brèves - John Libbey Eurotext

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brèves
Échappement de l’EBV au système immunitaire :
gp42 se lie aux molécules CMH de classe II
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Mots clés :
virus d’Epstein-Barr, CMH de
classe II, échappement,
glycoprotéine d’enveloppe
Le virus d’Epstein-Barr (EBV) infecte plus de 90 % des adultes et persiste à vie de façon
asymptomatique dans les lymphocytes B des sujets infectés. Cet équilibre remarquable
entre l’hôte et le virus est basé sur la vigilance permanente du système immunitaire du
premier qui contrôle et maintient latent le génome du second. La défaillance du système
immunitaire permet l’expression de nombreuses protéines virales qui vont induire la
prolifération des lymphocytes B et le développement de syndromes lymphoprolifératifs. Une grande partie du génome de l’EBV est consacrée à l’expression de protéines et
d’ARN destinés à contrecarrer la réponse immune de l’hôte. Les mécanismes d’échappement ciblent notamment la reconnaissance des lymphocytes B infectés par les
lymphocytes T cytotoxiques. Ainsi, la protéine EBNA1, indispensable au maintien du
génome viral sous forme d’épisome et exprimée dans l’ensemble des programmes de
latence viraux, inhibe sa propre traduction et empêche ainsi sa présentation par le CMH
de classe I [1]. La glycoprotéine gp42 (223 acides aminés, 25 kDa) codée par l’EBV, se
lie aux molécules du CMH de classe II qui jouent le rôle de corécepteur lors de l’entrée
du virus dans les lymphocytes B. Ressing ME et al. ont exprimé gp42 dans un modèle
de lignée de mélanome transduite par un vecteur rétroviral et ont montré qu’elle se lie
également aux molécules de classe II présentes dans la cellule et associées aux peptides
à présenter au système immunitaire. Cette liaison empêche alors la reconnaissance des
complexes CMH II-peptides exprimés à la surface des cellules par le récepteur des
lymphocytes T [2]. Récemment, la même équipe montre que gp42 est clivée en une
forme soluble (21 kDa) par des protéases endolysosomales [3]. Cette forme soluble, en
se fixant aux molécules de classe II en cours de maturation dans le réticulum endoplasmique, inhibe la prolifération de lymphocytes T en réponse à une stimulation antigénique. Par ailleurs, les auteurs montrent que gp42 est exprimée sous forme native et sous
forme soluble au cours du cycle lytique de l’EBV dans des cellules stimulées de la
lignée Akata. Il semble donc que gp42 synthétisée au cours de la phase tardive du cycle
réplicatif de l’EBV joue deux rôles majeurs dans l’infection : d’une part, elle participe
en tant que glycoprotéine d’enveloppe à l’entrée du virus dans les lymphocytes B ;
d’autre part, en interférant avec la maturation des complexes CMH II-peptides, elle
empêche leur reconnaissance par les lymphocytes T. Cette dernière propriété vient
renforcer les nombreux mécanismes déjà documentés d’échappement au système
immunitaire développés par l’EBV.
Références
1. Pallier C. Comment le virus d’Epstein-Barr parvient-il à échapper au système immunitaire de l’hôte ?
Virologie 2003 ; 7 : 470.
Sylvie Pillet
Laboratoire de bactériologievirologie. Hôpital Nord, CHU,
Saint-Etienne
Virologie, Vol. 9, n° 1, janvier-février 2005
2. Ressing ME, van Leeuwen D, Verreck FAW, et al. Interference with T cell receptor-HLA-DR interactions
by Epstein-Barr virus gp42 results in reduced T helper cell recognition. Proc Natl Acad Sci 2003 ; 100 :
11583-8.
3. Ressing ME, van Leeuwen D, Verreck FAW, et al. Epstein-Barr virus gp42 is posttranslationally modified
to produce soluble gp42 that mediates HLA class II immune evasion. J Virol 2005 ; 79 : 841-852.
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