Signalisation cellulaire et cancer

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doi: 10.1684/bdc.2010.1199
Synthèse
General review
Signalisation cellulaire et cancer
Cell signalling and cancer
Tirés à part : J. Robert
J. Robert
Université de Bordeaux, Inserm U916, Institut Bergonié, Bordeaux, 229, cours de lArgonne,
33076 Bordeaux cedex, France
Résumé. La signalisation cellulaire représente
lensemble des voies de communication entre cellules.
Cette messagerie aboutit, dans la cellule recevant un
message dune autre cellule, à la mise en œuvre
dactions diverses, directes ou indirectes, passant
notamment par la transcription de gènes nécessaires à
lexécution des ordres reçus. Les signaux échangés
concernent essentiellement la reproduction et la diffé-
renciation, ladsion et la motilité, la survie et la
mort. Grâce à de nombreux mécanismes génétiques
ou épigénétiques, la cellule cancéreuse est capable de
mettre à profit cette signalisation, de la détourner de ses
fins, et de lutiliser pour proliférer, pour migrer, pour
survivre. En ce sens, on a pu dire que le cancer est une
maladie de la signalisation cellulaire. Nous présen-
terons, dans cette revue didactique, une classification
des principaux systèmes de signalisation cellulaire et
quelques-uns des mécanismes principaux qui sont utili-
sés de façon récurrente pour le cheminement de linfor-
mation entre cellules et à lintérieur des cellules.
Abstract. Cell signalling represents the network
of cell communication pathways. Reception of a
message by a cell results in the implementation of
various direct and indirect actions, especially
through the transcription of the genes required for
carrying out the orders received. The signals
exchanged by cells may concern proliferation and
differentiation, adhesion and motility, survival and
death. Thanks to various genetic or epigenetic
mechanisms, the cancer cell is able to take advan-
tage of the signalling pathways, to divert them from
their original goals and to use them to its own bene-
fit to proliferate, migrate and survive. This is why it
can be said that cancer is a disease of cell signal-
ling. We will present here a general classification of
the main pathways of cell signalling and some of
the recurrent mechanisms used for the transmission
of information between cells and inside cells.
Mots clés : signalisation cellulaire, facteurs de croissance,
récepteurs, facteurs de transcription, prolifération,
différenciation, adhésion, motilité, survie, mort cellulaire
Key words: cell signalling, growth factors, receptors,
transcription factors, proliferation, differentiation,
adhesion, motility, survival, cell death
Introduction
La communication cellulaire est indispensable à la vie
des organismes pluricellulaires : les cellules doivent
impérativement échanger les informations nécessaires
à la coordination de leurs actions. Pourtant, elle existe
déjà dans les organismes unicellulaires comme les
levures qui doivent, elles aussi, échanger des informa-
tions, ne serait-ce que pour trouver des partenaires
sexuels. Mais elle trouve dans les organismes pluri-
cellulaires une complexité particulière liée aux néces-
sités de la spécialisation des organes.
Pour rester schématique, on peut dire que les informa-
tions transmises dune cellule à une autre (le message)
correspondent à six grands types de consignes à
exécuter, antithétiques deux à deux : se reproduire ou
se différencier ; demeurer attaché ou migrer ; survivre
ou mourir (figure 1). Pour ce faire, des molécules
de signalisation sont émises par une cellule (étape de
codage), reconnues par une autre, qui met alors en
œuvre une voie de transduction du signal reçu (étape
de décodage), qui aboutit à un système effecteur qui
prend en compte le signal.
La cellule cancéreuse est une cellule génétiquement
instable, capable dexplorer les fonctions de lensemble
du génome et de mettre à profit tout avantage
prolifératif ou migratoire pour le sélectionner et le
transmettre à sa descendance. Une tumeur est une
néoformation nécessitant une multiplication cellulaire
Volume 97 N° 11 novembre 2010
©John Libbey Eurotext
Bull Cancer vol. 97 N° 11 novembre 2010 1215
toujours active ; le support de la malignité des cancers
est lié à leur aptitude à disséminer dans lorganisme ; la
capacité de survie est une nécessité pour les cellules
tumorales. Toutes les voies de signalisation impliquées
dans la prolifération et dans la différenciation, dans
ladhésion et la migration, dans la survie et dans la
mort, pourront servir de support à des altérations onco-
géniques. On a pu dire ainsi que le cancer était une
maladie de la signalisation cellulaire.
