¶ 8-070-K-10 Infections à virus Epstein-Barr R. Germi, M. Baccard, J.-M. Seigneurin, P. Morand Le virus Epstein-Barr (EBV) infecte plus de 95 % de la population mondiale, principalement par voie salivaire. Le plus souvent asymptomatique pendant l’enfance, la primo-infection EBV aboutit souvent à une mononucléose infectieuse (MNI) lorsqu’elle survient chez l’adolescent ou l’adulte jeune. La MNI est le plus souvent bénigne mais peut être responsable d’une fatigue prolongée invalidante. Le diagnostic de MNI repose sur la sérologie. Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique pour cette maladie. Le virus persiste ensuite toute la vie chez l’hôte infecté, surtout dans les lymphocytes B mémoires. Cette persistance résulte d’un équilibre entre une infection latente sans production virale et des épisodes de réactivation virale aboutissant à une excrétion virale salivaire. La persistance virale est en général asymptomatique chez l’individu infecté. Chez une personne immunodéprimée, le défaut de surveillance immunitaire peut aboutir à des syndromes lymphoprolifératifs caractérisés par une prolifération incontrôlée des lymphocytes B infectés par l’EBV. En effet la propriété biologique fondamentale de l’EBV est sa capacité in vitro et in vivo à faire proliférer les lymphocytes B. La mesure de la charge virale dans le sang par des techniques moléculaires est indispensable pour la prévention ou le diagnostic précoce des syndromes lymphoprolifératifs post-transplantation, traités le plus souvent par des anticorps anti-CD20. Chez l’individu immunocompétent, la persistance virale peut également aboutir à des cancers dits « associés à l’EBV » avec des cellules tumorales contenant le génome viral et exprimant des protéines virales favorisant la transformation cellulaire. Les principaux cancers associés à l’EBV sont le lymphome de Burkitt, certains lymphomes de Hodgkin et le carcinome indifférencié du nasopharynx. Pour certains de ces cancers, la sérologie EBV et/ou la mesure de la charge virale sont utiles au diagnostic. À côté des thérapeutiques antitumorales classiques, il existe des essais d’injection de cellules T cytotoxiques antiEBV. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Virus Epstein-Barr ; Mononucléose infectieuse ; Cancers viro-induits ; Immunodépression ; Lymphoprolifération post-transplantation ■ Introduction Plan ¶ Introduction 1 ¶ Propriétés du virus Structure Réplication productive et cycle lytique Infection latente et expression virale Types, sous-types et variants 2 2 2 3 3 ¶ Physiopathologie et persistance in vivo Primo-infection Persistance du virus dans l’organisme Réactivation virale 3 3 4 4 ¶ Épidémiologie Le virus dans le monde Excrétion et transmission 4 4 4 ¶ Pathologies associées au virus Epstein-Barr Mononucléose infectieuse Maladies malignes associées à l’EBV Maladies auto-immunes et virus Epstein-Barr : la controverse 5 5 8 11 . Le virus Epstein-Barr (EBV ou herpesvirus humain de type 4) appartient à la famille Herpesviridae (sous famille Herpesvirinae, genre Lymphocryptovirus). Au laboratoire, c’est un virus capable d’immortaliser des lymphocytes B, d’induire une transformation maligne de certaines cellules épithéliales et de provoquer des cancers chez l’animal. Chez l’homme, il infecte pratiquement toute la population mondiale et reste le plus souvent parfaitement asymptomatique aussi bien pendant la primo-infection qu’au décours de la persistance virale dans les lymphocytes B. La primo-infection peut cependant donner lieu à une maladie infectieuse aiguë le plus souvent bénigne : la mononucléose infectieuse (MNI) ; la persistance virale est parfois associée à des cancers redoutables chez l’individu sain ou immunodéprimé. Ubiquitaire et asymptomatique, mais également responsable d’une maladie infectieuse aiguë ou associé à des cancers, ce virus, mis en évidence en 1964 par Epstein, Achong et Barr, reste un modèle physiopathologique très intéressant et pose des problèmes médicaux originaux au sein des herpesvirus humains [1-10]. Maladies infectieuses © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 1 8-070-K-10 ¶ Infections à virus Epstein-Barr Cet article résume d’abord les connaissances actuelles sur la structure et la biologie de l’EBV et insiste ensuite plus particulièrement sur la physiopathologie et les prises en charge diagnostiques et thérapeutiques des maladies associées à l’EBV, en particulier la MNI et les syndromes lymphoprolifératifs chez le transplanté. “ gp 78 gp gp350 gp42 150 1 À retenir 2 3 Objectifs du diagnostic virologique de l’infection à EBV • Diagnostiquer une MNI ou une primo-infection à EBV dans un contexte d’infection aiguë • Prédire l’émergence d’une lymphoprolifération /lymphome à EBV chez un immunodéprimé, et suivre l’efficacité de la stratégie thérapeutique choisie • Dépister l’infection à EBV lors des dons d’organes ou de cellules, dans un contexte de transmission d’une souche virale d’un donneur à un receveur (évaluation du statut immunitaire EBV) • Apporter des arguments étiologiques dans d’autres pathologies tumorales ou dysimmunitaires pouvant être associées à l’EBV 4 5 A 1 2 3 5 ■ Propriétés du virus B Structure Figure 1. Structure du virus Epstein-Barr. 1. Capside ; 2. core, acide désoxyribonucléique ; 3. tégument ; 4. enveloppe ; 5. glycoprotéines. A. Schéma B. Microscopie électronique : coupe d’un virion dans le cytoplasme (cliché J.-M. Seigneurin). Le virion, d’un diamètre d’environ 150 nm, comprend de l’extérieur vers l’intérieur, une enveloppe portant plusieurs spicules glycoprotéiques, un tégument dont les protéines virales sont en contact direct avec les unités structurales de la capside, et la nucléocapside elle-même, icosaédrique, très antigénique (Fig. 1). Cette dernière contient une molécule de génome viral : de l’acide désoxyribonucléique (ADN) bicaténaire (172 000 à 184 000 paires de bases selon les souches), organisé en séquences répétées aux deux extrémités et à l’intérieur du génome délimitant deux domaines long et court de séquence unique. Ce génome code 80 à 100 protéines virales. La séquence « référence » de l’EBV a été déterminée par Baer et al. en 1984 [10] à partir de la souche B95-8 puis mise à jour par de Jesus et al. en 2003 [11]. Réplication productive et cycle lytique Le cycle de multiplication de l’EBV dans la cellule (encore appelé cycle lytique ou infection productive) suit le schéma classique des Herpesviridae qui comporte les étapes d’attachement, de pénétration et de décapsidation puis les synthèses des macromolécules (acides nucléiques et protéines) selon trois phases : précoce-immédiate, immédiate et tardive [12] . Ces synthèses vont permettre l’assemblage des nucléocapsides puis l’enveloppement et la libération des virions infectieux en même temps qu’une lyse de la cellule infectée. Ce cycle lytique existe in vivo dans les plasmocytes infectés par l’EBV qui recirculent au niveau des tissus lymphoïdes et des cellules épithéliales de l’oropharynx (Fig. 2). Cependant, toutes ces étapes n’ont été étudiées précisément in vitro que dans le système cellulaire des lymphocytes B car l’infection permissive in vitro des cellules épithéliales est très difficile à établir [13, 14]. La particule virale s’attache spécifiquement à la surface de la cellule grâce à une interaction de haute affinité entre la gp350/ 220 de l’enveloppe virale et la molécule CD21, récepteur pour la composante C3d du complément, présente sur la membrane plasmique cellulaire des lymphocytes B. La fixation du virus sur 4 . CD21 induit les signaux initiaux d’activation des cellules et l’endocytose. L’enveloppe virale fusionne avec la membrane cellulaire et cette pénétration requiert l’interaction du complexe gp85-gp42. L’EBV peut utiliser comme corécepteurs les molécules human leukocyte antigen (HLA) de classe II. La nucléocapside migre à travers le cytoplasme en direction des pores nucléaires et se désintègre progressivement pour laisser la molécule d’ADN viral entrer seule dans le noyau. Les synthèses aboutissant ensuite à la fabrication de nouveaux virions ne se produisent que dans un petit nombre de lymphocytes B. Les gènes « immédiats-précoces » sont transcrits, notamment les facteurs de transcription (la protéine Zta ou ZEBRA ou Z ou EB1 codée par le gène BZLF1, et la protéine Rta ou R codée par le gène BRLF1), ce qui conduit à l’activation de l’expression des gènes précoces. Les produits de ces derniers, comme l’ADN polymérase virale et les autres enzymes responsables de la synthèse de l’ADN, répliquent l’ADN par l’intermédiaire d’une origine de réplication lytique (ou Ori-Lyt) [12]. C’est à partir de ces nouvelles molécules linéaires de génome EBV que les gènes tardifs sont transcrits : les protéines de structure synthétisées sont celles de la capside et des glycoprotéines de l’enveloppe. La molécule de génome est incorporée dans une capside presque terminée pour constituer la nucléocapside. Cet assemblage a lieu dans le noyau cellulaire et nécessite une protéase virale. Les nucléocapsides rencontrent, au cours de leur migration en direction de la surface de la cellule, les membranes cellulaires dans lesquelles elles bourgeonnent. L’acquisition définitive de l’enveloppe avec ses glycoprotéines virales précède la libération du virion dans le milieu extracellulaire et la lyse de la cellule. 