Fonctions à valeurs vectorielles : continuité, dérivation, intégration On considère X : I ! E t 7 ! X(t), où I est un intervalle de R et où E est un evn de dimension …nie. Remarque : Autrement dit, t 7 ! X(t) est une courbe paramétrée sur E. Remarque : Tout C-evn (de dimension n) s’identi…e à un R-evn (de dimension 2n). 1) Limite, continuité, dérivabilité a) Limite et continuité Dé…nition : On suppose a 2 R [ f Alors limt!a X(t) = 1; +1g adhérent à I. ssi pour tout " > 0, il existe Caractérisation séquentielle : limt!a X(t) = limn!+1 X(tn ) = , c’est-à-dire limn!+1 kX(tn ) > 0 tel que 8t 2 [a ; a + ] \ I, kX(t) k ": ssi pour toute suite (tn )n2N convergeant vers a dans I, on a k = 0: Continuité : X est continue en a 2 I ssi limt!a X(t) = X(a): Remarque : Si a 2 I et si X converge en a, alors la limite de X en a vaut nécessairement X(a): Dé…nition équivalente en termes de DL0 : X continue en a ssi X(a + h) = X(a) + o (1) lorsque h tend vers 0. b) Dérivabilité : X est dérivable en a 2 I ssi il existe limt!a;t6=a X(t) t X(a) X(a + h) , c’est-à-dire limh!0;h6=0 a h X(a) Si elle existe, la limite est notée X 0 (a), appelé vecteur dérivé de X en a. Dé…nition équivalente en termes de DL1 : X dérivable en a ssi il existe lorsque h tend vers 0. Dans ce cas, 2 E tel que X(a + h) = X(a) + h + o (h) est unique et X 0 (a) = : c) Caractérisations fondamentales Par le choix d’une base de E, on identi…e E à Rp (ou Cp ). On peut donc poser X : I ! Rp t 7 ! (x1 (t); x2 (t); :::; xp (t)), où xi : I ! R On a alors les caractérisations suivantes : - X est continue (en a) ssi les fonctions numériques x1 ; :::; xp sont continues (en a). - X est dérivable (en a) ssi les fonctions numériques x1 ; :::; xp sont dérivables (en a). Remarque : Le vecteur X 0 (a) est appelé vecteur vitesse de X en a. d) Plus généralement, X : I ! Rp t 7 ! (x1 (t); x2 (t); :::; xp (t)) est C n ssi les xi sont C n . Exemple : f : I ! C t 7 ! z(t) = x(t) + iy(t) est C n ssi x et y sont C n , et f (n) (t) = x(n) (t) + iy (n) (t): e) Exemples de dérivées de fonctions liées à la linéarité Prop : Soient B : E E ! F une application bilinéaire (continue, puisque E et F sont de dimension …nie). Si x et y : I ! E sont C 1 , alors f : t 7 ! B(x(t); y(t)) est de classe C 1 , et f 0 (t) = B(x0 (t); y(t)) + B(x(t); y 0 (t)): Preuve : On a f (a + h) = B(x(a) + hx0 (a) + o (h); y(a) + hy 0 (a) + o (h)): : Par continuité de B, on sait qu’il existe k 2 R+ tel que jB(x; y)j k kxk kyk, donc B(o (h); O(1)) = o (h), etc... On obtient ainsi f (a + h) = f (a) + hB(x0 (a); y(a)) + hB(x(a); y 0 (a)) + o (h): Remarque : En dimension …nie, B(x; y) = Pn Pn i=1 j=1 aij xi xj : on retrouve le résultat en dérivant les xi xj : Exemple : Produit dans C : Si z1 et z2 : I ! C sont C 1 , alors (z1 z2 ) est C 1 et (z1 z2 )0 (t) = z10 (t)z2 (t) + z1 (t)z20 (t): En particulier, si et : I ! R sont C 1 , alors f : t 7 ! (t)ei (t) est de classe C 1 , et f 0 (t) = (t) 0 (t)ei 0 (t)ei (t) +i (t) : Exemple : Si X et Y : R ! R3 sont de classe C 1 , alors t 7 ! (X(t) j Y (t)) et t 7 ! X(t) ^ Y (t) sont C 1 , et on a : d d (X(t) j Y (t)) = (X 0 (t) j Y (t)) + (X(t) j Y (t)) et (X(t) ^ Y (t)) = X 0 (t) ^ Y (t) + X 0 (t) ^ Y (t) dt dt Exemple : La propriété s’étend naturellement aux applications n-linéaires. Par exemple, si t 7 ! Xj (t) sont des applications de classe C 1 de R dans Rn , alors l’application f : t 7 ! det(X1 (t); :::; Xn (t)) est de classe C 1 , et on a n f 0 (t) = X d det(X1 (t); :::; Xn (t)) = det(X1 (t); :::; Xj dt 0 1 (t); Xj (t); Xj+1 (t); :::; Xn (t)) j=1 f) Fonction