’apprentissage organisationnel a fait, et fait encore l’objet de
nombreux écrits. Ce thème complexe et ses différents aspects
semblent loin d’être épuisés. L’apprentissage organisationnel est
un concept multidisciplinaire utilisé pour décrire certains types de
phénomènes qui ont lieu dans une organisation. Nous allons
tenter dans ce paragraphe d’étudier les sources de
l’apprentissage organisationnel dans le cadre du processus
d’intelligence économique. Pour ce faire, nous allons choisir une
définition et un modèle de l’apprentissage qui correspondent
parfaitement à notre objectif de la recherche.
Le choix d’une définition synthétique
de l’apprentissage organisationnel (AO)
Les définitions de l’AO sont aujourd’hui pratiquement aussi
nombreuses que les travaux qui lui sont consacrés. Il est possible
de doter d’une définition incorporant un certain nombre
d’éléments émanant des efforts de conceptualisation de l’AO.
Celle proposée par C. Argyris et D. Schön (1978) semble bien
correspondre à cette volonté de synthèse : « le processus qui
implique la détection et la correction d’une erreur. Lorsque
l’erreur détectée et corrigée permet à l’organisation de poursuivre
ses politiques actuelles ou d’accomplir ses objectifs présents,
alors ce processus de détection et correction d’erreur est un
apprentissage en double boucle […] l’apprentissage en double
boucle apparaît lorsque l’erreur est détectée et corrigée de telle
façon qu’elle implique la modification des normes, politiques, et
objectifs fondamentaux d’une organisation ».
L’AO comme détection et correction d’erreurs
Pour ces auteurs, l’AO représente un concept d’action, en ce sens
que, d’une part, l’apprentissage est une condition de l’action
efficace, et d’autre part, l’acteur apprend dans l’action.
Leur modèle montre que lorsque l’individu découvre une erreur, il
élabore et met en pratique une théorie d’usage sensiblement
différente de la théorie qu’il professe. « Quand les erreurs sont
embarrassantes ou menaçantes, c’est-à-dire au moment précis
où il est capital de savoir apprendre efficacement, l’individu
développe des plans pour rester à l’ignorance de cette divergence » (C. Argyris, 1993).
L’intérêt de l’analyse de C. Argyris et D. Schön (1978) réside,
selon nous, dans la distinction qu’ils opèrent entre différents
niveaux d’apprentissage. Ils insistent sur l’existence de boucles
inhibitrices d’apprentissage lorsque les individus se bornent à
corriger les erreurs de façon locale, ce qui ne leur permet pas de
repérer les dysfonctionnements de la théorie en usage et de
réaliser un apprentissage en double boucle.
81
L’apprentissage en double boucle dans un processus
d’intelligence économique, résultat de transformation des
programmes maîtres
Après avoir défini l’AO, nous allons aborder ici les déterminants
d’un apprentissage en double boucle dans un processus
d’intelligence économique (M. Oubrich, 2004, 2005).
Changement des représentations collectives
Partant de ce principe, les acteurs au sein d’un processus
d’intelligence économique se réfèrent sans cesse à ces cadres de
représentation collective pour agir. Dans ce sens, l’intelligence
économique peut être considérée comme une « agence » dans
laquelle les individus cherchent à se forger une représentation de
l’environnement interne et externe. Les individus, dans ce
processus, interagissent pour affiner et compléter leurs représentations, les tester et les faire évoluer. Dans la même tentative
d’explication de l’AO comme source de construction d’une représentation collective dans un processus d’intelligence économique, certains auteurs, et nous retrouvons ici les idées de
R. Cyert et J. March (1963), qui notent que l’apprentissage
provient d’un écart ponctuel ou continuel entre un niveau
d’aspiration associé à un objectif et le niveau réel de performance.
