Cours Chapitre 14

Telechargé par Cheimaa Aissat
Cours de mathématiques
ECE 1ère année
Chapitre 14
Compléments de probabilités
Ce chapitre complète et généralise les résultats établis au Chapitre 11 dans le cas des uni-
vers finis. Les principales notions sont reprises dans ce nouveau cadre. Certaines changent
peu, d’autres au contraire nécéssitent de prendre des précautions supplémentaire. Ainsi,
les sommes qui intervenaient dans le Chapitre 11 sont remplacées par des séries dont il
faut d’abord s’assurer de la convergence.
Adrien Fontaine
Année scolaire 2017–2018
Cours de mathématiques ECE1
1. Espaces probabilisables : cas général
1.1. Quelques exemples
Dans le chapitre 11, on s’est intéressé à la modélisation d’expériences aléatoires dont
l’ensemble des issues possibles (l’univers ) est fini. Cependant, il existe une multitude
de situations ou l’univers est infini :
Exemple :
1. On jette une pièce et on note le premier rang pour lequel le résultat est « Pile ».
Alors, Ω = N.
2. On jette un dé à six faces une infinité de fois et on note la suite des résultats
obtenus. Alors, Ω = J1; 6KN(l’ensemble des suites d’éléments de J1; 6K).
3. On note le temps d’attente d’un bus, qui est un nombre aléatoire dans R+.
1.2. Ensemble dénombrable
Définition 1 : Ensemble dénombrable
Un ensemble Eest dit dénombrable s’il existe une bijection de Nsur E.
Exemple :
1. N,N,Z,Z×Z,Qsont dénombrables.
2. Rn’est pas dénombrable.
3. J1; 6KNn’est pas dénombrable.
Dans la suite, on va vouloir calculer la probabilité de certaines parties de l’univers .
Malheureusement, sauf lorsque sera fini ou dénombrable, on ne pourra pas s’intéresser
à l’ensemble P(Ω) de toutes les parties de car celui-ci est beaucoup "trop gros". On
se restreindra donc à un sous-ensemble Tde P(Ω) qui constituera l’ensemble des parties
dont on peut calculer la probabilité. Afin d’obtenir un modèle aussi cohérent que possible,
il faut imposer certaines conditions de stabilité à T: par union, intersection, passage au
complémentaire, etc. C’est pourquoi on introduit la notion de tribu.
1.3. Tribu et espace probabilisable
Définition 2 :
Soit un ensemble. On appelle tribu (ou parfois σ-algèbre de tout sous-ensemble Tde
P(Ω) vérifiant :
∈ T ;
• T est stable par passage au complémentaire : si A T , alors A∈ T ;
• T est stable par union dénombrable : si (An)nNest une suite d’éléments de T, alors
[
nN
An∈ T .
Le couple (Ω,T)est alors appelé espace probabilisable, et les éléments de Tsont appelés
les évènements.
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Cours de mathématiques ECE1
Exemple :
1. P(Ω) est une tribu de . On l’appelle tribu discrète de . C’est celle que l’on
utilisait (sans utiliser le terme de tribu) dans le cas d’un univers fini.
2. Si A, alors T={∅, A, A, }est une tribu de , appelée tribu engendrée
par A.
Remarque :
Les éléments d’une tribu Tsont des ensembles.
En pratique, c’est l’énoncé qui précisera la tribu Tà considérer.
Proposition 1 :
Soit Tune tribu de . Alors :
∅ ∈ T ;
Si A∈ T et B T , alors AB,ABet A\Bsont aussi des éléments de T;
• T est stable par intersection dénombrable : si (An)nNest une suite d’éléments de T,
alors \
nN
An T .
Remarque : On rappelle que :
\
nN
An=[
nN
Anet [
nN
An=\
nN
An.
Définition 3 : Système complet d’évènements
Soit (Ω,T)un espace probabilisable et Iune partie (finie ou non) de N. Une famille (Ai)iI
d’évènements est un système complet d’évènements si :
Les évènements sont deux à deux incompatibles : pour tout (i;j)I2avec i6=j,
AiAj=.
