Chapitre 5
Applications
1. D´efinitions et exemples
D´efinition 5.1 Soient Eet Fdeux ensembles. Une application fde Edans Fest un
“proed´e” qui permet d’associer `a chaque ´el´ement xde Eun unique ´el´ement yde F; cet
´el´ement yest alors not´e y=f(x), on l’appelle l’image de x et on dit que xest un ant´ec´edent
de ypar f. On dit que Eest l’ensemble de d´epart de fet que Fest l’ensemble d’arriv´ee de
f.
On note f:EFou f:EF
x7−f(x).
L’ensemble G={(x, y)E×F|y=f(x)}est appel´e le graphe de f.
Exemples - On d´efinit une application fen prenant : E={1,2,3}, F ={1,2,3,4},
f(1) = f(2) = 1, f (3) = 4. Alors, l’image de 3 est 4 et 1 a deux ant´ec´edents :
1 et 2.
3
2
1
4
3
2
1
Diagramme sagittal
321
4
3
2
1• •
Diagramme cart´esien
L’application Logarithme : ln : R
+R
x7−ln(x)
L’application : R3R3
(x, y, z)7−(2x+ 3y, x y+z, y + 5z)
L’application appel´ee “premi`ere projection” ou “premi`ere coordonn´ee” :
p1:R×RR
(x, y)7−x
L’application “identit´e” : IdE:EE
x7−x
Contre-exemples - Les ´enonc´es suivants sont faux ou incomplets :
“L’application de Cdans Cqui associe `a chaque zde Cune de ses racines carr´ees
complexes”.
“L’application de Rdans Refinie par f(x) = 1/x”.
“L’application fefinie sur Zpar f(x) = x2
Composition des applications
Remarques - On note souvent F(E, F ) l’ensemble des applications de Edans F.
On parle plus en´eralement de fonctions : une fonction fd’un ensemble
Edans un ensemble Fassocie `a chaque ´el´ement xde Eun ´el´ement de F
au plus ; l’ensemble des ´el´ements xde Eauxquels elle associe un ´el´ement
yde Fest appel´e le domaine de efinition de la fonction fet not´e Df.
Si xappartient `a Df, l’´el´ement yqui lui est associ´e est not´e y=f(x).
On peut alors construire l’application (encore noee fpar abus de langage),
f:DfF
x7−f(x)et c’est elle qu’on ´etudie en fait. Par exemple, si on parle de
“la fonction r´eelle de la variable r´eelle d´efinie par f(x) = 1/x”, on a Df=R,
et on ´etudie l’application f:RR
x7−1/x .
2. Egalit´e - Restriction - Prolongement
D´efinition 5.2 – Soient f:EFet f1:EFdeux applications. On dit qu’elles
sont ´egales et on note f=f1si les trois conditions suivantes sont v´erifi´ees :
E=E, F =Fet xE, f (x) = f1(x).
Exemples - Soient f:(RR
x7−cos(x)et f1:(RR
x7−2 cos2(x/2) 1Alors, on a
f=f1.
Les trois applications f:(RR
x7−x2,g:(RR+
x7−x2et h:(R+R
x7−x2,
sont deux `a deux distinctes.
D´efinition 5.3 – Soient Eet Fdeux ensembles, E1un sous-ensemble de E,f:EF
et f1:E1F. On suppose que pour tout ´el´ement xde E1, on a f(x) = f1(x). Alors, on
dit que f1est la restriction de f`a E1et que fest un prolongement de f1`a E. On note
f1=f|E1.
Exemple - Dans le deuxi`eme exemple ci-dessus, hest la restriction de f`a R+, et fest un
prolongement de h`a R. Mais l’application k:RRtelle que (xR+, k(x) = x2et
xR
k(x) = 0) est un autre prolongement de h. (Dessiner et comparer les graphes de
ces trois applications).
Remarque - Lorsque fest une application de Edans Fet F1un sous-ensemble de F
tel que pour tout ´el´ement xde E l’´el´ement f(x) appartienne `a F1, on consid`ere souvent
l’application g:EF1
x7−f(x). C’est le cas dans le deuxi`eme exemple pour les applications f
et g, si on prend F1=R+.
Exercice - Soit f:R+Rl’application donn´ee par f(x) = 1 pour tout xtel que
0x1, f(x) = 2 pour tout xtel que x > 1. Trouver deux prolongements
distincts de f`a R. Quelle est la restriction de f`a [0,1] ? Trouver une application
gde R+dans Ntelle que pour tout xR+, g(x) = f(x).
– 24 –
Applications
3. Composition des applications
D´efinition 5.4 – Soient f:EFet g:FGdeux applications. On d´efinit une
application de E dans G not´ee gfen posant
xE, g f(x) = g(f(x)).
On l’appelle application compoee de get f.