Changement de l’intention stratégique
F. Charue (1992) précise qu’« il y a AO lorsque les membres de
l’organisation construisent des savoirs pertinents par rapport à la
mission de l’organisation et que ces derniers sont codés ou
mémorisés dans l’organisation ». Le concept de mission de
l’organisation est lié à celui d’intention stratégique. D’après
A. Campbell et S. Yeung (1991a) et M. Lipton (1996), la mission
de l’organisation est la réponse à la question « pourquoi
l’entreprise existe-t-elle ? », tandis que pour N. Thornberry (1997),
elle est « les missions fondamentales de l’organisation pour
exister au-delà du simple fait de faire de l’argent ». Alors, pour
l’intention stratégique, les auteurs américains notent qu’elle crée
une inadéquation extrême entre les ressources et les ambitions.
Pour E. Métais et C. Roux-Dufort (1997), cette inadéquation entre
les ressources et les ambitions est la source de la tension
créatrice décrite par PM. Senge (1990), et qui est à l’origine de
l’atteinte de l’intention. Ils notent également que le niveau
adéquat pour faire naître cette tension créatrice dépend également de l’organisation : « une organisation apprenante, habituée
au changement est capable de supporter un niveau de tension
nettement supérieur à une organisation statique, peu sollicitée
au cours de son expérience passée ». L’idée de tension ne peut
donc se concevoir que de manière absolument relative. E. Métais
et C. Roux-Dufort (1997) distinguent plusieurs niveaux de tension
selon l’importance de l’écart entre l’intention et la réalité. A
juillet-octobre 2007
Dossier
Économie de la connaissance
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
Économie de la connaissance
chacun de ces niveaux est associé un type d’apprentissage différent. Ainsi, à une tension forte correspondra un apprentissage
« double en boucle » (invention de nouvelles solutions, transformation en profondeur) (C. Argyris et D. Schön, 1978).
3. Considération méthodologique,
Elaboration du modèle
et propositions de recherche
Ce point est divisé en deux parties : la première présentera le
choix méthodologique tandis que la seconde élaborera le modèle
et les propositions de recherche. Ils découlent de la construction
théorique qui a constitué la première partie de cet article.
3.1. Méthodologie
Nous avons démontré dans les développements précédents que,
malgré la jeunesse de l’intelligence économique, celle-ci a donné
lieu à des études en sciences de gestion (CRM de Vasconcelos,
1999 ; S. Larivet, 2002 ; D. Phanuel et D. Levy, 2003). Ces recherches antérieures apportent très peu de précisions concernant
notre problématique de recherche.
Par conséquent, notre recherche a pour but de partir de la revue
de la littérature des deux concepts afin de construire un modèle
de la recherche, et d’aller par la suite au terrain pour discuter ce
modèle. Nous avons alors opté pour une approche déductive :
développer des propositions à partir des travaux antérieurs
autour de ces axes, et discuter ces propositions de manière
empirique. Face à une problématique de recherche très large,
développer des propositions nous aide à dresser un cadre de
recherche, et nous guide pour déterminer la méthode qu’il
convient de suivre.
Notre choix de construire notre recherche autour de propositions
s’inscrit plus dans une démarche proche de celle développée par
MB. Miles et AM. Huberman (1991).
3.2. Modèle de recherche
Le modèle de recherche élaboré pour les fins de cette recherche
postule que la création des connaissances dans un processus
d’intelligence économique, peut être effectuée à travers un AO
généré par un changement de l’intention stratégique et de la
représentation collective. Il explique un processus dynamique
interne et vise à répondre à notre problématique de recherche. Ce
modèle se structure en s’appuyant sur le processus d’intelligence
économique décrit par plusieurs auteurs dans ce domaine.
3.3. Propositions de recherche
Afin de pouvoir exploiter au mieux les apports théoriques exposés
dans la première partie de cette recherche, nous nous sommes
efforcé de formaliser certaines propositions, et comme le préconisent R. Quivry et L. van Campenhoudt (1995), « de les traduire
dans un langage et sous des formes qui les rendent propres à
Figure : Modèle de recherche
Dossier
juillet-octobre 2007
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
L’expression
des besoins
en information
• Type des besoins d’information
– Information concurrentielle
– Information technologique
– Sur les parts de marché
– Information commerciale
– Sur les métiers
– Autres
• Qui exprime les besoins
– Top management
– Fonction intelligence économique ou veille
– Chaque fonction ou business unit
• Comment se définissent les besoins
– Plan de renseignement
La collecte
de l’information
• Comment se définit la collecte d’information
– Presse, livres
– Base de données
– Salon, Forum, Congrès, Exposition, Mission
et voyages d’études
– Internet (Moteur de recherche, Agents intelligents…)
– Réseaux informels (Fournisseur, client,
concurrents, sous -traitants…).