2 © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Maladies infectieuses Infections à virus Epstein-Barr ¶ 8-070-K-10 Primo-infection Salive Réactivation EBV Épithélium oropharyngé différencié LB naïf et/ou LB mémoire Monocyte/ macrophage ? Tissu lymphoïde (amygdale) Plasmocyte Programme lytique LB Programme par défaut LB activés (latence II) Programme de croissance (latence III) Sang circulant Figure 2. LB mémoire circulant Programme de latence (latence I/0) Primo-infection par le virus Epstein-Barr (EBV), établissement de la persistance et réactivation. LB : lymphocyte B. Infection latente et expression virale . . Si le cycle productif est comparable à celui d’autres herpesvirus, l’infection latente, elle, est associée à une propriété remarquable et unique de l’EBV, l’immortalisation ou transformation des lymphocytes B [6]. L’immortalisation des lymphocytes B in vitro aboutit à la production de lignées continues dites « lymphoblastoïdes » à partir desquelles les mécanismes de latence ont été décryptés ; l’établissement in vitro de lignées tumorales à partir des lymphomes de Burkitt a également permis d’étudier les différents mécanismes de latence [15]. Lors de l’infection latente, différents profils de transcription de gènes viraux sont exprimés dans les lymphocytes B [16]. Les protéines de latence comprennent six protéines nucléaires (Epstein-Barr nuclear antigen [EBNA]) et trois protéines membranaires (latent membrane protein [LMP]). À côté des protéines, des acides ribonucléiques (ARN) non codants sont transcrits pendant cette phase de latence, les Epstein-Barr encoded small RNA (EBER) et récemment un grand nombre de micro-ARN viraux ont été décrits [17] . L’analyse des gènes mutés ou délétés a montré que certaines de ces protéines sont indispensables à la transformation cellulaire (ou immortalisation), en particulier EBNA2, 3A, 3C et LMP1. Une douzaine d’heures après la pénétration du virus dans le lymphocyte B, la protéine EBNA2 est exprimée : elle active les gènes codant les LMP et induit la synthèse des marqueurs d’activation lymphocytaire CD21 et CD23. En 48 heures, l’expression de l’ensemble des gènes latents est achevée. La cellule progresse dans les phases G1, S et G2, et après 72 heures entre en mitose. Pour que l’ADN viral soit constamment présent dans chaque cellule fille, il doit se répliquer de façon synchrone au dédoublement du génome cellulaire. C’est le rôle de la protéine EBNA1 qui se lie à l’origine de réplication plasmidique (ou Ori-P) du génome EBV et l’active ; la stabilité du nombre de copies au cours des divisions cellulaires successives est donc assurée. Le génome viral se maintient en général sous forme extrachromosomique circulaire (épisome) en plusieurs copies ; il s’intègre rarement dans un chromosome cellulaire. Ces lymphocytes B infectés, pour une partie d’entre eux, prolifèrent indéfiniment et donnent naissance à une population « immortalisée » de cellules qu’on appelle lignée lymphoblastoïde. Le phénotype de ces cellules qui se divisent est semblable à celui de lymphoblastes stimulés par un antigène ; la plupart des caractères des lymphocytes B initiaux sont conservés. Les lignées immortalisées ont beaucoup servi pour l’étude des caractères phénotypiques ou génotypiques particuliers que posséderaient les lymphocytes B lors de certaines maladies. Dans ce cas, les lymphocytes du sang circulant du patient sont inoculés in vitro avec l’EBV produit par la lignée lymphoïde B95-8 : les cellules lymphoblastoïdes prolifèrent à l’infini et permettent de disposer de quantités très importantes de matériel cellulaire contenant l’anomalie à étudier. On peut faire produire également dans le milieu de culture des immunoglobulines (Ig) humaines à spécificité anticorps définie [18]. Types, sous-types et variants Bien que globalement très stable, le génome de l’EBV montre une certaine hétérogénéité, particulièrement au niveau des gènes de latence, ce qui permet de caractériser des sous-types (EBV-1 et EBV-2) et des variants [19]. ■ Physiopathologie et persistance in vivo L’infection primaire aiguë et la persistance virale impliquent les lymphocytes B et les cellules épithéliales de l’oropharynx. L’EBV utilise la « physiologie normale » de l’activation et de la différenciation des lymphocytes B pour la colonisation initiale et la persistance du virus dans le tissu lymphoïde. L’épithélium oropharyngé apparaît quant à lui indispensable pour la production de nombreux virions qui seront excrétés dans la salive lors de la primo-infection et pendant la persistance (Fig. 2) [20]. Primo-infection Le site primaire de l’infection à EBV se trouve dans la muqueuse de l’oropharynx, où les cellules épithéliales et les Maladies infectieuses © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 3 8-070-K-10 ¶ Infections à virus Epstein-Barr . lymphocytes B du tissu lymphoïde local sont infectés. La réplication dans ces cellules est à l’origine de l’excrétion des virions infectieux. Ce site initial de réplication explique la richesse de la salive en particules virales infectantes lors de la primo-infection. Cette infection productive aiguë nécessite l’expression de la plupart des gènes de l’EBV. L’infection des lymphocytes B aboutit à la persistance virale : le génome viral, sous la forme d’un épisome autoréplicatif présent dans le noyau cellulaire, met en route différents programmes de transcription. Ces cellules, qui commencent à proliférer, suivent le programme de croissance (ou latence de type 3), c’est-à-dire qu’elles expriment toutes les protéines de latence. Récemment, certaines protéines du cycle lytique sont apparues comme importantes pour l’établissement de la persistance virale [21]. La réponse immunitaire de type cellulaire apparaît pour contrer l’infection. Les cellules natural killer (NK) synthétisent, entre autres, des médiateurs à activité antivirale comme l’interféron gamma. Les lymphocytes T cytotoxiques sont stimulés en réponse à certains antigènes de latence, notamment LMP1, et détruisent les lymphocytes B infectés. Les anticorps contre les antigènes du cycle productif apparaissent également très tôt lors de cette primo-infection aiguë mais ne servent sans doute pas à contrôler l’infection dès ce stade [22]. Le virus a cependant développé des stratégies pour échapper à ces destructions [23]. Il contrecarre les nombreuses cellules T cytotoxiques anti-EBV en détournant à son profit certaines voies cellulaires nécessaires à la prolifération et en « piratant » des gènes cellulaires qu’il insère dans son génome afin de moduler le système immunitaire. Par exemple, une tactique du virus consiste à posséder un gène homologue de l’interleukine 10 (IL10) cellulaire qui inhibe l’interféron gamma. Il a été trouvé un second phénotype de latence, ou latence de type 1, dans lequel la protéine EBNA1 est exprimée, en l’absence des autres protéines de latence. La séquence peptidique de l’EBNA1 n’étant pas reconnue par les défenses immunitaires, les lymphocytes B contenant le génome EBV ne peuvent pas être détruits par les cellules T cytotoxiques. Persistance du virus dans l’organisme Après la primo-infection, il s’établit un équilibre remarquable entre la réplication du virus dans l’organisme et l’élimination des cellules infectées par les défenses immunitaires. Les lymphocytes B IgA-positifs seraient les plus riches en génome EBV. Malgré la présence constante de cellules T cytotoxiques dirigées contre plusieurs protéines de latence, certaines cellules B infectées échappent à l’immunité cellulaire et sont protégées contre l’apoptose par des mécanismes viraux. Certains lymphocytes B contenant le génome EBV restreignent considérablement l’expression des gènes viraux. Les cellules B-mémoires sont considérées comme le principal site de persistance de l’EBV [24]. Le sujet immunocompétent maintient une délicate balance entre la prolifération des lymphocytes B infectés de façon latente et la réponse immunitaire. L’équilibre se rompt en cas d’altération de cette réponse immunitaire cellulaire. Au cours de l’immunodépression, les modifications des réponses T cytotoxiques laissent libre l’expansion des cellules exprimant le programme de croissance. Ces dernières, immortalisées, constituent une cible importante pour des altérations génétiques secondaires : la cellule ainsi transformée, à croissance non contrôlée, peut se développer et donner naissance à une lymphoprolifération et à un lymphome [15, 22]. Réactivation virale L’infection virale latente des cellules B est remarquablement stable in vivo. Chez le sujet EBV-positif immunocompétent, l’EBV est réactivé périodiquement au niveau de l’oropharynx, et de petites quantités de virus infectieux doivent être produites régulièrement par des cellules épithéliales ou des lymphocytes B (tissus lymphoïdes profonds ? sang circulant ?). Cependant, cette réplication virale n’entraîne pas d’altérations tissulaires suffisantes pour provoquer des signes cliniques. La réponse anticorps, chez l’immunocompétent, demeure stable au cours de la vie et n’empêche pas les épisodes de réactivation virale. Chez le malade immunodéprimé, après transplantation ou au cours du syndrome de l’immunodéficience acquise (sida), cette réactivation, plus abondante en quantité de virions, survient plus fréquemment. On voit ainsi que l’immunodéprimé subit à la