Remarques - Soient fet gdeux ´el´ements de F(E, E) ; les deux applications fget
gfsont d´efinies, mais en g´en´eral elles ne sont pas ´egales. Par exemple,
si on a f:
RR
x7−x2et g:RR
x7−2x, on obtient gf:
RR
x7−2x2et
fg:
RR
x7−4x2et ces deux applications sont diff´erentes (prouvez le).
On a (gf)h=g(fh) (lorsque cela a un sens).
Soient fet gdeux applications f:EF,g:F1Go`u F1est un
sous-ensemble de Ftel que pour tout xE, f(x) appartienne `a F1; soit
f1:EF1
x7−f(x). L’application gf1est souvent encore not´ee gfpar abus
de langage.
Exercice - Soit E={1,2,3}, f :EEet g:EEles applications d´efinies par
f(1) = 1, f(2) = 3, f(3) = 2, g(1) = 2, g(2) = 1, g(3) = 3. Calculer ff, f get
gf. A-t-on fg=gf?
4. Bijection - Injection -Surjection
Proposition et d´efinition 5.5 – Soit f:EFune application.
1 – On dit que fest une surjection ou que fest surjective si chaque ´el´ement yde Fest
l’image d’un ´el´ement de Eau moins, c’est-`a-dire si pour chaque ´el´ement yde F, l’´equation
y=f(x) a au moins une solution dans E, ce qui s’´ecrit :
yF, xE, y =f(x)
2 – On dit que fest une injection ou que fest injective si la proposition suivante est vraie :
(x, x)E2,(f(x) = f(x) =x=x).
c’est-`a-dire si chaque ´el´ement yde Fest l’image d’un ´el´ement de Eau plus, ou encore, si
pour chaque ´el´ement yde F, l’´equation y=f(x) a au plus une solution dans E.
3 – On dit que fest une bijection ou que fest bijective si elle est `a la fois injective et
surjective.
Preuve : on va emontrer l’´equivalence concernant l’injectivit´e.
1) Supposons que tout ´el´ement de Fadmette au plus un ant´ec´edent par f. Soient x
et xdeux ´el´ements de Etels que f(x) = f(x). Posons y=f(x). C’est un ´el´ement
de Fqui admet xet xpour ant´ec´edents. Or ya au plus un ant´ec´edent. Donc
x=x.
On a montr´e que, si tout ´el´ement de Fa au plus un ant´ec´edent par f, l’application
fest injective.
2) Supposons qu’il existe un ´el´ement de Fqui n’admette pas au plus un anec´edent
par f. Notons yun de ces ´el´ements. ya (au moins) deux ant´ec´edents distincts x
et x. Par d´efinition d’un ant´ec´edent, on a f(x) = f(x) = y. On a donc x6=xet
f(x) = f(x).
On a montr´e (x, x)E2,(x6=xet f(x) = f(x)),c’est-`a-dire la n´egation de
(x, x)E2,(f(x) = f(x) =x=x), c’est-`a-dire que fn’est pas injective.
On a donc montr´e l’implication r´eciproque par contrapos´ee.
– 25 –
Etude des bijections
Remarques - L’´ecriture avec les quantificateurs est souvent plus commode pour montrer
qu’une application est injective.
L’expression au plus” signifie qu’un ´el´ement de Fsoit n’a pas d’ant´ec´edent,
soit en a un.
Proposition 5.6 – Soit f:EFune application. L’application fest bijective si chaque
´el´ement yde Fest l’image d’un ´el´ement xde Eet d’un seul, c’est-`a-dire si pour chaque
´el´ement yde F, l’´equation y=f(x) a une solution xet une seule dans E, ce qui s’´ecrit :
yF, !xE, y =f(x)
Remarques - Soit f:EFune application.
Pour montrer que fn’est pas injective, il suffit de trouver deux ´el´ements
distincts xet xde Etels que f(x) = f(x).
Pour montrer que fn’est pas surjective, il suffit de trouver un ´el´ement y
de Fqui n’a aucun ant´ec´edent.
Exemples -
Soit vl’application de [0,1] dans Refinie par v(x) = x23x. Montrons que vest
injective. Soient xet xdeux ´el´ements de [0,1]. Supposons v(x) = v(x). On a donc
(xx)(x+x3) = 0, d’o`u x=xou x+x3 = 0. Mais comme xet xsont
inf´erieurs `a 1, on a x+x2 et on ne peut avoir x+x= 3. Donc, on a x=x. On
a montr´e (x, xE, (v(x) = v(x) =x=x)),donc vest injective. Mais vn’est pas
surjective. En effet, si xappartient `a [0,1], on a x(x3) 0 donc f(x)0 ; si yest un
eel strictement positif, l’´equation y=f(x) n’a aucune solution dans [0,1].
Soit u:RR+l’application telle que u(x) = 0 si x < 1 et u(x) = x+ 1 si x≥ −1.