– Top management
– Equipe chargée d’intelligence économique
– Cabinet d’études
– Toutes les personnes internes de
l’entreprise
• Quand l’information se collecte
– Tous les jours
– En fonction des besoins
Le traitement
d’information
• Outils de traitement des informations
– Réunions spéciales d’analyse, procédure
d’analyse d’information
– Outils informatique de traitement
d’information (Datamining, outils de bibliométrique…)
• Qui traite l’information
– Top management
– Fonction intelligence économique
– Experts internes
– Cabinet de conseil
La diffusion
d’information
• Outils de diffusion de l’information
– Réunion d’information
– Rapports formels
– Notes d’information
– Un réseau d’ordinateurs
– Intranet
– E-mail
– Téléphone
La création de
connaissance
• Typologies de connaissances
– Concurrentielle
– Technologique
– Sur les parts de marché
– sur le développement de produits
– Commerciale
– Sur les métiers
• Conversion de connaissances
– Réunions formelles ou informelles
– Communautés de pratique
– Echange de message électronique ou outils
de travail collaboratif
– Plate-forme de connaissance
guider le travail systématique de collecte et d’analyse des
données d’observation ou d’expérimentation qui doit suivre ».
4. Indicateurs de mesure et étude
de terrain
Tel est l’objet de ce paragraphe qui constitue la charnière entre
les propositions de recherche et le travail d’élucidation fondé sur
une approche empirique. Nous allons tenter dans ce paragraphe
à opérationnaliser nos variables, pour que nos propositions
soient compréhensibles par les acteurs de terrain.
4.1. Indicateurs de mesure
des variables dépendantes
Nous nous sommes appuyés, ici, sur les travaux de chercheurs
(D. Phanuel et D. Levy, 2003 ; F. Bournois et PJ. Romani, 2000 ; J.L. Levet, 2001) et de praticiens (F. Jakobiak, 1998 ; A. Bloch,
1995 ; L. Hassid, P. Jacques-Gustave et N. Moinet, 1997 ;
B. Martinet et Ph. Marti, 1995, etc.) spécialistes en matière de
l’intelligence économique ; leurs ouvrages et leurs études nous
ont servi comme des références de base pour opérationnaliser le
processus d’intelligence économique. Dans le tableau cidessous, nous proposons pour chaque variable indépendante
des indicateurs (voir tableau ci-contre).
4.2. Indicateurs de mesure
des variables indépendantes
Nous distinguons dans ce bloc d’indicateurs, des indicateurs liés
à l’AO, à l’intention stratégique et à la représentation. En ce qui
concerne ces trois variables, nous avons mené des investigations
dans des thèses, ouvrages, et articles d’auteurs. En revanche, les
mesures proposées par les auteurs ne correspondent absolument pas à ce que nous voulons indiquer par ces variables dans
le cadre de l’intelligence économique. Un travail de réflexion,
nous a permis de développer une certaine mesure. Nous les
présentons dans les tableaux suivants :
INDICATEURS DE MESURES
Tableau: Indicateurs de mesure de la variable « processus d’intelligence économique »
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Dossier
Économie de la connaissance
VARIABLE
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Économie de la connaissance
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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
VARIABLE
INDICATEURS DE MESURES
VARIABLE
Apprentissage
organisationnel
• Erreurs constatées
– Le système de rôle est inefficace
– Les règles de fonctionnement ne sont pas
claires
– L’interface des domaines de compétence
est floue
– Dysfonctionnement au niveau du management et de l’animation des hommes.