Des récepteurs aux effecteurs
La variété des systèmes de transmission de linfor-
mation est immense, tant au niveau de la réception
des signaux quà celui de la mise en jeu des effecteurs.
Pourtant, il est certainement possible de trouver des
patterns généraux, des structures communes du chemi-
nement de linformation, pour peu que lon se donne la
peine de les rechercher.
Pour ce qui concerne la première étape, celle de
la réception, les mécanismes sont dépendants de la
nature chimique des messagers :
les messagers de nature hydrophile (acides aminés
et leurs dérivés, peptides, protéines) ne peuvent entrer
dans les cellules, faute de pouvoir traverser les mem-
branes ; il existe donc nécessairement un récepteur
membranaire apte à recevoir le message, à le com-
prendre et à transduire linformation au-delà ;
les messagers de nature lipidique (dérivés stéroli-
ques, acides gras et leurs dérivés, etc.) et les composés
de structure très simple (oxygène, oxyde nitrique) sont
capables de diffuser à travers les membranes et
datteindre directement leurs cibles, dans le cyto-
plasme ou dans le noyau (récepteurs nucléaires) ;
les messagers de nature ionique (Na
+
,K
+
,Cl
et Ca
2+
) sont capables dinduire louverture ou la
fermeture transitoire de canaux ioniques permettant
la génération de courants transmembranaires ; ces
courants correspondent au passage de linflux nerveux
dans les neurones, mais ils sont aussi à lorigine de
nombreux événements intracellulaires.
La transduction des signaux perçus par les récepteurs
fait intervenir de multiples processus, mais les méca-
nismes généraux mis en jeu sont en petit nombre, les
principaux étant :
le « recrutement » de protéines capables de
contracter des interactions avec dautres : il existe
ainsi de très nombreuses protéines « adaptatrices » ;
les réactions de phosphorylation et de déphosphory-
lation par des kinases et des phosphatases, qui modi-
fient la conformation tridimensionnelle des protéines,
donc leur réactivité ;
la mise en jeu de petites protéines G selon un méca-
nisme quasi constant déchange et dhydrolyse de
nucléotides guanyliques ;
la production de « seconds messagers » intra-
cellulaires relayant linformation apportée au niveau
de la membrane.
Enfin, les effecteurs sont également très divers, mais là
encore, il est possible de les regrouper en quelques
entités :
les régulateurs transcriptionnels, couramment appelés
« facteurs de transcription », qui commandent la
transcription de gènes cibles ; ce sont les effecteurs
les plus généraux et les plus souvent rencontrés en
aval des voies de transduction des signaux ;
les régulateurs traductionnels, qui sont directement
mis en jeu dans quelques voies de signalisation et qui
interviennent sur le niveau de synthèse protéique ;
les protéines du cytosquelette ou de la matrice
extracellulaire, qui commandent les phénomènes
dadhésion, de motilité et de migration cellulaires ;
les canaux ioniques enfin, que lon retrouve ici en
tant queffecteurs, mis en jeu, en particulier, mais pas
seulement, dans la transmission synaptique.
La cellule dispose ainsi dune « boîte à outils » stan-
dard dans laquelle elle peut puiser pour comprendre
linformation quelle reçoit et exécuter les consignes
qui lui sont ainsi apportées. Un des systèmes de signa-
lisation les mieux connus est celui du modèle des
facteurs de croissance et des récepteurs à activité
tyrosine-kinase (RTK) (figure 2). Une molécule de
nature protéique, émise par une cellule, reconnaît un
récepteur situé dans la membrane dune autre cellule ;
un changement de conformation induit la dimérisation
codage décodage
Cellule donnant le signal Cellule recevant le signal
message effecteur
signal
Figure 1. Du message à leffecteur.
La cellule donnant le signal doit dabord réaliser le codage
du message ; le signal circule ensuite dans le milieu
extracellulaire jusquà la cellule devant recevoir le message.
Le signal doit alors être décodé pour que les effecteurs puissent
répondre à la consigne donnée.
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du récepteur, son autophosphorylation et lactivation
dun système de transduction du signal qui met en
jeu, selon diverses voies, une cascade de kinases
aboutissant généralement à lactivation de facteurs de
transcription, et parfois à celle de facteurs stimulant la
traduction.
