C. M. ANDRADE SCROFERNEKER 83
Sociétés n° 83 – 2004/1
Les objectifs de la théorie moderne ou empirique sont tournés vers le mesurage
et le contrôle, et l’accent est mis sur l’empirisme quantitatif. L’organisation est
prise comme une réalité objective, qui peut être « mesurée ». L’intérêt porte sur
l’efficacité de la communication dans les organisations du point de vue de la
direction (Redding). L’organisation est une machine, ses objectifs et ses finalités
concernent l’accomplissement des buts proposés. Et la communication est un
outil rendant viable l’accomplissement des objectifs et buts organisationnels. En
conséquence, dans cette perspective, la communication représente un modèle
linéaire et mécanique, au même titre que l’engrenage d’une machine.
Dans la théorie naturaliste, on rencontre des études de cas développées par
Redding (Université de Purdue), les théories « rhétoriques » de la communication
organisationnelle (Bormann, Tompkinns et Cheney) et la théorie culturelle de
Pacanowsky et O’Donnell-Turjillo.
Cette théorie s’attache à montrer l’organisation à partir d’une « vérité » qui
est en dehors d’elle, dans la mesure où la réalité organisationnelle est le fruit de
la construction sociale, c’est-à-dire qu’elle est construite historiquement. L’orga-
nisation s’apparente à un organisme ; elle est organique, vue comme idéogra-
phique, représentée à travers des images et perçue comme un être perméable à
son environnement. Elle est donc aussi une entité culturelle spécifique, conçue
comme une communauté unique de langage et d’autres formes d’action symbo-
lique. La communication est partie intégrante de l’organisation dans la mesure
où elle fait l’organisation, c’est-à-dire qu’elle en est la condition nécessaire.
La théorie critique est plus récente. Certains de ses présupposés théoriques
peuvent se rencontrer dans le matérialisme dialectique. Ici, l’organisation est
toujours vue comme une arène de conflits, un champ de bataille – le lieu du
conflit de classes. La réalité organisationnelle est le réflexe de ces « heurts », elle
est perçue comme un « instrument de domination et d’oppression ». Ainsi, la
communication assume le rôle de mécanisme de masquage des réalités matériel-
les de l’organisation. Cette théorie met l’accent sur les aspects idéologiques de la
communication, en l’admettant comme cause d’une fausse conscience entre di-
rigeants et travailleurs.
Pour Restreppo5, la communication dans les organisations doit être com-
prise intégralement, traversant toutes les actions organisationnelles, rendant via-
ble de manière permanente la construction de sa culture et de son identité, ayant
un style propre et des manières de se projeter extérieurement (la construction de
son image). L’auteur considère l’organisation comme des unités d’action collec-
tives, constituées afin d’atteindre des buts spécifiques, et dirigées par un pouvoir
qui établit une forme d’autorité déterminant le statut et le rôle de ses membres.
5. RESTREPPO, J. M., « Comunicación para la dinâmica organizacional. Colombie »,
Signo y Pensamiento, n° 26 (XIV), Universidad Javeriana, Facultad de Comunicación
y Lenguage, 1995, pp. 91-96.