Chapitre F Nombres complexes - Partie 2 Contenus Capacités attendues Commentaires Forme trigonométrique : – module et argument, interprétation géométrique dans un repère orthonormé direct ; – notation exponentielle. • Passer de la forme algébrique à la forme trigonométrique et inversement. • Connaître et utiliser la relation zz = |z|2 . • Effectuer des opérations sur les nombres complexes écrits sous différentes formes. La notation exponentielle est introduite après avoir montré que la fonction θ 7→ cos θ + isinθ vérifie la même relation fonctionnelle que la fonction exponentielle. Les nombres complexes permettent de mémoriser les formules trigonométriques d’addition et de duplication vues en première. ⇆ Analyse fréquentielle d’un système. 1 Terminale S Chapitre F - Nombres complexes - Partie 2 2 - Lycée Pierre-Gilles de Gennes Table des matières F Nombres complexes - Partie 2 I- 1 Module d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1. Définition, interprétation géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2. Propriétés des modules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 II - Forme trigonométrique d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 1. Arguments d’un nombre complexe non nul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 2. Forme trigonométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 3. Propriétés des arguments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 III - Forme exponentielle d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Dans tout le chapitre le plan complexe est muni d’un repère orthonormal direct. I - Module d’un nombre complexe 1. Définition, interprétation géométrique Définition 1 Soit z = a + ib avec a, b ∈ R un nombre complexe. On appelle module de z le réel noté |z| défini par : |z| = p a2 + b2 . Remarques : • |z| > 0 ; • Si z ∈ R alors |z| = |a| (valeur absolue du réel a) ; Exemples 1 p √ • |3 + 2i| = p32 + 22 = 13 ; √ 2 2 • |3 − 2i| p = 3 + 2 = 13 ; • |i| = 02 + 12 = 1. Propriété 1 Soit z ∈ C. (1) Si M est le point d’affixe z alors OM = |z|. #» est un vecteur d’affixue z alors k wk #» = |z|. (2) Si w 3 Terminale S Chapitre F - Nombres complexes - Partie 2 2. Propriétés des modules Propriété 2 z et z ′ étant deux nombres complexes. √ (1) |z|2 = zz ou bien |z| = zz. 1 1 . (5) Si z 6= 0 alors = z |z| (2) |z| = 0 ⇔ z = 0. z′ |z ′ | (6) Si z = 6 0 alors = . z |z| (3) |z| = |z| = | − z| = | − z|. (4) |zz ′ | = |z| · |z ′ |. (7) Si z 6= 0 alors pour tout n ∈ Z, |z n | = |z|n . Démonstration (1),(2),(3) évidents. (4) |zz ′ |2 = zz ′ zz ′ = zz ′ zz ′ = zzz ′ z ′ = |z|2 .|z ′ |2 = (|z|.|z ′ |)2 . (5), (6), (7) même idée. II - Forme trigonométrique d’un nombre complexe 1. Arguments d’un nombre complexe non nul Définition 2 Soit z un nombre complexe non nul et M le point d’affixe z. # » On appelle argument de z et on le note arg(z) une mesure en radian de l’angle orienté ( #» u ; OM ). M (z) b |z| arg(z) #» v O #» u Remarques : • 0 n’a pas d’argument ; • Tout nombre complexe admet une infinité d’arguments : si θ est un argument de z alors pour tout k ∈ Z, θ + 2kπ est aussi un argument de z. On écrit : arg(z) = θ (2π). Exemples 2 Soit A, B, C, D et E les points du plan complexe d’affixes respectives Déterminer un argument de chacun d’eux. 3 , −4, 3i, −2i et 1 + i. 2 2. Forme trigonométrique Théorème 1 Soit z = a + ib un nombre complexe non nul avec a, b ∈ R et θ un argument de z. Alors : a = |z| cos θ et b = |z| sin θ. 4 - Lycée Pierre-Gilles de Gennes Terminale S Chapitre F - Nombres complexes - Partie 2 b b = |z] sin θ M (z) b |z| #» v θ = arg(z) b O b #» u a = |z| cos θ Définition 3 Une écriture d’un nombre complexe z sous la forme : z = |z|(cos θ + i sin θ) où θ = arg(z) (2π). est appelée forme trigonométrique de z. Exemples 3 (1) Donner deux formes trigonométriques distincts du nombre complexe z = 1 − i. √ (2) Déterminer une forme trigonométique du nombre z = −3 + 3. 