Les r´eels 1 et 2 sont distincts et ont la mˆeme image : u(1) = u(2) = 0. Donc u
n’est pas injective. Montrons que uest surjective. Soit yun r´eel positif. On veut montrer
qu’il existe au moins un ´el´ement xde Rtel que y=u(x). Posons x=y1. On a alors
x≥ −1 et y=x+ 1, donc y=u(x). On a donc montr´e que pour tout yR+, il existe
au moins un xRtel que y=u(x), c’est-`a-dire que uest surjective.
5. Etude des bijections
D´efinition 5.7 Soit f:EFune bijection. Alors, l’application de Fdans Equi `a
chaque ´el´ement yde Fassocie l’unique ´el´ement xde Esolution de l’´equation y=f(x) est
appel´ee application eciproque de fet not´ee f1.
Remarque - Si f est bijective, xEet yF, il est ´equivalent de dire xest un ant´ec´edent
de ypour f”, “y=f(x)”, “x=f1(y)” ou “yest un anec´edent de xpour f1.
Exemples -
Soit hl’application de {1,2,3}dans {1,5,7}telle que h(1) = 5, h(2) = 1 et h(3) = 7 ;
elle est bijective. Sa eciproque h1est l’application de {1,5,7}dans {1,2,3}donn´ee
par h1(1) = 2, h1(5) = 1, h1(7) = 3.
Consid´erons la bijection l:
RR
x7−x3. L’application r´eciproque de lest l1:RR
x7−3
x
.
Exercice - Montrer que l’application h:RR
x7−2x1est bijective et d´eterminer h1.
Proposition 5.8 – Soit f:EFune application bijective. Alors
1) f1est bijective et (f1)1=f,
2) f1f=IdEet ff1=IdF
– 26 –
Applications
Preuve : 1) Soit xun ´el´ement de E. On consid`ere l’´equation x=f1(y)(dans laquelle
l’inconnue est yet la donn´ee x). On veut montrer que cette ´equation a une solution
dans Fet une seule. Par d´efinition de f1, cette ´equation ´equivaut `a l’´equation
y=f(x). Elle a donc une seule solution et c’est f(x), d’o`u le r´esultat.
2) Il faut montrer que f1fest une application de Edans Eet que pour
tout xE, f1f(x) = x. Or on a f:EFet f1:FE, donc
f1f:EE. D’autre part, soit xappartenant `a E, et posons y=f(x); on
a alors f1f(x) = f1(y) = xpar d´efinition de f1. D’o`u f1f=IdE.
On fait de mˆeme pour montrer que ff1=IdF.
La propri´et´e 2 de la proposition pr´ec´edente caract´erise l’application eciproque f1. On a
en effet la proposition suivante :
Proposition 5.9 – Soit f:EFune application. On suppose qu’il existe une application
g:FEtelle que gf=IdEet fg=IdF. Alors, fet gsont bijectives, g=f1et
f=g1.
Preuve : montrons que fest bijective. Soit yun ´el´ement de F. On veut montrer que
l’´equation y=f(x)(o`u xest l’inconnue, yla donn´ee) a une et une seule solution
dans E.
Si xest solution, on a g(y) = gf(x)et comme gf=IdE, on a x=g(y);
inversement, si x=g(y),xappartient `a Eet f(x) = fg(y); comme fg=IdF,
on a f(x) = y, donc xest solution. Il y a une solution et une seule et c’est g(y).
De tout ceci, on d´eduit que fest bijective et g=f1. Le reste de la proposition
est une cons´equence de la proposition pr´ec´edente.
6. Image directe - Image r´eciproque
On fixe toujours une application f:EF.
D´efinition 5.10 – Soit Bun sous-ensemble de F. On appelle image eciproque de Bpar f
l’ensemble des ´el´ements xde Edont l’image f(x) par fest dans B. C’est un sous-ensemble
de E; on le note f1(B). On a donc pour tout ´el´ement xde E:
xf1(B)f(x)B
D´efinition 5.11 – Soit Aun sous-ensemble de E. On appelle image directe de Apar f
l’ensemble des images f(x) des ´el´ements xde A. C’est un sous-ensemble de F; on le note
f(A). On a donc pour tout ´el´ement yde F:
yf(A)⇒ ∃xA, y =f(x).
L’ensemble f(E) est aussi appel´e l’image de f.
Exemple - Consid´erons l’exemple de la figure ci-dessous
5
3
2
1
4
4
3
2
1On a f1({2}) = ,
f1({1}) = f1({1,2,4}) = {1,2},
f({1,4}) = {1,5}et l’image de f
est f({1,2,3,4}) = {1,3,5}.
Exercice - 1) Dans l’exemple de la figure pr´ec´edente, calculer f1({1,2,5})et f({2,3}).
2) Soit g:RR
x7−sin(x). Calculer g1({−1,1}), l’image de get g([0,3π/2]).
Remarques sur les notations - Il faut ˆetre tr`es prudent avec la notation f1, qui n’est
pas tr`es heureuse.
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