– Mauvaise utilisation des outils et
techniques
– Dysfonctionnement de l’organisation de
travail
• Actions entreprises
CORRECTION EN SIMPLE BOUCLE
– Animation des hommes
– Règle de fonctionnement des équipes de
travail
– Système de rôle
CORRECTION EN DOUBLE BOUCLE
– Changement des process interne et externe
– Changement d’outil set de méthode de
travail
– Mettre en place une organisation transverse
– Changement de style de management
– Formation
– Changement de culture
Intention
stratégique
INDICATEURS DE MESURES
– Renouvellement du plan stratégique
– Renouvellement des objectifs affichés
– Implication des employés au travail en
fonction de l’objectif de l’intelligence économique
– Participation et engagement des employés
– Motivation des employés de l’intérêt de
l’intelligence économique
– Converger les objectifs individuels vs collectifs
Tableau : Indicateurs de mesure de la variable « intention stratégique »
VARIABLE
INDICATEURS DE MESURES
Représentation
– Changement des représentations sur
l’environnement (menaces/opportunités)
– Changement des représentations sur
l’entreprise (forces/faiblesses)
– Changement des représentations des
problèmes internes
– Changement de croyance (idées sur les
individus, sur le mode de gestion, sur
l’environnement externe)
Tableau : Indicateurs de mesure de la variable « Apprentissage organisationnel »
Tableau : Indicateurs de mesure de la variable « représentation »
5. Méthode de collecte
et d’analyse des données
5.2. Le recours à l’analyse du discours,
comme une stratégie appropriée pour
l’analyse des données qualitatives
Tout chercheur en sciences de gestion est inéluctablement
confronté au choix le plus approprié de collecte et d’analyse de
données en fonction de ses objectifs et de la nature de son
terrain de recherche.
5.1. Les entretiens semi-directifs, un outil
le plus adapté pour notre recherche
F. Wacheux (1996) met en évidence cinq sources différentes de
données : l’entretien, l’observation directe, l’observation
indirecte, les archives et la documentation disponible. Vu le caractère stratégique de la fonction d’intelligence économique et les
types de données que nous cherchons à collecter, nous avons
confronté des difficultés d’accès aux entreprises pour effectuer
une étude de longue durée, et également une observation directe
et indirecte.
Par conséquent, de ces cinq sources décrites par F. Wacheux
(1996), nous avons retenu pour notre travail comme source
principale de collecte des données : l’entretien. Nous avons
réalisé vingt entretiens semi-directifs. Ces entretiens se sont
déroulés entre octobre 2003 et janvier 2004 et ont duré généralement entre 1 heure et 1 heure et demie. Leur conduite débutait
par un climat détendu et propice à la discussion.
Dossier
Les techniques d’analyse de données en sciences de gestion sont
nombreuses, et l’utilisation d’un outil plutôt qu’un autre dépend
généralement de la question de la recherche et du résultat
souhaité (RA. Thiétart et al, 1999). J.-C. Usunier, M. EasterbySmith et R. Thorpe (2000), distinguent entre deux moyens fondamentaux d’analyser les données qualitatives : l’analyse du
contenu et la grounded theory ou « théorie fondée ». F. AllardPoesi, C. Drucker-Godard et S. Ehlinger (1999) ajoutent une
troisième méthode issue de la psychologie cognitive et sociale.
La grounded theory et la cartographie cognitive ne sont pas directement transposables, ni applicables dans le cadre de notre
recherche. La grounded theory est utilisée dans des études
fondées sur une démarche inductive (JC. Usunier, M. EasterbySmith et R. Thorpe, 2000), alors que la cartographie cognitive
n’est applicable, comme le souligne A. Huff (1990), que dans des
recherches longitudinales. Enfin certaines méthodes évoquées
nécessitent une compétence considérable pour leur bonne mise
en œuvre, dont il faut reconnaître que ne possédant malheureusement pas cette compétence, pour autant, le choix d’une
méthode d’analyse collectée s’impose.