Un autre modèle classique est celui des récepteurs
couplés à des protéines G (GPCR) (figure 3).Ces
récepteurs à sept domaines transmembranaires
activent une protéine G hétérotrimérique αβγ.La
sous-unité αest liée à létat basal au GDP ; lactivation
du récepteur provoque le remplacement du GDP par
le GTP ; la sous-unité αse détache du récepteur et
hydrolyse le GTP en GDP grâce à son activité
GTPase. Pendant la période brève où elle est liée au
GTP, lenzyme effecteur qui lui est associé est activé
(ou inhibé) et peut exercer (ou ne peut plus exercer) sa
fonction catalytique ; dès que le GTP est clivé, cette
régulation cesse et lenzyme effecteur revient à son
état basal. Les principaux enzymes effecteurs sont
ladénylate cyclase, qui convertit lATPenAMP
cyclique, et la phospholipase Cβ, qui libère une molé-
cule dinositol triphosphate (IP3) et une molécule de
diacylglycérol (DAG) à partir dun phospholipide
membranaire.
La signalisation cellulaire peut sexercer à des distances
très variables ; le premier système de signalisation
identifié, dès la fin du XIX
e
siècle, est le système endo-
crine, dans lequel un organe spécifique (glande endo-
crine) sécrète dans le courant sanguin des molécules
(hormones) destinées à des cellules éloignées. Le mot
« paracrine » désigne laction de molécules sur des
cellules voisines de celle qui les produit ; le terme
« juxtacrine » la transmission du signal à travers des
jonctions communicantes ; et le terme « autocrine »
laction de signaux émis par une cellule sur la même
cellule après avoir transité dans le milieu extracellu-
laire. Il existe enfin une modalité particulière de trans-
mission des signaux, la transmission synaptique.
À côté de la signalisation entre cellules existe bien sûr
une signalisation intracellulaire. Les deux types de
communication sont bien sûr enchevêtrés et difficile-
ment séparables. Cette signalisation intracellulaire est
en particulier véhiculée par les seconds messagers
évoqués ci-dessus, mais aussi par nombre de protéines
synthétisées, en réponse à toutes sortes de sollicita-
tions. Par ailleurs, cest à lintérieur de la cellule que
convergent les multiples informations reçues de lexté-
Transduction du signal
(Activités protéine kinase)
facteur de croissance
1
2
récepteur 3
4
facteur de transcription
5
Contrôle de la traduction
Couplage récepteur-transducteur
Figure 2. Le modèle des récepteurs à activité tyrosine-kinase.
Le signal (facteur de croissance) est reconnu au niveau
membranaire par un récepteur doté dune activité enzymatique
de tyrosine-kinase. Le récepteur est dimérisé à la suite
dun changement de conformation lié à la fixation du ligand,
il est capable de sautophosphoryler sur des résidus tyrosine.
À la suite dune série dévénements permettant le couplage
entre récepteur activé et transducteurs, une série de kinases
organisées en cascade aboutit à lactivation de facteurs
de transcription et/ou de facteurs de traduction permettant
à la cellule de disposer des protéines nécessaires à la réalisation
du message reçu.
PP
P
P
P
P
PIP2
HO
HO OH
PI3 kinase
ATP
cAMP
OH
HO
HO OH
G
α
IP3 DAG
Ca2+
PKC
p101 p110
γ
AKT
PKA
G
β
O
GPCR
E
G
γ
N
N
NH
2
N
N
OH
O
O
O
OP
O
Figure 3. Le modèle des récepteurs couplés aux protéines G.
Le signal (hormone peptidique, neurotransmetteur, etc.)
est reconnu au niveau membranaire par un récepteur à sept
domaines transmembranaires. Le changement de conformation
du récepteur induit lactivation dune protéine G
hétérotrimérique, par remplacement du GDP auquel elle est liée
par le GTP. La sous-unité αse détache du récepteur et hydrolyse
le GTP en GDP grâce à son activité GTPase. Pendant la période
brève où elle est liée au GTP, lenzyme effecteur qui lui
est associé est activé (ou inhibé) et peut exercer (ou ne peut
plus exercer) sa fonction catalytique. Les principaux enzymes
effecteurs sont ladénylate cyclase, qui convertit lATP
en AMP cyclique, et la PLCβ, qui libère une molécule dinositol
triphosphate (IP3) et une molécule de diacylglycérol (DAG)
à partir dun phospholipide membranaire. La sous-unité βγ
est capable dactiver pour son compte une PI3 kinase de type γ,
qui active dautres voies effectrices.
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rieur et que doit se faire lintégration de toutes ces
informations, qui peuvent être synergiques ou au
contraire divergentes.
