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S. Agaajani et coll.
5 février 2003 et est suivie pour ses plaies cuta-
nées ainsi que pour sa dialyse. Les lésions cuta-
nées sont parfaitement contrôlées et une
réépidermisation complète des ulcères est ainsi
obtenue.
DISCUSSION
Nous assistons donc chez cette patiente en insuf-
fisance rénale terminale, à une hyperparathyroïdie
secondaire résistant aux traitements médicamenteux.
La douleur des membres inférieurs, à mettre en rap-
port avec une médiacalcinose radiographique ainsi
que cette nécrose cutanée ischémique en l’absence
de signes de vasculite et d’artérite, permettent de
poser le diagnostic de calciphylaxie.
D
ÉFINITION
-
ÉPIDÉMIOLOGIE
La calciphylaxie est une maladie rare et systé-
mique touchant entre 1 % et 4 % de la population
des dialysés. Il s’agit d’une médiacalcinose
artériolaire étendue responsable de phénomènes
d’ischémie et de nécroses cutanées particulière-
ment douloureuses. Le pronostic vital est sombre
(58 % de mortalité) vu le risque élevé d’infection
systémique liée aux lésions cutanées. Les facteurs
de risque de la calciphylaxie sont : le sexe féminin
(59 %), le stade avancé d’insuffisance rénale (1), le
diabète insulino-dépendant, l’obésité (2) ainsi que
certaines perturbations biologiques secondaires
à l’insuffisance rénale terminale telles que
l’hypercalcémie, l’hyperphosphorémie, l’hyper-
parathyoïdie, et l’hypervitaminose D (3).
PHYSIOPATHOLOGIE
L’étiologie de la calciphylaxie reste incertaine.
Cependant, l’hyperparathyroïdie, les suppléments
de vitamine D, ainsi que l’hyperphosphorémie
jouent un rôle important dans la physiopatholo-
gie de cette maladie (4-6).
L’hyperparathyroïdie est un des facteurs essen-
tiels : l’excès de PTH entraîne une anomalie de
l’homéostasie intracellulaire du calcium, favorise
l’épaississement des parois vasculaires ainsi que
la fibrose du tissu interstitiel.
L’hypervitaminose D entraîne la formation de
calcifications des tissus mous. En augmentant l’ab-
sorption intestinale de calcium et de phosphore,
la vitamine D augmente le produit phospho-cal-
cique.
Une hyperphosphorémie et une concentration
élevée en calcium aboutissent à l’augmentation du
produit phospho-calcique. Au-delà de 70, il existe
une précipitation du phosphate de calcium dans
les tissus mous, artères, articulations, muscles et
viscères.
Ces processus aboutissent à la formation des
calcifications métastatiques qui à un stade avancé,
entraînent ischémie et nécrose tissulaire.
DIAGNOSTIC
C
LINIQUE
Elle est caractérisée par une insuffisance rénale
terminale, une hyperparathyroïdie secondaire,
ainsi que par l’apparition de lésions cutanées : pla-
ques inflammatoires violacées hyperalgiques à
extension rapide (7).
B
IOLOGIE
Il n’existe aucun test de laboratoire spécifique
de calciphylaxie. Des taux élevés de PTH, phos-
phate, calcium et de phosphatase alcaline peuvent
contribuer à poser le diagnostic. Cependant ces
anomalies biologiques peuvent être absentes (3).
H
ISTOLOGIE
Une biopsie cutanée permet de confirmer le
diagnostic.
Dans les calcinoses artériolaires, l’histologie
peut démontrer plusieurs aspects : une
épidermolyse ischémique, une inflammation chro-
nique du derme ou une calcinose amorphe et
artériolaire hypodermique sans réaction inflam-
matoire majeure. Il s’agit le plus souvent d’une
médiacalcinose sans réduction du diamètre
endoluminal. Les auteurs décrivent fréquemment
une hyperplasie fibreuse intimale très importante
ou une thrombose (8) à l’origine des phénomènes
ischémiques.
Les calcinoses interstitielles se présentent en
histologie par des dépôts calciques intralobulaires.
La calcinose artériolaire semble peu importante,