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Evolution des mouvements poétiques
français
Préambule
L’importance de cette chronologie autour des mouvements poétiques
vient du fait qu’elle vous permettra de bien situer et contextualiser chaque
texte poétique. Elle vous facilitera la reconnaissance des caractéristiques et
des traits dominants dans chaque production poétique. Lisez-la attentivement
pour pouvoir en faire une exploitation optimale lors de l’approche des textes
poétiques envoyés.
LA POESIE DU MOYEN AGE
La poésie nait en langue d’oc dans le Limousin avec les troubadours qui
définissent les premières règles de composition. Comme celle de l’Antiquité, la
poésie médiévale naissante est toujours chantée. Semblable au poète grec
(l’aède), le troubadour est un auteur compositeur. Plus de deux mille chansons
de trouvères nous sont parvenues. Des chansons chantent le destin des femmes
délaissées qui pleurent le départ de leur ami en tissant la toile.
Au Moyen Age le lyrisme apparait dans la poésie occidentale. A la fin
du XIIIème siècle tandis que la poésie courtoise se pratique dans les cercles
aristocratiques un genre plus personnel se développe, le « dit ». L’auteur est très
présent dans le texte et ses poèmes reflètent son expérience personnelle. Les
poètes continuent d’adopter les formes traditionnelles évoquant des genres
musicaux (la ballade, le rondeau, le lai) mais les textes ne sont plus chantés. La
musique se cherche désormais dans les sons et le rythme des mots.
LA PLEIADE
Outre leur « chef » Pierre de Ronsard, la Pléiade regroupe les poètes
Joachim du Bellay, Jacques Peletier du Mans, Rémy Belleau, Antoine de Baïf,
Pontus de Thyard et Etienne Jodelle. En 1549, le groupe décide de confier à du
Bellay la rédaction du texte manifeste issu des études et des réflexions du
groupe : c'est La Défense et Illustration de la Langue Française (dans
l'orthographe originale). Du Bellay condamne les genres du Moyen
Age, des formes encore en vogue au cours du XVIème : rondeaux, ballades,
chansons... Il valorise au contraire des formes et des auteurs anciens (Ovide,
Horace) : ce qu'il nomme les petits genres (les épigrammes, les élégies, la
satire, mais aussi les grands genres (les odes, l’épopée). Ronsard comme du
Bellay mettront à l'honneur le sonnet que l'italien Pétrarque rend célèbre dans
ses Canzoniere.
La Pléiade veut:
- Défendre la langue française contre ses détracteurs
- Illustrer la langue française, ce qui signifie ici lui donner une grande
littérature, par l’imitation des Anciens, comme l'ont fait chez eux les Italiens.
Les thèmes poétiques développées sont la fuite du temps, le sentiment
amoureux et les auteurs principaux sont Pierre de Ronsard avec Les Amours
(Les Amours de Cassandre, 1552 ; Les Amours de Marie, 1555 ; Sonnets pour
Hélène, 1578) et Joachim du Bellay avec Les Regrets ( recueil de poèmes écrit
pendant le voyage de Du Bellay à Rome de 1553 à 1557 et publié en 1558).
Face aux guerres de religion (qui ont lieu à la fin du XVIème siècle), les
poètes défendent les Catholiques (c’est le cas de Ronsard) ou les Protestants
(Agrippa d’Aubigné avec son recueil Les Tragiques).
III. LE BAROQUE
A l'origine, le mot "baroque" (du portugais barocco) désigne des perles
irrégulières.
Le mouvement baroque apparait en France dans une période de profonde
instabilité politique et religieuse. Les grandes découvertes scientifiques et les
conflits opposant catholiques et protestants provoquent des doutes et des
interrogations. Il s’agit donc d’un mouvement culturel européen qui touche tous
les arts.
