La Lettre du Cardiologue - n° 368 - octobre 2003
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MISE AU POINT
Les facteurs favorisants reconnus d’infection après pose de PM
sont la durée de l’implantation, le nombre de procédures (+++),
l’expérience de l’opérateur et l’abandon de sonde(s) d’entraîne-
ment dans les cavités droites (5).
D’autres facteurs de risque sont parfois retrouvés : l’immunodé-
pression (néoplasie, corticothérapie au long cours...) ; une der-
matose préexistante (notamment l’acné) ; le caractère urgent de
la mise en place du PM ; l’utilisation d’électrodes de stimulation
temporaire ; la fièvre supérieure à 37,5 °C au moment de l’im-
plantation ; un hématome ou une inflammation autour du boîtier
sont retrouvés dans environ 60 % des cas.
DIAGNOSTIC
Le diagnostic clinique peut s’avérer délicat car les signes cli-
niques sont très peu spécifiques. Les infections secondaires à
l’implantation de pacemaker touchent le plus souvent l’homme
(sex-ratio à 1,69) et les personnes de plus de 60 ans dans 75 %
des cas.
Signes cliniques et biologiques
Les signes locaux sont parfois au premier plan : infection au
niveau de la loge du PM, abcès, extériorisation du boîtier. Les
signes généraux peuvent se résumer à une fièvre (présente dans
85 % des cas), qui peut être intermittente et peu élevée, parfois
associée à une altération de l’état général. L’infection peut enfin
se révéler par des complications cardiaques (endocardite, insuf-
fisance tricuspide retrouvée dans 11 % des cas, rétrécissement
tricuspidien, HTAP...) ou emboliques (embolie pulmonaire sep-
tique, thrombophlébite septique, méningites, arthrites, spondy-
lodiscite, endophtalmie...). Il est important de signaler que le délai
entre le diagnostic et le début des signes est très variable : infé-
rieur ou égal à 2 mois dans 35 % des cas, de 2 à 12 mois dans
53 % des cas, supérieur à 12 mois dans 12 % des cas (5).
Au niveau biologique, la protéine C réactive est très souvent
élevée (dans 96,2 % des cas dans une série de 52 patients)
(6), l’hyperleucocytose étant, quant à elle, beaucoup plus
inconstante.
Le diagnostic est posé sur l’association d’images échographiques
évocatrices et sur la positivité des prélèvements bactériologiques
(hémocultures le plus souvent, voire culture de sonde post-extrac-
tion).
Germe
Le germe le plus fréquemment en cause est le staphylocoque,
retrouvé dans 90 % des cas, résultant d’une contamination locale
lors de l’implantation. Le staphylocoque doré (Staphylococcus
aureus), identifié dans près d’un tiers des cas, est plutôt impliqué
dans les endocardites aiguës et précoces (inférieures à 3 mois),
tandis que le staphylocoque non doré (Staphylococcus epidermi-
dis), identifié dans près de 40 % des cas, est fréquemment retrouvé
dans les endocardites tardives (plus de 3 mois) (tableau I).
Les autres germes retrouvés sont les autres types de staphylo-
coques (5 % des cas), les streptocoques non groupables, les
bacilles à Gram négatif, le Pseudomonas aeruginosa, les Can-
dida. Les hémocultures sont négatives dans 5 % des cas.
Échocardiographie
L’échographie cardiaque transthoracique est de trop faible sen-
sibilité (environ 30 %) pour que sa négativité puisse exclure le
diagnostic (figure 1) (7).
Le maître examen est l’échographie transœsophagienne, qui pré-
sente une sensibilité de 96 %. Elle retrouve le plus souvent des
végétations sessiles ou pédiculées sur la sonde et/ou sur la valve
tricuspide (figures 2a et 2b). Dans certaines études, on retrouve
jusqu’à 15 % des végétations vues en ETO qui se situent sur la
valve tricuspide (3). Le diamètre des végétations (> 10 mm) est
un point important pour la discussion du traitement adéquat et
le pronostic. Des microfilaments peuvent être également obser-
vés, mais ce ne sont pas des arguments diagnostiques décisifs,
car ils peuvent être présents en dehors de tout processus infec-
tieux.
Figure 1. Échographie transthoracique – Incidence apicale quatre cavi-
tés : l’examen des cavités droites est imprécis ; les sondes de stimulation
cardiaque intra-OD et VD ne sont pas visibles ; les cavités droites sont
dilatées.
Tableau I. Principales caractéristiques des endocardites bactériennes
sur sonde de stimulation cardiaque.
Endocardite précoce Endocardite tardive
Fréquence 1/3 des cas 2/3 des cas
Germe Staphylococcus aureus Staphylococcus epidermidis
42 % 48,5 %
Végétations en ETO 91 % 95 %