fois une réactivation virale (production augmentée de virions) et une prolifération lymphocytaire B (cellules infectées non contrôlées par la réponse immunitaire). Ces deux phénomènes peuvent évoluer en synergie. ■ Épidémiologie Le virus dans le monde Les études de séroprévalence (détection des anticorps antiviral capsid antigen [VCA]) montrent que le virus infecte au moins 95 % de la population mondiale. Si aucune région ni aucun pays ne sont épargnés, l’âge moyen auquel survient la primo-infection varie selon les conditions socioéconomiques. En effet, dans les pays en voie de développement, presque tous les enfants ont rencontré le virus très précocement, entre 1 et 4 ans. Au contraire, dans les classes privilégiées à bon niveau d’hygiène des pays industrialisés, moins de la moitié des enfants entre 5 et 10 ans ont des anticorps : l’infection primaire ne survient souvent qu’au moment de l’adolescence ou chez le jeune adulte. La primo-infection au cours de la petite enfance est le plus souvent asymptomatique. Mais plus l’enfant rencontre tardivement le virus, plus il risque de développer les signes cliniques caractérisant la mononucléose infectieuse (MNI). L’infection d’un individu sain en Amérique du Nord et en Europe relève en général du seul sous-type 1 mais lors de la primo-infection, probablement plusieurs variants peuvent être transmis en même temps ou successivement. Toute la vie durant, ces différents variants persistent de manière plus ou moins dominante les uns par rapport aux autres dans le sang et la salive. La surinfection par un autre variant est possible mais semble le plus souvent asymptomatique. L’analyse par polymerase chain reaction (PCR) du sang circulant ou de la salive a montré que seuls 5 % à 8 % des personnes étaient infectés par le virus Epstein-Barr-2 (EBV-2) dans les pays occidentaux. En Afrique, et surtout dans les zones de lymphome de Burkitt endémique, plus de 20 % de la population saine sont porteurs d’EBV-2. Les situations d’immunodépression et notamment l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) se caractérisent souvent par une augmentation de la prévalence de l’EBV-2 et par la fréquence des co-infections EBV-1/EBV-2 [25]. Actuellement, il n’est pas définitivement établi que des variants au niveau des gènes de latence ou des gènes du cycle lytique soient associés à une pathogénicité particulière. Le plus souvent, la mise en évidence d’un variant particulier dans une tumeur associée à l’EBV semble en fait correspondre au variant qui prédomine dans la population saine d’une même région géographique [26]. Excrétion et transmission Le mode de transmission du virus est essentiellement salivaire, ce qui explique la fréquence et la précocité de l’infection à EBV. Chez le petit enfant, la transmission se fait à partir de la mère ou d’autres enfants, par les gouttelettes de salive ou par les objets contaminés ; plus tard, la transmission se fait par l’échange direct de salive lors du baiser. Au cours de la primoinfection, aussi bien silencieuse que symptomatique, de nombreux virions sont produits au niveau de la cavité oropharyngée et excrétés dans la salive. Cette excrétion se poursuit épisodiquement toute la vie chez 15 % à 20 % des porteurs sains. Beaucoup moins souvent, le virus peut être transmis par les transfusions sanguines, en particulier par les culots cellulaires, mais aussi lors de greffes de moelle osseuse ou d’organe. Il ne paraît pas exister de transmission préférentielle chez le personnel 4 © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Maladies infectieuses Infections à virus Epstein-Barr ¶ 8-070-K-10 Épidémiologie de santé. La transmission maternofœtale est rare et sans risque pour le fœtus. La transmission sexuelle est difficile à individualiser de la transmission salivaire, mais les études épidémiologiques écossaises montrent que le pourcentage de séroconversions EBV est significativement plus élevé chez des étudiants ayant des relations sexuelles que chez des étudiants sans relation sexuelle ou avec des relations sexuelles sans pénétration [27]. La MNI existe principalement dans les pays à niveau socioéconomique élevé puisqu’elle survient surtout chez des adolescents encore EBV-séronégatifs. La plupart de ces malades ont été contaminés à partir d’individus porteurs sains (EBV-séropositifs) excrétant des virions dans leur salive. Néanmoins, en suivant pendant plus de 6 mois 23 étudiants ayant une MNI, nous avons montré que tous ces patients contenaient dans leur salive une grande quantité de virions infectieux pendant au moins 6 mois après le début des signes cliniques [30]. Ces résultats suggèrent que les individus « postconvalescents » de MNI pourraient être les principales sources de contamination entre adolescents ou adultes jeunes plutôt que les personnes anciennement infectées excrétant seulement de petites quantités de virus dans la salive. Comme il ne s’agit pas d’une maladie à déclaration obligatoire, il est difficile de connaître les chiffres précis d’incidence dans un pays donné. Les études effectuées dès les années 1970 et dans les années 2000 au Royaume-Uni ont montré que la MNI affectait annuellement entre 1 % et 5 % de la population étudiante dans les pays développés [27, 31, 32]. Aux ÉtatsUnis, l’incidence annuelle de la MNI a été estimée à environ 500 cas/100 000 habitants avec un pic chez les 15-24 ans [33]. En France, en 1990, l’incidence des MNI vues par les généralistes français a été estimée entre 29 000 et 114 000 cas [34]. Il ne semble pas exister de cycle saisonnier ni annuel, ni de cas groupés de cette maladie. Certains travaux récents rapportent au Japon une modification de l’épidémiologie de l’infection à EBV avec une acquisition plus tardive de l’infection [35] . Cette modification pourrait aboutir à une fréquence plus importante de MNI et, par voie de conséquence, du nombre de formes graves de la maladie. Cette augmentation des formes graves ■ Pathologies associées au virus Epstein-Barr (Tableau 1) Mononucléose infectieuse C’est en 1920 que le terme de « mononucléose infectieuse » a été utilisé pour la première fois à propos de patients hospitalisés pour fièvre, angine et adénopathies avec une évolution bénigne malgré la présence d’une leucocytose et de cellules mononucléées sanguines atypiques faisant initialement redouter une leucémie [28]. Les symptômes cliniques de cette maladie avaient déjà été décrits à la fin du XIXe siècle sous le terme de « fièvre glandulaire ». Le terme de kissing disease fut employé en 1955 par Hoagland et al. [29] qui observèrent un « pic » de MNI chez les jeunes militaires américains, environ 6 semaines après les retours de vacances agrémentées d’échanges salivaires répétés. En 1968, les travaux des équipes de Henle et de Evans [3, 4] démontrèrent que la primo-infection à EBV était la principale cause des MNI. Aujourd’hui, on sait que la primoinfection, souvent asymptomatique ou paucisymptomatique lorsqu’elle survient dans l’enfance, entraîne des symptômes de MNI dans au moins 25 % des cas lorsqu’elle survient chez les adolescents ou les jeunes adultes [27]. Tableau 1. Maladies associées à l’infection par le virus Epstein-Barr (EBV). Maladie Tropisme cellulaire principal Association à l’EBV Rôle du virus + Constante Causal + - Forte Causal Carcinome indifférencié du cavum (nasopharyngeal carcinoma) - + Constante Probable Lymphome de Hodgkin + - ~ 50 % Indéterminé Lymphome de Burkitt + - 20 % à 96 % selon les régions Probale (+ cofacteurs environnementaux, ex. paludisme) Lymphoproliférations liées à l’X (syndrome de Purtilo) + + Forte Causal Leucoplasie orale chevelue (sida, immunodépression) - + Constante Causal Carcinome indifférencié de l’estomac - + ~ 50 % Indéterminé Lymphome T ou NK + - ~ 50 % Indéterminé Léiomyosarcome du sujet immunodéprimé - - Forte (cellules musculaires lisses) Indéterminé Syndrome hémophagocytaire + - ~ 50 % Causal ? Maladie chronique active à EBV + + Constante Causal Carcinome du sein - + Faible ??? Sclérose en plaques ? ? ? Auto-immunité ? Lymphoïde Épithélial Mononucléose infectieuse + Lymphoprolifération/lymphome B chez l’immunodéprimé (transplanté, VIH) Maladies fortement associées et/ou fréquentes (+ cofacteurs génétiques et environnementaux) Maladies ou syndromes plus rares Association à l’EBV et/ou rôle très discuté VIH : virus de l’immunodéficience humaine ; sida : syndrome de l’immunodéficience acquise ; NK : natural killer. Maladies infectieuses © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 5 8-070-K-10 ¶ Infections à virus Epstein-Barr Tableau 2. Complications aiguës potentiellement graves des mononucléoses infectieuses (MNI) [46]. dans la population générale a été suggérée dès 2002 dans une étude anglaise effectuée à partir d’une population estimée à 600 000 habitants [36]. Tattevin et al. ont également observé, dans une étude rétrospective monocentrique à Rennes, une augmentation significative du nombre de MNI nécessitant une admission en soins intensifs à partir des années 2000 [37]. Complications Fréquence Rupture de rate < 0,5 % Plus fréquente chez l’adulte que chez l’enfant Aspects cliniques et physiopathologiques Les symptômes classiques de la MNI surviennent 30 à 50 jours après la transmission salivaire (fièvre, adénopathies, angine, rhinopharyngite et fatigue). Il est admis que ces symptômes