2π (3) Soit z le nombre complexe, tel que |z| = 4 et arg(z) = (2π). 3 Déterminer la forme algébrique de z. Ä π äó √ πä + i sin − ou z = 2 cos 4 4 » √ 2 √ √ (2) |z| = (−3)2 + 3 = 9 + 32 3. (1) z = √ î h Ä 2 cos − 3π 4 + i sin 3π 4 i . √ √ −3 3 3 −3 =− √ = 2 × 3 2 Solution 2 3 √ En posant θ = arg(z) (2π), on a sin θ = √3 = 1 2 2 3 √ 5π 5π 5π À l’aide du cercle trigonométrique, on en déduit que θ = , d’où z = 2 2(sin + i sin ). 6 6 6 √ (3) z = −2 + 2i 3. cos θ = Remarque : z = ã √ Å π π 2 cos − i sin n’est pas une forme trigonométrique. 4 4 L’unicité de l’écriture d’un nombre complexe sous forme algébrique donne immédiatement les deux propriétés suivantes : Propriété 3 Si un nombre compelxe z s’écrit sous la forme z = r(cos α + i sin α) où r ∈ R avec r > 0 et α ∈ R alors : |z| = r et arg(z) = α (2π). Théorème 2 Soit z et z ′ deux nombres complexes. z = z ′ ⇔ |z| = |z ′ | et arg(z) = arg(z ′ ) (2π). 5 - Lycée Pierre-Gilles de Gennes Terminale S Chapitre F - Nombres complexes - Partie 2 3. Propriétés des arguments Propriété 4 Pour tout nombre complexe z non nul, on a : π M (z) b (1) arg(z) = − arg(z) (2π) ; #» v (2) arg(−z) = arg(z) + π (2π) ; θ b (3) z ∈ R ⇔ arg(z) = 0 [π] (c’est-à-dire 0 ou 2π (2π)) ; (4) z ∈ iR ⇔ arg(z) = (2π)). π π π [π] (c’est-à-dire − ou 2 2 2 O #» u −θ M1 (z) b b M2 (−z) Théorème 3 Pour tous nombres complexes non nuls z et z ′ , on a : arg(zz ′ ) = arg(z) + arg(z ′ ) (2π). Démonstration On pose θ = arg(z) (2π) et θ′ = arg(z ′ ) (2π). zz ′ = |z|(cos θ + i sin θ) × |z ′ | cos θ′ + i sin θ′ ) = |z|.|z ′ |(cos θ + cos θ′ − sin θ sin θ′ + i(cos θ sin θ′ + sin θ cos θ′ = |zz ′ |(cos(θ + θ′ ) + i sin(θ + θ′ )). On applique ci-dessus les formules d’addition du sinus et du cosinus vues en première. D’après la propriété 3, on en déduit que arg(zz ′ ) = θ + θ′ (2π). Propriété 5 Pour tous nombres complexes non nuls z et z ′ , on a : Å ã 1 = − arg(z) (2π) ; (1) arg z Å ã z (2) arg ′ = arg(z) − arg(z ′ ) (2π) ; z (3) Pour tout n ∈ Z, arg (z n ) = n arg(z) (2π). Démonstration 1 1 = 1, d’où arg z × = arg(1) = 0 (2π). z z 1 D’après le théorème 3, arg(z) × arg = 0 (2π), d’où le résultat. z Ä z 1 1 zä (2) ′ = z × ′ , d’après le théorème 3, arg ′ = arg(z) + arg et avec le point précédent on obtient le résultat. z z z z′ (3) Pour n ∈ N, on raisonne par récurrence sur n. arg(z 0 ) = arg(1) = 0 (2π), et 0 × arg(z) = 0 (2π). La propriété est initialisée. Supposons que pour un entier naturel n, on ait arg(z n ) = n. arg(z) (2π). arg(z n+1 ) = arg(z n × z) = arg(z n ) + arg(z) = n. arg(z) + arg(z) = (n + 1) arg(z) (2π). La propriété est donc héréditaire. D’apès l’axiome de récurrence pour tout n ∈ N, on a arg(z n ) = n arg(z) (2π). 1 Si n ∈ Z− , alors on pose m = −n ∈ N, ainsi arg(z n ) = arg(z −m ) = arg = − arg(z m ) = −m arg(z) = n arg(z) (2π). zm (1) z × Exemples 4 Déterminer la forme trigonométrique de z1 = Solution z1 = √ 1 , z2 = (1 + i) 1+i Å √ − 3+i 4 ã et z3 = (1 + i)4 . √ h i Ä πä Ä π äó 2î 2 13π 13π cos − + i sin − , z2 = cos + i sin et z3 = 4 [cos π + i sin π]. 