Université de Pau et des Pays de l’Adour Département de Mathématiques Algèbre IV Année 2008-2009 Contrôle continu du 05-05-2009, Temps disponible : 1,5 heures. Exercice 1 (Questions de cours). Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps K, et ϕ une forme bilinéaire symétrique ou antisymétrique sur E. (1) Soit A une partie de E. Donner la définition de l’orthogonal A⊥ par rapport à ϕ. (2) Montrer que A⊥ est un sous-espace vectoriel de E. (3) Soit B le sous-espace vectoriel de E engendré par A. Montrer A⊥ = B⊥. (4) Montrer que A ⊂ (A⊥ )⊥ . (5) Donner une condition suffisante sur ϕ pour que B = (B ⊥ )⊥ . (6) Montrer que, si ϕ est antisymétrique et a ∈ E, alors a ∈ {a}⊥ . Exercice 2. Soit E = R5 , λ, µ ∈ R et soit q l’application sur E définie par : q(x1 , . . . , x5 ) = −3x1 x2 + 5x22 + λx2 x3 + µx4 x5 . (1) Montrer que q est une forme quadratique. (2) Écrire la matrice de q dans la base canonique B de R5 . (3) Calculer la signature et le rang de q selon les valeurs de λ, µ. (4) Soit µ = 0. Calculer le noyau E ⊥ . (5) Soit µ > 0. Trouver un sous-espace P de E de dimension 3 tel que q|P soit positive. Est-ce que q|P est définie positive ? Exercice 3. Soit E l’espace des polynômes p(t) = a2 t2 + a1 t1 + a0 à coefficients complexes dans la variable t, de degré au plus 2. Soit q l’application définie sur E par : Z 1 q : E → C, q(p) = p(0)p(1) + p2 (t)dt. −1 (1) Donner l’expression de l’application ϕq associée à q, et montrer qu’elle est bilinéaire symétrique. (2) Calculer la matrice de ϕq dans la base B = (1, t, t2 ). (3) Calculer le rang de q. (4) Donner la matrice de la restriction de q au sous-espace F de E engendré par les deux vecteurs (t, 3t − 4). (5) Peut-on compléter (t, 3t − 4) à une base orthogonale (t, 3t − 4, v) de E ? Si oui, trouver v. 2 Corrigé 1. Les réponses sont contenues dans le cours. (1) La définition : A⊥ = {u ∈ E | ϕ(a, u) = 0, ∀a ∈ A}. (2) Soit λ1 , λ2 ∈ K, u1 , u2 ∈ A⊥ et a ∈ A. Alors : ϕ(a, λ1 u1 + λ2 u2 ) = λ1 ϕ(a, u1 ) + λ2 ϕ(a, u2 ) = 0, donc λ1 u1 + λ2 u2 ∈ A⊥ . (3) Il est clair que B ⊥ ⊂ A⊥ puisque ϕ(b, u) = 0, ∀b ∈ B implique ϕ(a, u) = 0, ∀a ∈ A, étant donné que A ⊂ B. L’inclusion inverse se démontre en remarquant que n’importe quel élément b de B s’écrit P b= λi ai avec ai ∈ A, pour A⊥ , on a P certains λi ∈ K. Donc, si u ∈ ⊥ ⊥ u ∈ B puisque ϕ(b, u) = λi ϕ(ai , u) = 0 vu que u ∈ A . (4) Soit a ∈ A et u ∈ A⊥ . Alors ϕ(u, a) = ±ϕ(a, u) = 0 puisque u ∈ A⊥ donc a ∈ (A⊥ )⊥ . (5) Puisque B est un sous-espace de E, une condition suffisante est que ϕ soit symétrique non dégénérée. (6) Si ϕ est antisymétrique alors ϕ(a, a) = −ϕ(a, a) donc ϕ(a, a) = 0 et a appartient à {a}⊥ . Corrigé 2. Une fois qu’on aura montré que q est une forme quadratique, on utilisera la méthode de Gauss. (1) Pour n’importe quel choix de λ, µ l’expression de q est un polynôme homogène de degré 2 en x1 , . . . , x5 . Donc q est une forme quadratique par le critère vu en cours. (2) Voici la matrice de q : 0 −3/2 0 0 0 −3/2 5 λ/2 0 0 λ/2 0 0 0 MB (q) = 0 . 