Notre choix s’est orienté vers les préconisations de L. Bardin
(1980). L’auteur propose la combinaison de deux méthodes
d’analyse du contenu : analyse thématique, et analyse du
juillet-octobre 2007
discours. Par ailleurs, ces deux méthodes permettent de réaliser
deux types de traitement de nos données : un traitement qualitatif et un traitement quantitatif.
6. Synthèse des résultats
de l’analyse des données
Notre recherche avait pour objectif initial de développer les fondements d’une analyse du processus d’intelligence économique, en
termes de création des connaissances. Le modèle de recherche
élaboré peut être en grande partie retenu puisque la totalité des
propositions initialement prévues n’ont pas pu être rejetées.
L’analyse qualitative et quantitative débouche sur des résultats.
Nous présentons la synthèse des résultats de l’analyse en
relation avec les arguments que nous avons avancés pour justifier
la pertinence du modèle de la recherche.
6.1. Synthèse des résultats relatifs
à l’apprentissage organisationnel
et la création de connaissances
Nous pouvons constater, lors de nos analyses, que l’intelligence
économique est devenue un mode de management qui permet
aux entreprises interrogées de développer un apprentissage, sous
forme d’acquisition des compétences en termes de méthodologie
et d’outils. Cet apprentissage contribue, selon ces entreprises, à
une rationalisation de leurs fonctions et un échange des connaissances nécessaire pour développer de nouvelles connaissances.
P. Achard et J.-P. Bernat (1998) utilisent le terme « dynamique
apprenante » pour qualifier le rôle de l’erreur dans l’apprentissage
au sein d’un processus d’intelligence économique. Parmi les
erreurs engendrant un apprentissage dans les entreprises que
nous avons contactées, l’accent est mis ici sur les erreurs organisationnelles et managériales.
Nous avons questionné les responsables de chaque entreprise, et
nous avons constaté que le style de management et
l’organisation du travail entraînent des erreurs dont la présence
est tout à fait reconnue par la majorité des grandes entreprises,
alors que pour les PME, nous pouvons remarquer que la centralisation de la gestion autour d’un nombre restreint de leurs
dirigeants, combinée à la formalisation peu poussée des règles
de fonctionnement des équipes de travail, constituent les deux
principales erreurs.
Les actions initiées par les entreprises pour corriger leurs erreurs
concernent l’organisation du travail avec le fonctionnement en
équipes de projets, la réduction des échelons hiérarchiques et la
participation ou l’implication des salariés dans la définition des
postes et des tâches. Nous remarquons également, avec intérêt,
l’absence d’autres pratiques souvent présentées comme originales ou nouvelles dans les travaux sur l’apprentissage : la
rotation de poste ou de responsabilité entre salariés, le tutorat et
85
le parrainage, le partage formalisé des expériences entre
salariés.
La création des connaissances par apprentissage dans un
processus d’intelligence économique dépend de la structure
interne du processus d’intelligence économique de chaque entreprise, souligne un responsable d’intelligence économique. Il a un
caractère endogène. C’est en effet, à l’intérieur de chaque
processus que se transforment les connaissances existantes,
pour produire des connaissances nouvelles.
Selon les résultats de l’analyse nous constatons également que
l’intelligence économique n’est pas un processus dont la connaissance est figée, au contraire, elle est un processus ouvert en
construction. Cette construction s’opère grâce aussi bien à
l’extérieur de l’entreprise, qu’en interne. Nous nous apercevons
que plus les entreprises intègrent un processus d’intelligence
économique, plus elles génèrent des connaissances en interne
sous forme de développement de nouveaux métiers, et en
externe, sous forme de reconfiguration profonde des systèmes
concurrentiels. Par conséquent, le rôle de l’apprentissage dans la
capacité des entreprises à développer de nouvelles connaissances a fait l’objet d’un large consensus entre les différents
répondants de notre échantillon. Par ailleurs, il y a une création
des connaissances à la fois en interne et en externe, selon les
répondants, parce qu’il y a un apprentissage en double boucle.