sont principalement dus à la réaction immunitaire des lymphocytes T cytotoxiques anti-EBV, notamment les T CD8. L’activation de ces lymphocytes entraîne la lyse des lymphocytes B infectés et une réponse cytokinique de type TH1, avec sécrétion importante d’interféron gamma et de tumor necrosis factor-a (TNF-a) [38]. Cette activation est également la cause du syndrome mononucléosique, typique de la MNI, défini comme une lymphocytose sanguine avec présence de grands lymphocytes hyperbasophiles (ou lymphocytes activés) représentant plus de 10 % des leucocytes circulants. Il existe aussi une augmentation de la population des cellules NK (CD56) et des cellules T gamma/delta qui pourraient jouer un rôle dans l’activation des lymphocytes CD8 cytotoxiques [32, 38]. ThorleyLawson a expliqué la plus grande fréquence des symptômes chez l’adolescent par rapport aux enfants par le concept de l’immunité hétérologue [39]. Schématiquement, quand l’infection à EBV survient chez les enfants, ceux-ci ont une réserve importante de lymphocytes T naïfs capables de contrôler rapidement l’infection virale. Avec l’âge, la réserve des lymphocytes T naïfs est moins importante et le pool de cellules T mémoires est saturé à cause des précédentes expositions de l’individu à différents agents pathogènes au cours de sa vie. Quand l’infection à EBV survient à un âge plus avancé, l’organisme sollicite les lymphocytes T hétérologues (déjà stimulés) qui, pour être efficaces, nécessitent une activation beaucoup plus importante que les seuls lymphocytes T naïfs. Il en résulte alors une réponse inflammatoire plus forte, responsable des symptômes de la MNI. Ce concept a été renforcé par un travail de Clute et al. [40] qui a montré une réactivité croisée des lymphocytes T cytotoxiques dirigés contre la protéine M1 du virus grippal et contre la protéine BMLF1 de l’EBV chez les patients atteints de MNI. De plus, il semblait exister une corrélation entre le nombre de ces lymphocytes T cytotoxiques anti-M1 et la sévérité initiale puis l’évolution des symptômes de la MNI. Une autre hypothèse peut expliquer la fréquence des symptômes chez l’adolescent par rapport à l’enfant : un inoculum viral plus important lors de la transmission aboutissant à un nombre plus important de lymphocytes B infectés et une activation plus intense des lymphocytes T. Dans les travaux soutenant cette hypothèse, il existe une corrélation entre l’activation T cytotoxique et la charge virale dans les cellules mononucléées sanguines au cours de la MNI [38]. Récemment, une association entre les formes symptomatiques des primoinfections à EBV et des polymorphismes dans les antigènes HLA de classe I a été rapportée. Les raisons des formes graves de MNI ne sont pas entièrement élucidées sauf dans le très rare syndrome de Purtilo (encore appelé maladie de Duncan ou syndrome lymphoprolifératif lié à l’X) qui n’atteint que les garçons. La MNI y est fatale dans 60 % des cas avec une lymphoprolifération non contrôlée de lymphocytes T CD8. Il s’agit d’une anomalie génétique concernant le gène SH2D1A qui code une protéine régulant l’activation des lymphocytes T. En dehors du syndrome de Purtilo, la susceptibilité génétique aux formes graves est probable comme le montrent les travaux associant certaines de ces formes à un polymorphisme génétique au niveau du gène de l’IL10 [41]. Les travaux rapportant l’association des formes graves avec des variants EBV particuliers sont peu nombreux. L’implication du cycle lytique à l’intérieur des cellules épithéliales et de certains lymphocytes B dans les symptômes et leur gravité au décours de la MNI est discutée. Troubles respiratoires par obstruction des voies aériennes supérieures <5% Plus fréquents chez le sujet jeune Une des causes les plus fréquentes d’hospitalisation Troubles neurologiques <5% Encéphalite ou méningoencéphalite Cérébellite Troubles psychiatriques (hallucinations, syndrome d’ « Alice au pays des merveilles ») Atteinte nerf crânien (névrite optique, paralysie faciale, surdité) Myélite transverse Mono- ou polynévrite Troubles hématologiques <5% Anémie hémolytique Anémie aplasique Thrombopénie sévère (< 20 000/mm3)(a) Neutropénie sévère (<1 000/mm3) ou agranulocytose(a) Pancytopénie Syndrome d’activation macrophagique Divers Rare Ictère Hépatite fulminante(b) Pneumopathie ou pleurésie Atteintes cardiaques (myocardite, péricardite) Rhabdomyolyse Insuffisance rénale aiguë (a) Une thrombopénie et/ou une neutropénie modérée et transitoire sont présentes dans 50 % des cas ; (b) une cytolyse hépatique modérée est présente dans 50 % à 80 % des cas de MNI. . Dans plusieurs cas cliniques publiés, les charges virales sanguines (sang total ou cellules mononucléées ou plasma) apparaissent plus élevées dans les MNI graves par rapport aux MNI d’évolution bénigne [28]. Dans l’étude prospective de Balfour [42], l’élévation de la charge virale dans le sang total, contrairement à la charge virale salivaire, est corrélée à l’intensité des symptômes de la MNI. Cependant, d’autres études ne retrouvent pas cette corrélation [43, 44]. Enfin, des syndromes de type MNI ont été observés chez des diabétiques de type 1 déjà infectés par l’EBV et traités par des anticorps anti-CD3 [45]. Complications aiguës de la mononucléose infectieuse La MNI est une maladie le plus souvent non compliquée avec une évolution favorable en moins de 1 mois. Les complications aiguës potentiellement graves sont rares (Tableau 2) [46]. Le taux de létalité avait été estimé en 1970 à moins de 1 pour 3 000 [47]. À côté de la classique rupture de rate et des obstructions respiratoires, les complications mortelles les plus fréquentes sont les troubles neurologiques centraux, et surtout le syndrome d’activation macrophagique qui relève d’un traitement spécifique [48] (Tableau 3). 6 © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Maladies infectieuses Infections à virus Epstein-Barr ¶ 8-070-K-10 Tableau 3. Syndrome d’activation macrophagique lié au virus Epstein-Barr (EBV). Principaux aspects physiopathologiques Activation macrophagique incontrôlée et augmentation de la fonction TH1 des lymphocytes T Présence de l’EBV dans les lymphocytes B mais possibilité d’infection des cellules T et NK Peut survenir sans anomalie génétique sousjacente lors d’une primo-infection à EBV (plus fréquente en Asie ?) ou dans les cas particuliers du syndrome de Purtilo ou de l’infection chronique active à EBV Peut survenir également lors de la primoinfection à EBV dans d’autres maladies comportant un déficit immunitaire primitif ou acquis Principaux aspects cliniques Fièvre, polyadénopathies, hépato-splénomégalie, bicytopénie ou pancytopénie Principaux aspects diagnostiques Preuve cytologique d’une hémophagocytose dans un organe ou tissu (exemple : moelle osseuse) Signes biologiques : hypertriglycéridémie, hypofibrinogénémie, hyperferritinémie Charge virale EBV élevée dans le sang Profil sérologique compatible avec primoinfection (souvent retardé) Principaux aspects thérapeutiques Étoposide en urgence associé à dexaméthasone et ciclosporine (utilité des antiviraux, des immunoglobulines intraveineuses, des anticorps anti-CD20 ?) Si échec des thérapeutiques ci-dessus, greffe de cellules souches hématopoïétiques Fatigue postmononucléose infectieuse La MNI représente une des causes les plus fréquentes d’infections entraînant une asthénie invalidante. En effet, une fatigue persiste 1 mois après le début de la MNI chez 28 % des patients et 6 mois après encore chez 13 % d’entre eux [49]. Cette fatigue est souvent associée à des symptômes comme des troubles de la concentration et du sommeil, des algies musculaires. Le sexe féminin et la préexistence d’une tendance dépressive semblent corrélés avec le risque de fatigue persistante. Des études récentes suggèrent qu’il pourrait exister des différences au niveau de l’expression de plusieurs familles de gènes cellulaires entre les patients présentant une fatigue persistante supérieure à 6 mois et les autres [50]. Ces études n’ont pas actuellement de conséquence pratique dans la gestion difficile de la fatigue persistante post-MNI, mais confortent l’idée que cette fatigue est une spécificité de l’infection à EBV. Récemment, une étude a montré que l’aciclovir au long cours pourrait diminuer la quantité de lymphocytes B infectés par l’EBV chez les sujets sains [51]. Cette étude relance l’idée controversée d’un traitement antiviral prolongé des symptômes persistants de la MNI. Infection chronique active à EBV . C’est une forme évolutive grave de la MNI aiguë [52]. Elle est à différencier complètement du syndrome de fatigue chronique. Les symptômes invalidants de la MNI persistent de manière bruyante pendant plusieurs mois. La charge virale sanguine est élevée et l’EBV est présent, non seulement dans les lymphocytes B, mais aussi dans les lymphocytes T et les cellules NK. L’évolution se fait souvent vers un lymphome, ce qui exige une prise en charge spécifique aboutissant souvent à une greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH). Cette entité reste très rare, sauf dans certaines régions d’Asie, ce qui fait suspecter une prédisposition génétique. La MNI est-elle un facteur de risque de développer ultérieurement une maladie grave ? Des études épidémiologiques montrent une association entre la MNI et le risque de développer