Ces écrivains sont très divers, tous accueillent l'idée d'un monde instable
et changeant : le monde est en perpétuel mouvement. Les sentiments humains,
en particulier l’amour, sont changeants et passagers. L’homme est souvent
trompé par ses sens et par les apparences. Le rêve et la réalité se confondent.
Dans un univers en proie au changement perpétuel, Dieu est la seule constante et
la mort notre unique certitude. Les auteurs baroques développent ainsi une
véritable réflexion sur la mort et ses représentations.
Dans le domaine poétique, une telle expérience relève en partie de
l'immense travail effectué par les écrivains de la Pléiade : travail
d'enrichissement du langage.
Les baroques (D'Aubigné, Du Bartas) portent les recettes de la Pléiade à
un degré imprévu d'intensité, en renversant la perspective : lorsque d'Aubigné,
dans Les Tragiques, se déclare en quête d'un "autre style", il multiplie les figures
(répétitions, antithèses, métaphores, oxymores). Les auteurs baroques
privilégient la liberté sur le plan formel. Ils peuvent mélanger les registres. En
cela ils s’opposent au classicisme.
LE ROMANTISME
Le romantisme est un mouvement culturel européen né à la fin du
XVIIIème siècle en Allemagne et en Angleterre. Il se développe en France dans
la première moitié du XIXème siècle.
Cette période de grande instabilité politique, d’évolution économique et
sociale suscite l’inquiétude, le malaise et la déception des artistes face un monde
dans lequel ils ne trouvent pas leur place. Cela prendra le nom de « mal du
siècle ».
Grand, petit, illustre ou obscur, le poète romantique se reconnait d'abord à
ce qu'il dit « je » et qu'il revendique cet usage de la première personne comme le
signe de sa spécificité littéraire. "La poésie, écrit Lamartine, sera intime
surtout..., l'écho profond, réel, sincère des plus mystérieuses impressions de
l'âme. Ce sera l'homme lui-même et non plus son image, l'homme sincère et tout
entier.". La poésie romantique s'ouvre ainsi aux rêves, aux angoisses et aux
fantasmes qui n’existaient jusque-là que dans les marges ou les silences de la
poésie classique. Mais le poète s'autorise aussi l'inspiration militante, voire
révoltée ou révolutionnaire. Hugo bien sûr, mais également Lamartine et Vigny,
en s'engageant, du côté du "peuple" souffrant et opprimé, témoignent d'une
conscience nouvelle de la fonction et des pouvoirs de la poésie.
Le romantisme s’oppose à la tradition classique du XVIIème siècle fondée
sur la raison et la mesure. Il privilégie l’originalité, la liberté du poète. Les
contraintes formelles sont rejetées. Ainsi Hugo rejette l’emploi de l’alexandrin
traditionnel en brisant sa régularité par différents moyens ; dislocation du
rythme, usage du rejet et du contre rejet.
Les œuvres poétiques privilégient donc l’expression des sentiments. Elles
expriment la souffrance, la mélancolie, l’incertitude, le vague des passions,
l’angoisse devant la fuite du temps. Face à un monde hostile la nature est
souvent représentée comme un refuge ou un abri protecteur.
Ses représentants poétiques les plus célèbres sont Hugo (Les
Contemplations, 1856 ; Les Châtiments, recueil publié en 1853), Lamartine
(Méditations poétiques, 1820), Vigny et Musset.
LE PARNASSE
A l'origine, le Parnasse désigne une montagne de Grèce autrefois
consacrée aux Muses. Mais il désigne au 19ème siècle un groupe de poètes qui
s'opposent aux principes du romantisme et qui préparent le renouveau de la
poésie selon le principe de l'art pour l'art ou « il n'y a de vraiment beau que ce
qui ne sert à rien » (Théophile Gautier). La doctrine du parnasse est le refus du
lyrisme, le refus de l'épanchement de soi ; elle prône le retour sur un passé
mythique (poésies sur les mythes, les civilisations exotiques, disparues et
lointaines) et privilégie le culte de la forme et du beau pour atteindre la
perfection.
