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arthrite, ostéomyélite, abcès hépatique, splénique, rénal,
cérébral [7,21,35]. Les endocardites sont beaucoup plus fré-
quemment symptomatiques que les autres types d’infection,
puisque la fièvre est présente dans 84 à 93 % des cas [21].
Leur présentation sous forme de choc septique est rare
(deux sur 52 endocardites dans la série de Klug [21]). Si
elles peuvent être associées à une infection de la loge du
boîtier, c’est plus rarement le cas pour des infections tar-
dives. Les végétations peuvent se développer sur les sondes
(le plus fréquent), la valve tricuspide, l’oreillette droite
ou l’endocarde ventriculaire voire sur la valve pulmonaire.
Les endocardites du cœur droit ne sont pas associées à des
emboles périphériques et aux autres phénomènes vascu-
laires périphériques. En revanche, des emboles septiques
pulmonaires peuvent survenir, initialement ou lors du retrait
du matériel. Des atteintes pulmonaires telles que pleuré-
sie, pneumonie ou abcès pulmonaire ont été rapportées
chez 32—43 % des patients avec endocardite sur pacemaker
[21,28]. Une atteinte associée des valves du cœur gauche a
été rapportée dans 13 à 18 % des cas [17,36].
Diagnostic
Le diagnostic clinique ne pose en général aucun problème en
cas d’abcès, de signes inflammatoires ou d’érosion situés au
niveau du boîtier ou du segment sous-cutané des sondes. Il
peut être beaucoup plus difficile en l’absence de ces signes
locaux, lorsqu’il s’agit d’une infection d’autre origine locali-
sée à la partie endovasculaire ou intracardiaque des sondes.
Le diagnostic microbiologique repose sur des prélève-
ments issus du matériel avant retrait, sur les hémocultures
répétées et surtout sur les prélèvements peropératoires
lors du retrait des différentes parties du matériel (boîtier,
segments proximal et distal des sondes). L’analyse doit
comporter un examen direct, particulièrement important
en cas de végétation.
L’échocardiographie est l’examen clé permettant la
visualisation des végétations. Différents aspects morpho-
logiques typiques ont été décrits : ruban flottant, lésion
volumineuse arrondie plus ou moins pédiculée, végétation
multilobée, ou moins typiques (manchons autour d’une
sonde) [21,37]. La sensibilité de l’ETO est régulièrement
supérieure à 90 % dans le diagnostic d’endocardite sur PM/DI
[13,29,21,22,37] alors que la spécificité de l’échographie
transthoracique est inférieure à 30 %. La spécificité et la
valeur prédictive positive de l’ETO ont été évaluées à 100 %
[37]. Cependant, certains types de néostructures appendues
sur les sondes ne sont pas des végétations infectieuses [38].
Plus rarement, seule l’échographie intracardiaque permet
le diagnostic de végétation [39].
Les examens scintigraphiques ont été plus rarement
utilisés dans le diagnostic des infections de PM. Leur valeur
diagnostique est considérée comme moins bonne que l’ETO.
Microbiologie
Un staphylocoque, le plus souvent à coagulase négative, est
impliqué dans plus de 50 à 90 % des cas (Tableau 1). Sta-
phylococcus aureus est plus fréquent dans les infections
précoces [22] et les staphylocoques à coagulase néga-
tive sont plus fréquents dans les infections tardives [27].
Le micro-organisme n’est pas identifié dans0à36%des
cas selon l’administration préalable d’antibiotiques et le
nombre total de prélèvements microbiologiques réalisés.
Dans les séries rapportant exclusivement des endocardites,
la proportion de germes non identifiés est comprise entre
0 et 12 %. Occasionnellement, les infections sur PM/DI
peuvent être dues à d’autres Gram + (streptocoques, entéro-
coque, Abiotrophia) ou des bacilles à Gram, notamment des
entérobactéries ou Pseudomonas aeruginosa. Plus excep-
tionnellement, de nombreuses autres espèces de bacilles
à Gram négatif peuvent être impliquées, des bactéries du
groupe HACEK, diverses mycobactéries, mais aussi, Candida,
Aspergillus et Scedosporium [40—42]. Coxiella et Bartonella
n’ont jusqu’à présent pas été rapportées dans les infections
de PM/DI. Les infections polymicrobiennes représentent
5 à 25 % des cas [1,6,22,43]. Des discordances entre les
différents prélèvements microbiologiques (hémocultures,
boîtiers, sondes) ne sont pas exceptionnelles [19,43]. Étant
donné la grande fréquence des staphylocoques à coagulase
négative isolés de la culture des différentes parties du maté-
riel, la distinction entre contamination et colonisation est
parfois impossible.
Traitement
Extraction du matériel
Il n’y a jamais eu d’essai randomisé comparant l’extraction
complète à un traitement conservateur. Bon nombre
d’articles comparent les résultats de ces deux options sur
une série rétrospective de patients dans un seul centre. Il
existe une concordance d’opinion sur la nécessité de reti-
rer la totalité du matériel implanté, que ce soit pour une
infection locale ou systémique [6,14,29,21,22,27,37,44].
Certains auteurs ont préconisé un retrait partiel du boî-
tier ±du segment proximal de la sonde en cas d’infection
localisée, rapportant un seul échec sur 18 [45]. Dans une
revue de la littérature, la mortalité des patients avec endo-
cardite était comprise entre 31 et 66 % lorsqu’ils étaient
traités par antibiotiques seuls [28]. Lorsque le retrait sys-
tématique était réalisé, la mortalité variait entre 9 et 27 %
(Tableau 1).
Les différentes techniques d’extraction des sondes ont
déjà fait l’objet de revue [46]. Le retrait externe de
la sonde par technique de dilatation est encore lar-
gement utilisé. Cependant, l’encapsulation par un tissu
fibreux de sondes chroniquement implantées peut empê-
cher le retrait du site d’implantation endovasculaire.
Plus récemment, des gaines de dissection électrochirur-
gicales utilisant la radiofréquence ou le laser ont permis
des taux de succès supérieurs à 90 %. Récemment, un
essai randomisé évaluant cette dernière technique ver-
sus l’extraction transveineuse standard par contretraction
a montré une supériorité (extraction complète dans 93 %
des cas versus 73 %) [47]. Bien que l’extraction des sondes
sur lesquelles sont fixées des végétations puisse donner
lieu à des embolies, celles-ci sont le plus souvent sans
conséquence clinique grave. De nombreuses études ont
maintenant rapporté l’expérience du retrait externe de
sondes avec végétation volumineuse sans complications
[37,48—50]. En cas d’échec, le retrait chirurgical peut