ultérieurement un lymphome de Hodgkin (LH) ou une sclérose en plaques (SEP). Les mécanismes de ces associations ne sont pas élucidés : soit la primoinfection symptomatique est un vrai facteur de risque supplémentaire de développer un LH ou une SEP ; soit il existe un terrain génétique ou d’autres facteurs qui favorisent à la fois le caractère symptomatique de la primo-infection à EBV et le développement de LH ou de SEP. Ces relations sont développées (cf. infra). Diagnostic de la MNI au laboratoire Une suspicion de MNI, même forte, doit être confirmée biologiquement car les symptômes cliniques ne sont pas suffisamment spécifiques d’une part, et d’autre part le syndrome mononucléosique biologique peut se voir dans les primoinfections à cytomégalovirus (CMV) ou au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ainsi que dans la toxoplasmose. Le diagnostic virologique de la MNI repose sur la sérologie EBV spécifique [53]. La détection seule des anticorps hétérophiles par des tests rapides (MNI-test) pourrait suffire uniquement en présence des signes cliniques et biologiques évocateurs, car les faux positifs du MNI-test sont très rares (spécificité supérieure à 95 %). Ces anticorps de type IgM sont dits « hétérophiles » car ils reconnaissent des antigènes d’hématies animales. Bien que non dirigés contre les antigènes de l’EBV, ils n’apparaissent que dans la MNI. On les détecte en général en même temps que les symptômes ou parfois de manière un peu retardée. Ils peuvent persister jusqu’à 3 mois après le début de la MNI. L’absence d’anticorps hétérophiles n’élimine pas le diagnostic de MNI car la sensibilité de ce test est globalement faible, autour de 85 % et même inférieure à 50 % chez l’enfant de moins de 12 ans et chez l’adulte au-delà de 30 ans. Face à ce défaut de sensibilité, la sérologie spécifique de l’EBV est indispensable. Cette sérologie comporte généralement la recherche simultanée de plusieurs marqueurs, ce qui va permettre d’établir des profils sérologiques caractéristiques d’une infection aiguë ou d’une infection ancienne. Les trois marqueurs le plus souvent utilisés dans ce but sont les IgM et IgG anti-viral capsid antigen (VCA) et les IgG anti-EBNA1. La primo-infection récente se caractérise par la présence d’IgM anti-VCA, avec des IgG anti-VCA, mais toujours en l’absence d’IgG anti-EBNA1 qui n’apparaissent que 2 à 3 mois après le début des symptômes. Les IgG anti-VCA peuvent être absentes au tout début des symptômes. Les IgM anti-VCA, comme les anticorps hétérophiles, persistent 2 à 3 mois après le début des symptômes mais peuvent être détectables plus longtemps. Les IgG anti-VCA persistent toute la vie et sont les meilleurs indicateurs d’une « immunité » ancienne anti-EBV (Fig. 3). L’infection ancienne est définie le plus souvent par la présence d’IgG anti-VCA sans IgM anti-VCA combinée à la présence d’IgG anti-EBNA1. Toutefois, il faut savoir que chez 3 % à 5 % des individus immunocompétents, les IgG antiEBNA1 n’apparaissent pas après la primo-infection ou persistent à des titres très faibles. De même, on ne détecte pas les IgG antiEBNA1 chez 10 % à 20 % des malades immunodéprimés. Ce profil sérologique « déséquilibré » n’est pas relié à des symptômes ou des risques particuliers. En dehors de ces profils sérologiques classiques, il existe des profils atypiques ou indéterminés ne permettant pas toujours de trancher entre une infection aiguë et une infection ancienne. Pour résoudre ces cas difficiles, il est important de connaître le contexte clinique (âge, symptômes), de réaliser un suivi sérologique quand il est possible, d’étudier d’autres marqueurs que les Ig anti-VCA et les IgG anti-EBNA1, et enfin d’utiliser d’autres techniques (immunofluorescence ou immunoblot). L’utilisation de méthodes moléculaires reste exceptionnelle dans le diagnostic de certitude d’une MNI. La polymerase chain Maladies infectieuses © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 7 Réponse anticorps 8-070-K-10 ¶ Infections à virus Epstein-Barr Seuil 12-16 semaines 4-8 semaines Incubation Signes cliniques Convalescence Infection ancienne IgM anti-VCA IgG anti-EBNA p72 (Elisa) Parfois IgG anti-VCA p18 (Elisa) IgG anti-EA p54 (Elisa) IgG anti-VCA gp125/p23 (Elisa) Anticorps hétérophiles IgG anti-VCA (IF) Figure 3. Cinétique des anticorps antivirus Epstein-Barr (EBV) au cours de la mononucléose infectieuse aiguë non compliquée. Ig : immunoglobulines ; VCA : viral capsid antigen ; EA : early antigen ; EBNA : EpsteinBarr nuclear antigen ; IF : immunofluorescence ; Elisa : enzyme-linked immunosorbent assay. reaction (PCR) EBV dans le sérum, toujours positive dans les 7 premiers jours d’une MNI et jamais après le 15e jour, permet de trancher en faveur ou en défaveur d’une MNI récente. La PCR dans la salive, dont les résultats sont souvent supérieurs à 1 million de copies/ml pendant les 6 premiers mois post-MNI, peut également être utile en cas de doute sur une infection récente. Cependant, des charges virales salivaires élevées sont également retrouvées dans les réactivations chez l’immunodéprimé. La PCR EBV dans le liquide céphalorachidien (LCR) est souvent informative dans les complications neurologiques de la MNI. Dans les greffes d’organes (donneur EBV-positif/receveur EBV-négatif) ou de CSH, comme il peut exister un retard important d’apparition des anticorps en cas de primo-infection, la PCR EBV dans le sang total permet alors le diagnostic de primo-infection bien avant la séroconversion. Peut-on espérer des traitements anti-EBV spécifiques ou un vaccin contre la MNI ? Malgré une inhibition in vitro de la réplication de l’EBV par les inhibiteurs des ADN polymérases des herpesvirus (aciclovir, valaciclovir, ganciclovir, valganciclovir, cidofovir, foscarnet), il n’existe pas de traitement antiviral efficace de la MNI. Certains auteurs pensent qu’il est inutile d’en chercher puisque les principaux symptômes de la MNI sont liés à la réaction immunitaire. Leur avis s’appuie également sur des études cliniques où l’aciclovir, bien que diminuant la production virale dans l’oropharynx des patients atteints de MNI, n’a pas démontré de bénéfice clinique incontestable sur la symptomatologie de cette maladie [42, 54]. Les corticoïdes (avec ou sans antiviraux associés) restent actuellement recommandés dans certaines complications : obstructions respiratoires, troubles hématologiques autoimmuns, syndrome d’activation macrophagique et parfois manifestations neurologiques. Vu l’inconfort provoqué par la MNI et les quelques formes graves de cette maladie, il nous semble licite de défendre une recherche pour des stratégies immunomodulatrices ou antivirales réellement efficaces. Concernant les antiviraux, d’autres cibles que l’ADN polymérase sont possibles [55]. Le maribavir (appartenant aux benzimidazoles L-ribonucléosides) agit sur la phosphorylation du processing factor associé à l’ADN polymérase de l’EBV. Les indolocarbazoles agissent sur la réplication virale par un mécanisme qui pourrait impliquer l’inhibition des protéines kinases de l’EBV. Dans cette quête de nouvelles cibles, la génomique structurale nous a permis de résoudre la structure tridimensionnelle de plusieurs protéines virales indispensables à la réplication virale et ainsi de modéliser des cibles antivirales potentielles [56, 57]. Les approches vaccinales sont peu nombreuses et décevantes pour plusieurs raisons : la complexité de l’interaction entre le virus et la réaction immunitaire, la difficulté d’obtenir des modèles animaux probants, des incertitudes sur l’intérêt économique d’un vaccin contre la MNI. Ces travaux concernent principalement la glycoprotéine d’enveloppe gp350 sous forme de vaccin sous-unités ou sous forme de vaccin recombinant, avec production d’anticorps neutralisants. Dans un essai randomisé contre placebo, le vaccin sous-unités semble protéger les individus séronégatifs contre les manifestations cliniques de la MNI mais pas contre l’infection [58]. En attendant des traitements préventifs ou curatifs efficaces, la prise en charge de la MNI est actuellement symptomatique : anti-inflammatoires non stéroïdiens, pas d’antibiothérapie (car certains antibiotiques administrés intempestivement lors de la MNI provoquent des éruptions généralisées). On conseille le repos, sans toutefois interdire une activité physique modérée ; à cause du risque de rupture de rate qui survient en général au cours des 3 semaines après le début de la MNI, les sports de contact sont proscrits pendant le premier mois. “ À retenir MNI • La MNI, même typique, nécessite un diagnostic biologique qui repose sur la sérologie. • Le traitement d’une MNI est purement symptomatique. • La prise en charge de la fatigue post-MNI, principale complication de cette maladie, est parfois difficile. • La prise en charge des complications graves (syndrome d’activation macrophagique, infection chronique active) nécessite des moyens spécialisés. • Il faut encourager la recherche : C pour trouver des stratégies thérapeutiques ou préventives efficaces ; C pour comprendre les mécanismes associés à la fatigue post-MNI ; C pour étudier les modifications épidémiologiques de la MNI et ses relations avec la maladie de Hodgkin ou la SEP. Maladies malignes associées à l’EBV Plusieurs types de cancers développés aux dépens des cellules lymphoïdes ou épithéliales sont associés à l’EBV (Tableau 1). Différents marqueurs permettent d’associer l’EBV à un cancer : la présence du génome viral à l’état clonal dans les cellules malignes, et l’expression de protéines virales oncogènes. L’association est de plus caractérisée par des profils d’expression des protéines de latence différents selon les cancers. Dans certains cancers, l’association repose également sur un profil sérologique caractéristique avec des titres d’anticorps anti-EBV élevés, en particulier contre des antigènes du cycle lytique. Le terme « association » a été choisi pour montrer que l’EBV est un facteur favorisant très important dans l’émergence de ces cancers mais qu’il n’est pas suffisant : d’autres cofacteurs endogènes ou exogènes interviennent de manière spécifique dans leur développement. 