2 4 4 2 4 4 6 - Lycée Pierre-Gilles de Gennes Terminale S Chapitre F - Nombres complexes - Partie 2 Théorème 4 Soit A(zA ), B(zB ), C(zC ) et D(zD ) quatre points du plan complexe tels que A 6= B et C 6= D. # » (1) AB = |z − z | et ( #» u , AB) = arg(z − z ) (2π) ; B A B zD − zC # » # » (2) (AB, CD) = arg zB − zA Å ã A (2π). Démonstration # » = zB − zA , d’où le résultat. (1) zAB # » # » # » # » # » # » zD − zC (2π). (2) (AB, CD) = (AB, #» u ) + ( #» u , CD) = ( #» u , CD) − ( #» u , AB) = arg(zD − zC ) − arg(zB − zA ) = arg zB − zA III - Forme exponentielle d’un nombre complexe Soit f la fonction définie sur R par f (θ) = cos θ + i sin θ. Remarques : • f (θ) ∈ C ; • f (θ + θ′ ) = cos(θ + θ′ ) + i sin(θ + θ′ ). Donc f (θ + θ′ ) est le nombre complexe de module 1, et dont un argument est θ + θ′ (propriété 4). De plus, f (θ)f (θ′ ) a également pour module 1 et pour module θ + θ′ (théorème 3). En appliquant le théorème 2, on en déduit que : f (θ + θ′ ) = f (θ)f (θ′ ). • La fonction f est dérivable sur R (on dérive la partie réelle et la partie imaginaire indépendamment). Par analogie avec la propriété caractéristique de la fonction exponentielle, on a envie de dire que f (θ) = exp(kθ) avec k ∈ C. • De plus, f ′ (θ) = − sin θ + i cos θ = i(cos θ + i sin θ) = if (θ). et f (0) = 1. Par conséquent k = i. Définition 4 Pour tout réel θ, on pose : cos θ + i sin θ = eiθ . eiθ est le nombre complexe de module 1 et d’argument θ. Exemples 5 π π π Écrire sous la forme algébrique les nombres complexes suivants√: e2iπ , eiπ , ei 2 , e−i 2 et ei 3 . π π π Solution e2iπ = 1, eiπ = −1, ei 2 = i, e−i 2 = −i et ei 3 = 1 3 +i . 2 2 Remarque : La formule eiπ = −1 est appelée la formule d’Euler. Propriété 6 Pour tous réels θ et θ′ et tout entier n : 1 = e−iθ ; eiθ Ä än (5) eiθ = einθ (formule de Moivre). (1) eiθ = 1 et arg eiθ = θ (2π) ; Ä (2) eiθ eiθ = ei(θ+θ ) ; eiθ ′ (3) iθ′ = ei(θ−θ ) ; e ′ ′ ä (4) Démonstration Conséquences de la propriété 6 et du théorème 3. Remarques : • La formule de Moivre s’écrit aussi : (cos θ + i sin θ)n = cos(nθ) + i sin(nθ). z+z z−z • En appliquant ℜ(z) = et ℑ(z) = au nombre complexe z = cos θ + i sin θ pour tout réel θ, on 2 2i 7 - Lycée Pierre-Gilles de Gennes Terminale S Chapitre F - Nombres complexes - Partie 2 obtient les formules d’Euler : cos θ = eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ et sin θ = . 2 2i • Du (2), on tire cos(θ + θ′ ) + i sin(θ + θ′ ) = (cos θ + i sin θ)(cos θ′ + i sin θ′ ), on retrouve les formules d’addition et de duplication vues en première : cos(θ + θ′ ) = cos θ cos θ′ − sin θ sin θ′ et sin(θ + θ′ ) = sin θ cos θ′ + cos θ sin θ′ . cos(2θ) = cos2 θ − sin2 θ = 1 − 2 sin2 θ et sin(2θ) = 2 cos θ sin θ. Théorème 5 Tout nombre complexe z non nul peut s’écrire sous la forme z = |z|eiθ où θ est un argument de z. Cette écriture est appelée forme exponentielle de z. Démonstration Conséquences du théorème 1 et de la définition 4. Propriété 7 Soit z ∈ C, si z = reiα où z ∈ R∗+ et α ∈ R alors r = |z| et α = arg(z) (2π). Démonstration Conséquences de la propriété 4 et de la définition 4. Exemple 6 π Déterminer le module de z = −3ei 3 et un argument de z. Solution |z| = 3 et arg(z) = − 2π (2π). 3 Propriété 8 Équation paramétrique d’un cercle Soit A un point du plan complexe d’affixe zA et r un réel positif. Une équation de la forme z = zA + reiθ avec θ ∈ R est une équation paramétrique du cercle de centre A et de rayon r. Démonstration On note C le cercle de centre A et de rayon r. M (z) ∈ C ⇔ AM = r ⇔ |z − zA | = r ⇔ z − zA = reiθ avec θ ∈ R car reiθ et le nombre complexe de module r et d’argument θ. 8 - Lycée Pierre-Gilles de Gennes