Arrêt sur images Sang Thrombose Vaisseaux 2006 ; 18, n° 6 : 337-9 Traumatismes de l’aorte thoracique descendante et ostéosynthèse du rachis pour scoliose Mathieu Meyer, Sumio Fukui, Claude Laurian Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Service Chirurgie Vasculaire, hôpital Saint Joseph, 189 rue Raymond Losserand, 75014 Paris Observation Mlle A., 23 ans, présentait une complication artérielle sur l’aorte thoracique descendante sept ans après la mise en place d’un matériel d’ostéosynthèse rachidienne pour scoliose idiopathique. En 1998, avait été mis en place un montage associant une tige solidarisée par des vis dans les corps vertébraux de D11 à L4 (figures 1 et 2). En mars 2005, apparaissaient des douleurs de la fosse iliaque gauche après des manipulations. Des scanners montraient l’évolution d’un hématome autour du matériel thoracoabdominal. Une première artériographie ne retrouvait pas l’origine du saignement. Un drainage de l’hématome par voie lombaire gauche fut alors réalisé. Un mois après (en mai 2005), un hématome réapparaissait et une seconde artériographie conduisait à une embolisation de l’hypogastrique gauche. Le 27 mai 2005, la voie thoraco-abdominale était reprise pour l’ablation du matériel d’ostéosynthèse en raison du risque septique. Cependant, l’ablation de la vis dans le corps vertébral de D11 s’accompagnait d’une hémorragie importante, l’hémostase était contrôlée par la remise en place de la vis. Les suites furent simples. Tirés à part : C. Laurian c Figure 1. Scoliose lombaire idiopathique. STV, vol. 18, n° 6, juin 2006 337 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Figure 2. Traitement chirurgical par arthrodèse. En 1998, arthrodèse antérieure (TPL 10e côte). c Le 29 juillet 2005, on assistait à la réapparition d’une collection hématique au scanner, la vis semblait être au contact de la face postérieure de l’aorte mais aucune fuite de produit n’était visualisée. Une nouvelle artériographie confirmait l’absence d’image de faux anévrisme, l’artère d’Adamkiewicz était localisée en D10 gauche mais opacifiée par une collatérale (A. intercostale proximale occluse) (figure 3). Une réintervention fut donc décidée qui retrouva une plaie de la face postérieure de l’aorte thoracique, correspondant à l’érosion de l’aorte par la vis (figure 4). La réparation de la plaie aortique fut effectuée par un patch prothétique avec des suites opératoires simples. À 8 mois, l’angioscanner de l’aorte thoracique est désormais normal, la scoliose correctement corrigée est stable. Commentaires L’arthrodèse antérieure des corps vertébraux pour scoliose a été rarement compliquée de lésions aortiques. Les vis placées dans le corps vertébral sont responsables de ces lésions qui se manifestent par la survenue d’un faux anévrisme diagnostiqué de façon différée. Figure 3. Repérage préopératoire de l’artère médullaire. 338 Figure 4. Plaie de la face postérieure de l’aorte par la vis située dans le corps vertébral. STV, vol. 18, n° 6, juin 2006 Références 1. Jendrisak MD, et al. Spontaneous abdominal aortic rupture from erosion by lumbar spine fixation device. A case report. Surgery 1986 ; 99 : 631-3. 2. Ohnishi T, et al. Delayed aortic rupture caused by and implanted anterior spinal device case report. J Neurosurg 2001 ; 95 : 253-6. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. La particularité de cette observation est la réalisation de l’hémostase lors de la remise en place de la vis, en raison de la fibrose dense entre la face postérieure de l’aorte et les corps vertébraux. Le repérage de l’artère d’Adamkiewicz peut être nécessaire lorsque le traumatisme siège dans la région thoracique basse. La chirurgie peut en être difficile en raison de la fibrose, qui rend malaisé le contrôle de l’aorte . ■ STV, vol. 18, n° 6, juin 2006 339