8 © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Maladies infectieuses Infections à virus Epstein-Barr ¶ 8-070-K-10 Tableau 4. Incidence des syndromes lymphoprolifératifs post-transplantation (SLPT) dans les greffes d’organes solides [61]. Organe transplanté SLPT (%) Rein 1-9 Foie 2-13 Cœur 2-6 Poumon 2-9 Cœur-poumon 3-20 Intestin 7-11 Multiviscéral 13-33 Classiquement, les SLPT surviennent dans la première année postgreffe et d’autant plus vite que le nombre de facteurs de risque est élevé. Néanmoins, les SLPT survenant après la première année ne sont pas rares et la fréquence des SLPT tardifs serait en augmentation. Du diagnostic à la thérapeutique Syndromes lymphoprolifératifs post-transplantations (SLPT) . Décrits pour la première fois en 1969, les SLPT sont, dans 80 % à 90 % des cas, des lymphoproliférations polyclonales ou monoclonales de lymphocytes B infectés par l’EBV [59]. Les SLPT dans lesquels l’EBV n’est pas détecté apparaissent plus tardivement après la greffe, peuvent concerner des lymphocytes B ou T et semblent de plus mauvais pronostic. Ils ne sont pas abordés dans cet article. Principaux aspects physiopathologiques et épidémiologiques Les SLPT associés à l’EBV concernent à la fois les greffes de CSH et les greffes d’organes solides. L’immunosuppression thérapeutique nécessaire à ces greffes entraîne une diminution de la surveillance T cytotoxique contre les lymphocytes B infectés par l’EBV avec pour conséquence une augmentation du nombre de lymphocytes B infectés dans l’organisme et une augmentation du nombre de particules virales dans l’oropharynx. Dans un certain nombre de cas, ce mauvais contrôle de l’infection à EBV permet l’expression non régulée des antigènes de latence viraux EBNA et LMP qui aboutit à la prolifération des lymphocytes B. Certaines protéines du cycle lytique, en particulier ZEBRA, pourraient également jouer un rôle dans la lymphomatogenèse. Cette prolifération de lymphocytes B favorise l’apparition d’altérations génétiques secondaires qui aboutissent au développement d’un SLPT. L’infection à EBV mal contrôlée est donc bien la gâchette qui déclenche le phénomène pathologique, mais cet événement, très fréquent chez les transplantés, n’est pas suffisant pour l’émergence d’un SLPT qui nécessite d’autres étapes encore mal élucidées. Le terrain génétique, le rôle de l’inflammation chronique liée aux transplantations et les caractéristiques des drogues immunosuppressives sont des cofacteurs potentiels qui influent sur l’émergence des SLPT. Dans les allogreffes de CSH, les SLPT se développent principalement à partir des lymphocytes B d’un donneur séropositif pour l’EBV, plus rarement à partir des lymphocytes B du receveur non détruits lors du conditionnement prégreffe. Dans les greffes d’organes solides, les SLPT se développent plutôt à partir des lymphocytes B du receveur qui est en général EBVpositif. La situation du receveur EBV-négatif recevant l’organe d’un donneur EBV-positif (R-/D+) représente néanmoins le facteur de risque le plus important de SLPT car, dans ce cas, il n’existe aucune défense préalable anti-EBV chez le receveur. Au cours des greffes de CSH, l’incidence des SLPT est en moyenne inférieure à 1 %, avec de grandes variations (de 0,2 % à 30 %) selon la maladie nécessitant la greffe, le type de greffon, l’appariement HLA, la prophylaxie ou le traitement de la maladie du greffon contre l’hôte et l’âge du receveur [60]. Les SLPT après autogreffe sont exceptionnels. Dans les greffes d’organes, l’incidence des SLPT se situe autour de 1 % avec de grandes variations selon les facteurs de risque et le type d’organe transplanté (Tableau 4) [61]. L’implication des différents types d’immunosuppresseurs dans la physiopathologie des SLPT est discutée, certains semblant augmenter le risque et d’autres le diminuer. In fine, c’est l’intensité globale et la durée de l’immunosuppression qui représentent le deuxième facteur de risque principal après le statut R-/D+. . Les circonstances cliniques de découverte sont variées. Il peut s’agir d’un tableau de pseudo-MNI (fièvre, fatigue, polyadénopathies, amygdalite), d’un dysfonctionnement du greffon dans les greffes d’organes solides ou de symptômes traduisant la présence d’une tumeur dans un organe. Parfois, les symptômes sont d’emblée graves avec une atteinte polyviscérale mimant un sepsis ou un tableau de maladie du greffon contre l’hôte sévère. À l’inverse, une élévation asymptomatique de la charge virale sanguine de l’EBV (cf. infra) peut conduire à des examens complémentaires (imagerie) permettant le diagnostic d’un SLPT. L’étude anatomopathologique est indispensable au diagnostic de certitude d’un SLPT. Elle permet une classification en quatre catégories, en particulier selon le caractère polyclonal ou monoclonal des lésions. La mise en évidence de l’EBV par hybridation in situ (détection des ARN non codants EBER) ou immunohistochimie (détection de la protéine LMP1) est utile pour affiner le diagnostic. La mesure de la charge virale intratumorale peut être utile : si elle est très élevée, elle peut réorienter un diagnostic anatomopathologique difficile. Les différentes formes histologiques, la clonalité et la présence d’anomalies cytogénétiques ne sont pas définitivement corrélées avec le pronostic de la maladie. Les stratégies de prise en charge combinent des interventions visant à restaurer la réponse T cytotoxique anti-EBV et des interventions ciblant les lymphocytes B tumoraux, en particulier avec les anticorps monoclonaux anti-CD20 (rituximab). Ces stratégies diffèrent selon le type de greffe et peuvent être appliquées dans un but curatif dans un SLPT avéré, ou de manière prophylactique ou anticipée (préemptive) en fonction de la charge virale EBV et de la présence ou non de facteurs de risque de SLPT [59]. Dans les greffes d’organes solides, la diminution de l’immunosuppression est souvent utilisée soit de manière préemptive, devant une élévation de la charge virale EBV, soit de manière curative pour traiter un SLPT peu sévère. Dans les greffes de CSH, la réduction de l’immunodépression n’est pas efficace dans les SLPT précoces car la restauration de l’immunité anti-EBV n’est pas suffisamment rapide pour combattre la prolifération tumorale. Elle peut être parfois tentée devant une augmentation de la charge virale survenant tardivement après la greffe de CSH. Les anticorps monoclonaux anti-CD20 ont profondément modifié la prise en charge prophylactique et curative des SLPT mais n’ont pas réglé tous les problèmes. Dans les greffes de CSH et d’organes solides, ils ont été utilisés avec succès en prophylaxie et à titre curatif. Dans une stratégie préemptive, les anticorps anti-CD20 doivent être utilisés uniquement en cas de fort risque de SLPT du fait de la profonde immunosuppression B qu’ils entraînent avec un risque d’infections secondaires parfois graves. En traitement curatif, le pourcentage de succès des anti-CD20 se situe entre 50 % et 70 % selon les études. Les principaux risques d’échec concernent les atteintes du système nerveux central où les anticorps pénètrent mal, l’émergence d’un clone malin qui aurait perdu l’antigène CD20, et les lésions tardives monomorphes avec anomalies cytogénétiques. Les échecs des thérapies curatives combinant réduction de l’immunosuppression et anticorps monoclonaux anti-CD20 conduisent à des prises en charge par des chimiothérapies. Des protocoles combinant d’emblée anticorps anti-CD20 et chimiothérapie sont parfois utilisés. Certains centres utilisent, en prophylaxie ou en curatif, des stratégies de thérapie cellulaire en injectant des lymphocytes T cytotoxiques anti-EBV provenant des donneurs (greffes de CSH), des receveurs (greffes d’organe) ou de banques de lymphocytes T cytotoxiques. Les résultats sont excellents, particulièrement dans les greffes de CSH, mais ces stratégies sont compliquées Maladies infectieuses © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 9 8-070-K-10 ¶ Infections à virus Epstein-Barr (longueur du délai d’obtention des lymphocytes T cytotoxiques à partir des donneurs ou receveurs, banques peu nombreuses). La radiothérapie et/ou la chirurgie sont réservées à des lésions uniques et focalisées, ou parfois en urgence en cas de compression d’un organe vital. Le méthotrexate est parfois utilisé dans les tumeurs du système nerveux central. Les antiviraux antiherpesvirus qui inhibent l’ADN polymérase de l’EBV (ganciclovir ou foscarnet) ont montré une certaine efficacité dans le traitement de SLPT avérés. Cependant, ils ont