exponentielle complexe Prop : Soit z 2 C. La fonction f : R ! C t 7 ! ezt est de classe C 1 , et f 0 (t) = zf (t): Preuve : On peut utiliser la dérivée de t 7 ! ext (cos(yt) + i sin(yt)) ou utiliser la série de fonctions f (t) = 2) Intégrale d’une fonction continue sur un segment et à valeurs vectorielles. P+1 z n tn : n=0 n! a) Dé…nition : Soit X : [a; b] ! Rp t 7 ! (f1 (t); f2 (t); :::; fp (t)) une fonction continue (par morceaux). En particulier, les fonctions xi : [a; b] ! R sont continues (par morceaux). Alors on dé…nit Rb a Rb Rb Rb X(t) dt = ( a x1 (t) dt; a x2 (t) dt; :::; a xp (t) dt) en intégrant les fonctions-coordonnées. Remarque : Si (e1 ; :::; ep ) est une base de E, la valeur de Rb a X(t) dt = Pp i=1 Rb a xi (t) dt ei , où X(t) = Pp i=1 xi (t)ei , ne dépend pas du choix de la base (en e¤et, un changement de base revient à considérer des combinaisons linéaires des xi ). Extension aux intégrales sur un intervalle quelconque : Pour X : [a; b[! Rp , on pose, si elle existe, On dit que f est intégrable sur [a; b[ ssi Rb a Rb a X(t) dt = limt!b;t<b kX(t)k dt < +1. Rx a X(t) dt: Remarque : Caractérisation : f : I ! Rp t 7 ! (x1 (t); x2 (t); :::; xp (t)) est intégrable ssi les xi sont intégrables. b) Exemples fondamentaux - Exponentielle complexe. Pour Re Exemple : Calcul de J = R +1 0 < 0, R +1 0 e t dt = cos(t)e t dt. On a J = Re 1 : R +1 0 eit e t dt = Re 1 1 i 1 = : 2 - Fonctions rationnelles. La décomposition en éléments simples dans C(X) se ramène au calcul de R dt : (t + z)m R 1 dt 1 = + k: m (t + z) m 1 (t + z)m 1 R dt R R t a b Pour m = 1, avec z = a + ib, on a = dt i : 2 2 t z (t + a) + b (t + a)2 + b2 R dt 1 t a + k: = ln (t a)2 + b2 D’où i arctan t+z 2 b R dt t a b Remarque : arctan = [ ]. On obtient donc arctan = ln jt + zj + i arg (t + z) + k. b 2 t a t+z Pour m 2, on a c) Sommes de Riemann Prop : Soit X : [a; b] ! E continue par morceaux. Alors limn!+1 Cas particulier : Si f : [0; 1] ! R est continue, alors limn!+1 Rb Remarque culturelle : Plus généralement, on a (t0 ; :::; tn ) de [a; b] dont le pas n a Pn k=1 X k n k=1 f Pn X(t) dt a Pn b = k=1 (tk est assez petit (on rappelle que tk = max1 R1 0 a+k b a n = Rb a X(t) dt. f (t) dt: 1 )f (tk ) k n (tk " pour toute subdivision tk 1 )). 3) Théorèmes fondamentaux Hormis le théorème de la valeur moyenne (et donc les théorèmes de Rolle et des accroissements …nis), les proptiétés sont identiques à celles pour les fonctions numériques. a) Théorème fondamental du calcul di¤ érentiel Prop : Si f : I ! E est continue sur [a; b], alors F : x 7 ! Rx a f (t) dt est de classe C 1 , et F 0 (x) = f (x) : Remarque : Si f est continue par morceaux, F est continue et C 1 par morceaux. Corollaire : Soit f : [a; b] ! R de classe C 1 . Alors Corollaire : Intégration par parties : Rb a Corollaire : Changements de variables : Rb f 0 (x) dx = f (b) a f (t)g(t) dt = [F (t)g(t)]ba Rb a f (t) dt = R' 1 (b) 1 (a) ' Rb a f (a): F (t)g 0 (t) dt: f ('(u)) '0 (u) du : Corollaire : Formule de Taylor-Lagrange avec reste intégral. soit f : [a; x] ! E de classe C n+1 : Alors Rx a f (t) dt Exemple : ez Pn (x) = Rn (x), avec Pn (x) = Pn k=0 zk k! Pn (x k=0 R x (t a)n (n+1) a)k (k) f (a) et Rn (x) = a f (t) dt . k! n! emax(0;Re z) : En e¤et, on applique Taylor-Lagrange à f : [0; 1] ! C t 7 ! etz : (n + 1)! b) Inégalité triangulaire Prop : Soit f : [a; b] ! E continue par morceaux. Alors Preuve : On utilise les sommes de Riemann : On a Par passage à la limite, Rb a X(t) dt Rb a b a n kX(t)k dt. Rb a X(t) dt Pn k=1 X(a Rb a kX(t)k dt : + k b na ) Corollaire : inégalité des accroissements …nis : Si X : [a; b] ! E C 1 , alors kX(b) Preuve : kX(b) X(a)k = Rb a X 0 (t) dt Rb a kX 0 (t)k dt jb b a n Pn k=1 X(a)k aj supt2[a;b] kX 0 (t)k : X(a + k b na ) : jb aj supt2[a;b] kX 0 (t)k : Corollaire : inégalité de Taylor-Lagrange. Exemple : eia eib bj : En e¤et, f : t 7 ! eit est C 1 et jf 0 (t)j = 1, donc f : R ! C est 1-lipschiztienne. ja Remarque : En revanche, le théorème de Rolle (donc le théorème des accroissements …nis et plus généralement le théorème de la moyenne) doit être reformulé. Par exemple, avec f : t 7 ! eit , on a f (2 ) f (0) = 0 alors que f 0 (t) 6= 0 pour tout t. En fait, on a (hp) : Corollaire : 1 b a f (b) f (a) b a Rb a t(t) dt appartient à l’enveloppe convexe de ff (t); t 2 [a; b]g. appartient à l’enveloppe convexe des f 0 (t). En e¤et, f (b) f (a) b a = 1 b a c) Intégration des développements limités et formule de Taylor-Young Rb a f 0 (t) dt: Lemme : Si g 0 (h) = o (hn ), alors g(h) = g(0) + o (hn+1 ): Preuve : kg(h) g(0)k jhj supx2[0;h] kg 0 (x)k = o (hn+1 ), car supx2[0;h] kg 0 (x)k = o (hn ). Formule de Taylor-Young : Si f est dérivable n fois en a, avec n 1, alors f (a + h) = f (a) + hf 0 (a) + ::: + Preuve : Par intégrations successives du lemme à partir de f (n 1) (a) 1 (n) (a) n! f + o (hn ) . = hf (n) (a) + o (h): Remarque : Si f est C n+1 , la formule se déduit de l’inégalité de Taylor-Lagrange avec reste intégral. 4) Théorème du relèvement a) Cas des fonctions à valeurs complexes de module 1 Prop : Soit f : I ! U t 7 ! f (t) = x(t) + iy(t) une application de classe C 1 , avec 8t 2 I, jf (t)j = 1: Alors il existe une fonction ' : I ! R de classe C 1 telle que 8t 2 I, f (t) = ei'(t) : De plus, on a '0 (t) = x(t)y 0 (t) x0 (t)y(t). Ainsi, si f est de classe C n , il en est de même de '. Remarque : Une telle application ' est appelée relèvement de f . Deux relèvements di¤èrent d’une constante 2k . En e¤et, si ei'(t) = ei (t) , alors ( ')(t) 2 2 Z, et par continuité, ' est constant. Remarque : La propriété est vraie aussi si f est seulement continue, mais la preuve est plus compliquée. Remarque : Si f (t) = ei'(t) , alors tan '(t) = Preuve : Considérons a 2 I, et y(t) , d’où on retrouve '0 (t) = x(t)y 0 (t) x(t) x0 (t)y(t): tel que f (a) = ei : Or, on a 8t 2 I; f (t) = ei'(t) ssi f (a) = ei'(a) et 8t 2 I; f 0 (t) = i'0 (t)f (t): R t f 0 (u) i'(t) = 1, alors ' est à valeurs réelles. On en conclut que ' dé…nie par '(t) = + a if (u) du convient. Comme e D’aileurs, f 0 (t) if (t) = if 0 (t)f (t) = x(t)y 0 (t) x0 (t)y(t), car x2 + y 2 = 1 d’où xx0 + yy 0 = 0: b) Extension aux fonctions à valeurs complexes non nulles Prop : Soit f : I ! R2 t 7 ! (x(t); y(t)) une application de classe C n , où n 2 N, avec 8t 2 I, f (t) 6= 0: Alors il existe deux fonctions Preuve : r : t 7 ! p : I ! R et r : I ! R de classe C n telles que 8t 2 I, ( x(t) = r(t) cos (t) y(t) = r(t) sin (t) x(t)2 + y(t)2 de classe C n , car x2 + y 2 > 0. On applique a) à la fonction g : t 7 ! Remarque : On a tan = y , donc x 0 = x(t) + iy(t) : r(t) det(f (t); f 0 (t)) Im(z 0 (t)z(t)) xy x0 y = = , où z(t) = x(t) + iy(t): x2 + y 2 kf (t)k2 jz(t)j2 c) Exemples d’utilisations On considère une solution non nulle y de l’équation di¤érentielle linéaire homogène (E) : y 00 (t) + (1 + "(t))y(t) = 0: On a (y(t); y 0 (t)) 6= (0; 0) par Cauchy-Lipschitz. de classe C 1 tels que (y(t); y 0 (t)) = (r(t) cos (t); r(t) sin (t)): ( 0 ( 0 r cos r 0 sin = r sin r = "(t)r(cos )(sin ) L’équation (E) s’écrit alors 0 r0 sin + r 0 cos = (1 + "(t))r cos = 1 + "(t)(cos )2 Donc il existe r et