Dans létude des voies de signalisation, il faut aban-
donner le modèle linéaire établi par les endocrino-
logistes à la fin du XIX
e
siècle : un ligand, un récepteur,
un message, une action physiologique ; le modèle de
la clé unique pour une serrure unique. En fait, le même
ligand peut reconnaître plusieurs récepteurs apparen-
tés, le même récepteur peut recevoir des messages pro-
venant de différents ligands, les messages intracellu-
laires transmis après activation du récepteur sont
multiples, et les actions physiologiques variables dun
tissu à lautre. Cest léquipement individuel de chaque
cellule ou tissu en récepteurs et en systèmes de trans-
duction qui fera que le même message entraîne parfois
une division de la cellule et parfois une différenciation.
Laction des messages envoyés par une cellule à
une autre est pléiotrope et dépend du « contexte
cellulaire ».
Classification des systèmes de réception
des signaux
Il est impossible de présenter dans le cadre dune revue
la totalité des systèmes de transmission du signal. Deux
dentre eux, ayant un intérêt particulier dans le cadre
de loncogenèse et de la dissémination métastatique,
seront plus particulièrement détaillés. On peut cepen-
dant dresser une liste des différents « axes de signalisa-
tion » identifiés.
Signalisation mettant en jeu des récepteurs
membranaires
Cette signalisation est essentiellement véhiculée par
des molécules de nature peptidique, polaires, incapa-
bles de diffuser librement à travers la membrane cellu-
laire et nécessitant, par conséquent, un récepteur au
niveau de cette dernière. De nombreux types de récep-
teurs ont été identifiés :
RTK. Leurs ligands sont les facteurs de croissance et
le modèle de couple ligand-récepteur est celui de
lEGF (epidermal growth factor)etdelEGFR (epider-
mal growth factor receptor). Les voies de signalisation
en aval sont, pour la majeure partie dentre elles, des
voies de prolifération ;
récepteurs couplés à une tyrosine-kinase cytoplas-
mique. Leurs ligands sont entre autres les cytokines
jouant un rôle de facteur de croissance des lignées
hématopoïétiques, comme lérythropoïétine ou le
GM-CSF (granulocyte-macrophage colony stimulating
factor receptor);
récepteurs à activité sérine/thréonine-kinase. Leurs
ligands appartiennent à la famille du TGFβ(transfor-
ming growth factor beta) et des BMP (bone morpho-
genetic proteins). Les voies de signalisation en aval
sont impliquées dans la prolifération et la différencia-
tion cellulaire ;
récepteurs couplés à une « grande » protéine G
(GPCR). Ce sont les plus abondants de tous les récep-
teurs : on en a identifié plus de 800. Ils ont comme
ligands la plupart des hormones protéiques, de nom-
breuses petites molécules comme ladrénaline, ainsi
quune famille de messagers induisant des messages
de motilité et dadhésion, les chimiokines. Ils sont à
lorigine de la formation des seconds messagers que
sont lAMP cyclique, le diacylglycérol et lIP3 ;
récepteurs des voies Wnt, Notch, Hedgehog. Ces
trois voies de signalisation sont impliquées dans le
développement et dans le contrôle de la prolifération
et de la différenciation des cellules souches ;
récepteurs de la famille du TNF (tumor necrosis
factor). Une partie de ces récepteurs sont activés par
des messages de mort cellulaire et ils induisent une
signalisation apoptotique ;
récepteurs de la famille des intégrines. Ces récep-
teurs ont pour ligands des protéines de la matrice
extracellulaire. Les intégrines sont à lorigine dune
signalisation bidirectionnelle : les signaux intracellu-
laires qui les activent leur permettent de se lier à la
matrice ; en retour, cette liaison leur permet dinteragir
avec le cytosquelette dactomyosine ;
récepteurs des sémaphorines. Les sémaphorines sont
des protéines impliquées dans la croissance et le gui-
dage axonal, mais plus généralement dans de nom-
breux processus de migration cellulaire ;
récepteurs toll-like. Ce sont les récepteurs de parti-
cules et de produits dorigine microbienne. Leur acti-
vation permet dinduire une réponse immunitaire et
inflammatoire ;
récepteurs lymphocytaires (B-cell receptors, T-cell
receptors). Ces récepteurs reconnaissent des antigènes
et mettent en œuvre les réponses appropriées des
lymphocytes migration, prolifération, etc. ;
récepteurs à activité guanylate cyclase. Cette petite
famille de récepteurs reconnaît des protéines comme
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le BNP (brain natriuretic peptide). Ils sont à lorigine
de la production dun second messager, le GMP
cyclique, qui active à son tour des canaux ioniques
et des kinases ;
récepteurs à activité tyrosine phosphatase. Il sagit
de tyrosine phosphatases membranaires, interagissant
avec les RTK, mais dont la fonction de récepteur na
jamais été mise en évidence ;
récepteurs couplés à des canaux ioniques. Certains
ligands, comme lacétylcholine, le glutamate, lATP,
provoquent louverture de canaux ioniques membra-
naires permettant lentrée dions dans la cellule et la
génération dun message comme la génération dun
influx nerveux.
