de 47 ans (22–76 ans). La notion d’antécédents
familiaux de thyréopathie était retrouvée dans 50 %
des cas. La duréed’évolution moyenne du goitre
était de 8 ans. Aucun des malades ne présentait de
dysphonie ni de trouble métabolique phosphocalci-
que préopératoire. Un bilan morphologique ultra-
sonographique a étésystématiquement réalisé. Une
cytoponction a étéindiquée chez 15 patients
(23,4 %). Le bilan préopératoire montrait un goitre
nodulaire bilatéral dans 78,1 % des cas. L’explora-
tion peropératoire a affirméle caractère bilatéral du
goitre dans 100 % des cas de la série. L’existence de
signes compressifs locaux a motivél’intervention
dans 49 cas (76,6 %). Onze de ces patients présen-
taient un goitre plongeant (17,2 %). L’indication
opératoire a étéportée dans 13 cas (20,3 %) pour
suspicion de néoplasme associéau goitre. Enfin,
deux interventions (3,1 %) ont concernédes patients
cancérophobes très demandeurs d’une exérèse totale.
Le nombre moyen de parathyroïdes retrouvées lors
d’une intervention était de 2,8. Quatre parathyroïdes
étaient retrouvées dans 34,3 % des cas (22 interven-
tions), trois parathyroïdes dans 26,6 % (17 interven-
tions), deux parathyroïdes dans 29,7 % (19 interven-
tions), un parathyroïde dans 4,7 % (3 interventions),
et aucune dans 4,7 % (3 interventions). L’auto-
transplantation d’une parathyroïde a étéréalisée lors
de quatre interventions (6,3 %). Les compte rendus
d’examen anatomopathologique font état de quatre
parathyroïdes intracapsulaires réséquées lors de qua-
tre interventions différentes (6,3 %). Les deux nerfs
récurrents ont toujours étéidentifiés. Une section
récurrentielle gauche a étéidentifiée lors d’une
intervention pour un goitre plongeant jusqu’à la
crosse aortique. La morbiditérécurrentielle a
concernédeux patients, sous forme d’une atteinte
unilatérale provisoire (1,6 %) et d’une atteinte uni-
latérale définitive (1,6 %) correspondant àla section
nerveuse identifiée en peropératoire. Deux atteintes
provisoires (3,2 %) et une atteinte définitive (1,6 %)
de la branche externe du nerf laryngésupérieur ont
étésuspectées cliniquement. Huit patients (12,5 %)
ont présentéune hypoparathyroïdie transitoire. Un
traitement calcique d’une posologie moyenne de
2,89 grammes et d’une durée moyenne de sept
semaines était alors prescrit. Une patiente (1,6 %)
présente une hypoparathyroïdie définitive nécessi-
tant un traitement vitaminocalcique depuis plus de 2
ans. Nous n’avons pas constatéde corrélation
évidente entre la survenue d’une hypocalcémie et le
nombre de parathyroïdes reconnues pendant l’inter-
vention. Une hypoparathyroïdie a étéobservée dans
chacun des groupes «0»et «une parathyroïde
repérée»(33 %, mais groupes àfaibles effectifs),
deux hypoparathyroïdies dans le groupe «deux
parathyroïdes repérées »(10,5 %), trois hypopara-
thyroïdies dont une définitive dans le groupe «trois
parathyroïdes repérées »(17,7 %), et deux hypopa-
rathyroïdies dans le groupe «quatre parathyroïdes
repérées »(9,1 %). Les complications non spécifi-
ques comprenaient un hématome compressif (1,6 %)
et un abcès de la loge thyroïdienne (1,6 %). Une
réintervention était nécessaire dans ces deux cas. La
mortalitéétait nulle. L’examen anatomopathologi-
que permettait la découverte d’un foyer de micro-
carcinome papillaire dans 7 cas (10,9 %).
DISCUSSION
Dès 1976, Perzik constatait une morbiditééquiva-
lente après TT ou TST pour goitre multi-nodulaire
euthyroïdien bénin [1].Après TT, des séries récentes
retrouvent un taux d’hypoparathyroïdie définitive
compris entre 0 et 2,6 %, et un taux de paralysie
récurrentielle définitive compris entre 0 et 1,6 %
(Tableau 1) [1,2,4-6]. Après TST, le risque parathy-
roïdien définitif est évaluéentre 0,15 et 5,4 %. Le
risque récurrentiel définitif est compris entre 0 et
1,4 % (Tableau 2) [1,4,9-11]. La morbiditéaprèsTT
pour goitre multinodulaire euthyroïdien bénin dans
notre étude est comparable aux données fournies par
la littérature aprèsTTouTST.
Une hypocalcémie survient après intervention
pour goitre euthyroïdien lorsque les parathyroïdes
ont étédévascularisées, traumatisées ou réséquées
[7,12].L’hypothèse d’une augmentation de la calci-
toninémie liée aux manipulations de la thyroïde lors
du geste a étéévoquée, mais aussi réfutée[8].Ilest
essentiel d’identifier et de respecter la vascularisa-
tion parathyroïdienne, assurée dans environ 80 %
des cas par l’artère thyroïdienne inférieure [13].
Dans 20 % des cas environ, la vascularisation para-
thyroïdienne supérieure s’établit au dépend de
l’artère thyroïdienne supérieure, en particulier de sa
branche de division postérieure [13]. Ceci impose
théoriquement de ne pas lier cette branche avant
d’avoir identifié la vascularisation parathyroïdienne
supérieure [9]. Cette identification nécessite une
Thyroïdectomie totale pour goitre euthyroïdien 451
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