6.2. Synthèse des résultats relatifs
à la relation à l’apprentissage
organisationnel et l’intention
stratégique (IS)
Les résultats de notre analyse thématique montrent que le
responsable d’intelligence économique est souvent perçu (c’est
d’ailleurs sa fonction première) comme un pourvoyeur
d’informations nécessaires à l’éclairage de la décision, et non
comme l’acteur de cette prise de décision. En clair, il s’agit de
fournir aux décideurs les éléments d’information qui leur permettront de mieux connaître et appréhender leur environnement. « Le
responsable intelligence économique a une mission
d’anticipation stratégique » résume l’un des responsables intelligence économique de notre échantillon. Leur fonction stratégique
consiste à doter l’entreprise d’un réservoir informationnel nécessaire pour l’alimentation du processus de formation de l’intention
stratégique (IS). Les résultats issus de l’analyse propositionnelle
du discours confirment les résultats de l’analyse thématique, et
ils montrent que le processus d’intelligence économique
influence l’intention stratégique, puisque celle-ci est détectée en
position d’actée par rapport à l’intelligence économique. Ce
résultat est somme toute logique, puisqu’une entreprise qui ne
réadapte pas voire ne change pas son intention stratégique suite
à l’arrivée de nouvelles informations est condamnée à la disparition. De même, nous pouvons supposer, que l’intelligence écono-
juillet-octobre 2007
Dossier
Économie de la connaissance
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
Économie de la connaissance
86
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Stratégie
mique, en ce qu’elle modifie l’intention stratégique dans un sens
favorable à l’entreprise, est un moyen d’apprentissage en double
boucle.
L’analyse factorielle de correspondance met également en
évidence la réalité de relation entre l’intelligence économique et
l’intention stratégique. Cette dernière se positionne à proximité
des grandes entreprises et de la fonction d’intelligence économique. Un tel résultat reflète l’impact de la variable de contingence « la taille » sur le rôle assigné à l’intelligence économique.
Pour les grandes entreprises, l’intelligence économique est
perçue comme une composante active de la stratégie, tandis que
pour les PME, l’intelligence économique est assimilée à une
fonction de veille ou de surveillance. L’intelligence économique
transforme l’intention stratégique de l’entreprise, c’est ce qui
ressort de l’analyse thématique et de l’analyse propositionnelle
du discours. Cette transformation de l’intention stratégique de
l’entreprise renvoie à un apprentissage en boucle double,
puisqu’elle consiste à questionner les cadres de référence de
l’organisation pour proposer des nouvelles stratégies, qui
prennent en compte les nouvelles informations collectées, puis
traitées par la cellule d’intelligence économique. Les résultats de
l’analyse factorielle des correspondances expliquent que, dans
les grandes entreprises, l’apprentissage implique une intégration
de l’intelligence économique dans la stratégie de l’entreprise. En
revanche l’analyse des pratiques des PME montre que cette
relation n’est pas encore établie. Pour ce faire, cela exige des
dirigeants des PME de mieux comprendre cette fonction et de
pouvoir en apprécier, par la suite, l’utilité. À notre avis, il faut
comprendre la situation actuelle des PME comme un premier
stade de sophistication de la fonction d’intelligence économique
dans les PME.
6.3. Synthèse des résultats relatifs
à la relation à l’apprentissage
organisationnel et la représentation
L’intelligence économique accorde une grande importance à
l’action de l’entreprise sur l’environnement. Cette action se
traduit par des représentations sous forme d’images et de
croyances sur l’évolution de l’environnement. Selon les résultats
de l’analyse thématique, le processus d’intelligence économique
permet à l’entreprise de partager les représentations individuelles, afin d’élaborer une représentation globale sur
l’environnement interne et externe. Un responsable d’intelligence
économique résume cette nouvelle tâche de l’intelligence économique par la phrase suivante : « la mise en place du dispositif
d’intelligence économique a permis à notre entreprise de passer
à une position où les acteurs échangent leurs représentations
pour mieux éclairer la direction générale sur les données environnementales et leurs évolutions ». Et comme le montrent les résultats de l’analyse propositionnelle du discours, intelligence économique et représentation (REP) sont fortement liées. Précisément
Dossier
l’intelligence économique agit en position actant par rapport à la
REP, ce qui confirme l’impact de l’intelligence économique sur la
représentation que peuvent avoir les différents acteurs sur
l’environnement interne et externe. Les résultats de l’analyse
factorielle des correspondances montrent que cette nouvelle
fonction d’intelligence économique est partagée par les grandes
entreprises et les PME d’une part, et entre les responsables
d’intelligence économique et de gestion du savoir (knowledge
management) d’autre part. Ainsi, l’intelligence économique
trouve-t’elle sa place dans le nouveau paradigme stratégique
comme un mode de management, et un processus de renouvellement de représentation.
