breves ERS4 vol6 23/07/07 11:22 Page 252 Brèves Exposition au plomb Mots clés : études de cas-témoins ; hypertension ; maladie cardiovasculaire ; plomb ; pression artérielle ; revue de la littérature. Exposition au plomb et maladies cardiovasculaires : revue de la littérature* Les données d’études observationnelles sur l’exposition au plomb et les maladies cardiovasculaires incitent à considérer le risque cardiovasculaire dans l’évaluation globale de la toxicité du plomb. Le niveau d’évidence le plus élevé concerne la responsabilité du plomb dans la survenue d’une hypertension artérielle. Une association causale entre exposition au plomb et autres troubles cardiovasculaires ne peut pas être déduite des études disponibles mais certaines données suggèrent la possibilité de cette association. tats sont inhomogènes (association positive, nulle ou inverse). La plupart sont des études rétrospectives dans lesquelles les niveaux de risque ont été calculés en comparaison à des données en population générale. Cette limite méthodologique et d’autres sources possibles de biais réduisent leur portée. The data from observational studies of lead exposure and cardiovascular diseases suggest that cardiovascular risks must be considered in any assessment of lead toxicity. The highest level of evidence concerns the role of lead in hypertension. A causal association between lead exposure Des effets possibles and other cardiovascular disorders cannot be deduced from the available studies but some data sur le rythme cardiaque suggest that such an association is possible. Quelques études, essentiellement lus de 100 ans après les premiers rapports suggérant un lien entre l’exposition au plomb et des anomalies cardiovasculaires1, 2, la contribution du plomb au développement de maladies cardiovasculaires demeure incomplètement élucidée. L’association entre la plombémie et l’élévation de la pression artérielle a été la plus étudiée. Cette association est clairement documentée chez l’animal exposé de façon chronique à des niveaux élevés de plomb et, en clinique, chez les travailleurs également massivement et chroniquement intoxiqués. Chez ces sujets, il est communément admis que l’hypertension est consécutive à la néphropathie liée au plomb, avec une relation causale évidente. À des niveaux d’exposition plus modestes à faibles, la relation est controversée, possiblement linéaire sans seuil, mais plusieurs questions restent en suspens : relation précise ? Importances relatives de la toxicité à court terme et des effets chroniques ? Mécanismes physiopathologiques en jeu (rénaux ou autres) ? Vulnérabilité P 252 particulière de groupes à risque, notamment en fonction de l’âge ? D’autres effets cardiovasculaires du plomb ont été décrits dans la littérature, concernant en particulier les risques de coronaropathie, d’accident vasculaire cérébral et d’artériopathie périphérique. Les publications correspondantes ont été intégrées à cette revue de la littérature pour une vue d’ensemble de la toxicité cardiovasculaire du plomb. Les études en population générale indiquent une toxicité cardiovasculaire du plomb Douze études observationnelles satisfaisant aux critères de sélection ont été retenues : 5 sont des études prospectives de cohorte dans lesquelles la plombémie était dosée, comme pour la seule étude transversale, et 6 sont des études de type cas-témoins (dont 4 avec dosages plasmatiques ou urinaires du plomb et 2 utilisant d’autres mesures d’exposition). Tous ces travaux retrouvent une association entre l’exposition au plomb et le critère cardiovasculaire étudié. Ainsi, dans l’étude prospective NHANES III, le risque relatif de maladie coronaire est de 1,89 (IC 95 % : 1,04-3,43) pour une plombémie supérieure ou égale à 3,63 µg/dL versus une plombémie inférieure à 1,93 µg/dL et le risque relatif d’accident vasculaire cérébral correspondant est de 2,51 (IC 95 % : 1,20-5,26). Ces données cliniques sont à rapprocher de données expérimentales montrant, outre un effet hypertenseur du plomb, sa participation au processus d’athérogenèse via une inflammation et une dysfonction endothéliales, une altération de la fonction rénale et l’induction d’un stress oxydatif. Les risques professionnels ne sont pas clairement documentés Dix-huit études (6 américaines, 11 européennes et 1 australienne) ont été analysées. Bien que les niveaux d’exposition au plomb y soient supérieurs à ceux des études en population générale, leurs résul- de type transversal, mettent en évidence une diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque avec l’augmentation de l’exposition au plomb. La diversité de leurs protocoles les rend malheureusement difficilement comparables. Un effet neurotoxique du plomb pourrait expliquer un dysfonctionnement du système nerveux autonome à l’origine d’une moindre capacité adaptative du rythme cardiaque. Cette altération de la réponse cardiaque pourrait jouer un rôle dans la survenue d’accidents coronariens comme l’ont montré deux vastes études prospectives en population exempte de pathologie cardiaque. LM * Navas-Acien A1, Guallar E, Silbergeld EK, Rothenberg SJ. Lead exposure and cardiovascular disease – A systematic review. Environ Health Perpect 2007 ; 115 : 472-82. 1 Department of Environmental Health Sciences, Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, Baltimore, Maryland, USA. 1.Lancéraux E. Néphrite et arthrite saturnines ; coïncidences de ces affections ; parallèle avec la néphrite et l’arthrite goutteuses. Transact Int Med Congr 1881 ; 2 : 193-202. 2. Lorimer G. Saturnine gout, and its distinguished marks. BMJ 1886 ; 2 : 163. Environnement, Risques & Santé – Vol. 6, n° 4, juillet - août 2007