Exposition au plomb et maladies cardiovasculaires

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breves ERS4 vol6
23/07/07
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Brèves
Exposition au plomb
Mots clés : études de cas-témoins ; hypertension ;
maladie cardiovasculaire ; plomb ; pression artérielle ;
revue de la littérature.
Exposition au plomb et maladies cardiovasculaires :
revue de la littérature*
Les données d’études observationnelles sur l’exposition au plomb et les maladies cardiovasculaires
incitent à considérer le risque cardiovasculaire dans l’évaluation globale de la toxicité du plomb.
Le niveau d’évidence le plus élevé concerne la responsabilité du plomb dans la survenue d’une hypertension artérielle. Une association causale entre exposition au plomb et autres troubles cardiovasculaires ne peut pas être déduite des études disponibles mais certaines données suggèrent la
possibilité de cette association.
tats sont inhomogènes (association
positive, nulle ou inverse). La plupart sont des études rétrospectives
dans lesquelles les niveaux de risque
ont été calculés en comparaison à
des données en population générale. Cette limite méthodologique
et d’autres sources possibles de biais
réduisent leur portée.
The data from observational studies of lead exposure and cardiovascular diseases suggest that
cardiovascular risks must be considered in any assessment of lead toxicity. The highest level of
evidence concerns the role of lead in hypertension. A causal association between lead exposure Des effets possibles
and other cardiovascular disorders cannot be deduced from the available studies but some data sur le rythme cardiaque
suggest that such an association is possible.
Quelques études, essentiellement
lus de 100 ans après les
premiers rapports suggérant
un lien entre l’exposition
au plomb et des anomalies cardiovasculaires1, 2, la contribution du
plomb au développement de
maladies cardiovasculaires demeure
incomplètement élucidée.
L’association entre la plombémie
et l’élévation de la pression artérielle a été la plus étudiée. Cette
association est clairement documentée chez l’animal exposé de
façon chronique à des niveaux
élevés de plomb et, en clinique,
chez les travailleurs également
massivement et chroniquement
intoxiqués. Chez ces sujets, il est
communément admis que l’hypertension est consécutive à la
néphropathie liée au plomb, avec
une relation causale évidente.
À des niveaux d’exposition plus
modestes à faibles, la relation
est controversée, possiblement
linéaire sans seuil, mais plusieurs
questions restent en suspens : relation précise ? Importances relatives
de la toxicité à court terme et des
effets chroniques ? Mécanismes
physiopathologiques en jeu
(rénaux ou autres) ? Vulnérabilité
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particulière de groupes à risque,
notamment en fonction de l’âge ?
D’autres effets cardiovasculaires
du plomb ont été décrits dans la
littérature, concernant en particulier les risques de coronaropathie,
d’accident vasculaire cérébral et
d’artériopathie périphérique. Les
publications correspondantes ont
été intégrées à cette revue de la
littérature pour une vue d’ensemble de la toxicité cardiovasculaire du plomb.
Les études
en population générale
indiquent une toxicité
cardiovasculaire du plomb
Douze études observationnelles
satisfaisant aux critères de sélection ont été retenues : 5 sont des
études prospectives de cohorte
dans lesquelles la plombémie était
dosée, comme pour la seule étude
transversale, et 6 sont des études
de type cas-témoins (dont 4 avec
dosages plasmatiques ou urinaires
du plomb et 2 utilisant d’autres
mesures d’exposition).
Tous ces travaux retrouvent une
association entre l’exposition au
plomb et le critère cardiovasculaire étudié. Ainsi, dans l’étude
prospective NHANES III, le risque
relatif de maladie coronaire est de
1,89 (IC 95 % : 1,04-3,43) pour
une plombémie supérieure ou
égale à 3,63 µg/dL versus une
plombémie inférieure à 1,93 µg/dL
et le risque relatif d’accident vasculaire cérébral correspondant est
de 2,51 (IC 95 % : 1,20-5,26).
Ces données cliniques sont à rapprocher de données expérimentales montrant, outre un effet
hypertenseur du plomb, sa participation au processus d’athérogenèse via une inflammation et
une dysfonction endothéliales, une
altération de la fonction rénale et
l’induction d’un stress oxydatif.
Les risques professionnels
ne sont pas clairement
documentés
Dix-huit études (6 américaines,
11 européennes et 1 australienne)
ont été analysées. Bien que les
niveaux d’exposition au plomb y
soient supérieurs à ceux des études
en population générale, leurs résul-
de type transversal, mettent en évidence une diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque
avec l’augmentation de l’exposition au plomb. La diversité de leurs
protocoles les rend malheureusement difficilement comparables.
Un effet neurotoxique du plomb
pourrait expliquer un dysfonctionnement du système nerveux autonome à l’origine d’une moindre
capacité adaptative du rythme cardiaque. Cette altération de la
réponse cardiaque pourrait jouer
un rôle dans la survenue d’accidents coronariens comme l’ont
montré deux vastes études prospectives en population exempte
de pathologie cardiaque.
LM
* Navas-Acien A1, Guallar E, Silbergeld EK,
Rothenberg SJ. Lead exposure and cardiovascular disease – A systematic review.
Environ Health Perpect 2007 ; 115 : 472-82.
1
Department of Environmental Health
Sciences, Johns Hopkins Bloomberg
School of Public Health, Baltimore,
Maryland, USA.
1.Lancéraux E. Néphrite et arthrite saturnines ; coïncidences de ces affections ;
parallèle avec la néphrite et l’arthrite goutteuses. Transact Int Med Congr 1881 ; 2 :
193-202.
2. Lorimer G. Saturnine gout, and its distinguished marks. BMJ 1886 ; 2 : 163.
Environnement, Risques & Santé – Vol. 6, n° 4, juillet - août 2007
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