2.3.1. 2 Toxicité chronique
Les symptômes
Le tableau de l'intoxication chronique associe diversement les troubles cliniques et
biologiques suivants :
Syndrome abdominal
Dans sa forme typique, c'est la colique saturnine : douleurs abdominales intenses associées
à une constipation opiniâtre et, parfois, à des vomissements, sans fièvre, sans contracture
abdominale, sans chute tensionnelle, sans signe radiographique de pneumopéritoine ou
d'occlusion ; dans la forme typique, la pression artérielle est modérément élevée et on
constate une bradycardie, la compression de l’abdomen, au-dessus de l’ombilic calme la
douleur. Aujourd’hui, il est exceptionnel d’observer ces coliques saturnines, qui ne sont
fréquentes que lorsque la plombémie dépasse 1000 µg/L : les intoxiqués dont la plombémie
dépasse 500 µg/L ne se plaignent souvent que de vagues douleurs abdominales et d'une
constipation.
Encéphalopathie
C’est une complication de l’intoxication saturnine plus fréquente chez l'enfant que chez
l'adulte.
Chez l’adulte, la forme typique de l’encéphalopathie aiguë nécessite une plombémie
supérieure à 2000 µg/L.
Chez l’enfant elle est généralement contemporaine d’une plombémie supérieure à 1000µg/L
et n’a jamais été observée quand la concentration sanguine de plomb était inférieure à 700
µg/L.
Elle se manifeste diversement : délire, syndrome déficitaire focalisé, coma, convulsions, etc.
Chez l'enfant, le tableau observé est, typiquement, celui d'une hypertension intracrânienne
avec : apathie, céphalées, vomissements, diplopie, puis confusion, somnolence, troubles de
l’équilibre, parfois accès amaurotiques, enfin coma et convulsions.
Ces intoxications graves sont mortelles en quelques heures, si un traitement adapté n’est
pas rapidement effectué. Chez les survivants, les séquelles invalidantes (retard psycho-
moteur, épilepsie, cécité, hémiparésie...) sont fréquentes.
Chez l’enfant, lorsque la plombémie est comprise entre 500 et 700 µg/L, on peut observer
une forme subaiguë de l’encéphalopathie avec diminution de l’activité motrice, irritabilité,
troubles du sommeil, apathie, stagnation du développement intellectuel ; ces manifestations
doivent faire craindre la survenue d’une encéphalopathie aiguë ; elles commandent une
évaluation de l’intoxication saturnine et un traitement chélateur.
Chez l’adulte, quand la plombémie est comprise entre 500 et 2000 µg/L, le plomb est
responsable de troubles mentaux organiques : céphalées, asthénie, irritabilité, difficultés
mnésiques et de concentration, diminution de la libido, troubles du sommeil, altérations de la
dextérité et de la coordination ; les tests psychométriques et les potentiels évoqués (visuels,
somesthésiques et moteurs) permettent d’objectiver et d’évaluer l’atteinte neurologique
centrale.
Des travaux récents montrent que des altérations des fonctions supérieures sont décelables
pour des contaminations plus faibles. Chez l’enfant, il y a une corrélation inverse, sans seuil,
entre la plombémie et le QI ; une perte de 1 à 2 points est observée lorsque la plombémie
passe de 100 à 200 µg/L.
Les troubles mentaux organiques induits par le plomb sont très durables : des études
récentes montrent que les individus intoxiqués pendant leur petite enfance conservent un
déficit cognitif quelques années plus tard et encore pendant l’adolescence et à l’âge adulte.
Neuropathies périphériques
La forme typique de la neuropathie saturnine est une paralysie antibrachiale pseudo-radiale
(la force du long supinateur est conservée). Sa première manifestation clinique est
l'impossibilité d'extension du médius et de l'annulaire (le malade fait les cornes). La paralysie