été utilisés en association avec d’autres stratégies (par exemple la diminution de l’immunosuppression), ce qui empêche de statuer sur leur efficacité réelle. En prophylaxie, des études castémoins ont rapporté une incidence moindre de SLPT chez les patients bénéficiant d’une prophylaxie antivirale anti-CMV et certains proposent une prophylaxie antivirale chez les transplantés d’organes EBV-négatifs recevant un organe EBV-positif. Patient greffé à risque de développer un SLPT Suivi régulier de la charge virale EBV dans le sang Charge virale EBV élevée ou augmentant sans signe clinique Risque SLPT important Risque SLPT faible Proposer un traitement anticipé (préemptif) anti-CD20 + Diminution IS si possible Suivi plus fréquent de la charge virale + Diminution IS si possible Intérêt et limite de la charge virale EBV dans les SLPT Il est admis en 2010 que le suivi de la mesure de la charge virale ADN de l’EBV réalisée aujourd’hui par PCR en temps réel dans le sang est indispensable chez les transplantés pour la prévention, le diagnostic précoce et le suivi thérapeutique des SLPT [62, 63]. Malgré cela, des questions persistent sur le meilleur compartiment sanguin dans lequel mesurer la charge virale EBV (cellules mononucléées, plasma/sérum, sang total) et sur la sensibilité, la spécificité et les valeurs prédictives de cette mesure. La mesure de la charge virale EBV dans le sang total est aussi sensible et spécifique que la mesure de la charge virale EBV dans les cellules mononucléées qui de ce fait a tendance à être abandonnée. La mesure de la charge virale dans le sang total semble plus sensible que la mesure de la charge virale dans le plasma ou le sérum, mais elle paraît également moins spécifique. En cas de doute, la combinaison d’une mesure de la charge virale dans le sang total et dans le plasma sur un même prélèvement ne pose pas de difficulté technique et pourrait améliorer la performance globale de la mesure de la charge virale EBV. Les seuils de charge virale EBV à partir desquels il faudrait, chez un patient asymptomatique, diminuer l’immunodépression, utiliser un traitement préemptif ou rechercher, par des techniques d’imagerie, un SLPT ne sont pas définis. En effet, même si une charge virale EBV sanguine élevée est un facteur de risque de SLPT et que la plupart des SLPT ont une charge virale EBV élevée, tous les transplantés avec une charge virale EBV élevée ne vont pas forcément évoluer vers un SLPT. Le problème réside donc surtout dans la spécificité et la valeur prédictive positive des charges virales hautes par rapport au SLPT. Enfin, il n’existe pas encore d’étalon ou de calibration internationale pour cette mesure et les techniques ne sont pas vraiment standardisées. Chaque centre doit donc faire sa propre expérience avec sa technique et les cliniciens doivent s’appuyer sur la cinétique des charges virales EBV chez un individu plutôt que sur une seule valeur absolue : une brusque augmentation de 1 log de la charge virale doit éveiller les soupçons. Une baisse de 1 log de la charge virale EBV en 1 semaine est un marqueur d’efficacité des mesures préemptives. Ce suivi doit être également apprécié en fonction du risque initial du patient. La quantification des lymphocytes T cytotoxiques anti-EBV par des techniques immunologiques pourrait également compléter la mesure de la charge virale EBV mais ces techniques ne sont pas encore largement répandues dans les laboratoires. Une conférence de consensus récente recommande une mesure de charge virale EBV hebdomadaire pendant au moins 3 mois chez tous les greffés de CSH à haut risque mais pas en cas de greffe HLA géno-identique ou en cas d’autogreffe. La périodicité et la durée du suivi peuvent être augmentées chez les greffés particulièrement à risque [64]. Chez les greffés d’organes solides à risque, une mesure de la charge virale EBV est recommandée la première semaine, puis une fois par mois pendant les 3 à 6 premiers mois et tous les 3 mois pendant au moins 1 an. La Figure 4, d’après Heslop et al., reprend la stratégie de surveillance basée sur la charge virale EBV dans les différents types de greffe [59]. Les seuils de charge Persistance d’une charge virale élevée asymptomatique Imagerie ? + - Traitement en fonction de la localisation et de l’extension Surveillance Figure 4. Arbre décisionnel. Exemple du suivi de la charge virale chez les patients transplantés à risque de syndrome lymphoprolifératif posttransplantation (SLPT). D’après Heslop 2009 [59]. EBV : virus Epstein-Barr ; IS : immunosuppression. virale à partir desquels on peut proposer un traitement préemptif ou suspecter précocement un SLPT doivent être établis par chaque centre. Certaines équipes ont rapporté que la surveillance de la charge virale EBV pouvait également permettre de suivre, de manière indirecte, le niveau de l’immunosuppression, des charges virales indétectables apparaissant alors comme un facteur de risque de rejet de greffe. Il faut noter que la sérologie EBV n’a pas d’intérêt dans le suivi des transplantés. . Lymphomes associés à l’EBV chez l’immunodéprimé en dehors des transplantations [65-67] L’EBV peut être associé à d’autres lymphoproliférations malignes dans le cadre d’immunodépressions acquises (VIH, traitements immunodépresseurs) ou d’immunodépressions primaires. Lymphome de Burkitt endémique et sporadique [68, 69] Le lymphome de Burkitt, décrit pour la première fois en 1958 par Denis Burkitt, est à l’origine de la mise en évidence de 10 © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Maladies infectieuses Infections à virus Epstein-Barr ¶ 8-070-K-10 . l’EBV. Il existe deux formes de lymphome de Burkitt : la forme endémique, fréquente dans les pays africains équatoriaux et en Nouvelle-Guinée-Papouasie, et la forme sporadique, rencontrée beaucoup plus rarement dans les pays occidentaux. Dans les pays africains concernés, le lymphome de Burkitt endémique s’avère la principale cause de cancers chez l’enfant. Dans tous les cas, la cellule lymphomateuse dérive d’un lymphocyte B et présente toujours l’une des trois translocations suivantes : t(8;14) (la plus fréquente), t(2;8), t(8;22) qui mettent l’oncogène c-myc (présent sur le chromosome 8) sous la dépendance des gènes des chaînes lourdes (chromosome 14) ou légères (chromosomes 2 ou 22) des Ig. Ces translocations conduisent à une hyperexpression de l’oncogène c-myc. Cliniquement, ces deux formes se révèlent le plus souvent par des manifestations extraganglionnaires : l’atteinte de la mâchoire est très fréquente dans les formes endémiques ; l’atteinte digestive et l’envahissement médullaire sont plus fréquents dans la forme sporadique. L’atteinte ganglionnaire est fréquente dans les lymphomes de Burkitt qui se développent dans le contexte spécifique de l’infection à VIH. Le génome EBV est retrouvé à l’état clonal dans la cellule tumorale dans 98 % des cas de lymphomes de Burkitt endémiques. L’association entre EBV et lymphome de Burkitt endémique est également caractérisée par une sérologie montrant des titres élevés d’anticorps contre les antigènes VCA et les early antigens (EA-R). À l’inverse, l’EBV n’est détectable que dans 15 % à 20 % des cas de lymphome de Burkitt sporadique, sauf chez les patients porteurs du VIH où la fréquence d’association avoisine les 30 % à 40 %. Quelle que soit la fréquence de détection du génome viral, seuls la protéine EBNA1 et les ARN EBER sont exprimés dans les cellules tumorales, ce qui définit la latence de type I. Le rôle exact du virus dans cette tumeur reste controversé [68, 69]. Dans le lymphome de Burkitt endémique, la conjonction, chez le jeune enfant, du paludisme chronique et de l’infection à EBV précoce aboutit à une activation des lymphocytes B et probablement une réactivation fréquente du cycle lytique du virus : deux phénomènes propices à la translocation du gène c-myc dans un lymphocyte B. Cette cellule serait ensuite protégée de l’apoptose, notamment par l’expression des protéines EBNA1 et des EBER. Dans la pratique médicale, la recherche du génome dans la tumeur, la mesure de la charge virale ou la démonstration d’un titre d’anticorps élevé ne sont pas indispensables pour la prise en charge des lymphomes de Burkitt. Lymphome de Hodgkin [70-72] Le lymphome de Hodgkin (LH) [70] est défini par la présence, au sein des ganglions, d’une cellule anormale dite « cellule de Reed-Sternberg » (RS), cellule lymphoïde d’origine B. Cette cellule tumorale est faiblement représentée au sein de la tumeur (1 % des cellules) parmi un tissu réactionnel important de lymphocytes non tumoraux. En fonction de l’organisation de ce tissu réactionnel, on décrit le LH classique (95 % des cas) et le LH nodulaire à prédominance lymphocytaire. Le LH classique est subdivisé en quatre sous-types histologiques : scléronodulaire, à cellularité mixte, riche en lymphocytes, et lymphodéplété. Dans les pays développés, 30 % à 40 % des LH classiques contiennent le génome du virus Epstein-Barr (EBV) à l’état clonal dans les cellules RS. La fréquence de cette association à l’EBV dépend à la fois de l’âge de survenue et du type histologique de la tumeur. Le génome est presque toujours présent dans les LH de l’enfant et du sujet âgé alors qu’il l’est beaucoup moins souvent chez les patients entre 15 et 35 ans. De même, il est détecté plus souvent dans les formes à