Sur le plan formel l’écriture poétique privilégie l'esthétique, la forme
contraignante (comme le sonnet et le rondeau), la précision du mot, les jeux de
sonorité, les images, une langue riche et recherchée. Les auteurs principaux en
sont Théophile Gautier (Émaux et camées (1852)), Leconte de Lisle (Poèmes
antiques (1852), Poèmes barbares (1862) et Poèmes tragiques (1884)) , J-M de
Hérédia ( Les Trophées (1893)) et Théodore de Banville.
LE SYMBOLISME
C’est un mouvement poétique (mais aussi mouvement pictural, musical et
théâtral) qui s’épanouit dans la seconde moitié du XIXème siècle. Inspirés par
Baudelaire les principaux représentants en furent Paul Verlaine, Arthur Rimbaud
et Stéphane Mallarmé. Ce dernier cultive l'art du langage pour aller vers
l'hermétisme ; Paul Verlaine cultive l'art de la suggestion, de l'impression, de
même que Arthur Rimbaud (pour certains poèmes comme « Le Bateau Ivre »,
Les « Illuminations »...),
Surtout en poésie, le symbolisme considère le monde comme une «
représentation ». Le monde devient un mystère qu'il faut déchiffrer et le poète
est une sorte de mage. Pour révéler cette idée du monde, l’artiste dispose du
symbole, être ou objet représentant une idée ou une notion à laquelle il est lié
par un rapport de ressemblance. La métaphore, l’allégorie et la métonymie sont
les figures privilégiées du symbolisme. La poésie cherche à suggérer plutôt qu’à
représenter. Elle procède par allusions. Les sons, les couleurs, les parfums,
la musicalité de la langue évoquent et créent des visions comme dans «
Correspondances » de Baudelaire. La poésie symboliste privilégie la musicalité
qui suggère des sens flous et favorise l’imagination. Le travail sur les sonorités (
rimes, assonances, allitérations) et le rythme ( choix du mètre, coupes,
enjambements, rejets) est particulièrement soigné. Le poète utilise volontiers le
vers libre et le poème en prose. Il varie dans le choix des formes choisissant
tantôt des formes et des vers traditionnels tantôt des vers de plus de 12 syllabes
ou des vers impairs.
LE SURREALISME
Le mot "surréalisme" fait aujourd'hui partie du langage courant. Il illustre
Ce qui n'est pas ordinaire, ce qui échappe à toute réalité, ou ce qui dépasse
l'entendement.
L'invention du mot surréalisme revient à Guillaume Apollinaire (18801918), poète attentif aux avant-gardes artistiques. Le surréalisme plonge
cependant ses racines dans un événement très historique : le cataclysme
géographique et humain que fut la Première Guerre mondiale, qui sacrifia une
génération, laissant des plaies morales, physiques, économiques et
géographiques. Ce mouvement prône une rupture radicale avec le conformisme
esthétique et politique de l'époque. Il se place dans la lignée du Dadaïsme qui
voulait lui-même détruire toutes les formes d’ordre (politique, religieux, moral,
esthétique). Les surréalistes s'ouvrent à l'univers de l'inconscient avec la
découverte de la psychanalyse, ils élaborent un nouveau langage qui exprime la
puissance du rêve et intègrent les démarches de peintres et plasticiens
Les poètes du surréalisme utilisent tous les procédés libérant les
contraintes (écriture automatique, jeux d'association, jeux verbaux, collages
aléatoires, cadavres exquis) ; ils privilégient l'image surprenante,
le rapprochement de réalités éloignées, la métaphore inattendue (« Beau
comme la rencontre fortuite d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une
table de dissection » Lautréamont). Les auteurs principaux en sont Breton et
Soupault (Les champs magnétiques 1919), Robert Desnos (Corps et Biens),
Paul Eluard (Capitale de la douleur, 1926).
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