Leur réunion est :[
iI
Ai= Ω.
Remarque : Un système complet d’évènements peut comporter une infinité d’évènements !
Exemple : On lance un dé jusqu’à obtenir un premier 6. On note A0l’évènement « ne
jamais obtenir un 6 » et Anl’évènement « on obtient le premier 6 au n-ième lancer ». La
famille d’évènements (An)nNforme un système complet d’évènements.
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2. Espaces probabilisés : cas général
2.1. Définitions
Définition 4 : Espace probabilisé
Soit (Ω,T)un espace probabilisable. On appelle probabilité sur l’espace probabilisable (Ω,T)
toute application Pde Tdans [0; 1] vérifiant :
P(Ω) = 1
Si (An)nNest une suite d’évènements deux à deux incompatibles, alors :
P [
nN
An!=
+
X
n=0
P(An).
Le triplet (Ω,T,P)est alors appelé espace probabilisé, et pour tout A T ,P(A)est la
probabilité de l’évènement A.
Remarque :
La série X
n>0
P(An)est bien convergente.
Toutes les formules du chapitre 11 restent vraies, car la définition précédente gé-
néralise celle donnée dans ce chapitre :
1. P(A) = 1 P(A).
2. P() = 0 .
3. Si AB, alors P(A)6P(B).
4. P(A) = P(AB) + P(AB).
5. P(AB) = P(A) + P(B)P(AB).
Exercice résolu 1 :
On considère l’espace probabilisable (N,P(N)). Montrer que l’on définit une probabi-
lité sur cet espace en posant :
nN,P({n}) = 1
2n.
On considère A={2k;kN}et B={2k+ 1 ; kN}. Calculer P(A)et P(B).
Solution : La série X
n>1
P({n}) = X
n>1
1
2nest la série géométrique de raison 1
2]1; 1[
donc elle converge et
+
X
k=1
1
2k=1
2×1
11
2
= 1 .
Ainsi définie, Pdéfinit donc bien une probabilité. Par ailleurs,
P(A) =
+
X
k=1
1
22k=
+
X
k=1
1
4k.
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Suite de la solution :
On reconnaît la série géométrique de raison 1
4. Ainsi,
P(A) = 1
4×1
11
4
=1
3.
Par ailleurs, il est clair que N=AB, et que Aet Bsont incompatibles. Dès lors :
P(B) = 1 P(A) = 1 1
3=2
3.
Définition 5 :
Soit (Ω,T,P)un espace probabilisé.
Si Aest un évènement de probabilité nulle (P(A) = 0), alors on dit que Aest négli-
geable.
Si Aest un évènement de probabilité égale à 1 (P(A) = 1), alors on dit que Aest
presque sûr.
Soit Pune propriété et A={ωΩ ; ωvérifie la propriété P}.
Si P(A) = 1, on dit que la propriété Pest vraie presque sûrement.
Remarque : Dans le cas fini, les notions d’évènements impossibles et d’évènements négli-
geables se confondent. De même pour les notions d’évènements certains et presque sûrs.
Mais, dans le cas d’un univers infini, ce n’est plus le cas.
Exemple : On jette indéfiniment un dé à 6 faces et on note la suite des résultats obtenus.
On note Cl’évènement « Au moins un des résultats est un 1 » et Dl’évènement « Aucun
lancer ne donne un 1 ». Que dire, intuitivement, des évènements Cet D?
Le théorème suivant (de la limite monotone) permet de démontrer rigoureusement ce
résultat.
2.2. Théorème de la limite monotone
Soit (Ω,T,P)un espace probabilisé.
Définition 6 :
Soit (Bn)une famille d’évènements de T.
La famille (Bn)nNest croissante lorsque :
nN, BnBn+1 .
La famille (Bn)nNest décroissante lorsque :
nN, BnBn+1 .
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