cellularité mixte (70 %) et lymphodéplétées (90 %) que dans la forme scléronodulaire (10 % à 40 %), forme prédominante chez le sujet jeune. Carcinome du nasopharynx [73] Le carcinome indifférencié du nasopharynx (nasopharyngeal carcinoma [NPC]) est une tumeur qui se développe aux dépens de l’épithélium de la cavité rétronasale (cavum), d’où les signes cliniques d’appel insidieux et une découverte souvent au stade de métastase ganglionnaire cervicale. Du point de vue histologique, la tumeur est caractérisée par des cellules carcinomateuses indifférenciées associées à un important infiltrat lymphocytaire majoritairement de type T. Dans certaines provinces de Chine du Sud et à Taïwan, son incidence atteint 30 à 80 cas pour 100 000 habitants/an, contre 0,5 à deux cas pour 100 000 habitants/an en Europe et aux États-Unis, et trois pour 100 000 habitants/an dans le nord de la Chine, ce qui en fait le cancer le plus fréquent chez l’homme adulte. Son incidence est également élevée dans certaines populations de l’Alaska et du Groenland et dans les pays d’Afrique du Nord. Cette distribution s’explique actuellement par une susceptibilité génétique particulière associée à des facteurs environnementaux : habitudes alimentaires ou culturelles (méthodes de conservation du poisson, herbes médicinales en Chine, méthodes de conservation de la viande et assaisonnements en Afrique du Nord, etc.). Le génome de l’EBV est détecté dans les cellules tumorales de 100 % des biopsies. Cette fréquence de détection fait de cette tumeur le cancer le plus fréquemment associé à l’EBV. La protéine EBNA1 et les ARN non codants EBER sont présents dans tous les cas, les protéines LMP2A et 2B dans 75 % et la protéine LMP1 dans 50 % à 65 % des cas. Ce profil correspond à une latence de type II. Les transcrits et/ou la protéine BamHI-A rightward frame-1 (BARF) sont régulièrement détectés dans les NPC et semblent avoir un rôle important dans cette tumeur. Il est admis que le génome viral n’est pas détectable dans les tissus nasopharyngés normaux des sujets à haut risque de NPC mais devient détectable dans les dysplasies sévères et les cancers in situ. L’hypothèse actuelle se fonde sur la présence initiale d’anomalies génétiques chez les individus à risque. Ces anomalies seraient la première étape du processus malin et favoriseraient la pénétration et la persistance de l’EBV dans les cellules. Le virus apporte ensuite, par l’expression des protéines citées plus haut, un avantage supplémentaire décisif pour la cellule (protection contre l’apoptose et contre la réponse immune cytotoxique anti-EBV) qui va permettre l’émergence d’un clone malin. Le diagnostic du NPC est histologique, mais la présence du génome viral détecté par PCR ou hybridation in situ (détection des ARN non codants EBER) ou la mise en évidence de la protéine EBNA1 dans les cellules peuvent être utiles au diagnostic, particulièrement lorsque le cancer est découvert devant une métastase isolée. Avant l’apparition du cancer clinique, les titres d’anticorps IgG et IgA anti-VCA et anti-EA chez les sujets à risque ou atteints de NPC infraclinique sont très élevés, ce qui rend cette sérologie très intéressante pour le dépistage précoce des tumeurs dans les pays à forte endémie. Plus récemment, la quantification de l’ADN viral sérique est apparue comme complémentaire au dépistage sérologique [74]. La recherche des ARN messagers BARF1 dans la salive pourrait également améliorer le diagnostic de ces cancers [75]. Le titrage des IgA anti-VCA et anti-EA et la quantification de l’ADN sérique sont également intéressants pour le suivi des malades car ces marqueurs diminuent souvent lors des rémissions. Une réascension après la fin du traitement est en faveur d’une récidive locale ou métastatique. Le traitement du NPC repose avant tout sur la radiothérapie avec ou sans chimiothérapie. Des essais d’immunothérapie avec injection de lymphocytes T cytotoxiques anti-EBV sont en cours depuis plusieurs années avec des résultats variables. Des essais de phase 1 de vaccinothérapie visant à stimuler la réponse anti-EBNA1 et antiLMP2 sont en cours. La présence de l’EBV a également été rapportée, avec une fréquence moindre que dans le NPC, dans d’autres carcinomes indifférenciés avec une forte infiltration lymphocytaire, en particulier dans certains cancers de l’estomac. Maladies auto-immunes et virus Epstein-Barr : la controverse En dehors des maladies malignes précédentes, d’autres cancers ont été associés de près ou de loin à l’EBV (Tableau 1). Maladies infectieuses © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 11 8-070-K-10 ¶ Infections à virus Epstein-Barr . . . L’EBV semblerait en outre jouer un rôle dans des maladies inflammatoires et auto-immunes [76, 77] telles que la polyarthrite rhumatoïde, le lupus érythémateux disséminé, le syndrome de Sjögren mais cela reste controversé. Les relations entre l’EBV, la MNI et la SEP font actuellement l’objet de nombreuses études parfois discordantes [78, 79]. Les premiers travaux datent des années 1980. Ils avaient montré que la séroprévalence EBV et les titres d’anticorps antiVCA et anti-EBNA1 étaient plus élevés chez les patients atteints de SEP que dans la population générale. L’élévation des anticorps anti-EBNA1 serait un facteur prédictif de l’évolution vers la maladie pour Lünemann et al. [80], ce qui n’est pas retrouvé par Ingram et al. [81]. Des travaux ont montré que l’immunité anti-EBV dans le sérum et le LCR était aussi exacerbée [82]. À la lumière de ces résultats, plusieurs études ont recherché la présence de l’EBV dans des échantillons de LCR ou de sang chez les patients atteints de SEP, sans trouver de différence statistiquement significative avec les groupes contrôles [83]. D’autres travaux portant sur des tissus cérébraux prélevés post-mortem chez des patients atteints de SEP ont mis en évidence, dans près de 100 % des cas, la présence, en quantité importante, de cellules B infectées par l’EBV. Dans ce même travail, les follicules méningés formés par les cellules B ectopiques, dans certains cas de SEP secondaire progressive, ont été identifiés comme site majeur de persistance de l’EBV [84, 85]. Enfin, la mononucléose infectieuse elle-même pourrait être associée à un risque 2,6 fois plus élevé de développer une SEP [86]. La MNI pourrait donc être un facteur favorisant le développement ultérieur de la SEP mais il n’est pas exclu que la MNI et la SEP soit deux maladies survenant sur les mêmes terrains génétiques et immunologiques. . ■ Références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] Epstein MA, Achong BG, Barr YM. Virus particles in cultured lymphoblasts from Burkitt’s Lymphoma. Lancet 1964;1:702-3. Henle G, Henle W. Immunofluorescence in cells derived from Burkitt’s lymphoma. J Bacteriol 1966;91:1248-56. Henle G, Henle W, Diehl V. Relation of Burkitt’s tumor-associated herpes-type virus to infectious mononucleosis. Proc Natl Acad Sci USA 1968;59:94-101. 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Seigneurin, Professeur des Universités, praticien hospitalier. P. Morand, Professeur des Universités, praticien hospitalier. Laboratoire de virologie, Institut de biologie et pathologie, Centre hospitalier universitaire de Grenoble, B.P. 217, 38043 Grenoble cedex 09, France. Unit of Virus Host Cell Interactions, Unité mixte internationale 3265, Université Joseph Fourier, B.P. 53, 38041 Grenoble cedex 9, France. Toute référence à cet article doit porter la mention : Germi R., Baccard M., Seigneurin J.-M., Morand P. Infections à virus Epstein-Barr. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Maladies infectieuses, 8-070-K-10, 2011. Disponibles sur www.em-consulte.com Arbres décisionnels Iconographies supplémentaires Vidéos / Animations Documents légaux Information au patient Informations supplémentaires Autoévaluations 14 © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Cas clinique Maladies infectieuses Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et em-premium.com : 1 autoévaluation Cliquez ici 3 cas clinique Cas clinique 1 Hépatite cholestatique d'origine infectieuse. Cliquez ici Cas clinique 2 Myélite aiguë et névrite optique. Cliquez ici Cas clinique 3 Greffe de moelle osseuse. Cliquez ici 8 informations supplémentaires Information supplémentaire 1 Historique des découvertes sur le virus Epstein-Barr. Cliquez ici Information supplémentaire 2 Principales protéines du cycle productif lytique. Cliquez ici Information supplémentaire 3 Transformation et protéines de latence. Cliquez ici Information supplémentaire 4 Profils d'expression des gènes du virus Epstein-Barr dans les cellules et les tissus lymphoïdes. Cliquez ici Information supplémentaire 5 Cas particuliers de mononucléoses infectieuses (MNI) graves : syndrome de Purtilo et infection chronique active au virus EpsteinBarr (EBV). Cliquez ici Information supplémentaire 6 Classification histologique (Organisation mondiale de la santé, 2008) des syndromes lymphoprolifératifs post-transplantation. Cliquez ici Information supplémentaire 7 © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Lymphomes associés au virus Epstein-Barr virus chez l'immunodéprimé en dehors des transplantations. Cliquez ici Information supplémentaire 8 Lymphome de Hodgkin. Cliquez ici © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.