Les résultats de notre analyse thématique montrent que le rôle
joué par le changement des représentations dans l’émergence
d’un apprentissage en double boucle dans un processus
d’intelligence économique, a fait l’objet d’un large consensus. Il
ressort aussi de nos analyses que la nature dynamique des représentations, et le caractère cumulatif des apprentissages de
l’intelligence économique, vont de paire avec le développement
des connaissances nouvelles. L’idée selon laquelle les représentations ne sont pas stationnaires, dynamiques et se modifient au
cours du processus d’intelligence économique, conduit à conférer
un rôle non négligeable à celle-ci sur cette dynamique. Les résultats issus de notre analyse propositionnelle du discours
montrent, également, une relation très étroite entre REP et information. Par ailleurs, cela rejoint les résultats de l’analyse thématique sur le rôle que joue la diffusion de l’information, comme
élément responsable d’une prise de conscience par les acteurs
de l’organisation de l’évolution de leurs environnements interne
et externe.
Conclusion
Cette recherche permet d’avancer quatre types de résultats :
D’après les premiers résultats obtenus, l’intelligence économique
est un besoin croissant dans les entreprises, initié par le dirigeant
et fondé sur le développement du cycle de l’information. Nous
avons dressé une réalité du processus d’intelligence économique
dans les entreprises. Les résultats ont montré que plus nous
avançons vers l’aval du processus d’intelligence économique,
plus les entreprises mettent en place des procédures spécifiques.
Si 80 % déclarent que les outils sont importants, 20 % des entreprises considèrent que le processus d’intelligence économique
peut fonctionner sans outils, mais que ceux-ci créent de grandes
facilités. Nous trouvons toutes sortes d’outils permettant d’aider
aux repérages, aux formalisations, aux traitements et aux diffusions des informations. Les entreprises pratiquantes de
l’intelligence économique que nous avons contactées, soulignent
que ces outils sont issus de pratiques d’intelligence économique
assez conventionnelles, adaptées au contexte et à la culture de
leur entreprise ;
juillet-octobre 2007
Le second type de résultat concerne la nature des connaissances
créées. Nous distinguons, suite aux résultats de l’analyse, des
connaissances orientées en interne, et elles sont essentiellement
sous forme de développement de nouveaux métiers, et des
connaissances orientées externes sous forme de reconfiguration
profonde des systèmes concurrentiels, de développement de
nouveaux produits ou services, de pénétration de nouveaux
marchés…. Nos analyses ont également permis de faire
apparaître cinq facteurs-clés susceptibles d’influencer la création
de nouvelles connaissances : organisationnel, technologique,
humain, stratégique et cognitif ;
Le troisième type de résultat concerne la relation entre création
de connaissances et apprentissage. L’analyse a montré que seul
l’apprentissage en double boucle qui permet de générer des
connaissances. Cet apprentissage a concerné un changement
radical à travers : un changement des process interne, des outils
et des méthodes de travail, de style de management, de structure
et de culture ;
Le quatrième type de résultat concerne les sources de
l’apprentissage en double boucle dans un processus
d’intelligence économique. Le changement de l’intention stratégique de l’entreprise et le changement des représentations dans
un processus d’intelligence économique, selon les résultats de
notre analyse, sont les deux sources incontournables de cet
apprentissage.
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REP : Représentation, Representation, Representacion
IS : Intention stratégique, Strategic intent, Intencion Estratégica
juillet-octobre 2007
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