Signalisation mettant en jeu
des récepteurs intracellulaires
Cette signalisation est le fait de petites molécules diffu-
sibles comme les hormones stéroïdes ou loxygène.
Ces molécules sont capables de traverser la membrane
et de rencontrer leurs récepteurs dans le cytoplasme,
voire dans le noyau :
récepteurs nucléaires. Ces récepteurs sont en même
temps des régulateurs transcriptionnels qui, associés à
des corépresseurs ou à des coactivateurs, sont capa-
bles, quand ils ont fixé leur ligand, dactiver ou dinhi-
ber la transcription de gènes cibles. Leurs ligands sont
les hormones stéroïdes, les hormones thyroïdiennes,
lacide rétinoïque, la vitamine D et dautres molécules
lipophiles de petite taille ;
récepteurs de loxygène. Les enzymes appelées dio-
xygénases sont de véritables senseurs de loxygène
dont lactivité dépend de la concentration en substrat.
La prolyl-hydroxylase est responsable de lhydroxy-
lation du facteur HIF1α(hypoxia-inducible factor);
ce dernier est un régulateur transcriptionnel qui a un
destin différent selon quil est ou non hydroxylé ;
récepteurs de loxyde nitrique (NO). Le NO est
lactivateur dune guanylate cyclase soluble, respon-
sable de la production de GMP cyclique.
Quelques acteurs fondamentaux
de la signalisation cellulaire
Interactions protéine-protéine
Les interactions entre protéines font intervenir de nom-
breuses forces dinteraction, qui sont les mêmes que
celles présidant à la structure tertiaire des protéines :
liaisons ioniques, forces de Van der Waals, liaisons
hydrogène, liaisons hydrophobes. Ces liaisons non
covalentes permettent aux protéines dinteragir entre
elles avec une grande spécificité. Ce sont souvent des
domaines protéiques privilégiés qui sont mis en jeu
dans ces interactions : domaine SH2 permettant à une
protéine de reconnaître une phosphotyrosine portée
par une autre protéine, domaine PH permettant
la reconnaissance entre le phosphate en 3 du
phosphatidylinositol-3,4,5-triphosphate et des kinases
comme PDK1 et AKT.
Les mutations des protéines impliquées dans la prolifé-
ration ou la mort cellulaire, ou dans les phénomènes
dadhésion et de motilité, entraînent des modifications
structurales capables de perturber les interactions
protéine-protéine et de stimuler ou dinactiver, en
conséquence, la voie de signalisation dans laquelle
est impliquée la protéine mutée. Lutilisation de pepti-
des mimant la structure dun des domaines protéiques
en interaction représente, à lheure actuelle, la princi-
pale approche pharmacologique des interactions
protéine-protéine.
Phosphorylation des protéines
La phosphorylation des protéines peut intervenir au
niveau de résidus sérine, thréonine ou tyrosine, qui
portent tous une fonction hydroxylée susceptible
dêtre estérifiée par un acide phosphorique apporté
par une molécule dATP dont le phosphate en γest
transféré sur un acide aminé porteur dune fonction
hydroxylée. Les enzymes assurant ces réactions
de phosphorylation sont des kinases ; on distingue
les sérine/thréonine-kinases et les tyrosine-kinases.
Lensemble des protéine-kinases forme ce que lon
appelle le kinome. Les phosphatases font le travail
inverse des kinases : elles hydrolysent la liaison ester
phosphorique et libèrent un groupement phosphate ;
on distingue les sérine/thréonine phosphatases des
tyrosines phosphatases sur la même base que lon
distingue les kinases.
La phosphorylation de protéines substrats est au cœur
de la transduction des messages apportés par les fac-
teurs de croissance ; de façon générale, la phosphory-
lation des protéines est un des principaux modes de
régulation de leur activité. Le groupement phosphate
porté par une protéine, parfois un lipide, constitue,
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