0 0 0 0 µ/2 0 0 0 µ/2 0 (3) Posons x = (x1 , . . . , x5 ). La valeur de q(x) est égale à : 2 2 3 λ 3 λ 5 x2 − x1 + x3 − 5 x1 − x3 + µx4 x5 = 10 10 10 10 1 1 = 5`1 (x)2 − 5`2 (x)2 + µ (x4 + x5 )2 − µ (x4 − x5 )2 = 4 4 1 1 2 2 2 = 5`1 (x) − 5`2 (x) + µ `3 (x) − µ `4 (x)2 , 4 4 où on a posé : 3 λ `1 (x) = x2 − x1 + x3 , 10 10 3 λ `2 (x) = x1 − x3 , 10 10 `3 (x) = x4 + x5 , `4 (x) = x4 − x5 . 3 Donc pour n’importe quelle valeur de λ on a : (2, 2), si µ 6= 0, sgn(q) = (1, 1), si µ = 0. Autre méthode pour arriver au même résultat : se souvenir que f g = 1/4(f + g)2 − 1/4(f − g)2 , et l’utiliser pour q(x) = x2 (−3x1 + 5x2 + λx3 ) + µx4 x5 , donc pour f = x2 , g = −3x1 + 5x2 + λx3 . (4) Depuis la question précédente, si µ = 0 on trouve : `1 (x) = 0 ⊥ E = `2 (x) = 0 (5) Si µ > 0 on pose : P = `2 (x) = 0 `4 (x) = 0 Cet espace a bien dimension 3 puisque `2 et `4 sont libres (ce qui est évident à partir de leurs expressions). De plus : donc q|P rang 2. 1 q|P (x) = 5`1 (x)2 + µ `3 (x)2 ≥ 0, 4 est positive. Cette forme n’est pas définie positive car elle a Corrigé 3. On note p(t) = a2 t2 + a1 t1 + a0 , r(t) = b2 t2 + b1 t1 + b0 . (1) On utilise la formule : ϕq (p, r) = 1 (q(p + r) − q(p) − q(r)) . 2 On en obtient : 1 ϕq (p, r) = (p(0)r(1) + p(1)r(0)) + 2 Z 1 p(t)r(t)dt. −1 On vérifie facilement que : ϕq (λ1 p1 + λ2 p2 , r) = λ1 ϕq (p1 , r) + λ2 ϕq (p2 , r) ϕq (p, λ1 r1 + λ2 r2 ) = λ1 ϕq (p, r1 ) + λ2 ϕq (p, r2 ), ϕq (p, r) = ϕq (r, p), pour tout p, p1 , p2 , r, r1 , r2 ∈ E, et tout λ1 , λ2 ∈ C. Donc ϕq est bilinéaire symétrique. (2) On écrit la matrice par en calculant ϕq (ei , ej ), avec ei = ti , i = 0, 1, 2. On en obtient : 3 1/2 7/6 MB (q) = 1/2 2/3 0 . 7/6 0 2/5 (3) Le rang est trois puisque le déterminant de la matrice ci-dessus est non-nul. 4 (4) Soit C = (t, 3t − 4) une base du sous-espace F . La matrice de la restriction est : ! 3 1/2 7/6 0 −4 0 1 0 MC (q|F ) = 1/2 2/3 0 1 3 = −4 3 0 7/6 0 2/5 0 0 ! 2/3 0 = . 0 42 (5) La matrice ci-dessus est diagonale donc on peut compléter C à une base de E. Pour cela il suffit de trouver un vecteur v non-nul dans F ⊥ . Soit X = (x, y, z) les coordonnées de v dans la base B. Alors v ∈ F ⊥ si : ! 3 1/2 7/6 x 0 1 0 1/2 2/3 0 y = 0. −4 3 0 z 7/6 0 2/5 Un vecteur v qui satisfait l’équation ci-dessus est : v = −4 + 3t + 9t2 . E-mail address: [email protected] Université de Pau et des Pays de l’Adour, L.M.A., I.P.R.A. Avenue de l’université BP 1155, 64013 PAU Cedex, Téléphone : +33(0)05 40 17 51 78, Télécopie : +33(0)5 59 40 70 01 http://www.univ-pau.fr/~faenzi